A rgem oke fin Mexique, ou Pavot épineux.
A r g e m o n e Mexicana. L.
B. A r g em o n e du Mexique, à fleur blanche.
A r g e m o n e Mexicana a l b a 0 de l’Amérique
méridionale.
Voyc[ l’article P a v o t pour les autres efpèces
de Linné.
Cette plante, ainfi que fa variété , croît au
Mexique, dans les Antilles & dans l’Inde ; Tes
tiges s’élèvent droites à la hauteur d’environ
deux pieds; elles font très - rameufes & garnies
de feuilles affez larges, maculées ou. veinées de
taches blanches de différentes figures. Leur couleur
contrafte agréablement avec le verd brillant
& gai du refte du feuillage. Les rameaux fe terminent
par de grandes fleurs blanches dans
certains individus , & d’un beau jaùhe dans
quelques autres’, elles durent à peiné une journée,
mais elles fe fuccèdent fl rapidement, que
la plante paroît toujours fleurie, depuis le mois
de juillet jufqu’à la fin d’août.
Culture.
L ’Argemone fe sème d’elle - même dans le
voilinage des lieux où on la lai fie grainer. Elle
fe reproduit avec d’autant plus de facilité, que le
terrein dans lequel elle fe trouve eft meuble,
fec, & bien expofé au midi mais^ fes graines
ne lèvent que vers la fin de mai, parce qu’il
faut que la terre ait déjà acquis un certain dégré
de chaleur pour exciter la germination. S’il fur-
vient des pluies douces, à cette époque, la plante
croît avec rapidiré; les premières fleurs commencent
à paroître fix femaines après, & elles
fe fuccèdent fans interruption jufqu’à la fin de
l’été. Ses graines qui font renfermées dans des
capfules couvertes d’épines, mûriffent auflï fuc-
ceflivemenf, ainfi, il eft à propos de les recueillir
dès que les capfules commencent à s’ouvrir par
l’extrémité, fans quoi on courroit rifque de n'en
trouver aucunes , parce qu’elles tombent aifément.
Lorfqu’on veut jouir de cette plante de bonne
heure.» on peut en femer les graines dès le
mois d’avril, dans des pots remplis d’une terre
légère, que l’on place fur une couche chaude,
couverte d’un chaflis. Elles lèvent dans l’efpace de
fix ou huit jours, & quinze jours après le jeune
plant eft affez fort pour être mis en place ; mais
il faut fe garder de le repiquer, parce qu’il
reprend très-difficilement, & que la plante n’eft
Jamais auffi vigoureufe que lorfqu’on la laiffe
croître dans le lieu où elle eft née. On doit
fe borner à retirer feulement le jeune plant du
vafe dans lequel il a été femé, en confervant
fa mote, & à le mettre ainfi en pleine terre;
enfuite on arrache l’excédent du jeune plant,
pour n’en laiffer que trois ou quatre individus des
plus forts, afin de former une belle touffe
Ufagt. Cette plante peut figurer dans les pîate^
bandes des grands parterres, avec les pavots,
les pieds d’alouettes, les barbeaux & autres
fleurs d’été; elle peut aufli être femée avec avantage
fur les lifières des bofquets payfagifles, à des
expofitions découvertes & chaudes. (M. T ko v in .)
ARGENT INE, nom trivial, donné auPoten-
tilla anferina L. des Botaniftes. Voye{ Potentille
vulgaire. (M . T ho v in .")
ARGENTINE rouge. C’eft un des anciens
noms françois du Commarum palufire. L . Voye\
Potentille rouge. (M . T ho v in .)
ARGENTINE ou oreille de fouris, Cerafiium
tomentofum L . Voye\ Ceraifte cotonneux.
( M. T hovin. )
A R G I L L E , agriculture,
C’eft une des trois terres primitives ; elle eft
graffe & douce au toucher, s’attache à la langue,
fe pétrit avec l’eau, & forme une pâte ; elle a
affez de liant pour fe laiffer travailler fur le'tour,
L ’Argille, expofée brufquement au grand feu,
fi elle n’eft pas parfaitement sèche, pétillé &
faute en éclats avec explofion ; alors -elle fe
réduit en poudre avec un mouvement de crépitation.
Quand elle eft très-pure, elle n’entre pas
en fufion à la violence du feu, mais s’agglutine,
prend affez de corps , & acquiert affez de
dureté pour jeter des étincelles comme une
pierre à fu fil, dès qu’on la frappe contre de
l’acier ; on la reconnoît à ces caractères.
11 y a de l’Argille de diverfes couleurs ; on en
voit de noire, de verte, de jaune, de grife,
de rouge & de bleue. Ces couleurs, qui lui font
étrangères, font dûes à des matières animales,
végétales & métalliques extrêmement divifées.
J e laiffe à i’IIiftoire Naturelle, à la Ch,ymie
& aux Arts, le foin de développer la nature,
les parties conftituantes, & toutes les propriétés
de l’Argille. J e ne la confidérerai que par fes
rapports avec ^agriculture, Suivant M. Baumé,
de l’Academie des Sciences, Auteur d’un excellent
Mémoire fur l’Argille, elle eft feule le fond de
la végétation, & celui même de la conftitution
des végétaux. Elle fe modifie , & s’altère en
paffant d’abord dans les végétaux, & de ceux-ci
dans les animaux. Par l’examen des cendres , des
végétaux , M. Baumé a retrouvé l’Argille comme
principe conftitutif, mais dans un étar d’altération.
Il a également prouvé que dans l’analyfe
des os, on obtenoif de leurs cendres, en dernier
réfultat, une ferre argilleufe.
Une livre, de terre > prife dans un bon fo l,
examinée chymiquement par M. Baumé, étoit
compofée de fix onces dargille., de fix onces
de matières groffières, telles que du gravier,
des fragmens de briques, de pierres calcaires,
& de quatre onces de terre calcaire. Dans une
livre de terre maigre, il y avoir fix onces de
terre calcaire, fix onces de gravier & quatre
onces dargille ; d’où il s’enfuît que la proportion
d’argille eft plus grande dans la bonne
terre.
Si quelque cultivateur de l’ordre de ceux qui
font déjà éclairés, defiroir s’affurer de la quantité
d’argille que contiennent ces différentes terres,
le procédé fuivant lui en offre un moyen fimple
& peu difpenclieux. Il prendroit une ou deux
livres de chaque forte de terrein, il les mettroit
dans des vafes, & les laveroit avec de l’eau.
La portion la plus fine fe délaieroit; on la rece-
vroit dans un fécond vafe; ce qui refteroit au
fond du premier feroit la partie pefante & grof-
fière, dont on connoîrroit le poids; par le repos,
la partie fine.fe précipiteroit; on la feroit fécher,
puis on verferoit deffus du vinaigre diftillé ou
.concentré par la gelée ; on l’eiï fépareroit à
mefure qu’il auroit diffous de la terre; on repaf-
feroit à plufieurs fois» fur le marc, de nouveau
vinaigre, pour obtenir fucceffivement, la di'flb-
lution de tout ce qui feroit terre calcaire; avec
l’alkali fixe de la foude ou de la potaffe on la
précipiteroit ; le poids en feroit facile à con-
noître; enfin la terre, que le vinaigre n’auroit
pas attaquée, feroit de Iargïlle, dont la proportion
fe manifefteroir.
Malgré lès lumières que répandroit un fem-
blable' examen, on auroit tort de croire que
toute terre dans laquelle i’argille fe rrouveroit dans
la proportion de célle que M. Baumé a analyfée,
devroit être bonne, & donner toujours de belles
récoltes. II ne fuffit pas que la terre de la fur-
face Toit bien compofée, il faut encore que cette
bonne terre pénètre jufqu’à une certaine profondeur
, & que l’expofition des champs foit
avantageufe. La eonnoifîance réunie de ces objets,
mettra en état de juger ce qu’on peut efpérer
d’un terrein.
On s’eft beaucoup occupé jufqu’ici de cette
manière dé connaître les terres par l’analyfe ,
ou par la décompofition. Il eft certain qu’elle
doit jeter un grand jour fui l’agriculture. Il feroit
à defirer qu’on pût Amplifier encore cette analyfe,
& la mettre à portée des cultivateurs ordinaires.
Il y a -long- tems que j ’âr formé le projeta
d’employer un moyen, contraire, celui de la
ïynthèfe ou récompofition, par des mélanges de
terres. D’autres perfonnes l’ont fans doute imaginé
auffi & quelques-unes même ont déjà fait
fies e fiais que peut-être elles porteront le plus •
loin poffible. Si elles me devancent, & que leurs
travaux me paroiffent complets, il me fuffira de
profiter de leurs réfultats. Si elles7 reftent. en
arrrière, je tâcherai de fuivrè la carrière tracée,
& fie ne m’arrêter que quand je l’aurai entièrement
parcourue.
La terre argilleufe eft très - répandue dans
la nature; il y en a de grandes couches à diverfes
profondeur; elle eft plus ou moins pure, plus ou
moins mélangée ; tantôt on la trouve unie avec du
fable , tantôt c’eft avec de la terre calcaire. Dans ce
dernierétar, elle prend le nom de marne, qu’on doit
diftinguer en marne argilleufe & en marne calcaire,
félon que la proportion de l’une ou de
l’autre fubftance eft plus confidérable. La marne
argilleufe eft employée pour améliorer les terres
calcaires ou fablonne.ufes , & leur donner la
capacité qui leur manque. M. Madier, Corref-_
pondant de la Société royale de Médecine, dans
la Topographie médicale du bourg de Saint-
Andiol » en Vivarais, rapporte le fait, fuivant,
tome I V des Mémoirés de la Société royale de
Médecine, page ie j . c< Un particulier fit faire
« une foffe fort large & fort profonde, pour
33 enterrer des cailloux qu’on avoit ramaffés en
33 épi errant fon champ. On avoit retiré en la
33creufant une très-grande quantité de terre
33argilleufe & blanchâtre, (mêlée fans doute
33 d’un peu de terre calcaire ) qu’il fut obligé
33d’étendre fur ce même champ, ne fach:m où
33la mettre. Cette terre, pendant la première
33 année, ne produifit prefque rien ; le bled
33 naiffant fut étouffé, & ne put pénétrer cette
33couche; mais la féconde année, la ferre ayant
33 été bien remuée & travaillée, I’argille fe trou-
33vant bien mêlée, elle fut fi fertile, qu’on
33 a pu l’enfemencer pendant plus de douze
33 années confécutives fans s’épuifer. 33
L ’Argille, en jufte proportion, a de grands
avantages ; elle conferve & retient l’eau & les
matières graffes. Les plantes y trouvent de quoi
fe nourrit en été & pendant la féçhereffe^ voilà
pourquoi peut-être on l’appelle terre forte. Aufli
remarque-1-on que les pays où le fond de la
ferre eft de l’argille, font en général fertiles. La
Flandre, le Hainault, l’Artois, une partie de
la Picardie, de la Beauce, de la Brie, &c. en
font la preuve. Suivant M. Volney, la terre de la
vallée du N i l , en Egypte, eft argilleufe & liante;
le fleuve l’apporte du fein de l’Ahyffinie; fans
cette terre graffe, jamais l’Egypte n’eût rien produit
; elle feule femble contenir les germes de
la végétation & de la fécondité. Cette remarque
s'accorde avec l’opinion de M. Baumé. Les habi-
tans indufirieux des provinces de France que je
viens de citer, allurés du débit de leurs denrées, &
excités par l’appas du gain, favent corriger, avec une
culture bien enrendue, les vices d’un fol argilleux ;
je propoferai comme de bons moyens , ceux que
j’ai vu pratiquer par eux avec ,fuccès.
i°. Labours fréquens. Plus une terre eft com-
paéïe, plus elle a befoin d’être fiivifée. Rien
n’eft plus propre à produire cet effet, que les
labours répétés,. fnivis ou précédés de Iierfages.,
Quelquefois on eft obligé, après chaque labour,
de faire cafter les greffes mottes. Le nombre des