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tous les quatre ou cinq ans les touffes trop vo*
lumineufes > afin de les changer de terre, de
fupprimer toutes les vieilles racines, & de rajeunir
les plantes.
Ufage. L’Afperge maritime peut être mile au
rang des plantes printanières, en ce qu’elle pouffe
de très-bonne heure. La délicateffe de Ton feuillage,
fa verdure, fur laquelle les baies tranchent
d’une manière agréable, temblent lui mériter une
place fur les lifières des bofauets, dans les jardins
payfagiftes. On peut encore s en fervir utilement
pour garnir des monticules fablonneufes,
fituées à. l’expofition du midi. Ses graines offrent
une reffoùrce pour la* nourriture des faifans &
des perdrix, qui les mangent avec avidité.
C. A s p e r g e tauvage. Celle-ci croît dans les
Provinces méridionales de la France, fur les
bords des bois, dans les terres légères & un peu
humides, Ses tiges s’élèvent à la hauteur de deux
pieds-, elles font moins branchues que celles de
l’efpèce précédente j & leur feuillage eft plus
délié. Ses fleurs font petites, de couleur verdâtre,
& donnent naiffance à des baies d’un rouge
pâle, qui mûriffent en juillet. Les tiges périffent
à la fin de ce mois, jufqu'à rez-terré, & les
racines ne repouffent qu’au printems iuivant,
Culture. Cette plante eft ruflique, elle croît &
fe multiplie dans toutes fortes de terreins, mais
die préfère ceux quj font légers & un peu humides*,
les exportions chaudes lui font auffi les
plus favorables. On la multiplie aifément par fes
drageons enracinés', qui peuvent être féparés des
fouçhes, depuis le mois d’ojftobre jufqffau commencement
de mars. Ses graines femée$ en pleine
terre au printems, dans une plate-bande de terre
meuble, fourniffent des plants qui acquièrent en
irôis ans leur état de perfeéHon, & peuvent
être plantés à leur deftination. Ils ne cfgignent
pas les plus fortes gelées de nos hivers, au
moyen ae quoi il efi inutile de les couvrir dans
cette faifon. Cette efpèce peut être employée aux
mêmes ufages que la précédente.
L ’A s p e r g e commune des jardins a fourni
par la culture, un grand nombre de fous-
variérés, qui ne different entr’elles que par leurs
dimenfions & quelquefois par leur couleur. Elles
ont toutes des propriétés plus ou moins intéref-
fantes, qui ont engagé à les cultiver en grand.
Comme cetre culture eft traitée avec étendue par
M, l’Abbé Teffier, à la fuite de cet article , nous
y renvoyons le leéleur.
' 2 . L ’A s p e r g e inclinée. La racine de cette
m èce efl compoféc de cinq à fix tubercules
charnus & oblongs, de la groffeur d’un pouce,
& de couleur grife. Ils font difpofés circulaire-
ment autour d?un axe commun, qui forme le
collet de la racine. Chaque année, vers le mois
de novembre, il fort de ce collet deux ou trois
tiges grêles & tortueufes, garnies de rameaux
oui s’inclinent vers la terre."A Les feuilles font fort
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petites, 'de'Couleur glauque, un peu velues, &
réunies par faifeeaux fur les branches. Ses fleurs
font extrêmement petites, de couleur de chair,
& paroiffent au printems. Elles font fuivies cle
petites baies rouges, qui ne font pas plus groffes
que des graines de chenevis. Cetre plante fructifie
rarement en Europe, & fes tiges périffent
chaque année vers le mois de juillet.
Culture. On la cultive en pots, dans une terre
fablonneufe un peu forte. L’hiver on la con-
ferve dans des chafiis, avec les plantes du cap,
& l’été onia laiffeâl’airlihre-Eilecraintbeaucoup
l'humidité, lorfqu’elle efl dans fon état de repos,
c’elt-à-dire, lorfque les fanes font Üefféchées
& qu’elle ne pouffe point. Mais lorfqu’elle efl
en végétation , elle exige des arrofemens
modérés,
Comme il efl rare qu.e cette plante donne des
graines dans notre climat, on la multiplié par
le moyen de fes pattes ou tubercules. On peut
les féparer des vieux pieds dans le mois d’octobre,
quelque tems avant qu’ils pouflént leurs
tiges. Mais il faut avoir l’attention d’examiner
auparavant fi ces pattes ont des yeux particuliers,
parce que, fi l’on fe contentoit de planter un
feul des tubercules qui compofent la racine, il
efl prefque fur qu’il ne poufleroit pas & qu'il
pourriroit. Ces pattes doivent être plantées dans
des pots avec une terre compofée de terre franche
douce, de terreau de btuyère & de terreau de
feuilles, la premièré mélangée dans la proportion
d’un -quart, & les deux autres par égales
parties. Il convient que ce mélange foit plus fec
qu’humide , & que le collet de la racine ne foit
recouvert que d’environ fix lignes. Les pots en-
fuite doivent être placés fur une couche tiède &
fous le chaffis où les\plantes doivent paffer l’hiver.
On ne les arrofera que lorfque les tiges
commenceront à fortir de terre.! Une chaleur
modérée, qui ne defeendra pas au-deffous de cinq
degrés, fuffit à Ipur confervarion.
Cette efpèce étant plus rare qu’agréable > ne
fe culrivg guères que dans les Ecoles de Botanique.
5. L’AspejiGe diflorte efl un arbriffeau far-
menteux, qui s’élève à huit eu dix pieds de haut,
& qui forme un buiffon irrégulier, d’un port
léger & pittorefque. Ses racines ne font point
tuberculées, mais ligneufes, groffes comme le
petit doigr, tortueufes & flexibles , de couleur
grife, & longues de plufieurs pieds. Elles font
réunies à une foüche commune, d’ou partent
les tiges de cet arbriffeau. Ces tiges fortent de
terre, & pouffent de la même manière que celles
de l’Afperge des jardins, mais elles’font beaucoup
plus longues, &; ne commencent à fl? développer,
que lorfqu’çlles ont trois à quatre pieds de
long. Leur croiffancç eft très-rapide *, elle commence
dès le mois de février , & continue juf-
qu'au mil jeu de l’été, Elles donnent naiffance 3
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des branches-, & celles-ci à des rameaux, lef-
quels font garnis de faifeeaux de feuilles linéaires,
qui reffemblem à celles du melèze, par leur
forme & leur difpofition , mais qui font plus
fines. Ces feuilles , dans leur jeuneffe, font d’une
couleur verte la plus tendre & la plus agréable
à l'oeil; elle devient infenfiblement plus foncée,
& finit par être jaunâtre , lorfque les feuilles
font fur le,point de tomber. Les branches vivent
pendant plufieurs années, & confervent
leur feuillage tout l’hiver. Jufqu’à préfenr, cette
efpèce n’a point fruélifié au jardin du Roi,
quoiqu’on y cultives, depuis nombre d’années,
dans des caiffes, plufieurs pieds très-vigoureux
& très-forts.
Culture. On la. conferve aifément dans les
ferres tempérées pendant l’hiver, & l'été à l’air
libre, placée à fexpofition du midi. Elle aime
une terre forte, un pen fablonneufe & meuble.
L’humidité lui eft plus nuifible que la sèchereffe,
fur-tout pendant l’hiver. Comme fes racines font très-
nombreufes & tjèsr-longues, il convient de la
cultiver dans de grands pots , ou dans des
caiffes.
. Mais il n’eft pas auffi facile de multiplier cet
arbriffeau dans notre climat, que de le confer-
ver. Il n’y produit jamais- de femences , & il
eft rare qu'on en reçoive du pays où il croît naturellement.
D’un autre côré, les rejetrons qu'il
pouffe font prefque toujours trop près de la fou-
che principale pour être féparés, fans endommager
les racines voifines.Cependant il arrive quelquefois
qu’ils en font affez éloignés. Alors on pourra les fé- •
parer vers le mois d’août, & les planter avec
toutes leurs racines, dans de grands pots, qu’on
placera fur une couche tiède, ou fous une bâche
à ananas. On aura foin de les garanti* du foleil
jufqu’à ce qu’ils foiem repris, & de les arrofer
très-modérément. A l’automne, ces jeunes pieds
feront placés dans la tannée d’une ferre chaude,
pour ÿ paffer le premier hiver, & au printems,
on ües forrira en înême-tems que les autres plantes
des pays chauds, & on les laiffera en plein air,
fur une vieille couche, jufqu’à l’automne, qu’on
les, rentrera dans une ferre tempérée. Tous les
deux ans au moins il eft néceffaire de changer cet
arbriffeau, & de le mettre dans de plus grands
pots, pour renouveller la terre. L’automne eft le.
teins le plus favorable à cette opération ; mais,
il faut avoir bien foin de ne couper que le moins1
poflible, de fes racines vivantes, & de fupprimer
toutes celles qui . font mortes, parce qu’en
les laiffanr pourrir dans la terre, elles peuvent
endommager celles qui font faines.
Ufage. Le port pmoiefque de cet arbriffeau,
ja belle verdure, & la délicateffe de fon feuii-
lage , le rendent très-propre à jeter de la variété
parmi les plantes étrangères, & à produire
de lagrémenr dans, les ferres. Dans les pays où
V croit naturellement, les habitans mangent les
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jeunes pouffes lorfqu’elles font tendres; elles ont
le même goût que celles de notre Afptrgc
cultivée.
7 . A s p e r g e d’Afie. Le port de cette efpèce
eft fort différent de celui des précédentes. Scs
tiges font grêles & droites , hautes d’environ deux
pieds, & armées d’épines; elles partent d’une
louche commune, au nombre de quatre ou cinq.
Ces tiges font garnies de branches alternes, très-
rapprochées les unes des aurres, & ont la même
direction. Elles font couvertes de petits faifeeaux,
de, feuilles capillaires, qui fubfiftent toute l’année.
Leur verdure eft tendre & comme foyeufe.
Jufqu’à préfent cette efpèce n’a point fleuri" dans
nos jardins..
Culture. L’Afpevge d Afie eft un peu plus dé**
licate que la précédeme; elle exige une température
plus chaude & une terre plus légère. On
la conferve pendant l’hiver, dans les tannées
des ferres chaudes, & l’été, en plein air, fur
une Couche tiède, à l’expofition du midi. L’humidité
fait jaunir fon feuillage, & elle ne fe
c.onferve vigoureufe & en bon état, qu’autant
qu'on proportionne les arrofemens au degré de
chaleur qu’on lui procure, & à fa végétation*
Quant aux moyens de la multiplier, ils font ies
mêmes que ceux de l'efpèce précédente, à laquelle
cependant elle eft bien inférieure en mérite.
Celle-ci n’eft propre qu’à occuper une place
dans les jardins de Botanique.
5?. L ’A s p e r g e blanche forme un buiffon épineux
, de trois à quatre pieds de haut, d'un
port grêle & irrégulier. $es racines font longues,
flexibles , & d'une confiftance ligneufe. Elles
produifent des tiges garnies de branches, qui,
les unes & les autres, font couvertes d'une
écorce très-blanche. Les feuilles viennent par pe-
tirs paquets écartés les uns des autres. Elles
font d’un verd glauque, & tombent chaque année
, vers la fin de l’automne. Les fleurs font
petites, blanchâtres, & produi-fent des: baies plus
groffes que celles de l’Afperge des jardins, &
de même couleur. Il eft rare que cet arbufie ffeii-
riffe dans notre climat; mais lorfqu’il fleurit,
c’eft dans le courant du mois de mai que fes
fleurs; commencent à paroirre, elles durent trois
ou quatre femaines, & fes fruits ne font mûrs
qu'à la fin du mois de juillet.
..Culture. Le plus communément on cultive
cet arbufie dans des pots, que l’on rentre l’hi-.
ver dans l’orangerie , & c’eft le plus fûr moyen
de le conferver. Mais lorfqu’on en poflède plufieurs.
pieds, on peut en mettre quelques-uns en
pleine terre an pied d’un mur, à l’expofition du
midi, dans un rerrein fec & très-léger. Si l’on
a la précaution de couvrir les racines chaque
année à l'automne, de cinq à fix pouces de
vieille tannée, & d'empailler les branches avec
foin, on parvient à les';conferver, lorfque les
hivers ne fom pas rudes 9 mais , pour peu