
i. Ariérome à feuilles anguleufes. Cet arbriffeau
s’élève en Europe de fix à fept pieds de haut.
Ses tiges font droites, garnies de grandes feuilles
vers l’extrémité. Elles (ont anguleufes, & imitent
aflez celles du platane d’Occident par la forme
& 1 étendue, mais elles font plus épaiffcs & d’un
verd plus foncé 5 fes fleurs viennent en Automne
& naiffent à l’extrémité des branches. Elles font
alTez apparentes, tant par leur volume que par
leur, couleur, qui eft d’un beau pourpre foncé
tirant fur le brun. À ces fleurs fuccèdent des cap-
fnles remplies de petites femences qui viennent à
parfaire marurité dans notre climat.
Culture : Cet arbriffeau fe cultive dans des
pots ou des càiffes qui doivent être rentrées l’hiver
dans les ferres' chaudes. Lorfqu’il. eft jeune il faut
Je placer dans les couches de tan \ mais dans un
âge plus avancé on peut s’en difpenfer, il fe
conferve très-bien fur les tablettes des mêmes
ferres. La terre, qui parott lui convenir le mieux,
cfl celle qui, quoique bien divifée* eft de nature
un peu forte comme celle qu’on emploie pour
les orangers, mais plus fine, & mélangée avec
du terreau de bruyère dans la proportion d’un
huitième environ. Pendant l’été, il exige d’être
placé à l’expofirion du midi & à l’abri du nord ;
il contient de l’arrofer fouvent, & toujours plus
abondamment en proportion de fa vigueur & du .
degré de chaleur de l’atmofphère. Ê ’hiver, il ne
faut lui donner de l’eau que de rems à autre , &
feulement lorfque la terre vient à fe deffécber à
la furface.
On multiplie cet arbriffeauspar fes graines, qui
doivent être femées, au primems , dans des pors
fur couche & fous chaffis 5 au moyen d’une forte I
chaleur 8fc de beaucoup d’humidité, elles lèvent
dans l’efpace de quinze jours, & le jeune plant
efl affez fort pour être repiqué vers le mois de
juillet. En Automne, iorfqu’il n’a pasfoufferr dans
fa tranfplanration, & qu’il a été tenu chaudement,
il a ordinairement fix pouces de haut \ on le rentre
de bonne heure dans une ferre chaude graduée à
douze degrés de chaleur, & on le place dans la
tannée, le plus près de l’ait qu’il eft poftîble. 11
le multiplie auffi par marcottes, & cette voie eft
plus expéditive que k première -, on choifir pour
cela des branches de deux ans, parce que celles
de l’année précédente feroient trop herbacées &
fujettes à fe pourrir ; on les incife à la manière
des oeillets, & on les courbe dans des pots. Lorf-
qu’elles ont été faites au primems, & qu’on les
a arrofées aflidumenr, elles ont affez de racines
pour être Réparées en Automne, mais il eft plus
prudent d’attendre au printems fuivanr. On peut
encore multiplier cet arbriffeau de boutures. La
faifon la plus convenable pour les faire, eft le
mois de mai. On choHit de jeunes rameaux de
l’avant-dernière pouffe, qu’on taille par le bas
en bec de flûte, & dont on fupprime la plus
giande partie des feuilles. La terre , qui convient
le mieux à ces b o u tu re s , eft celle qui retient 8c
conferve lo n g -tem s l’humidité fans fe putréfier^
Ges boutures doivent être placées fur une couche
tiède , & couvertes de cloches à- là manière des
autres plantes du même p a y s, qui fe multiplient
de cette manière ( Voye\ le mot b o u t u r e .)*
Ufage : Le port de cet arbrifléau, fa verdure
perpétuelle, & la Angularité de la couleur de fes
fleurs, te rendent très-propre à orner les ferres
chaudes pendant l’hiver.
2. Ambrome à feuilles longues. Cette efpèce
fe diflingue de la précédente, avec laquelle elle
a infiniment de rapport, par fes tiges qui s’élèvent
un peu plus , par fes feuilles oblongues & fans
angle faillant, ainfï que par fes fleurs , qui font
auffi plus grandes & qui croiffent dans les aiffelles
des feuilles} d’ailleurs fon port, fa culture & fes
ufages font les mêmes.
A M B R O S I E . A m b r o s 1 A.
Genre de plante de la famille des A rmoises.
II eft eompolé de quatre efpèces- j qui font des
plantes étrangères peu agréables, & que, par
certe ration , on ne cultive guère que dans ies-
jardins de botanique.
- Efpèces.
1. A m b ro s ie trifide, ou de Canada.
A m b ro s ia trifider. L . © de Virginie & de
Canada.
2 . A m b r o s ie à feuilles d’armoife.
A m è ro s ia artemijîfolia. c2f de Penfylvanie
& de Virginie.
3. A m b ro s ie maritime.
A mbro sia maritirria. L . 0 du Levant.
4. A m b ro s ie arborefeente.
A m b ro siA' arborefeens. Mill. Diél. n.° 5-,
X a k t it ium fruticofum. Lin. fil. fuppl.- du
Pérou.-
1. L ’A m b ro s ie de Canada eft une grande
plante annuelle, de forme pyramidale, qui s’élève
fouvent iir la hauteur de fept à huit pieds. Sa tige
eft-forte , droire , & garnie de branches .oppofées
depuis le bas jufqu’en haut, lefquelles diminuent
de longueur à mefure qu’elles approchent du
fommer. Elles font garnies de grandes feuilles qui
reffemblent un peu à celles du platane pour la
forme, mais elles font rudes au toucher, &
d’une verdure plus foncée. Ses fleurs, qui' n’ont
nul agrément, font difpofées en épis à l’extrémité
de la tige 8c des branches. Elles produifent des
graines anguleufes qui mûriffent en Automne.
Culture : Les graines de cette efpèce doivent
être femées en Automne, dans un terrein meuble,
fubftanciel & un peu humide y elles lèvent au
printems fuivant, & forment des plantes gigan-
tefques. Si on atrené au printems pour les fèmer,
elles ne lèvent ordinairement que l’année fuivante.
Lorfque le jeune plant a fix pouces de hauteur
on peut le repiquer en efpaçant les individus à
quatre on cinq pieds les' uns des autres, afin
qu’ils ne fe nui finit pas entr’eux , & qu’on puiffe
jouir complètement de la beauté de . leur port.
Lorfqu une fois on a élevé cette plante dans un
jardin,- & quelle y a produit des graines , il
n’eft plus befoin de la referaer , elle s’y multiplie
d’ellie-même 8c croît fans culture, feulement elle
s’élève beaucoup moins.
2. Ambrosie à feuilles d’armoife. Les racines
de cette efpèce tracent à quelques pouces de la
fnrface de la terre,..& s’étendent à une grande,
diftance’ j de chacun des noeuds de ces racines
fortent des tiges qui s’élèvent à quatre ou cinq
pieds de haut, & qui périffent chaque année. Ces
tiges font, garnies de branches placées alternativement,
& fupportent des feuilles longues, étroites,
découpées profondément, prefque fisiïiles, & d’une
verdure cendrée. Les fleurs croifîènt en épi à
l’extrémité des tiges & des rameaux *, elles ont
peu d’apparence, & produifent très-rarement des
graines bien aoûtées dans notre climar.
Culture': Mais, quand cette plante donnerait de
bonnes graines , il feroit toujours plus commode
& plus expéditif de la multiplier par le moyen
des drageons qui croiffent abondamment autour
de la touffe. Il fuffit de les lever, dans quelque
faifon que ce foit, excepté l’été, & de les planter,
n’importe dans quelle efpèce de terrein , pour en
avoir des touffes, qui bientôt s’étendront & couvriront
un tel efpace , qu’on fera beaucoup plus
occupé enfuite à arracher les nouveaux drageons
pour contenir la plante dans la place qui lui eft
deflinée, qu’à la cultiver pour la faire croître.
Telle eft à-peu-près toute la culture de cette
plante ruftique , qui ne fe trouve guère que dans
les écoles de botanique.
3. L ’Ambrosie maritime croît naturellement
en Cappadoce, le long des bords de la mer, &
en Italie. Elle forme une touffe pyramidale,
arrondie, d’envison deux pieds de haut, & d’une
verdure cendrée. Sa tige eft droite , garnie de
beaucoup de branches en-deffous. Les fleurs commencent
à paraître vers le mois de feptembre ,
& durent jufqu’à la fin de l’automne. Elles
forment des épis qui ont quatre à cinq pouces de
long, 8c qui terminent les branches. Rarement elles,
donnent des graines dans notre climat, lorfqu’on
n’a pas la précaution d’avancer la végétation de
cette plante annuelle.
Culture : Ses graines doivent être femées au
premier printems, fur une couche chaude couverte
d’un chalfis, & dans une : terre meuble & légère.
Elles lèvent dans i’efpace de quinze jours, &
dès que le jeune plant a quawe pouces de haut
environ, on le repique, partie en pleine terre,
dans un fol maigre, & à l’expofiiion la plus
chaude, 5c partie dans des pors qu’on place fur
une couche tiède. Avec un peu de chaleur, de
lombrç & de l’humidité, il reprend en moins de
dix jours j alors on lui donne de l’air de v teins
en teins -, & au mois de juin, lorfque la chaleur
de l’atmofphèie eft confiante & réglée, on le
laiffe à l’air libre. On doit arrofer légèrement lés
pieds qu’on çlefline à porter des graines, & feulement
lorfqn’ils en ont un befoin évident, fans
quoi les plantes poufferoient avec trop de vigueur,
8c leurs graines n’auroient pas le tems de mûrir. -
Malgré cette précaution, f i, à l’époque des gelées,
les graines des individus cultivés en pots.n etoient
pas encore affez aoûtées, on les rentrerait dans
la ferre chaude, pour leur donner le tems d’arriver
à leur parfaite maturité. Celles des plantes placées
en pleine terre & cultivées de la même manière
que nous l’avons dit’ci-deffus, mûriffent très-bien
dans les. années sèches & chaudes. Les femence;
même qui tombent à terre , lèvent fans aucun
foin l’année fuivante *, mais comme elles font un
peu tardives, il eft rare que les individus qui en
proviennent aiènt le tems de perfectionner leurs
graines avant les gelées.
O'fervation : Il exifte, au jardin du Roi , une
planté qui a beaucoup de reffemblance avec l’am-
brofie maritime\ elle en diffère feulement par fes
tiges ligneufes qui vivent quatre ou cinq ans, par
fes feuilles plus finement découpées , & par les
dimenfions plus petites de toutes fes parties. Cette
efpèce ou variété a été envoyée du Pérou, par
feû M. Jofeph de Juffieu. Elle fe multiplie aifé-
rnent de boutures, 8c fe conferve l’hiver dans les
ferres tempérées. Jufqu’à préfent elle n’a point
donné de (bonnes graines, quoiqu’elle fleuriffe
abondamment toutes les années.
4. A mbrosie arborefeente. Cefte efpèce forme
un arbriffeau ligneux, mais d’une confiftance peu
folide. Il s’élève à la hauteur de dix à douze
pieds j fes branches font longues, flexibles, &
garnies de grandes feuilles découpées profondément.
Lorfqu’on les froiffe, elles répandent une
odeur très-forte, que quelques perfonnes trouvent
agréable. Ses fleurs font petites , peu apparentes,
& difpofées en épis lâches à l’extrémité des rameaux.
Elles produifent des femences qui viennent à parfaite
maturité dans nos jardins.
Culture: Cet arbriffeau fe cultive dans de grands
pors ou dans des caiffes *, il aime une terre forte
8c fubftancielle. Pendant l’été, il a befoin d’être
arrofé fouvent, & l’hiver il exige des arrofemens
plus fréquens qu’aucune autre plante, fur-tout
iorfqu’on le place dans les ferres tempérées. Dans
les hivers très-doux , il fe conferve en pleine terre
en le couvrant foigneufement avec des matièrès
i sèches , mais il perd fes branches 8c quelquefois
fa tige. Lorfque les gelées paffent quatre à cinq
degrés, il périt entièrement. Placé dans une ora-n-
trçrie froide 8c humide, il fe dépouille de fes
feuilles & perd fon jeune bois. Dans une ferre
tempérée, non-feulement il fe conferve très-bien,
mais il continue de végéter. En le mettant dans
un lieu plus chaud,*fa croiffance eft trop rapide,
il s’étiole ,.fes pouffes tendres & trop herbacées
P p p ij