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fes grandes martes de bofquets, avec des objets
deftinés, par leur hauteur, à garnir les bordures;
les moindres inconvéniens qui puîffent réfulter
de toutes ces méprifes, (ont des dépenfes fans
fruit, une perte de teins, fouvent irréparable,
& toujours une privation de j oui fiancé.
Mais quelle règle doit-on fuivre pour employer
les arbres dans les jardins d’agrément ? Si 1 on
ne confulte que la nature , on yerra que les
arbres ne doivent pas être placés à des diftances
égales, ni fur des lignes régulières, puifque c’eft
le hafard qui les fait croître dans tel ou tel
endroit. Ce font des graines emportées par les
vents qui donnent naiffance aux uns & des rejettons
qui multiplient les autres. Dans le premier cas,
ils fe trouvent placés fans fymmétrie } dans le
fécond, ils fe grouppent, & c’eft fe rapprocher
du modèle, quon ne doit jamais perdre de vue,
que de les difpofer de la forte, autant qu’il eft
poflible. Cette manière de les préfenter eft aufli
bien plus favorable à l’effet & à la variété y &
c’eft ainfi que les peintres nous les montrent toujours
dans leurs tableaux-, à moins qu’ils n’y
foient forcés, ils fe gardent bien de repréfenter
des paliflades & des allées bien alignées.
Cependant la difpofition des arbres eft fou-
tnife, à certains égards, aux circonflances & à
la nature des lieux où on les emploie. Le bon
coût s’attache à certaines règles -, le meilleur
admet des exceptions, & n’eft point exclufif} mais,
foit quon emploie les arbres fymmérriquement,
foit qu’on les difpofe & quk>n les grouppe d’une
manière pittorefque , il eft néceffaire de bien
prévoir l’effet qu’ils produiront, lorfqu’ils auront
atteint leur grofl'eur & leur élévation moyenne.
Cette prévoyance indifpenfable pour la réuffite
des effets êxi^e une connoiffance affez étendue
des arbres jointe à une habitude de réfléchir
fur les produétions ; elle fuppofe .d ailleurs un
goût ou plutôt un ta& qui a une grande liaifon
avec les idées de compofitiôn dans l’art de la
peinture, puifqu’il s’agit de maffes, de rapports
& de contrafles.
Il n’eft pas moins néceffaire, même en variant
les efpèces d’arbres & d’arbufles, de les choiftr
convenables à la qualité du terrein. Ce foin
contribue à l’effet, mais encore plus à la promptitude
de la jouiffance } il ajoute aufti beaucoup à l’impreffion qu’on a deffem de faire naître-, une
végétation facile, prompte & animée donne une
idée de mouvement & de vie, qui manque ordinairement
à toutes ces fortes de fcènes elle
rappelle aufli les fentimens attachés à l’abondance
à la richeffe, à la force & à la beauté.
Les’ Arbres confidérés enfuite fous le point
de vue économique, admettent d’autres rapports.
On les dh ife en arbres fruitiers, foreftiers, d’ali-
gnemens & étrangers. y . . ,
Les Arbres fruitiers font ceux qui produtfent
cette diverfué infinie de fruits, aufli propres à
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flatter la vue, l’odorat & le goût qu’à fervîr
de nourriture aux hommes. Ën raifon de leur
ufage, de leur culture, du teins de la maturité
de leurs fruits, on leur donne différens furnoms,
tels que ceux d’arbres de vergers & d’arbres à
efpaliers.
Les Arbres de vergers ou plein vent, font ceux
qui , étant indigènes ou rendus tels par une
longue culture , peuvent croître & fructifier ,
fans le fecours d’abrits artificiels, comme les
murs, les paliflades, &c. & dont la culture fe réduit
à les élaguer de tems en teins, & à fupprimer
les branches mortes. Ces arbres fe plantent ordinairement
à des diftances plus ou- moins grandes,
fuivant l’objet qu’on a en vue -, dans la plantation,
on doit confulter la nature de chacun d’eux,
pour les placer dans le fol, & à l’expofîtion qui
leur convient.
Les Arbres fruitiers, fournis à la taille, & qu’on
cultive dans les potagers, s’appellent arbres en
éventail, en buiflbn & en quenouille.
Les Arbres en éventail prennent ce nom de
la figure qu’on leur donpe par la taille. Pour les
former ainfi, on choifit dans les pépinières des
fujets greffés à rez-terre qui, lorfqu’on les.plante
à demeure,. doivent être rabattus à fix ou huit
pouces de haut. Parmi les jeunes branches que
ces arbres pouffent, on en choifit deux latérales,
des plus baffes, qui ont le plus de difpo-
fitjon à s’étendre fur la même ligne} on. les y
contraint par un treillage auquel ont les attache}
, chaque fois qu’on taille les arbres , on fup-
prime toutes les branches qui ont une tendance
à croître dans une direction contraire à celle
qu’on veut donner à fon éventail. Les branches
qui croiffent verticalement fur le’s deux principales,
font foigrreufement confervées & paliffées
pour garnir le milieu en trois ou quatre années
de tems, on parvîentà donner aux arbres la forme
d’éventaiL
Les arbres taillés en éventail font ordinairement
deftinés à former les contre-efpajiers,
à garnir le milieu des plates-bandes qui entourent
les carrés des jardins potagers; enfin ils font
aux jardins légumiers ce que les paliflades font
aux jardins d’agrément. .
Les arbres qu’on emploie le plus ordinairement
à former les éventails, font les diverfes efpèces
de pommiers, de poiriers, de cerifiers, de pruniers,
&c.
Arbres fruitiers en bmjfon ou en entonnoir. On
donne ce nom à des arbres difpofés en forme
de yafes coniques, dont la pointe eft en bas,
& le céntre vuide de branches. Ils approchent
d’autant plus du point de perfection , qu’on
attache à cette forme, que leur figure eft plus
régulière, que l’évafement eft proportionné à h
hauteur, & qu’il commence à fe former plus
près de la terre.
Pour donner aux arbres la forme d’un buiffopj
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il faut s’y prendre de très-bonne heure, ;c’eft-
à- dire, dès la première année de la .plantation.,
Lbrfqu’ils ont été rabattus à quelques pouces hors
de terre, ils ne manquent pas de ponlfer plusieurs
branches j alors on ménage foigneufemenr toutes
celles qui partent du tronc, à la même diftance
delà terre, & qui fe trouvent également efpacées
autour de la circonférence. L’on fupprime tontes
celles qui fe trouvent trop baffes , ou qui font
placées dans des endroits déjà remplis , de
manière à ne laiffer qu’une rangée de branches
placées le plus régulièrement pofiible au-tour de
la tige. Quand le choix des branches eft fait,
on place quatre piquets à égale diftance autour
de l’arbre, lefquels fervent à fupporter un cerceau
du diamètre qu’on veut faire prendre à l’éva-
fement du vafe de l’arbre par en bas} c’eft à
ce premier cercle qu’on attache les jeunes branches
qu’on a réfervées, afin de leur faire prendre le
premier pli. La fécondé année, on place un
cerceau un peu plus grand., à fix pouces au-deffus du
premier pour former plus parfaitement l’entonnoir
, & graduer ainfi l’évalement. On continue
d’année en année , jufqu’à ce que les branches
ioient arrivées à la hauteur qu’on veut donner,
& que ' la forme foit bien décidée.
La taille des Arbres fruitiers deftinés à former
le buiffon, doit toujours être faite de manière
à laiffer l’oeil en dehors, & jamais en dedans, à
moins qu’une branche qui viendrait à s’échapper
ne forçât, pour la remettre à fa place, de railler
en dedans. On doit aufti fe garder d’arrêter à
la même hauteur toutes les branches d’un buiflon,
fans diftinéïion des fortes ou des foibles} ce qui
ne fe pratique que trop fouvent pour fathfaire
une fyipmétrie mal entendue; il faut, au contraire,
tailler les branches en proportion de leurs
forces, afin d’éviter de donner naiffance à des
tiges gourmandes, qui* emportent la plus grande
partie de la sève au détriment des autres rameaux.
De même, au lieu de tailler foigneufement à la
même longueur toutes les branches qui viennent
fur la circonférence du buiflbn pour donner, plus
de grâce aux arbres, il vaut mieux retrancher,
près des maîtrefles branches, toutes celles qui
ne peuvent trouver place fans occafionner de
la eonfufion, & couper, même, par les extrémités
, tontes celles qui annoncent des fruits}
par ce moyen , on obtient.d’abondantes récoltes,
& l’on en eft quitte pour rapprocher les branches
par la fuite. Ces opérations de la taille fe font,
pour l’ordinaire, en janvier & février.
Les Arbres en bufffon fontordinairementréfervés
aux jardins potagers y on les y diftribue autour
des i carrés *, ils ont davantage d’offrir des fruits
plus faciles à cueiHir, & des récoltes plus fûres ,
dit-on, que celles des arbres des vergers, parce
quils font moins acceflibles aux vents} mais
tous ces avantages font bien loin de compenfeF
la perte conüdérable de terrein que ces arbres
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| occupent, les frais de culture qu’ils néceftitent,
1 inconvénient qu’ils ont de fervir de retraite à
une multitude dinfe&es qui dévorent les plantes
potagères1 voifines , & le tort qu’ils font aux
autres végérauy , en arrêtant la circulation de
l’air dans les jardins où ils font plantés.
Les Arbres deftincs- à former des buiffons-, font
les mêmes que ceux qu’on taille en éventail ,
c’eft-à*dire, les diverfes efpèces de pommiers,
de poiriers, de pruniers d’abricotiers, Sic.
Arbres fruitiers en quenouille. On appeiloit ainfi
des arbres defantaifie, dont les branches, qu’on
Jaifloit croître tout autour du tronc, à un pied
de rerre environ jufqu’au fommer, qui avtfit
ordinairement fix ou huit pieds d’élévation, étaient
taillées à une certaine longueur qui étoit la même
du haut en bas } au moyen de quoi ces arbres
avoient la figure d’une quenouille, ou, pour
mieux dire, d’un fût de colonne plus ou moins
gros. La bizarrerie de cette . culture à laquelle
on foumertoit anciennement plu fleurs arbres fruitiers,
n’eft plus d’ufage aujourd’hui parmi nous
& ne fubfifie plus, que dans quelques jardins de
la Hollande..,, où l’on commence même à les
détruire. LafpeCt défagréable que préleme la
nature ainfi dégradée, fans aucun but d’utilité,
a fait rejeter cette forme, & nous difpenfe d’une
• defcripnon.plus étendue.
Arbres fruitiers en girandole». Les Arbres auxquels
on donnoit cette forme, étoient de jeunes
fujets., vigoureux, dont on étageoir les branches
de diftance en diftance 5 ce qui formoit des plateaux,
tantôt carrés & tantôt ronds. On en
graduoit la diftance & la grandeur du bas en
\ haut} au moyen de quoi ces aibres avoient la
figure d’une pyramide plus ou moins abonnée*
Cette pratique, très-nuifible à la famé des arbres,
contraire à la multiplication des fruits, & déla-
gréable à la vue, eft abandonnée depuis long-
rems en France} elle ne fe fou-tien t plus que
dans quelques jardins de l’Allemagne & de la
Hollande, d’où il faut efpérer quelle fera bientôt
bannie.
Arbres d’cfpaliers. On nomme ainfi les Arbres
fruitiers dont on fe fert ordinairement pour
tapifler les murs des jardins potagers, foit que
leur délicarefle exige ces abris artificiels y foir
que la beauté de leurs fruits, & leur parfaire
‘■maturité dépendent de cette culture, foit enfin
que leur nature fe prête plus volontiers à produire
dans les jardins qui leurs font deftinés,
cette décoration agréable & utile.
Les efpaliers font uniquement formés avec des
arbres qui, à raifon de leur taille, font nommés
arbres nains, demi-tige s & à tiges.
: Les Arbres nains ou baffes tiges font ceux qof.y
greffés dans la pépinière à rez - rerre font
rabattus, lors de leur plantation , à huit, dix
& quinze pouces hors de terre y on leur laille
croître deux branches latérales, s’ils font deft>-