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pour accélérer la germination, & on les modère
enfuite, lorfque les graines commencent à lever,
ce qui arrive ordinairement dans refpace.de quinze
à vingt jours. Mais le jeune plant croît fort
lentement, à peine parvient-il à la hauteur de
quatre à cinq pouces, avant la fin de l’année.
Aux approches de l’hiver, il doit être rentré
dans une orangerie, & placé fur les appuis des
croifées. Pendant cette faifon , il exige peu d'ar-
rofeniens,- il craint même l’humidité, lorfque
la végétation eft ceffée. Alors il faut.les fufpendre
entièrement jufqu’à ce qu'il commence à repouffer
, c’eft-à-dire , jufqu’au mois de Février.
C’eft le moment quon doitchoifir pour féparer les
jeunes pieds. On les tire de terre & on les plante
avec toutes leurs racines, dans des pots, remplis
d’une terre fablonneufe. Au printems, on les place
fur une couche tiède, àTexpofition du midi, &
on les y laifte jufqu’à la fin de l’automne-, ©ri
les rentre enfuirè dans l’orangerie , & on leur
fait paffer encore ce fécond hiver , fur les appuis
des croifées. Au printems fuivant , les ef-
pèces comprifes fous les N.° ^9 & éo, pourront
être mifesen pleine terre, dans un terrein meuble,
fec & profond, à Texpofition du midi. Si l’on a
foin de les couvrir de feuilles fèches ou de litière
dans les fortes gelées , elles n’en feront point
endommagées & fe conferveront pendant long-
teins. Les autres efpèçes de cette divifion réuf-
firoient beaucoup mieux en pleine terre qu’en pots-,
mais il faut un local particulier & des foins plus
aflhjettiffans. On pourroit les planter à Texpofl-
tjon du midi, dans un terrein en pente qui fut
de nature fèche, fablonneufe & fubftantielle ,
& garanti des vents du Nord , autant qu’il fe-
roit polfible, par des abris naturels ouariificiéls.
Dans ce cas les individus doivent être efoacés
entr’eux à la diftance de cinq pieds au moins,
parce qu’étendant leurs branches dans toute leur
circonférence, ils fe toucheroient bientôt & fe
nuiroient mutuellement, s’ils étoient plus près
les uns des autres. A l’approche des gelées, on
couvrira la plate-bande dans laquelle ils feront
plantés , d’un lit de feuilles fèches ; on mettra
un chaffis par-deffus , avec des paillaffons , &
lorfque les gelées pafferont cinq degrés , on remplira
le chalfis de grande litière fèche. Au printems,
on ôtera toutes les couvertures; ôn binera
légèrement la terre, & on arrofera copieufement
toutes les plantes. Ces arbufles ainfi cultivés,
ne tarderont pas à s’étendre & fleuriront dès la
troifième ou quatrième année.
Lorfqtt’on veut multiplier ces arbufles de marcottes
, on choifit de jeunes branches de deux
à trois ans tout au plus-, on les ligature avec
du fil d’archal, & on courbe le rameau , en anfe
de panier , dans un pot qu’on enterre dans la
plate* bande. Il convient .de fe fervir , pour cette
opération , d’une terre argilleufe , un peu forte ,
& de la couvrir d’une moufle longue, qu’on arrA
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rôfe de tems en tems. Le printems efl la faifon
la plus favorable à la réuflite des marcottes *, elles
font pour l’ordinaire une année entière avant de
pouffer des racines. Mais, avant de les détacher
de la branche nourricière, il convient de les examiner
& de s’affurer fi les' racines qu’elles ont
pouffé font en état de les nourrir. Dans ce cas,
on les fevre, & on les tranfplante avec leur mote,
dans un vafe pins grand, rempli d’une terre plus
légère. Enfuite on les place fur une couche tiède
qu’on ombrage pendant quelques jours. Si au contraire
les marcottes ri'avoient pas encore pouffé
de racines, il tàudroit faire une nouvelle ligature
à la diftance d’un pouce au-deffus de la pre^-
inière , & recoucher de nouveau la branche. Cette
voie de multiplication n’eft pas très-sûre, parce
qu’il arrive fouvent que les rameaux tneurem au
lieu de pouffer des racines, & que lorfqu’ils en
ont poufié & qu’on vient à tranfplanter les mar-
cortes, elles périflent.
La multiplication par boutures eft encore plus
incertaine. Il faut choifir, autant qu’il eft poftible,
des rameaux de l'avant-dernière pouffe , & les
prendre au moment où la fève commence à monter.
On les plante quatre à quatre dans des pots
à bafilic, avec une terre très-légère compofée
par égale partie, de terreau de bruyère & d’un
terreau qu’on rencontre fouvent dans les troncs
des vieux faules. On les airofe copieufement;
on les place enfuite fur une couche tiède , & on
lés .couvre d’une cloche. Il eft à propos de les
garantir du foleil & de ne point renouveller l’air
pendant une quinzaine de jours. Après cela, on
choifit pour les vifiter un tems doux & pluvieux,
ou Ton profite de l’entrée de la nuit ; on retire
toutes les feuilles mortes ou moifies & Ton bine
légèrement la terre ; cette furveillance doit avoir
liêii de*tems en tems jufqu’à ce que les boutures
foient reprifes ; alors on les accoutume infen-
fiblemént à fupporter l’air libre , & lorfqifelles
ont pouffé affez de racines, on les fépare & on
les cultive comme les jeunes plants provenus de
femences.
Ufage. Les Aftragales, ligneux font peu cultivés
dans d’autres jardins que dans ceux deftinés à Tétude
de la Botanique ; cependant ils pourroient trouver
place dans les jardins payfagiftes. Plantés fur les
pentes des petites collines, à Texpofition du midi,
iis y produiroiem de l’effet par leur port pitto-
refque, & leur verdure cendrée. D’ailleurs les
fleurs de la plupart de ces efpèces ne laiffent pas
que d'avoir de l’apparence par leur maffe.
M. de la Billiardière, Naturalifte inftruit, qui
a voyagé dans le Levant, vient de nous faire con-
noîrre une nouvelle efpècè d’Adragant qui croît
fur le Mont-Lyban & pourroit devenir chez nous
un objet de culture intéreffam. Cet arbufte que
nous avons nommé Aftragale gommifere & qui eft
indiqué fous le n°. 67, a quelque affinité avec
l’Aftragale de Marfeille > mais il s’en diftingue par
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fâ flature plus élevée, par la difpofition de fes
branches, qui font moins longues & s étendent
plus horizontalement, & par les fleurs jaunes,
dont l'étendard eft flrié de lignes purpurines. Cet
arbufte croît dans les terreins calcaires, lur- les
montagnes du Lybart > à neuf cent toifes^ environ
au-deffus du niveau de la mer, & particulièrement
dans la région où s’arrêtent les nuages. Il
produit une gomme de la nature de celle de
TAftragale de Crête , quoiqu’elle lui foit un. peu
inférieure en qualité. Les habitans du pays la ra-
mâffent foigneufement & la font fervir à la préparation
de leurs toiles & à tous les ufage s auxquels
on emploie la gomme adragante.
M. de la Billiardière a obfervé que le flux
de cette gomme n’eft jamais plu,s abondant que
lorfqu’à la fuite des jours très-chauds, il tombe
de fortes rpfées ou de la pluie pendant la nuit.
Cette obfervation lui a donné lieu d expliquer
d’une manière ingénieufe ce phénomène , que
Tournefort avoit attribué à une autre caufê. Suivant
lui, la chaleur du foleil attire & fait monter
la sève dans les vaiffeaux de cet arbufte où
elle eft d’autant plus abondante que la chaleur
a été plus grande pendant le jour. La partie la
plus aqueufe de cettë liqueur fe dégage & fort
par la tranfpiration des feuilles, tandis que celle
qui refte dans les vaiffeaux des tiges, privée de ce
véhicule, s'épaiflrt & acquiert plus de confîflance.
La fraîcheur des nuits venant enfuite refferrer
les fibres deTécorce, en même-temps que 1 humidité
des rofées qui pénètre & imbibe cette sève,
déjà devenue gommeûfe , la fait augmenter de
volume , elle eft obligée de faire effort pour s’ouvrir
un paffage. Alors elle déchire 1 écorce & fuivant
la forme de Tiffue qui lui eft offerte pour
s’échapper, elle fort tantôt en globules arrondis,
& tantôt en manière de rubans minces, longs &
contournés en diffërens fens , telle que nous la
voyons dans le commerce. Cette explication pa-
roît fort naturelle lotfqu’on fait que la gomme
adragante augmente confidérablement de volume
à l’humidité, & que la récolte ne s en fait cha-
que jour que quelques heures après que le foleil
eft levé.
Il eft très-probable que TAftragale gommifere
croîtroit fort bien dans nos montagnes calcaires &
à une hauteur moins élevée que celle ou il croit
dans fon pays , à caufe de la différence de température
qui fcxifle entre les montagnes d Afie &
les nôtres. La confommation confidérable que la
médecine & les arts font de cette fubftance que
nous tirons de l'Etranger , nous fait defirer qu'on
en établiffe la culture en France. Ce feroit un
moyen de tirer parti des terreins de peu de, valeur
& de fournir une reffource aux habitans des montagnes
, qui fouvent n'ont pas à choilir entre beaucoup
de moyens.
( M . T h o v i x . )
ASTRAGALOIDE^xit^o-iiojPfS. Ancien
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genre de Tournefort dont les efpèces ont été d if-
perlées dans les genres deYAflragale & du Culuue.
V. Aftragale & Bagnaudier.
( M . T h o v i s . )
ASTRANCE, a s t r a n t i a .
Genre de plante delà famille des Ombellifères,
qui n’eft compcfé que de quatre efpèces. Ce
font des plantes vivaces , herbacées , dont les
tiges périflent chaque année à rez-terre. 'Leur
port n'a rien de diftingué, & une feule d entr elles
a des fleurs agréables. Elles font originaires des
montagnes de l’Europe & du Cap de Bonne-
efpérance. On les cultive en pleine terre & en
pots à l’orangerie. Dans notre climat, elles fe
multiplient de drageons enracinés & de graines.
EJp'eces.
1. A s t r a n c e à feuilles larges , ou grande
Aftrance.
AstxAxtiA major. L.
B. Astrance noire.
A strantia nigra. Lob. t2p des montagnes
des Alpes & des Pyrénées. U M .
1. Astranci à feuilles étroites , ou petite
Aftrance.
A strantia minor. L. 2£des montagnes de
Suiffe &. de Carniole.
3. Astrance il tige nue.
Astrantia epipaSis. L. des Alpes.
4. A s t r a n c e ciliaire.
A strAtiA dliaris. L. fil. fupp. ^ du Cap
de Bonne-efpérance. 1. L’Astrance à larges feuilles, eft une plante
vivace qui poulie, chaque année, de fa racine,
un grand nombre dè tiges , hautes^ d environ
deux pieds ; elles fe ramifient vers l’extrémité ,
& fe terminent par de petites ombelles de fleurs,
qui, dans des individus, font accompagnées de
collerettes blanches, & dans d autres', de collerettes
purpurines, lefquelles produifent un bel
effet. Les feuilles, qui partent immédiatement de
la racine, font larges, d’un beau vert, & portées
fur de longs pédicules. Celles qui viennent fur
les tiges fe divifent en quatre, cinq St fix parties.
Cette plante fleurit pendant l’été , & les
femences mCtriffent vers le milieu de l’automne.
Culture. La grande Aftrance n’eft nullement
délicate. Elle vient en pleine terre, dans toute
forte de terrein, & à toute expofuion ; mars
elle croît de préférence dans les lieux ombragés,
dans les terres meubles,fubflantielles, & un peu
humides. On la multiplie aifément par fes drageons
enracinés qu’on fépare des vieux pieds,
à la fin de l’automne. A défaut de drageons, on
fait ufage des graines ; on les feme immédiatement
après leur maturité, dans des pou ou terrines,
remplis d’une terre meuble légères, fablonneufe
, qu’on place en pleine terre, à l’expolition
du Nord , & l’on ne recouvre les graines que de