
près, il eft bon de s’examiner foi-même 8c de n’entreprendre que ce
qu’on peut faire. U n férieux examen fur fes propres forces & fur lès
moyens, pourvu que la prévention n’y ait aucune part, conduit toujours
allez heureufement à la fin où l’on veut arriver.
Un petit domaine donne à fon maître de quoi vivre honnêtement,’
quand il eft bien conduit : l’économie, là vigilance & l’induftrie en
augmentent les revenus,
(3’eft fur ce favoir faire qu’il faut fe confolter : c’eft la bouflole qui
doit diriger toutes les opérations du cultivateur 8c fans laquelle il
échouera infailliblement dans toutes fes entreprifes.
Nous ne parlons pas ici feulement de ceux qui prennent des domaines
à forfait, nous y comprenons encore les perfonnes privées, qui, par un
efprit d’économie, font valoir leurs terres eux-mêmes ; tous ont également
befoin de s’examiner fur le projet qu’ils méditent. On convient que
l’art de fe connoître à fond ne s’acquiert pas aifément, qu’il demande
beaucoup d’attention, & que fous ce rapport l’agriculture oblige tous
ceux qui veulent fe rendre habiles dans la culture des terres, d’emprunter
des autres fçiences certains principes qu’il faut appliquer à
celle-ci : car pour bien exercer un emploi, il faut néceftairement connoître
quelle eft fa nature, fa fin & fes moyens.
Livre fécond. L ’auteur enfeigne, dans le fécond livre, comment
il faut nourrir 8ç élever toutes fortes d’animaux domeftiqnes, tant
volatiles que quadrupèdes. I l commence par les poules, dont on peut
tirer un profit çonfidérable; il paflè aux poulets-d’inde, aux dindons,
aux oies, aux canes 8c canards domeftiques, aux pigeons de colombier ;
il parle enfuite des canes fauvages, des canes -d’inde, des cignes, des
paons, des tourterelles, des cailles & des faifans; quoique ces derniers
oifeaux femblent plutôt deftinés à fatisfaire la çuriofité, qua produira
quelque revenu. A la volaille fuccèdent les beftiaux, c’eft-àfoire, les
vaches, les boeufs, les taureaux, les brebis, les moutons, les agneaux, les
chèvres, les cochons, Liger examine à fond l’utilité qu’on peut tirer de
chaque efpèce de ces animaux ; &, dans cette vue, il fait le dénombrement
de tous les genres de produits qu’ils donnent au cultivateur. Comme ç’eft
principalement la graiffe qui les fait valoir, il preferit les moyens de les
engraifler, Il s’étend auffi- fur la véritable méthode de préparer'le
laitage, foit pour l’utilité de la maifon, foit pour le profit quon peut en
retirer. Le traitement des chevaux 8c celui des haras, fait un des principaux
articles du fécond livre, I l y parle encore des mulets & des
ânes, des mouches à miel, des vers à foie, de la garenne, du clapier,
des étangs 8ç des pièces d’eau qu’on deftine à contenir le poiffon.
Nourriture des boeufs félon les fa ifo n s. On nourrit les boeufs
différemment en été 8t en hiver. Dans cette première iaifon, on les
Inet au verd, au lieu que pendant l’hiver ils vivent au fec, c’eft-à-dire|
de foin & de paille. Celui qui a foin des boeufs, doit obferver de ne
point changer trop tôt leur nourriture ordinaire. Il feroit dangereux de
donner de fherbe au commencement du printems à des boeufs qui ont
été nourris jufqu’alors avec du foin ou de la paille : l’herbe qui paraît
à la première germination n’eft pas allez nourrifïànte, elle ne fait que
palfer dans les inteftins & rend les boeufs lâches au travail. Il faut
donc en ce tems-là les nourrir de foin: cet aliment eft plus folidé 8c
les fourient mieux ; on ne doit les mettre à l’herbe que vers la fin de mai ;
& aux fourrages que lorfque les froidures ne permettent plus qu’ils
paillent au verd.
Pendant tout l’été, l’automne & une partie de l’hiver, il faut conduire
les boeufs aux pâturages, ou les nourrir abondamment d’herbes
à la maifon : on leur donnera du fourrage durant l’autre partie dë
1 hiver 8c prefque pendant tout le cours du printems. Ces alimens
ainfi donnés à propos conviennent très-bien au tempérament de ces
animaux, 8c leur donnent une conftitution forte, vigoureufe 8c capable
de réfifter long-tems au travail. I l y a différens fourrages qu’on donne
aux boeufs, lorfqu’ils ne vont plus aux pâturages ; on les nourrit avec
du foin, des pailles & d’autres fourrages mêles : ces pailles diffèrent
en qualité, félon la diverfité des grains qui les produifent. La meilleure
des pailles, félon un ancien agriculteur, eft celle de millet ; la paille
dorge tient le fécond rang} celle de froment vient enfuite : les pailles
d’avoine 8c de feigle font encore bonnes ; celle d epeautre, autrement
dit orge quarré, peut fervir dans un cas dé néceïfité. On affure que
les boeufs mangent avec beaucoup d’appétit la paille d’orge; mais elle a
peu de fûbftance & ainfi elle defsèohe ceux qui en mangent beaucoup.
Suivant le précepte de Columelle, on doit donner à chaque boeuf
par jour un boifleau de lupins trempés dans de l’eau ou la moitié dé
pois chiches trempés de même, avec de la paille en abondance. Le
marc de raifin imbibé d’eau leur fert auffi de nourriture ; on peut le
leur donner tout fée, fi l’on veut: dans ce cas, il eft plus nourriflant:
outre ces alimens, il eft bon de les nourrir encore de feuilles sèches
dorme, de frêne, d’érable, de chêne, de faule 8c de peuplier: ils les
mangent avec avidité.
U feroit difficile de limiter l’ordinaire d’un boeuf, puifqu’ils mangent
plus les uns que les autres, 8c qu’il faut pour les bien nourrir qu’ils
aient de l’herbe 8c du fourrage de refte. U n boeuf, quoiqu’il foit un
fort gros animal, ne mange pas tant qu’on fe l’imagine : il ne lui faut
gu’une heure pour prendre fon repas; après il fe repofe 8c rumine à