
que l’auttie vienne à périr; mais, lorfqu’ils. auront par la fuite pris un
peu de force, on-retranchera-.celui qui fera le plus: .lirai place, &c on
attachera l’autre avec des liens tendres & lâches, afin quil ne foit point
abattu par le vent ni les orages. C ’eft la première façon qu’on donne
aux vignes depuis four plantation.
Déchau[fement des vignes. Les tems fubfequens demandent des
foins plus étendus. Après le i o d’octobre, on dechauffe la vigne.-Cette
opération confifte à mettre au jour les petites racines qui font pouffeeS
pendant l’été, & à les trancher avec le fer. Si On les lailfoit fortifier,
celles de deffous en feraient affaiblies, & le cep s en reffentiroit.
Taille des vignes. Après le dechauflement, vient la taille des
vignes, qui, fuivant les préceptes des anciens, doit etre faite de façon
qu’il n’y . ait près de terre qu’une feule tige garnie de deux bourgeons.
On taille la ' vigne à-peu-près vers le milieu de 1 efpâee qui eft entre
deux noeuds, ên tenant la ferpette un peu obliquement; de peur que,
fi la coupe étoit horizontale, la pluie qui viendrait a tomber, ne s y
arrêtât deffus. Il y à deux faifons pour faire cette taille, le printems
St l’automne. Magon prétend qu’il vaut mieux tailler la vigne au
printems, avant quelle bourgeonne: parce qu’étant alors pleine de
fuc, il eft plus facile de lui faire une plaie, 8t d’unir cette plaie dans
toute fa furtace ; outre qu’alors elle réfifte moins a la ferpette, Columelle ,•
au contraire, ne croit pas que la taille du printems foit la meilleure
pour tous les pays; effectivement il n’y a pas de doute quil ne faille
la préférer dans les pays froids ; mais pouf ceux qui font expofés au
foleil, St où l’hiver eft doux, la plus eifentielle eft celle de 1 automne-;
puifque c’eft le tems auquel les plantes fe dépouillent de leurs fruits St
de leurs feuilles.
Echalas. Après la taille, vient le foin d’échaîaffer la vigne. I l eft
en effet très-important que le pampre trouve quelquappui quil puifle
faifir, dès qu’il Commence à s’alonger, afin quil refifte .a kinw
pétuofité des vents.
Liens pour attachée la vigne. Quand on aura mis les echalas, il
faudra y attacher les pampres. Les meilleurs liens forant ceux de genet,
de jonc coupé dans les marais, de glayeul: les fouillés meme de rofeau,
féehées à l’ombre, font employées à cet ufage.
I l fa u t nettoyer & bêcher la vigne. Lorfque les vignobles auront
été façonnés de la manière qui vient detre prcfcrite, on doit fe hâter
de les nettoyer, & d’en retirer les farmens & les bouts des échalas.
A la fin de l’hiver, il faut les bêcher profondément, afin que les
branches pullulent, & quelles s’étendent avec plus de facilité.
Columeüe ne s’eft pas contenté de donner tous les details relatifs
à la culture de la vigne,, fie à la manière de la greffer; il a tracé encore
la méthode qu’on doit fuivre pour mefurer les terres. Les bornes de
cette analyfe nous obligent de nous reftreindre aux objets les plus
eflentiels. .
Les arbres auprès defquels la vigne fe plaît le mieux, font 1 aubier
préférablement a tout autre ; enfuite l’orme & en troifieme lieu le
frêne. Quelques perfonnes rejettent l’aubier, parce qu’il produit peu
de feuillages, & qu’il n’eft pas utile aux beftiaux. On plante avec raifon
dans les lieux efearpés & montagneux, où l’orme ne fe plaît pas, le
frêne, qui eft un arbre recherche par les chèvres & les brebis, & qui
n’eft pas fans utilité pour les boeufs. L ’orme eft généralement préféré
parce qu’il s’accommode très-bien de la vigne, qu il fournit un pâturage
très-agréable aux boeufs , & qu’il réuflit dans plufieurs efpèces de
terreins. i . _ , .
Il y a Une autreefpèce d’arbre agréable aux vignes, que les Gaulois
appelloient rumpotinum , & qui reftemble au cornouiller. On plante
encore fur la lifière des vignobles des charmes, des cornouillers, des
frênes faüvages, & quelquefois même des faules.
La culture de l’olivier A du cytife terminent le cinquième livre.
Le fixième eft confacré à décrire les foins qu’exigent les quadrupèdes.
L ’auteur les divife en deux clafies : les uns partagent avec l’homme
fos travaux & fos peines, comme le boeuf, la mule, le cheval & lâne:
on nourrit les autres pour en retirer du revenu, ou pour l’employer à
la garde des autres beftiaux, comme la brebis, la chèvre, le porc Sc
le chien.
Le boeuf. Ce n’eft pas une chofe aifée que de fixer les règles auxquelles
on doit fe conformer, lorfqu’on veut acheter des boeufs ; d’autant que
ces animaux varient pour la taille, le caractère & la couleur , fuivant la
différence des pays & des climats. Les qualités que Columelle exige
. dans les boeufs dont on veut faire choix, font à-peu-près les mêmes
que celles qui fe trouvent dans l’ouvrage de Varron. En fuppofiint
des veaux bien conformés, il faut, pendant qu’ils font encore jeunes,
les accoutumer à fe laiffer carefler, afin qu’on ait moins de peine à
les dompter par la fuite. Au lurplus, il ne faut pas dompter les bouvillons
avant l’âge de trois ans, ni paffé celui de cinq : parce que, dans le premier
de ces âges, ils font encore trop délicats; &, dans le dernier, ils font
trop récalcitrans. O r, voici comment il faut s’y prendre pour les dompter:
on commence à leur préparer une étable fpacieufe, où celui qui fera
chargé de les dompter, puifle tourner avec aifance, & d’ou il puifle fortir
fans courir aucun danger. Il y aura dans cette étable d’amples mangeoires,
au défiais defquelles feront pofées horizontalement en forme de jougs,
à la hauteur de fcpt pieds de terre, des folives, auxquelles on pourra
attacher les bouvillons. On choifira pour cet exercice la matinée d’un