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-eux , qu’on peut féparer loffqu’ils ont des
Racines particulières ,& que leur tige eft devenue
un peu ligneufe.
Les Allouais fouffrent -difficilement d’êtrè ex-
jjofés en plein air , même dans les iaifons les
plus chaudes de notre .climat ;.la fraîcheur de
nos nuits fuffit pour leur faire perdre leurs feuilles
. & les empêcher de fleurir. On ne doit les fortir
des ferres, que pour les placer fous des challis,
ou fous des bâches à ananas. Au moyen de ce
régime , on les fait croître vigoureusement, & on
en obrient des fleurs tous'les trois à quatre ans,
lorfque les pieds on atteint leur Sixième année. )
Ufage. Ces arbriffeaux méritent d’occuper une
place dans les tannées des ferres chaudes, caufe
de leur verdure perpétuelle, de la beauté •& de
Podeur fuave de leurs fleurs. On doit cependant
prévenir que cette dernière qualité pourrait
donner lieu à quelque accident, !i l’on refpiroît
long-tems leur parfum , ou fi l’on habitoit dans
une atmofphère qui en fût fortement imprégnée.
En Amérique, les Indiens font avec les fruits
de ces arbres , des colliers, des bracelets & des
Ceintures, dont ils fe parent les jours de fêtess
Ils font encore avec ces mêmes fruits, dont
ils retirent l’amande qu’ils remplacent par de petits
cailloux , des efpèces de grelots, qui leur fervent
à marquer la mefure dans leurs chants & dans
leurs danfes.
Propriété : Toutes les parties de ces arbres
font remplies d’un fuc laiteux , très-abondant,
& qui a des qualités malfaifantes. Si en l’applique
liir la peau , i-1 la noircit & la corrode ; pris
intérieurement, il produit -de funeftes accidens ;
mais l’amande de l ’efpèce, n.° .1 , eft un poifon
contre lequel on ne connoit aucun antidote. On
prétend même que les vapeurs qui fe dégagent
•de fon bois par la combuftion, font enivrantes,
aufli les Indiens s’abftiennent - ils de s’en fervir
dans leurs foyers. (JvL T houin.)
AHOVAL : nom »que les Colons franc ois
donnent au Cerbera allouai. L. Voye\ âhouai
d u Brésil. ( M. T houin. )
AIGLANT IER .ou E glantier. Synonyme
françois du raja canina. L. V. Rosier E glan-
t je r . ( M . T h o u in . )
A IG LE ( bois d’ ) nom d’un bois employé
dans la Médecine & dans les Arts , dont l’arbre
eft nommé par les JBotaniftes, Aquilana malac-
cenjîs. La M. V . A g a lo o h e , d.°2.. (M. T h-ovin. )
■ AIGRE. On donne, dans certains pays., le
nom de terre aigre ou âcre , à un .terrein difficile:
à cultiver, parce que tantôt i f eft trop mol,
tantôt trop fec. La moindre pluie le délaie , la
moindre chaleur forme des croûtes à la furfiice; il
faut bien faifiriemoment favorable pour le-labourer.
Les terres aigres ne font pas d’un mauvais rapport.;
•ordinairement elles ont du fond ; il -y en a
^cependant -qui m’en ont que .très-peu. Communé-
gnent elles font d’une couleur .noirâtre* Il paraît
a 1 G
i: que cette dénomination aigre , eft prife dans le feus
figuré •, je connois en Beauce , en Gâtinois &
dans l’Orléanois , des terres appellées aigres ;
elles ne m’ont pas paru être vitrioliques,
ni avoir aucun principe d’acidité.
Le nom d'aigre eft encore donné à des
prairies dont les herbes ne font pas de bonne
qualité. Le lait des vaches qui s’en nourriffenr,
eft défagréable & fait de mauvais beurre. Cela
vient-il de ce que ces prairies produifent beaucoup
d’herbes acides, capables d’altérer le lait,
ou de ce que les herbes qui y croiffent , fans
être acides, nourriffent mal les vaches , & ne
font pas douces. Les payfans appellent en général,
aigre , ce qui n’eft pas doux. J e connois
des prairies qui font dans ce cas; on ne trouve
dans les environs, ni bon beurre , ni bon lait ;
elles font dans un terrein de toufbe *, les . plantes
qui y dominent, font les carex , que les payfans
nomment rouckes , & les anglois, par un rapport
de nom afl’ez fingulier, rushes. Indépendamment
de ce que ces plantes, par leurs qualités intérieures
, ne font peut-être pas un bon aliment
pour les beftiaux, elles dégoûtent tous ceux qui
font un peu délicats , & fur-tout les chevaux,
parce que leurs tiges angulaires, leurs feuilles âpres
au toucher & un peu coupantes par leurs bords,
oft'enfent la langue & le palais. J e fuis portée à
croire que ce font lés carex encore plus que les
ofeilles , qui ont fait donner à des fourrages
le nom d’aigres ou âcres*
La perficaire qui eft brûlante „ & qu’on a
1 pu nommer âcre & d’autres plantes vénéneufes,
comme la renoncule fcélérate ; ranonculus fcele-
ratus , les douves ou damafonium , les' rkinaur
tkus , la pédiculaire pedïcularis Jerotina , peuvent
auffi y avoir contribué.
Quant aux Iris jaunes des prés., dont les feuilles
font tranchantes comme des -rafoirs,. je ne crois
pas qu’aucun bétail ÿ touche.
Ajoutez lès foucis de marais , • popalago ou
caltha y les trefles d’eau menianthes ou; autres
plantes do marais, dont les animaux ne veulentpas.
J e ne -crois pas que les joncs faffent non plus
de bons pâturages.
Quant au rofeau ,•arundo y dont la moelle eft
fucculente & fucrée, je penfe que ce fer,oit un
bon aliment pour les animaux qui ne feroient
pas rebutés par la dureté de la tige,,. En
Amérique, les beftiaux dévorent les cannes à
fucre, quand ils peuvent en avoir.
Il paroi1 3 au refte, queo’eft à la • colleélion des
herbages de mauvaife qualité , les uns par un
défaut, les autres par un autre, qu’on a donné
Le nom général d’herbes aigr-es ou herbes âcres.
Ç M . l’abbé T e s s i e r .)
A I G R E M O I N E , A g r i m o n i a . L.
1 Genre de plante de la famille des R osacées 9
; ( V . ce mot.) .O sgenr.e u’eft corapofé que de plantes
A I G
vivaces , herbacées , qui forment des maffes
touffues & arrondies, d’une verdure agréable *,
toutes les -efpèces croiffent en pleine terre dans
notre climat, & y font ruftiques; Quelques-unes
d’entr’elles font d’ufage en médecine, & les antres
pourroient être employées à l’ornement des jardins.
Efpèces & Variétés'.
x. ÂrGR-Emoine officinale.
A g r im o n iA eupatoria. L. de 1 Europe
temperée. _ .
B. Aigre moine officinale , odorante.
A g r im o n i a eupatoria odorata, 2^2 des provinces
méridionales de la France.,
D. Aigremoine officinale, blanche. -
A g r im o n i a eupatoria alba. d Italie.
2. Aigremoine du levant.
A g r im o n i a repens. L.^ £ de l’Afie temperée.
3. Aigremoine à fleurs en faifeeau.
A g h im o n iA agrimonoides. L. d Italie.
sDefcription. du port.
1 . Aigremoine officinale. Cette efpèce croît
naturellement le long-des haies & fur les lifières
des bois dans nos campagnes. Lorlqu on la cultive
dans les ‘jardins, elle forme des tonnes arrondies
qui s’élèvent à la hauteur d’environ dix-
huit pouces. Ces touff es enfin te font furmontees
par des tiges de dix à douze pouces de long,
■ couvertes de fleurs jaunes , -qui durent la plus
grande partie de l’été. _ ' •
B. L’aigremoine odorante , regardée comme
une variété de la précédente., mérite d être cultivée
de préférence; elle s’élève plus haut, forme des
touffes plus volumineufes, & les fleurs font plus
grandes. Toutes les parties, lorfqu on des froiffe,
donnent une odeur de miel fort agréable. On
allure que fes propriétés -médicinales font plus
étendues que celles de fon efpèce.
D. L’aigremoine officinale blanche eft regardée
par plulîeurs Botaniftes , .comme une
variété de notre efpèce .indigène ; cependant elle
fè reproduit conftamment de fes graines , & toutes
fes parties font toujours plus petites. D ailleurs
elle eft un peu plus tardive à fleurir, fes fleurs
font beaucoup moins apparentes & durent
moins long-tems. -
2. Aigremoine du levant. Cette efpèee, bien
caraélérifée,:ne s’élève que d’envicon deux.pieds1,
elle forme- des touffes arrondies, affez larges &
d’un verd.obfeur. Elles font furmontées pendant
les mois de juin & de juillet , de gros épis de
fleurs d’un beau jaune, qui donnent une foible
odeur û l’approche de la nuit. Le port de
eette plante eft agréable. .
3. Aigr-em.oinje à fleursren fauceau. Celle-ci
eft la plus petite de-toutes ; elle ne s’élève pas
■à un pied de haut ; fa touffe eft demi-lphérique,
& d’nn vp.rd clair. Ses fleurs d un jaune verdâtre,
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j uin, 'juillet & août ; viennent enfuite des
femences 'qu’il faut furveilier avec foin , lorlqu on
veut les récolter, parce qu’elles tombent immédiatement
après leur maturité.
Culture.
Toutes les efpèces d’aigremoine fe multiplient
par le moyen de leurs graines; fi on les sème
en automne, dans une terre meuble , fablon-
neufe & légèrement humide , el’es lèveront dès
le Drinteins- fuivant. Mais fi l’on réferve les graines
pour les femer au mois de mars , il eu rare qu elles
lèvent avant l’année révolue. Lorfqu on les laine
vieillir trois ou quatre ans, elles perdent leur
propriété germinative. r
Les graines de. la première efpèce a. .de les
deux variétés, peuvent être femées en pleine terre,
à une expofition ombragée. Mais il eft plus fur
de femer celles des deux autres efpèces dans
des pots , qu’on place en pleine terre à 1^XP°"
fition du levant , & qu’on couvre de litière
pendant les grandes gelées du premier .hiver.
En-général, les Aigremoines fe.multiplientbeau-
coup plus aifément & plus promptement, par
lé moyen d’oeilletons enracinés. Ceft en automne
au il ■ .èft plus convenable d’employer cette voie
de multiplication ; pour cela, on arrache de,
I vieux pieds , auffi-tôt que leurs feuilles font
î;‘ defféchées -; on en fépare les oeilletons les plus
vifs , & on les met dans des planches-d une
terre meuble & un peu fraîche , à une expofition
légèrement ombragée. Mais .comme ces
plantes forment de grofles touffes , il ..convient
d’efpacer les oeilletons à trente pouces de dil-
tance -les uns des autres. L ’année fuivante, ou
tout au plus la fécondé année, on lève ces jeunes
plantes , & on les place à demeure dans le lieu
qui leur eft defiiné.. . • „ , , ,
•L’ai^renvoi ne officinale & fes deux variétés 5
font des plantes vivaces très-rufiiques qui , une
fois mifes en place, ne demandent d autres foins
que ceux que néceffitent la propreté-d un jardin ;
comme de farder les mauvaifes herbes qia
cr-oifl’ent dans leur voifinage, & de leur donner
un labour chaque année. Les ceux autres elpèces
exigent un peu plus d’attention. Indépendamment
des fardages & du labour^ annuel qui leur eu
commun avec les trois .premières, i eft à propos ,
de relever les touffes tous les trois a quaire .ans,
Toit pour renouveler la terre .dans laquelle elles ,
font plantées , foit pour éphicher leurs racines
& en fupprimer toures les parues qui font mortes
ou furannées. I l eft convenable aulh -de leur
donner, pendant les grandes chaleurs de le té,
quelques arrçlemens paffagers. -
Ufa°e. La première efpece & -fes deux variétés
font cultivées dans les jardins de plantes médicinales
, pour leurs propriétés vulnéraires ; la
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