
légèrement foir & matin, jufqn’à ce qu’ils foient
levés, ceft-à-dire, pendant les nuit premiers jours,
lorfque les couches font chaudes. Alors il faut
modérer les arrofemens> & ne leur en donner
qu’au hefoin, fur-tout fi le tems eft humide, &
h lefoleil ne paroît point. Mais comme les jeunes
plantes font extrêmement tendres & font fujettes
à s’étioler, & même à fe pourrir par la privation
des rayons du foleil & par l’humidité, il eft à
propos de les aérer toutes les fois que le tems eft
doux & que le foleil vient à paroitre, foit en
ouvrant les panneaux des chalîîs > foit en levant
les cloches qui les recouvrent. 11 faut avoir également
très-grand foin de préferver des froids les
jeunes tricolors $ non-feulement la moindre gelée
blanche peut .les faire périr dans leur jeunefl’e ,
mais même une température de huit dégrés ne fuffit
pas pour les conferver.} il faut, pour que leur
végétation continue fans interruption , que la chaleur
foit de dix ou de douze degrés. Ainfi, on doit
avoir la précaution de couvrir de paille & de
pallaffons les challis pendant les tems froids, &
de faire des réchauds aux couches, lorfque leur
chaleur tombe au - deiTous du degré que nous
venons d’indiquer.
Vers la mi-avril, lorfque les jeunes plants ont
atteint quatre à cinq pouces de hauteur, il faut
s’occuper du foin de les repiquer: cette opération
fe fait de deux manières différentes. Quelques
perfonnes, pour économifer la dépenfe, repiquent
les jeunes plants en pleine couche, & d’autres les
plantent dans des pots, où iis les laiffeot jufqu’à
ce qu’ils foient sffez forts pour être mis en place :
ces deux procédés donnent, à peu de chofe près *
le même réfultat > ainfi > le choix eil indifférent.
Mais, dans les deux cas, il faut avoir l'attention
de choifir un tems doux & brumeux pour lever
le jeune plant 5 de le lever avec toutes (es racines,
& de le repiquer le pins promptement poffible,
pour que ces mêmes racines, qui font très-tendres,
ne fe defsèchent pas à l’air.
Si l’on veut repiquer tout d’un coup le jeune plâ nt
en pleine couche, il faudra choifir une couche nouvellement
faite, dont la chaleur foit modérée, &
qui ait été couverte d’environ fix pouces de terre
préparée comme cel!e qui a ferviaux femis. Lorfque
la lurface en aura été bien unie, on y tracera des
lignes à huit pouces de diftance les unes des autres,
tant en long qu’en travers, ce qui formera de petits
quarrés, à chaque angle dcfqueis on merrra avec
le plantoir un jeune plant, dont on affermira la
terre autour des racines.
Mais fi l’on préfère d’employer le fécond moyen,
on choifit des pots d’environ fix pouces de diamètre,
qu’on remplit d’ une terre préparée, comme
nous l’avons dit ci-deffus, & on plante un individu
dans chaque pot : enfuite on tranfporte tous les
pots fur une couche nouvellement faite , & on les
enterre jufqu'au bord dans le terreau qui la recouvre.
Quelques perfonnes mettent à-la-fois, foit en
pot, foit fur les couches nues, deux jeunes individus
enfemble, afin d’affurer la réuifite : mais
cette méthode eft fujette à des incoméniens ; il
eft rare que les deux jeunes plants ne reprennent
pas également lorfque la plantation eft faite par
un tems favorable, & qu’en y apporte quelqu’at-
tention } alors ils fe gênent mutuellement à mefure
qu’ils grandiffent, & l’un des deux finit prefque
toujours par l’emporter fur l’autre, fans que le
plus fort foit auln vigoureux & aüffi beau que
l’individu qui a été planté feul.
Mais quel que foit celui des deux moyens que
Ton emploie dans la tranfplantation des tricolors,
il convient toujours d’arrofer les jeunes plants
immédiatement après qu’ils font, en terre, parce
que, fi on les laiffoit trop fe fanner , ils auroient
beaucoup de peine à -fe redreffer & à reprendre.
Onfe fert, pour les arrofer, d’un arrofoiràpomme
dont les trous foient très-fins, & qui verfe l’eau
en manière de pluie douce i on promène cet
arrofoir fur toute la furface de la couche ou des
pots, fans s’arrêter plus long-tems dans un lieu
que dans un autre , afin que l’eau foit également
difperféè. On répète ce baffmage deux ou trois
fois par jour, dans le commencement de la tranfplantation
, & jufqu’à ce que le plant foit bien
repris *, enfuite on l’arrole moins fourenc, mais
plus abondamment, fuivant la viglieur des plantes
& le degré de féchereffe qui'règne dans l’atmof-
phère.
Il n’eft pas moins effentiel à lareprife des jeunes
plants, de les garantir des rayons au foleil lors de
leur tranfplantation : on aura donc foin de couvrir
de paillaflbns les panneaux des challis, fur-tout
pendant les huit premiers jours, enfuite on les
ombragera moins chaque jour, jufqu’à ce qu’enfin
ils foient parfaitement repris, & deviennent affez
forts pour n’avoir plus rien à craindre.
Mais ces précautions ne doivent pas s’étendre
julqu'à les priver d’air. Si on laiffoit les chaffis
conftammenr fermés, il arriveron que les plantes
ne prendreient pas de confiftance & s’étioleroient.
Pour éviter ce double inconvénient, il convient
non-feulement de leur donner de l’air pendant
la chaleur du jour, dans les' mois de mars &
d’avril, mais encore de lever entièrement les panneaux
des chalf#iorfqu’il tombe des pluies douces
dans les mois de mai & de juin j & lorsqu'une
fois la température fera fixée au-deffus de douze
degrés ,on pourra les laiffer entièrement expofées à
Pair libre, elles en croîtront avec plus de vigueur,
& leur maffe fera plus forte & plus touffue.
Vers la fin de l ’été, les Amaranthes trieolprs
font en état d’être plantées à leur defiination, foit
fur les plate-bandes des parterres, pour remplacer
les fleurs d’été, & commencer la décoration d’automne,
foit dans des vafes. Celles qui ont été
élevées dans des pots, n’ont befoin que d’être
•j dépotées & mifes en place} mais celles qui ont
| été repiquées en pleine couche, exigent plus de
précautions : on choifit un tems pluvieux, & on
les lève en mottes avec toutes leurs racines. Cette
opération eft d’autant plus aifée, que ces plantes
ayant beaucoup de racines, retiennent la terre &
l'empêchent de fe divifer, pour peu quelle foit
humide. Mais pour en affurer davantage la réuflite,
on arrofe fortement les plantes'avant de les lever5
enfuite avec une houlette qb cerne la terre à quatre
pouces de diftance du pied de la plante , & on
fenlève, très-facilement. On les met enfuite les
unes contre les autres dans un bard* que deux
hommes tranfportent fur le lieu où elles doivent
être plantées. On les place aufli-tôt dans les trous
qui ont été faits d’avance pour les recevoir, &
on les arrofe copieufement pour affermir la terre
autour'des racines.
Ces plantes fatiguent d’abord pendant quelques
jours-, mais enfuite elles reprennent & pouffent
avec plus de vigueur qu’auparavant, pourvu toutefois
que lafaifon foit chaude, & qu’on ne les laiffe
pas manquer, d’eau. Vers la fin de 1 automne,
lorfque les nuits font longues & commencent a
être froides, les Anaarantbes ceffent de végéter:
alors il faut entièrement fupprimer les arrofemens *,
.& àulfi-tôt que les premières gelées blanches ont
noirci les extrémités des plantes, on fait un choix :
de"celles qui ont été les plus vigoureufes & les plus
riches en couleurs j on les atrache avec leurs
racines, & on les fufpend la tête en en-bas dans
un lieu fec , aéré & à l’abri des gelées , pour
donner aux graines le tems de mûrir. Lorfqu clics
font entièrement mûres, on les fépare de la plante,
on les nettoie avec le van &. le crjble, & on les
met dans des facs de papier,, que l'on tient renfermés
dans des armoires , à l’abri de l’humidité
St de la grande chaleuf. Avec'ces précautions ,
ces fetnsnces confervent pendant dix ans leur
propriété germinative , peut-être même la con-
feryent-elles beaucoup plus long-tems, mais nous
n’avons pas porté plus loin l’expérience.
On fent affez , fans qu’il fort befoin de le
dire , que la culture que nous venons de détailler
, ne peut- convenir qu’au climat de Paris
& des pays plus feptentrionaux j dans les pays
méridionaux, il fouira de répandie au printems
les graines de ces plantes en pleine terre , de
les repiquer lorfqu elles auront acquis allez de
forces , & enfuite de les planter à leur defti-
nation.
Les Amaranthes , n.os 2 , 5 ? *3 5 *4 & 23 5
fe sèment dans des pots, fur des couches chaudes
couvertes de chaffis , vers la fin du mois de
mars ou le commencement d’avril, Ces femis
exigent la même nature de terre que les tricolors,
& la manière de femer & de recouvrir les graines
eft abfoliunem la même. Lorfque les jeunes plants
onr quatre à cinq pouces de haut, on les repique
en pleine terre , fi l’on veut les multiplier, ou
l’on met tout Amplement, à la place qu’elle doit
occuper dans les écoles de botanique , la touffe
que forme le jeune plant , après l’avoir tiré du
vafe dans lequel il a été femé , en obfervant
toutefois , de l’éclaircir auparavant , pour qu’il
ne fe trouve pas dans la même touffe une
trop grande quantité d’individus qui fe nuiroient
réciproquement, & ne fournir oient qu’une végétation
avortée.
Toutes les autres efpèces d’Amaranthes doivent
être fanées à la mi-avril, dans des pots fur couche
& à l’air libre. Ce n’eft pas que plufieurs d’entre
elles, comme les efpècesn.os 1 , 1 1 , 1 2 , 1 5 , &c.,
ne puiffent croître en pleine terre fans le fecours
de la chaleur artificielle > mais elles-ne pouffent
que très-lentement de cette manière, & l’on en
jouit trop tard.
Les elpçces dont on mange les feuilles dans
les différentes parties du monde où elles croiffent
naturellement , viendront très-bien en pleine •
terre dans nos provinces méridionales, avec la
feule attention de les femer au printems , à la
manière des autres légumes annuels. Mais ici
elles exigent plus de foin il leur faut le fecours
des couches pour croître' & fe développer plus
promptement , enfuite il eft à propos de les
repiquer en pleine terre à une expofition chaude,
dans un terrein meuble & fubuanciel, à dix-
huit ou vingt pouces de diftance les unes des
autres , attendu que ces plantes s’élèvent de
quatre à cinq pieds , & forment de groffes
touffes.
Ufages : Les Tricolors fervent à la décoration
des jardins de ville *, on les place dans les
parterres fur la ligne du milieu des plate-bandes,
dans les corbeilles & parmi les mamfs de fleurs.
: On en plante dans les vafes qui ornent les
perrons, les efcaliers, les terraffes, &c. , leur
; feuillage panaché & varié de couleurs éclatantes,
rend ces plantes très-propres à la décoration
d’automne. L ’Amaranthe à fleurs en queue, n’eft
guère employée que dans les grandes plate-
bandes & fur la lifière des bofquets *, fon
mérite pour la décoration eft bien inférieur à
celui des deux précédentes.
Les autres efpèces d’Amaranthes qui s’élèvent
de quatre à cinq pieds, & dont le feuillage, ainfi
que les fleurs, font colorés , peuvent figurer
dans les bofquets des jardins payfagiftes fur les
bordures, parmi les arbuftesj elles y produiront de
la variété, & garniront le terrein.
Enfin les efpèces n.os6 , 7 , 9 , ïô ? jJ7 > 20 &
11 fourniffent un feuillage qui, lorsqu’il eft tendre
, peut être employé dans la cuinne à la manière
des épinards ) nous en avons mangé avec
plaifir.
Cbfervation : il y a peu de genres de plantes
dont les efpèces foient auifi fujettes à varier, fur-
I tout lorfqu’elles font rapprochées les unes des
autres, comme dans une école de botanique. La
pouffière de leurs, étamines étant très-abondante ,
les efpèces fe fécondent mutuellement, & leurs