
jours, & lfis femences qui leur fuccèdenf, ^urif-
fcnt en mai & juin.
Culture.
Les graines des trois premières efpèees- doivent
être femées à l'automne ; celles de la première
en pleine terre & à la place deftinée à ces
plantes,'& celles des deux autres, dans des pots
remplis de terreau de bruyère, placés en pleine
terre à l’expofiriori du levant : elles lèvent pendant
l'hiver. La fécondé efpèce fleurit dès le printems,
produit fes graines en avril & fe deffèche en juin.
La troifième efpèce étant bis-annuelle, ne. pouffe
que des feuilles la première année ; on la conférve
pendant l’hiver, fur les appuis des çroifées dans
l'orangerie, & le printems fuivant elle monte en
fleurs, fructifie & meurt à la fin de j uin.
Les cinq autres efpèees doivent être pareillement
femçes à l’automne dans des terrines,aveÊdu terreau
de bruyère , mais à uneexpofition plus ombragée;
il eft néceffaire de les enterrer dans une plate-bande
& de les couvrir, pendant l’hivër, de feuilles fâches
& de paillaffons, pour l,es préferver de l'humidité
& des grands froids. Dès que les beaux
jours arrivent, on découvre les terrines & on.ar-
rofe légèrement les femis; le jeune plant ne tarde
pas à paroître; niais comme il végète lentement,
on peut lui laiffer paffer l'année dans les mêmes
vafes", & ne le féparer qu'au printems fuivant. Mais
alors il eft bon de le lever en'môles", &' de le
mettre dans des pots remplis d’un nouveau terreau
de bruyère pur , ou il doit paffer le réfte de l’année
pour prendre dé la force', de le replacer enfuife à
l ’ombre, & de lebaflïner tous les foirs, pendant l’été,
avec un arrofoir à pommes. Au printems fuivant,
on pourra.lé placer fur dés gradins, én pleine terre,
parmi les plantes alpines, & à l’expofitipn du nord.
Quoique ces- plantes croiffent fur les montagnes
les plus froides, cependant, comme elles font’cônf-
tamment couvertes de neige, les gelées ne les atteignent
que foiblement ; c’eft pourquoi il eft utile
de les couvrir aux approches des grandes gelées,
& de les découvrir lorfqu’il furvient des tems doux.
Quelques perfonnes ont même la précaution d’en
conferver des pieds en pots, qu’elles rentrent à
l ’orangerie lorfque le thermomètre defeend au-def-
fous de quatre degrés'. Ces plantes, en général ,
craignent l’humidité ftagnante & le grand foleil
d’été; elles aiment l’air le plus v if: ainfi , il eft
bon de les cultiver dans le terreau de bruyere, de
les placer à l’expofition du nord ou du levant, &
de les laiffer à Pair libre, le plus long-tems qu’il eft
poflible. Comme elles ne font pas d’une longue
vie, il eft à propos de les renouveller fouvent
par des femis,.
Ufages. Les Andrpfacés vivaces font propres à
jeter de la variété parmi les plantes alpines qu'on
cultive fur des gradins dansîe terreau de bruyere ;
ils forment des petits tapis de différentes verdures
qui démaillent au primeras, de fort jolies fleurs5
c’eft dommage feulement que ces j$antes foient (i
délicates. ( M. T ho u i n . )
A N D R O S EME , fynonyme françois de
Vhypericum androfoemum L . des Botanifles ( Voyez
Millepertuis à bayes noires. {M . T ho u i n . )
A N E , ou A s n e . A s i n u s. ~
Animal domeftique, du genre des fôüpèdes ; c’eft«
à-dire, de ceux qui ônt la corne du pied d’une
feule"pièce. Il eft plus petit que le cheval; fes
oreilles font plus longues & plus larges fes lèvres
plus épaiffes, fa tête plus greffe à proportion du
refte du corps. Il à la queue plus longue, mais
garnie de poil, feulement à l’extréfftité ; fa crinière
n'eft pas fi grande que celle du cheval. L’âne a la
peau très-dure , la jambe fine & la voix défagréa-,
ble ; le cheval hennit , l’âne brait. *
Parmi les ânes, comme parmi lès chevaux, il y
en a de diverfe hauteur. Un âne de taille moyenne ,
mefurë à l'endroit des jambes de devant, a trois
pieds quatre pouces & demi de hauteur, & quatre
pieds fix pouces de longueur depuis le fommet
de la tête jufqu’à l’anus. Les ânes font aufli de dif-
férens poils : on en voit de gris argenté, de gris
marqué de taches obfcures , de blancs, de bruns,
de noirs & de roux; la plupart font de couleur
gris defouris.
On avoir regardé l’âne comme un cheval dégénéré
; mais M. de Buffon à fait voir qu’il formoit
un genre à part payant, comme tous lès autres,
fa famille, ion efpèce & fon rang. Voye[ l’hiftoire
naturelle de M. dé Buffon.
L'âne eft un animal lent ; fon allure eft douce ,
parce qu’il n’a que dès mouvemens petits. Quoiqu’il
coure d’abord affez vite, il eft bientôt rendu
, quand on veut exiger qu’il coure long-tems.
Sa marché dans les lieux efearpés & difficiles ,
ell plus affurée que celle du cheval ; il eft dur au
travail, patient & tranquille. Ori l’apeufe d’être pare
ffeux. Mais cette pareffe n’eft-elle pas plutôt l'effet
de fa lenteur naturelle, qu’un vice de caraélère?
De tous les animaux à h tm , il eft le feul qui n'efoit
pas fujet à la vermine : îane eft très-fobre , & n'eft
pas délicat fur les alimens, fe contentant des herbes
que dédaignent les autres. Mais il n’aime que l’eau
claire; une petite quantité lui fuffit, & il peut s’en
paffer plus d’unb journée. Quand il boit , il n'enfonce
pas fon nez dans l’eau ; il fe roule fur les gazons,
les chardons, &c.; mais jamais dans la boue
ni dans l’eau, qu’il évite. Il eft rarement malade ; on
lui reproche d’être têtu , rétif, indocile ^infepfible
aux coups de fouet ; ce reproche n’eft 'peut - être
pas mieux mérité , que l’accufation de lenteur. En
France on ne prend guère foin do fon éducation;
33 il eft, dit M. de Buffon , le jouet, le plaftron ,
>3 le bardeau des ruftres qui le conduifent le bâton
33 à la main , qui le- frappent-, le furchargent ,
»3l’excèdent fans précautions, fans ménagement;
33 &c. 33 II me femble que fon indocilité pourvoit
être attribuée aux injuftices qu’on- ne- ceffe de lui
faire, & fon infenfibilité à l’épaiffeur de fa peau.
De quelle teffource cet animal n’eft - il pas pour
l'homme peu fortuné delà campagne ? Il coûte peu
à nourrir; fa patience & fa lenteur même le rendent
propre à des ouvrages auxquels on nepourroit employer
des chevaux ; il s’accoutume à être monté,
à porter de grands fardeaux , relativement à fa
groffeur, & à traîner des voitures. Dans les fermes
de groffe exploitation, on charge l’âne du beurre,
des oeufs, de la volaille, & c ., pour les marchés
voifiris ; il en rapporte en retour les*provifions
néceffaires ; il va chercher une partie des herbes
fraîches, deftinées aux autres beftiaux. Les payfans,.
qui n’ont que quelques portions de terre qu’ils
cultivent à lai main , ont un âne pour lé tr’anfport
des fumiers & de la récolte ; les vignerons s’en
fervent aufli pour fumer leurs, vignes & pour la
vendange; fon fecours n’eft pas moins utile aux
jardiniers. En Brèffe les bergers & les vachers gardent
leurs brebis .& leurs vaches, montés fur des
ânes,- ces animaux paillent avec elles, & portent
le petit mobilier des gardiens qui rrayent leurs bêtes
aux champs, &c; &c. L ’âne eft donc propre à plus
de différens travaux que le cheval.
On ne peut juger qu’imparfaitement delà confti-
turion phyfique de l’âne, ni de fon caratftère ,
d après l’état ou il eft en France. On Je jugeroit
encore moins,fainement d’après ce qu’il eft .dans des
pays plus froids que ce royaume. Car c’eft un ani->
mal originaire des climats chauds ;on en trouve une
grande quantité depuis le Sénégal jufqu’à la Chine.
Il y en a dans le Levant & dans là partie fépten-
.trionale de l’Afrique une très-belle race, qui vient
dé l’Arabie. En Perfe, on prend loin de l’éducation
des ânes ; on les excerce & on en fait de bonnes
montures. L'Arabie paroîr être leur première patri«;
ceft de-là.probablement qu’ils fe font répandus en
Afrique, en Afie & en Europe. Lors delà conquête
del'Àmérique, on n’y en a pas trouvés ; ceux que
les Espagnols y ont tranfporté, ont beaucoup multiplié.
On remarque qu’ils font d’autant plus petits,
que le pays eft. froid. Il y en a peu ou point du
fout en Angleterre, en Danemarck , en Suède, en
Pologne, en Hollande. La France , l’Efpagne,
1 Italie & les liles de l’Archipel^en élèvent beaucoup.
Ceux des provinces méridionales de France
font plus beaux que ceux des provinces fepten-
frionales.
Lâne étant un animal aufli utile, il eft important
de le multiplier. Ordinairement on ne prend
pas.de précautions pour cela; le hafard fait qu’un
âne & une âneffe en chaleur fe rencontrent ; ils
s accouplent, & il en nait im ânon plus ou moins
fiien fait 5 plus ou moins fort. Si tous les ânes 1
Soient bien proportionnés, & avoient des qualités
précieufes, les* gens riches feulsjes ac^eteroiem ,
® les payfans neferoient pas en état de s’en procu- .
rer.Sous ce point de vue, il vaut mieux que la plus
grande partie des ânes n’ait rien de brillant. 11 eft
cependant que des perfonnes s’occupent à .
avoir de belles efpèees pour les amateurs, & pour
produire avec lesjitmens de beaux mulets. On ne
l éuflira qu’autant que l’âne étalon & l’âneffe auront
les qualités fuivantes. I
L ’âne étalon doit être pris parmi les plus grands &
les plus forts. Il ne faut pas qu’il ait moins de trois
ans & plus de dix. Il aura les yeux pleins, vifs,
bien fendus; de grandes narines ; la membrane pituitaire
vermeille ; la bouche fraîche ; le col long-;
le poitrail large ; les reinsffermes ; la croupe plate ;
la queueéourte ; le poil liffe, un peu luifant,doux
au toucher ; dlun gris foncéj>bunoir ou moucheté
de rouge; les organes de la génération gros & charnus.
Des yeux enfoncés expofent l’âne à des fluxions
fréquentes ; des glandes fous la ganache annoncent
une difpofiuon à des maladies ; le genou
couronné & fans poil eft une marque de foibleffe
& prouve que l'animal s’abat ; la 'jambe fe fatigue
fûremenr, quand on voir des molettes au boulet;
le pied ne doit avoir ni feimes, ni fies, ni poireaux;
un âne ombrageux . .enfin ne peut faire un bon
étalon. Il eft à craindre que tous ces défauts ne paf-
fent dans les .productions, qui en réfultent.
Outre les qualités communes à .l'âne'étalon &
à l’âneffe, celle - ci doit avoir le corfage large &
le baffin ample,. Elle fait fes plus beaux ânons
depuis fept ans jufqu’à dix. La chaleur femanifefte
par la tuméfaélion des parties naturelles , & par
une humeur épaiffe & blanchâtre qui en découle.
Celles qui font en chaleur tou s les mois de l'année,
font moins fécondes que les autres.
L ’accouplement fe fait depuis le commencement
de mai jufqu’à la fin de juin. L ’âneffe ponant
de onze à douze mois, fânon vient au monde dans
une faifon douce où la mere trouve de l’herbe, &
peut avoir abondamment du lait.
Quand oh mène une âneffe à l’étalon, elle doit
être déferrée de peur qu'elle ne rue. Un homme la
tient par le licol ; deux autres conduifent l’étalon.
Qn l’aide à s'accoupler en le dirigant & en détournant
la queue de l’âneffe. Dans les derniers momens
de la copulation, la croupe de i’âne fait un mouvement
de balancier , qui accompagne l’émiflion de
l’humeur prolifique. L ’étalon eft ramené à l'écurie,
fans qu’on lui permette de renouveller l’accouplement.
Un bon âne pourroit couvrir deux âneffes
par jour. Cependant on préfère de le ménager..
L âne étalon dure plus long-tems que le cheval
étalon ; plus il eft vieux, plus il'paroît ardent:
on en a vu s’excéder & mourir quelques inftans
après.
Il y à une autre manière de faire accoupler les
ânes & les âneffes. On met un étalon darrsv un
enclos avec une quantité d'âneffes , qu’il doit couvrir.
Ainfi en libérté, il eft gai & alerte, & en couvre
une. On l’emmène auffi-tôt à l'écurie, & on
le ramène le lendemain, ou le furlendemain, pour
en couvrir une autre.
L ’âneffe, dit-on, rejette quelquefois la liqueur
prolifique quelle a reçue dans l’accouplement>