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parlant des arbres , des allées , des rentiers, des <
carrés, des planches, &c. quils font en alignement.
Il faut du difcerncment & du goût pour^em.-
ployer les alignemens avec avantage 3 autrement
ils produifent un effet défagréable.
Dans les jardins fymmétriques, tout eft fournis
à l’alignement. Les parties du terrein font, toutes
en alignement. On y met les arbres * les arbuftes.,
les plantes & les fleurs j il n’y a pas même jusqu'aux
branches qui ne s’y trouvent réduites &
ne foient forcées de croître dans une direéiion
déterminée j & fi elles viennent à s’en écarter,
elles font aufli-tôt retranchées fans égard pour
la nature des végétaux. Aulfi rien de fi trille que
ces fortes de jardins. A peine y eft-on entré qu’on
defire en fbrtir. Tout y eft froid & monotone,,
fans mouvement & fans vie -, rien n i.ntéreffe,
rien ne réveillé l’attention, tout fatigue & déplajt
également, parce que tout eft également fymm.^-
trique & régulier. Voilà l’abus des alignement
Les arbres de première & de. fécondé grandeur
dont, les tiges font droites, & qui peuvent fervir
à former des lignés pour les allées, lès quinconces
, &c. font aufli nommés arbres d'alignement.
( M . T h o u i n . )
A L IGN ER , terme de jardinage. C’eft placer
fur la même ligne & mettre dans la même direction
non-feulement les arbres & les plantes,,
mais encore, les parties d’un jardin, telles que
les carrés, les plate-bandesles planches. , &c.
Tous les objets d’une certaine étendue s’alignent
avec des jalons ( Voyei ce mot ) Les parties
.dont les extrémités: font plus rapprochées
s’alignent avec le, cordeau.
Lorfqu’un terrein eft dreffé ( Voye% dreffer ) ,
on en trace la diftribution intérieure, & Fon a
foin de marquer les angles de chacune des divi-
iîons, par des piquets que Fon place.d'alignement,
& que l’on enfonce fuivant les pentes données
par la pente générale du. terrein. Enfuite pour
aligner lés;petites parties & former lçs. plantations,,
tant à l'entour que dans l’intérieur, des carrés,,
des planches, &c. on attache un cordeau 4 un
piquet à un. autre, &. l’on diftribùe les arbuftes
ou les plantes dans la direction de cette ligne,.
Pour aligner les grandes parties, telles que
les arbres des allées, des quinconces, &£. on
commence par. indiquer la direéiion dans laquelle
iis doivent-être plantés, au moyen des piquets
qu’on place avec les jalons, à huit ou dix tojfes
les uns dis autres, clans toute la longueur des
lignes. On fait enfuite l'efpaçement dés places
avec une toife, on marque les trous, ou l’on
trace les tranchées dans lefçpel.les. lçs arbres
doivent être plantés,. .
Lorfqije tout eft ainfi préparé, on chpifit parmi
les arbres.qui doivent former la ligne, deux des
individus les plus forts. &. les plus droits., on les
plante à chacune des, extrémités , & quand ils
font une fois, en place, fervent çommç. de
A L K
jalons pour aligner les arbres intermédiaires 5c
les mettre dans la même direéiion. ( M. T n o u iv .)
ALISlERow a l iz ie r , nom françois d’un genre
d’arbres de pleine terre, connu des Botaniftes foiis
le nom de Cratægus. Voye\ le mot alisier dans le
Diélionnaire des arbres & arbuftes. ( M. T h o v i n . )
ALITER IA, aliterius \ furnoms donnés à Cérès
& à Jupiter félon la mythologie, parce que dans
un teins de famine , ils avoient empêché les meuniers
de voler la farine. Il eft plus vraifemblable
que ces noms leur ont été donnés, à Cérès pour
avoir appris aux hommes l’agriculture ou l’art
de cultiver de quoi fe nourrir, & à Jupiter, parce
qu’étant le pere des Dieux, il veilloit fur les
mortels & régloit les faifons. ( M. l’abbé T e s s ie r .)
A LK A LI, fel fimple, d’une nature particulière
, ayant des propriétés abfolument différentes
de celles de l ’a c i d e , .avec' lequel cependânt U
s’unit parfaitement pour former un.fel compofé.
Il y a , en général, deux fortes d’alkalis, l’alkali
fixe & l’alkali volatil. Le premier fe trouve en
plus ou moins grande quantité dans les débris
r des végétaux, après leur dêfiruélion *, la plante
appellëé Éz/i ou fôude, qui lui a donné fon nom,
en fournit beaucoup. Le »fécond • eft • en grande
partie un produit des matières animales en putréfaction.
J e ne parle" de l’alkali, que parce qu’il
a des rapports avec l’agriculture.
Les meilleurs engrais font formés* des matières
qui contiennent le- plus d’alkali-, foit fixe, foit
• vôtetiU.Les- cendres des- végétaux abondantes en
alkali fixe, font fort- recherchées- par les cultivateurs.
On brûle de& fougères, dés- bruyères, des
plantes, que la mer jette fur le-rivage pour en
répandre les cendres fur les terres» Lescharrées,
le marc de raifin, de lin, de- colzatdechenevi,
les feuilles des arbres pourries font propres à
cet ufage. On fait aufli combien les excrémens
dés- animaux'qu-i fournifîent beaucoup d’alkali
volatil, font un excellent engrais. Les vuidanges
des latrines, le crotin de cheval, de mulet., de
brebis *, la bouze de vache, la; fiente de pigeons
& de volailles, s’emploient avec le plus grand
avantage. Souvent on mêle enfemble Lés matières
animales & végétales , pour faire des fumiers
convenables; aux différentes efpèces de terre.
Voyei Engrais. (M. l ’abbé T e s s i e,r . )\
ALKANET ou O r c a n e t t e , nom (Tune ëf-
pèce de plante d’ufage dans les teintures, nommée
en latin ançhufa tinctoria , L. Voye% B u glos e
T E I G N A N T E . (M. T h O UI .N. )
ALKEKENGE, nom d.’un genre de plante
connu des botaniftes modernes., fôus le nom de
p h y f a l i s , V o y e i Coquêret. ( M . T h o v l h . )
A L L É E S.
AL LÉ E S, Agriculture. Ce font des .plantations
d’arbres difpofés fur. une ou plufieurs lignes , foit
au milieu, des terres, pour l’ornement & la déco:'-"-*'
tion. dçs châteaux, foit. fur fes..bords. des chemins
particuliers
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routes. Il y a des allées formées en paliffades comme !
des haies j on en voit un plus grand nombre dont
lestarbres font féparés les uns des autres, le plus
fouvent par des diftances égales. Telles font celles -
qui bordent les grandes Toutes.
Jufqu’ici ce n’eft prefque qû’à l’approche des villes
ou des châteaux que les grandes routes font plantées
en arbres. Il eft à defirer que cet ufage , introduit
pour l’agrément des voyageurs, ait un autre but,
& fe répande par toute la France. Il en réfulteroit
une augmentation dé fruits & de bois utiles aux
arts, ou au moins au chauffage. Les terreins renfermés
dans les chemins ne feroient pas entièrement
perdus, puifqu’ils ferviroient à nourrir des pom-
miers, des marronniers, des noyers, des mûriers
blancs, des ormes, des frênes, des érables,
des peupliers, &c. Dans un tems où la difette
de bois fe fait fentir dans le royaume, n’eft-ce
pas une manière d’y remédier en partie pour la
îuite ? Mais pour faire ces plantations avec avantage,
& fans nuire, s’il eft poftible, à l’agriculture,
elles exigent des précautions que je ne crois pas
inutile d’indiquer.
La manière la plus jufte d’y procéder me paroî-
troit celle d’engager chaque propriétaire des- divers
terreins fitués fur les bords des grands chemins,
à planter eux-mêmes, & à leur profit, les arbres
qu ils jugeroient les plus convenables, avec la
liberté de les arracher & d’en difpofer à leur gré,
pourvu qu’ils euffent l’attention de les remplacer au
moins un an après. A leur défaut, les communautés
des bourgs ou villages, ou les feigneurs,
feroient invités de faire faire ces plantations qui
leur appartiendroient.
J e crois'qu’il y a quelque aéle du fouverain qui
prononce fur cela.
Avant de planter, on examinera la qualité du fol,
pour n’y mettre que des arbres qui puiffent réuflir,
fans s’embarraffer fi près d’un orme il fe trouvera
un noyer ou un peuplier j car les veines de terre, le
long d’un grand chemin, changent perpétuellement
de nature, & ont plus ou moins de fond. La
fymmétrie étant fouvent l’ennemie de l’agriculture,
on ne doit y avoir aucun égard. Au refle, une-
diverfité d’arbres pourroit plaire davantage à
beàucoup de voyageurs. J e confeille de ne pas
planter des arbres trop jeunes que les paffans feroient
tentés de couper, comme il arrive fréquemment,.
& qui d’ailleurs feroient trop long-tems à croître :
leur végétation fera plus rapide encore, fi les premières
années on les laboure une ou deux fois aux
pieds. On ne doit remplacer un arbre mort ou
arraché que par un arbre d’un genre ou d’une
efpèce différente, .
Il y a des gens qui penfent qu’il eft bon d’élaguer
de tems en tt ms les arbres des allées, quand ce
ne font pas des arbres à fruit. J e crois que cette
pratique eft ncceffaire pour les faire monter tant
qu’ils font jeunes-, mais quand ils font parvenus à
Agriculture* Tojjie J,er > 1 1.e Partie*
A L K 43 3
une certaine hauteur il faut s’en abftenir. Certainement
le corps des arbres en foudre, & augmente
d’autant moins qu’en lui enlevant fes branches on
le prive d’une grande quantité de feuilles ou organes
néceffaires à l’accroiffement des végétaux. On fait
donc aux arts qui emploient le bois un tort réel
pour le médiocre avantage de jouir du produit des
élagages.
Un point de vue fous lequel je dois particulièrement
confidérer les plantations d’arbres en allées,
eft par rapport à leur effet fur les terres cultivées
qui font auprès. Cet effet eft différent félon les
pays j dans ceux où le fol a beaucoup de fond,
comme dans quelques cantons de la Normandie ,
dans la Tourraine&la vallée d'Anjou, les arbres
& tes plantes végètent à côté les uns des autres
avec une égale vigueur, parce qu’ils trouvent une
fubfiftance fuffifante. Dans ce cas, on peut, fans
précaution, garnir les bords des chemins de toutes
fortes d'arbres. Mais il n’en eft pas de même des
lieux où la terre a peu de fond. Les arbres & les
plantes s’y nuifant réciproquement, il faut faire,
pour ainfi dire, k chacun fa part. Pour empêcher
les racines des arbres de gagner les terres enfe-
menfées, on creufera dans l’intervalle un foffé plus
profond que large, qu’on aura foin de rafraîchir de
tems en tems, afin qu’il foit toujours à découvert^
car fi on comble le folfé, ainfi que beaucoup de
payfans le font après l’avoir formé’, on ne garantit
les champs des racines que pendant quelque tems,
elles n’y pénètrent enfuite que plus facilement. Il
en faut excepter le cas où on remplit^ le foffé de
paille ou de chaume qu’on recouvre d’un peu de
terre j la racine des arbres ne va pas au-delà, tant
que ces matières ne font pas. pourries & réduites
en terreau $ on peut alors en fubftituer de nouvelles
, & forcer ainfi les racines à fe porter d’un
autre côté. Afin de protéger les arbres du côté du
chemin, pendant leur jeunefle, un foffé me paroît
néceflaire j mais il eft inutile quand les arbres font
forts & les grands chemins larges. Au moins n’a-
t-on pas befoin de le faire aufii profond que celui
qui eft deftiné à féparer les arbres des terres ;
d’ailleurs, s’il étoit profond, les racines ne profi-
teroient pas du chemin dont le fol leur eft abandonné.
Il réfulte de ees réflexions, qu’en prenant les
précautions convenables, on peut, fans nuire fen-
fiblement au produit des terres cultivées, planter
des arbres le long des grands chemins dans toutes
les parties de la France où la nature du fol en eft
fufceptible. J e defire que dans l’exécution du projet
fage d’ouvrjr des routes de communication au
; milieu des provinces qui n’ont pas de débouchés, on
faififfe cette circonftance pour planter par-tout des
arbres fur les bords, avec l’attention de ne pas
planter des arbres dont les racines tracent beaucoup
, fur-tout dans le voifinage des terres légères,
faciles à épuifer. Il feroit à defirer qu’on ne fît pas
les grands chemins aufli larges , ils enlèvent un