
On met les épis dans un panier pour les porter dans l’aire ; St ott
laifle la paille fur terre pour l’enlever enfuite & la mettre en tas. Il y
a une autre façon de moiflonner qui eft en ufige dans le Picenum.
On a une pelle de bois recourbée, à l’extrémité de laquelle eft attachée
une petiteTcie de fer, avec laquelle on faifit-une certaine quantité d’epis
que Ion coupe, en laiflant fur pied la paille, pour être fciée elle-même
dans la fuite. La troifième façon de moiflonner, telle quelle eft ufitée
aux environs de Rome, confifte à couper la paille par le milieu, en la
tenant de la main gauche par le bout. On met la paille qui tient à
l’épi dans des paniers, St on coupe l’autre au-deflous de la main, pour
en faire litière aux troupeaux.
Pofîticn 'de l’aire. L ’aire où l’on dépofe les épis'doit être placée
dans le lieu le plus élevé, afin quelle foit plus expofée au vent. I l faut
quelle foit proportionnée à l’étendue des terres labourables, & quelle
ait une forme convexe dans le milieu, afin que l’eau n’y féjouine pas.
Elle fera entièrement couverte de quelque terre forte & 'bien battue.
L ’argille eft préférable à toute autre terre. On eft dans l’ufage d’y
répandre de la lie d’huile, qui empêche les herbes d’y croître; c’eft
auflx un poifon pour les fourmis St pour les taupes.
Vendange. Lorfque le raifin eft mûr, il faut faire la vendange;
en examinant par quelle efpèce de raifin & par quelle partie
du vignoble l’on doit commencer. Le raifin. précoce doit être cueilli
le premier; & la vendange doit commencer dans la partie qui eft
la plus expofee au foleil. Le raifin que l’on deftipe à faire du vin,
doit être feparé de celui qu’on veut fervir à table. On porte le premier
dans l’endroit où il doit être prefluré, pour en remplir enfuite les
futailles : on met l’autre dans des paniers à part, foit pour en remplir
des pots, foit pour le conferver dans des amphores enduites de poix.
Auflî-tôt que le raifin eft foulé, on met les grappes, ainfi que la peau
des grains, fous le preffoir, afin d’en exprimer le refte du vin doux;
pour le joindre à celui qui aura déjà coulé dans la fofle, lorfqu’on
l’aura foulé. Quand le tas du marc né rend plus rien fous le prefloir,
il y a des vignerons qui-le’ coupent à l’entour & qui le remettent
encore une fécondé fois fous le prefloir. Ils gardent à part lé vin qui
en provient, parce qu’il fent le fer. Après que les peaux des grains ont
été preflurées pour la fécondé fois, on les jette dans des futailles, & oh
y verfe de l’eau, pour Lire une boiflbn qu’on donne aux ouvriers pendant
l’hiver.
Pofition des greniers. I l Lut ferrer le bled dans des greniers élevés ;
qui foient expofés au vent, tant du côté de l’orient, que du côté du
ièptentrion : il eft eflèntiel qu’ils foient garantis de tout air humide,
qui pourrait y pénétrer dés lieux circonvoifins. On crépit les murailles
& le fol avec un enduit compofé de marbre pilé ; finon, avec de l’argille
mêlée de paille de froment St de lie d’huile. Cet enduit empêche
les rats ou les vers de s’y mettre, èc augmente la folidité & la fermeté,
du grain.
Les fèves St les autres légumes fe confervent long-tems fans fe gâter,
fi on les couvre de cendre. Telle eft la matière contenue dans le
premier livre.
Le fécond livre traite de l’engrais des beftiaux. I l eft dédié à Niger-
Turannius. Les interlocuteurs de ce fécond dialogue font Varron,
Coffinius, Murfius, Scrofa, Vacrius, Atticus.
Origine de la fcience des patres. Varron commence à parler de
1 origine & de l’excellence de la profeflion des pâtres. Il la fait remonter
aux premiers hpmmes qui ont exifté fur la terre, en rappellanc tous les
monumens qui attellent fon antiquité, St les grands hommes qui n’ont
pas dédaigné de s’y livrer.
Scrofa prenant la parole à fon tour, explique en quoi confifte la
feience des bergers. La fin de leur profeflion fe réduit à acquérir
des beftiaux, Se à les nourrir à l’effet d’en retirer le plus de fruits
poflibles. , r
_ Divijlon de cette fcience. Cette fcience renferme neuf parties
diftinétes, ou au moins trois, qui fe foudivifent chacune en trois autres.
La première de ces trois parties comprend le petit bétail, dont l’on
compte trois efpèces, les brebis, les chèvres & les porcs. La fécondé
comprend le gros bétail, dont il y a trois efpèces diftinguées par la
nature, qui font les boeufs, les ânes & les chevaux. La troifième renferme
cette efpèce de bétail, que l’on ne fe procure point dans la vue
d a i retirer des fiuits; mais parce quelle eft néceffaire aux autres
beftiaux, ou parce quelle en eft une produélion; tels font les mulets,
les chiens & les bergers. Chacune de ces neuf parties en renferme
neuf autres; favoir., quatre qui concernent l’acquifition du- bétail;
quatre qui fe rapportent à fon entretien; St une qui .eft commune à ces
deux objets.
1 ^ § e j.u bztad. La première chpfe qu’il faut connoître pour être en
état de fe procurer de bon bétail, c’eft l’âge auquel il eft avantageux
d en acquérir les differentes efpèces. °
, Sü eû queftion de boeufs, l’on doit acheter moins cher ceux qui
nont quun an, de même que ceux qui en ont dix pafles; parce que
ces animaux ne commencent à donner du profit que la fécondé année,
et n en rapportent plus après la dixième.
TamnirV ü feoende des fluatre parties, qui concernent
iacquuition, confifte a connoître la forme de chaque efpèce de bétail: