
befoin, on la remplit. 11 conviendroit encore j
mieux de mettre dans la ruche des gâteaux, qui
contiendroicnt du miel & de la cire brute, parce
que c’eft la vraie nourriture des abeilles. On leur
retire ce fçcoors, dès que le teins leur permet
d’aller aux champs.
Pendant le prjntems & l’été, les abeilles, qui
ont pu fortir de leur ruche, n’ontbefoin de rien.
Il fuffit feulement de ne les pas laifler manquer
d’eau vis-à-vis le rucher, & couvrir de petits brins
de bois le fond des vaiffeaux, afin qu’il nç s’en
noie pas.
La fin de l’été & la fin de l’biver font les mo-
niens où il faut s’affurçr h les ruches font allez
garnies de miel pour la nourriture des abeilles.
Les effaims foibles & tardifs n’pnt pas toujours
le tems de faire leur provifion j on doit donc, par
les moyens indiqués, y fuppléçr en automne &
après l’hiver, fur-tout fi, dans cette dernière fai-
fon, il y a eu une fuite de beaux jours, pendant
lefqueîs les abeilles forties de leur erigourdiffement
ont confommé des vivres, On reconnoît les ruches
qui manquent de miel, à leur légèreté & au grand
nombre de mouches qu’on trouve mortes au bas. En
enfonçant un petit fer mince à travers la ruche von le
reconnoît encore s’il en fort mouillé *, on jugera
alors qu’il y a plus ou moins de miel, & on fe
conduira en conféquence. On eftimê .communément
qu’uneruche,delaforme ancienne, lorfqu’elle pèfe
environ trente livres, eft fuffifamment garnie de
miel pour tout l’hiver, La ruche, les gâteaux &
les mouches, font la moitié du poids.
On doit avoir l’attention de nettoyer de tems en
tems, fur-tout av^nt l’hiver & au printems, les
places où font ppfées les ruches, & l’entrée des
ruches, afin qu’il ne s’y iritroduifé pas d’infectes ;
on en ôte les portions de gâteaux moifis, & on en
sèche l’humidité en y brûlant un moment du thim
ou de la méliffe. Chaque fois on. les rétablira de
manière qu’il n’y ait ni trou ni fente.
C’efi aux propriétaires des ruches g. calculer ce
qu’ils peuvent en éleyer & en conferver avec avantage
, feion les reflources que leur offrent le pays
qu’ils habitent. Car tous les cantons ne produifçnt
pas également les plantes qui fourniflènt abondamment
de la cire & du miel, il vaudrpit mieux fe
borner à un petit nombre, qui ne coûteroient rien ?
pu prefque rien, que d’en entretenir beaucoup
avec des frais, qui abforberoient le bénéfice.
Voyages &' tranfports des Ruches.
cfLes Egyptiens ( félon M. Savary, dans fes
95lettrés fur l’Egypte ) dans leur manière d'élever
?5 des abeilles, annoncent beaucoup d’intelligence,
55 Comme la Haute Égypte ne conferve fa verdure
55 que pendant quatre ou cinq mois, que les fleurs
55 & les moiffonsy paroiffent plutôt, les habitans
?5 de la baffe profitent de ces momens précieux.,
fj Ils raflemblent, fur de grands bateaux, les
jjabçillçs dçs différeps villages. Chaque proprié?
55taire leur confie fes ruches, défignées par une.
55 marque particulière. Lorfque la barque efl char-
5?gée , les hommes, qui doivent la conduire, re-
5> montent doucement le fleuve, & s’arrêtent dans
5> tous les lieux où ils trouvent de la verdure &,
95des fleurs. Les abeilles, à la pointe du jour,
5? fortent pai milliers de leurs cellules, & vont
55 cueillir les trëfors dont elles çompofenr leur
j?neélar, Elles reviennent plufieurs fois chargées,
5? de butin. Le foir, elles rentrent dans leur maifon
55 fans que jamais ces travailleurs intelligens fe
55 trompent de demeure! C’efi ainfi qu’a près trois
55mois de féjour fur le Nil, les abeilles ayant
55moifîbnné les parfums de la fleur d’orange, du
55Jaid j l’effence des rofes du fa'ioum, les tréfors
55 du jafipin d’Arabie, & des fleurs diverfes, font
95 rapportées aux lieux dont on les avoir enlevées,
?9 & où elles trouvent de nouvelles richeffes. Cette
99 induftrje procure aux Egyptiens un miel déli?.
95deux & de la cire en abondance. Au retour,
99 les propriétaires paient au batelier une rétribu-
95 don proportionnée au nombre des ruches, qu’ils
95 ont ainfi promenées d’un bout à l’autre de l’E?
9 9gypte. 99
11 y a atifli une faifon où les riverains du Pô voitu-
rent par eau leurs ruches jufqu’aux pieds des monta?
gnes du Piémont *, ces émigrations ont lieu à la Chine
de la même manière, L’ufage s’en efl introduit en
Fr.ance, m.ême dans des pays qui ne font pas fitués
fur les bords des rivières. .Je fuis afluré que des
propriétaires d’abeilles je la Beauce, tous les ans
au mois d’août, tranfportent leurs ruches fur, des,
charrettes, dans des cantpns du Gâtinois, ou aux
environs de la forêt d’Orléans, jufqu’à la diftance
de dix lieues de leurs habitations. Elles y trouvent
de la bruyère ou dit farrafin en fleur, dans le
teins pù la Beauce, après la récolte des fainfoins
& des yefçes, n’offre plus rien à ces infectes pour
leurs p'rovifions d’hiver. Cette manière de faire
voyager les abeilles, s’appelle, dans le pays, les.
mener en heibage.Une feule charrette contient trente
à quarante rochps ; on ne marche prefque que la
nuif, feulement au pas, & autant qu’on peut par
des chemins d.oux. Les ruches font enveloppées de
toiles, & difpofées:par étages, celles du lit fupé?
rieur étant renverfées entre celles du lit inférieur,
On en attache même hors,de la charrette. On les
laiffe environ deux mois dans le Heu où elles
doivent Ajourner. Dps payfans fs chargent d’y
veiller moyennant un modique falaire. On voit,
dans cette faifon, jufqu’à trois mule ruches étrangères
dans un petit village,
Lorfqu’on veut tranfporter près ou loin des ruches
qu’on a châtrées, on les pote le foir chacune fur
une toile claire, dont on les enveloppe en la ferrant
avec des lipns de paille ou d’ofiçr, ou de corde.
Leux hommes peuvent en porter plufieurs, en
faifant palier un long bâton dans les noeuds de
la toile qui les enveloppe -, on les charge auffi
fur des chevaux ou fur des ânes ; on çQnfeilJç
énepr?
encore de les mettre renverfées dans des hottes.
Si on les laiffe dans le fens ordinaire, e’eft-à-dire,
pôfées fur l’ouverture, il faut les foulêvér & les
foutenir à la hauteur de quelques pouces, fur-tout
fi le voyage efl- de plufieurs jours. Car il efl né-
ceffaire que les abeilles refpirent un air renou-
vellé. Des effaims nouvellement recueillis, peuvent
refler ainfi renfermés deux ou trois jours.
On peut mener aufli loin qu’on veut, des ruches
pleines de cire, de miel & d’abeilles, lorfque
c’eft par le froid , en ayant feulement l’attention
«d’empêcher que les'gâteaux ne fe brifent les uns
contre les autres. Pour cet effet, on les affujettit
avec de petits bâtons. Lorfqu’on efl arrivé au lieu
deffiné pour les ruches, & qui èft ordinairement
un jardin rempli d’arbres, fi ce font de jeunes
effaims ! on lès met à l’ombre ou à l’expofuion
du couchant , ou on fe contente de placer une
toile à quelques pouces de la petite ouverture
pour l’ombrager *, le foir, on ôte la toile qui les
enveloppoit. Aux approches de l’hiver , ces ruches
doivent être changées & expoféés au levant ou ail
midi , félon la chaleur du climat, & toujours
à l’abri du vent : dans les pays chauds, le levant
efl la meilleure expofition. Il faut préférer le m;di
dans- ceux où le raifin mûrit difficilement. A
l ’égard des ruches qui ne font pas de nouveaux
effaims, on les met tout de fuite à rexpofition
où on veut les laifler.' On éloignera les ruches
les unes des autres de deux pouces*, on les ex-
hauffera d’un demi-pied, fur des pierres ou fur
dès morceaux de bois , on les fceüera tout au
tour avec de la chaux éteinte , du plâtre, de
l’argile ou de la bouze de vache j on ne laiffera
pour le paffage des abeilles, qu’un trou d’un
pouce, fur un demi-pouce. Afin de garantir les
ruches des"injures de l’air, fi elles ne font pas à
couvert, on 'y "met un chaperon de paille , ou de
genêt, ou de jonc ; le fiège fur lequel elles font
pofées, & qu’on appelle tablier, ou gradin , doit
être en pente pour l'écoulement de là pluie. 11
vaut mieux qu’il foit de bois que de pierre,
parce qu’il fe feche plus aifément. M. Pàlteau
obferve que le tranfport réveillant les mouches,
il efl utile de ne le faire qu’après l’hiver , afin
quelles aillent à la campagne à leur arrivée *, autrement
elles confommeroient trop de vivres,
jufqu’au beau tems.
Soins des abeilles pendant tous les mois de Vannée.
A l’entrée de l’hiver, on doit couvrir les ruches
avec des paillaffons, & griller l’ouverture par
laquelle les abeilles y entrent. 11 convient que ees
grillages,'faits de fer blanc, foient affez étroits pour
ne laifler paffer dans les intervalles qu’une feule
mouche. C’eft le moyen d’écarter les animaux
deftrnéteurs & d’empêcher les abeilles de fortir
s’il vient un rayon de beau tems dans l’hiver,
& de rifquer d’être enfuite faifies du froid. On les
Agriculture' Tome /. l re. Partie.
vifite de tems errrems , pour voir fi eh es ne
manquent pas de provisions fi nen ne les
incommode. Au commencement du printems, on
nettoyé les ruches , on agrandir un peu les trous
par où les abeilles doivent fortir, & on aide de
nourriture celles qui n’en ont plus. Le confeil
que donnent quelques Auteurs , de hâter, dans,
cette faifon, la vigilance des mouches en les
réchauffant artificiellement , parort devoir être
rejetté, Tant qu’elles font engourdies , elles ne
confomm'ent point de miel. La nature , toujours
d’accord avec elle-même , réveille les abeilles
par la douce température du tems f au moment
où déjà les fleurs éclofent, comme elle fait naître
les vers à foie, quand les feuilles du mûrier
pouffent. Les mois de mai & de juin, font la
faifon des effaims, & celle de la plus grande récolte
j ce qui exige qu’on laiffe aux mouches la
liberté de fortir & d’entrer plufieurs enfemble.
A cet effet, on ôte les grillages, & on veille les
effaims pour les recevoir dans des ruches qu’on
tiént prêtes. Il efl d’ufage en plufieurs provinces,
d’enlever le miel & la cire à la fin de juin ;
dans d’autres, ce n’eft qu’en juillet. A cette époque ,
pour rafraîchir les ruches que la chaleur échauffe
trop, on les élève davantage fur les piliers qui
les fouriennent. H fembie que le mois de juillet
dans nos climats ne produife qu’un petit nombre
de fleurs, qui contiennent du miel & de la cire;
car les abeilles n’en recueillent prefque pas
alors. Aufli, remarque-t-on que c’eft le moment
où nos jardins font fans parure. Dans le mois
d’août, leur ardeur fe ranime, parce qu’il paroît
de nouvelles fleurs, fur lefquelles elles trouvent.
de quoi'remplir leurs ruches. On ajoure une ou
plufieurs hauffes à celles de nouvelle conflruélion ,
& même à celles d’ancienne forme, en y ajuftant
le bas des paniers qu’on coupe exprès. En août
& en feptembre, on a à craindre que les abeilles
ne fe pillent ; à la fin du dernier mois , ou au
commencement d’oétobre , il y a des pays où
on retranche de la cire & du miel, ne laiflant
aux abeilles que ce qu’il leur en faut pour paffer
l’hiver*, mais cette pratique ne peut avoir lieu
quautant quelles ont fait une fécondé récolte
très-abondante.
Il y a des abeilles qui meurent de fatigue avant
l’hiver. Il feroit important de ralentir leur amour
pour le travail, en inrroduifant dé tems en teins
pendant l’été, un peu d’air frais dans leurs ruches
ou en dirigeant deflus un jet d’eau , lancé avec
une feringue ou une pompe pour imiter la pluie.
D’autres abeilles tombent dans le défaut contraire.
Pour forcer ces dernières à fortir de leur inaction,
il faut leur laifler pen de vivres en rognant
beaucoup leurs gâteaux, ou en les changeant de
ruches. Il y en a qui s’épuilènt à force de donner
des effaims & qui meurent après. Pour empêche*
cet accident, il fuffit de placer des hauffes fous
les ruches de nouvelle forme, ou dintroduire
T*