
chymie, la botanique, la peinture, l’art de tirer du profit de toutes
fortes d’animaux domcftiques, les moyens que doivent employer les
marchands, les artifans, les laboureurs, pour conferver & augmenter
leurs biens, ne parodient guère du refïort d’un curé & fur-tout d’un
curé comme M. Chomel, qui s’étoit fait une obligation indifpenfablc
de remplir avec exactitude les devoirs de fon état. Comment donc
a-t-il pu, au milieu des foins que demandoit une vafte paroiffe dont
il étoit chargé, travailler à un dictionnaire auffi étendu que celui-ci?
C ’eft une difficulté à laquelle le Libraire répond au commencement
de ce livre. M. Chomel fut choifi par M. Tronçon, fupérieur du
feminaire Saint-Sulpice à Paris, pour adminiftrer les biens dépendans
du château & féminaîre d’Avron, près de Vincennes. Ce château
avoir dans fa dépendance beaucoup de bois, de vignes, de terres.&
plufieurs foffés pleins d’eau, où Ton nourriffoit du poiflon. I l y avoit
outre cela une grande baffe-cour, un très-bon colombier, un vafte
jardin ; & aux murailles du clos, de beaux efpaliers : enfin, cette
maifon de campagne réuniffoit tout ce qui peut contribuer à l’agrément
& à l’utilité du cultivateur. C ’eft dans cet agréable féjour que
M. Chomel acquit la plus grande partie des connoifïances dont il a
enrichi fon dictionnaire. Les préventions populaires ni les préjugés de
la routine, fi nuifibles encore aujourd’hui aux progrès de l’agriculture,
ne le décidèrent jamais dans fes opérations. Il ne fe contentoit
pas de réfléchir avant d’entreprendre, il réfléehiffoit auffi après avoir
exécuté. Cette attention particulière lui fit faire dans l’économie &
dans lart d adminiftrer les biens de la campagne, beaucoup de découvertes,
qui avoicnt échappé jufqu’alors aux cultivateurs les plus éclairés.
A mefure qu’il obtenoit quelque fuccès, il en fàifoit part au fameux
M. de la Quintinie, qui lui donnoit de nouvelles lumières & l’aidoit
de fes confèils. M. Chomel joignoit aux conVerfations d’un homme
auffi habile, la lecture des meilleurs livres. I l lut entr’autres avec
beaucoup de fruit, les rufes innoncéntes d’un folitaire inconnu,
le moyen de devenir riche, par M . P a lify , le jardinage d’A n to in e
Migaud, médecin de P a ris, &c. &c. où il puifa la plupart des
préceptes qu’il donne dans fon ouvrage»
A 1 égard de la médecine, il n’eft pas étonnant non plus que
M; Chomel ait approfondi cette fcience fi utile à l’humanité,
puifquil fut économe une grande partie de fa vie, de l’Hôpital de
Lyon, qui eft un des plus confidérables qu’il y ait en France. Le
nombre & les différentes efpèces de maladies que fon traite dans
cette maifon , lui fournirent une occafion favorable des’inftruire dans
lart de guérir les maux qui affligent les hommes, & il ne manqua
pas den profiter. Quand les médecins faifoient leur vifite > il s’y trouvoit
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pour l’ordinaire ; il obfervoit les fymptômes des maladies, leurs caractères
& leurs progrès; il remarquoit la différence des remèdes, &
lorfqu’une ordonnance avoit réuffi plufieurs fois, il avoit foin de la
tranfcrire pour s’en fervir dans l’oecafion. D ’ailleurs il avoit un penchant
naturel pour la médecine, cette profeffion étant comme héréditaire
dans fa famille. I l étoit petit-neveu de l’illuftre M. Delorme,-
médecin de Henri I V , de Louis X I I I & de Louis-le-Grand. Dans
le tems qu’il compofoit fon ouvrage, il avoit un frere qui etoit doyen
des médecins ordinaires du Ro i, & deux neveux docteurs en médecine,
l’un de la faculté de Paris, l’autre de l’univerfité de Montpellier.
D ’après ce s confidérations, on n’aura pas de peine à croire ce
que le libraire aflurc avec tant de confiance, que les remedes qui font
indiqués dans ce Dictionnaire, font des remèdes éprouves & fur lesquels
on peut compter.
En faifant lelogé des talens de M. Chomel &c des foins qu’il s’étoit
donnés pour perfeCtioner fon ouvrage, nous n’avons garde cependant
de le préfenter comme exempt de tout défaut. Son entreprife étoit
trop vafte pour quelle pût être exécutée fans aucune imperfection. La
quantité des matières qu’il avoit à traiter, étoit fi confidérable , que
chaque objet n’a pu être mis tout de fuite dans l’ordre qui lui conve-
noit; les feiences & les arts ont fait auffi tous les jours de nouveaux
progrès. Cette partie du Dictionnaire de M. Chomel a donc été fuf-
ceptible d’un changement utile & avantageux : le ftyle, qui, fur la fin
du dernier fiècle., n’étoit pas encore bien épuré, doit fe reffentir de
l’itnperfeCtion de la langue & de la foibleffe de l’auteur, qui étoit âgé
de foixante-feize ans, lorfqu’il publia la première édition. Tous ces
inconvéniens ont été corrigés dans les ■ éditions fubféquentes.
On a mis plus de clarté, d’ordre & de fiaifon dans les matières qui
étoient obfcures, moins bien digérées & où il régnoit quelque confùfion,
qui empêclioit d’en retirer une utilité complettenon-feulement on les
a rangées par ordre alphabétique ; mais on a eu foin encore d’en réunir
les différentes parties , félon le rapport naturel quelles avoient à un
même fùjet. Lorfqu’il ssft trouvé des articles d’une étendue confidérable
, on s’eft appliqué à affigner les divers ufages de chaque chofe
en particulier, en féparant par des petits traits ou.fommaires, certains
fecrets relatifs à la matière qui y eft traitée.
Les découvertes qu’on a faites en chimie & en botanique, four-
niffantde nouveaux fecours à la .médecine, on a multiplié les recettes
des remèdes qu’on peut employer pour une même maladie : & comme
l’expérience prouve tous les jours que la différence des tempéramens,
des faifons, des climats & plufieurs autres circonftances varient la
nature du mal, & empêchent l’effet des remèdes, on a cru qu’il étoit