
bientôt pour peu que te teins Toit favorable *,
d’ailleurs on en eft quitte pour remplacer celles
qui ont manqué. C’eft pourquoi il faut avoir la
précaution de repiquer toujours un quart ou
même un tiers de jeune plant de plus qu’on n’en
a befoin, foit pour remédier au défaut de reprife
dans les tranfplantations , foit pour avoir la
facilité de choifir les individus qui ont les plus
belles fleurs. Lorfqu’une fois ces plantes ont repris
racines en place, elles n’exigent d’autres
lbins que d’être arrofées fuivant leurs befoins
qui font allez modérés à cette époque. ■
Mais la récolte des graines exige une attention
particulière. Quoique toutes les Reines-mar*
guérites ne foient très-certainement que des variétés
provenues, les unes des autres, puifque
nous les avons vu toutes naître dans nos jardins,
il n’efl cependant pas indifférent de choifir les
pieds fur lefquels on doit recueillir les graines,
& de féparer chaque variété de couleurs pour
en faire des femis particuliers. Plus les individus
qui fourniront les femences auront donné de
belles fleurs, plus on aura lieu d’efpérer d’en
obtenir de femblables, à quelques nuances près,
de la plus grande partie des plantes qui proviendront
de ces femis, faits fêparétnent & cultivés
avec le même foin. D’après cela, on doit
donner la préférence aux pieds dont les fleurs
font les plus franches & les plus vives en coùleur ,
parce que les fleurs d’une couleur tendre &miroyen-
ne fe perpétuent rarement, & que les individus
qui proviennent de leurs femences ne produifent
le plus fou vent que des fleurs plus pâles encore ,
& d’ une couleur moins décidée, On ne doit
choifir également dans lçs panaches , que les
couleurs bien tranchées , & non celles qui fe
fondent les unes dans les autres ; enfin, les pieds
qui font les plus vigoureux, & dont les fleurs
font les plus grandes & les plus doubles , doivent
être marqués de préférence. On fe fert le plus
ordinairement de brins de laine teints de différentes
couleurs pour reconnoître les pieds dont
on veut ramaffer des graines, & l’on a foin d’appareiller
la couleur de la laine à celle des fleurs.
Mais le plus sûr eft d’attacher à chaque pied
de petits nuinéros qui foient relatifs à un livret
fur lequel on fait une courte defeription des
fleurs & de leur couleur, parce que la laine fe
falit ou fe pourrit, & quand on viçnt à faire la
récolte des graines, on ne peut plus diflinguer
les couleurs | mais quelle que foit celle de ces
deux manières qu’on adopte, il convient toujours
jde laiffer fécher les plantes fur pied, enfuite de les
arracher ^vep leurs racines, & de les dépofer dans
un lieu fec tk a.ëré. Lorsqu'elles font parfaitement
fèches, on fépare les têtes des tiges, on
les bat & on vane les femences que l’on met dans
des facs de papier , & que l’on renferme dans des
tiroirs. Ces femences. ainfi récoltées,fe confère
n t en état dç lever pendant pluficurs années,
mais les meilleures font toujours celles de Ig
dérnière récolte.
Ufage. Les Reines-marguerites font employées
dans toutes les efpèces de jardins d'agrément ;on
en décore les parterres, on en forme des maflifs,
on en garnit des vafes, on en fait des gradins ^
par-tout elles produifent l'effet le plus agréable.
La confonimarion qui s’en fait chaque année dans
les jardins de Paris eft immenfe-, auffi cette culture
occupe-t-elle un grand nombre de jardiniers
fleuriftes qui en tirent un parti très-avantageux,
malgré la modicité du prix de chaque pied pris
féparément, puifqu’ii ne leur rapporte fouvent
qu’un fol & quelquefois même ftx deniers, fans
le pot.
f>Obfervation. Des femences de Reine-marguerite rifes dans toutes les couleurs & recueillies fur
es plus beaux pieds & parmi les plus belles variétés
à fleurs doubles, ayant été femées en plein
champ à Malesherbes, dans un terrain extrêmement
maigre, produifirent, dès la même année,
des individus qui ne s’élevèrent pas à plus de fix
à huit pouces de haut & dont les fleurs fe trouvèrent
toutes Amples & fans panaches. Mais leurs
couleurs, telles que le blanc , le ronge & le bleu
fe confervèrenr, ce qui fembleroit prouver que les
plus belles variétés de cette plante étant le produit
de la culture ne peuvent fublifterfans fon
fecours.
Hijioriquc. Les graines de la Reine-marguerite
furent envoyées de la Chine vers 1 7 2 8 , par le
P. Dincarville, Millionnaire Jéfuite, réfident à
Pequin. Il les adreffa à fon ami, M. Antoine de
Juifieu , Profefteur de Botanique, Ces graines furent
femées aü jardin <fu Roi & produifirent des
plantes qui donnèrent des fleurs Amples & blanches,
prefqne femblables à notre marguerite des
champs j mais les graines que l’on recueillit fur
ces premiers pieds, donnèrent, l’année fuivante,
quelques individus à fleurs ronges, parmi un plus
grand nombre d’autres , femblables en tout aux
premiers. Çette couleur peu commune parmi les
plantes de cette famille, fon éclat & lagrandeu»
dbcette fleur, fixèrent l’attention des Amateurs ;
& dans un Comité qu’ils tinrent anx Couvent des
Chartreux où ils fe raffembloient fouvent, ils convinrent
de lui donner le nom de Reine-marguerite
, en confi dération de fa beauté & de fa relr
femblancc avec nos marguerites. Vers l’année 1 7 3 4 ,
on obtint la variété à fleur violette. Mais toutes
ces fleurs éroient Amples, elles n’avoient qu’une
rangée de demi-fleurpns â leur circonférence, &
le difque ou le centre de la fleur, étoit compofé
de fleurons de couleur j^une. Cependant quelque
tems après cette époque, on trouva dans les ternis
quelques individus dont les fleurs avoient un
plus grand nombrede rayons. Leur nombre augmenta
chaque année, & en 1750, on avoitdéjà
obtenu des fleurs doubles, des variétés à fleurs
rouge, à flenr violette > & enfin à fleur blanche.
La culture de cette plante s’étant étendue dans
lin grand nombre de jardins, le foin qu’on prit
de choifir les graines fur les plus beaux individus,
& plus encore le mélange qu’on fit dans les parterres
des variétés de couleurs > donnèrent bientôt
naiffance aux fleurs panachées en même-tems
qu’aux teintes intermédiaires eftre le rouge , le
blanc & le violet, telles que les couleurs de rofe,
lilas, bleues, purpurines, &c. En 1772 parut pour
la première fois dans les Jardins du Roi, à Trian-
non, une nouvelle variété de Reine-marguerite
dont tous les fleurons terminés par une languette,
étoient rangés les uns fur les autres & bombés
dans le milieu , comme les petales des Anémones
ce qui fit donner àfcette nouvelle variété le nom
de Reine-marguerite Anémone. Bientôt elle donna
des fleurs de toutes les couleurs & même des panaches
de différentes ,nuances. Quelques années
après, la marguerite naine d’été rut trouvée dans
les jardins de M. le Maréchal Duc de Biron, à
Paris. Cette jolie variété eft plus précoce que les
autres, d’environ trois femaines ; elle eft également
variée pour la couleur de fes fleurs, mais
aiiffi elle s’élève moins haut & meurt plutôt. Enfin
la Reine-marguerite à tuyaux eft la dernière ac-
quifition que nous ayons faite. C’eft encore* à
M* Moifly, Jardinier du Maréchal de Biron, que
nous devons cette fingulière variété. Elle eft remarquable
èn ce qu’au lieu de languettes qui terminent.
les fleurons dans les autres fleurs de cette
efpèce, ce font les fleurons eux-mêmes qui s’a*
longent & forment des tubes pofés circulairement
les uns fur lesautres & qui diminuent de longueur
à mefure qu’ils approchent du centre de la fleur.
Cette difpofition lui donne une forme hémifphé-
rique qui jointe à la diverfité de fes couleurs,
en fait une fleur très-agréable.
En confidérant le grand nombre de variétés qui
exiftent parmi les Reines-marguerites, il eft difficile
d'imaginer, qu’il puiffe s’en former de nouvelles.
Toutes les combinaifons paroiffent épuiféesj nous
avons toutes les teintes de couleur, toutes les 1
variétés de forme & de grandeur dont elles fem-
blent fufceptibles, & leurs panaches préfentent
toutes les nuances qui peuvent réfui ter du mé- I
lange & de la combinaifon des trois couleurs pri- j
mitives de ces fleurs qui font le blanc, le rouge j
& le violet. Cependant s’il arrivoit qu’on obtînt j
un jour la couleur jaune qu’on cherche depuis j
fi longtems, cette couleur mife en combinaifon j
avec les trois autres, fourniroit encore un grand j
nombre de variétés. Mais il n’efi guère probable
qu’on la rencontre jamais puifqu’aucune des plantes
de ce genre n’a fes rayons jaunes , quoique |
leurs fleurons foient prefque tous de cette couleur.
Nous efpérons qu’on voudra bien nous pardonner
ce long hinorique en faveur d’une plante
née au Jardin du Roi & qui a fait une fi grande
fortune dans le inonde» (Af. T uoviju. )
Astère bâtard , Anonyme impropre du Bu-
phtalmum grandi-fiorum. L. V. Buphthalme à
grande fleur.
( M. T n o v iv . )
A S T R A G A L E , A s t r a g a l u s;
Ce genre de plante fait partie de la famille des
h ’gumineufes. Il eft compofé, dans ce moment , de
foixante-fept efpèces différentes connues & décrites
, dont cinquante-huit font des plantes vivaces
ou annuelles qui perdent leurs tiges chaque année.
Celles-ci pouffent dès le premier printems, &
s’élèvent depuis trois & quatre pouces jufquà
fi* pieds de haut, fuivant les efpèces. Quelques-
unes rampent fur la terre, & d’autres fe fou»
tiennent droites en formant des touffes arrondies,
d’un beau vert ; leur, feuillage eft léger, d’une
verdure tendre, mais de peu de durée. Leurs
fleurs affez généralement difpofées en épis ,'
font les unes blanches, les autres jaunes & les
autres rouges , fouvent d’une belle apparence.
Elles produifent des gouffes, dont les femences
viennent à parfaire maturité dans notre climat ,
& confervent, pendant plufieurs années, la faculté
de lever. ' ■
Les neuf autres efpèces font desarbnftes ligneux
d’une confifiance filandreufe & coriace. Leurs
branches font garnies de longues épines & ter-,
minées par des bouquets de petites feuilles très»
rapprochées les unes des autres, lefquelles fe
confervent pendant toute l’année; leur couleur
eft d’un vert pâle, qui, dans plufieurs efpèces ,
tire fur le blanc. Les fleurs font, comme dans
les efpèces précédentes, blanches , jaunes ou
rougeâtres, avec cette différence qu’elles n’ont
prefque point d’effet.
Tous les Afiragales croiffent de préférence dans
les pays froids du nord de fEurope, de l’Afie &
de l’Amérique, ou dans les climats tempérés de
ces trois parties du monde. Les efpèces herbacées
fe rencontrent plus habituellement dans les
terrains meubles, profonds & un peu humides,
que dans d’autres endroits. Les efpèces ligneufes
au contraire, affeélent de croître dans les lieux
fecs, parmi les pierres, & aux expofitions les
plus chaudes. En Europe, les premiereî fe cultivent
aifément en pleine terre, dans des terrains
meubles, fubflantiels & profonds ; les fécondés,
plus délicates, exigent des foins particuliers pendant
l’hiver ; quelques-unes d’entr’elles veulent
Être couvertes & empaillées foigneufemenr ; les
autres demandent à rentrer dans 1 orangerie.On les
multiplie facilement par le moyen de leurs drageons
, mais rarement de marcetes & dehoutures.
Parmi les plantes de ce genre, nombreux en
efpèces, quelques-unes font d’iifage en médecine,
d’autres peuvent fervir h la nourriture des bef-
tiaux , & d’autres produifent des gommes em-
i ployées dans les arts. Mais fi on les confidère
L comme plantes d’agrément, leur mérite eft très