
l’aife fa nourriture. On croit que la rumination accélère la digeftion des
fourrages.
Livre troifième. C ’eft ici la partie qu’on peut véritablement appellcr
le théâtre de l’agriculture ; on y trouve tout ce qu’un laboureur doit
faire pendant le cours de l’annee ; les noms & la defcription des outils
dont il a befoin; les circonftances du labourage ; les tems propres aux
labours; des obfervations fur la nature des fumiers & fur la manière de
les employer; des inftruétions fur les femailles, la moiffon, la fau-
chaifon, la vendange, fur la culture des bois en général, tant de haute-
futaie, que des bois taillis & autres arbres fauvages qui croilfent ailleurs
que dans les forêts.
Chaque efpèce de terre demande un labour différent. Les terres
fablonneufes & légères veulent être labourées après une pluie : les fèls
ne s’en exhalent point & agiflent enfoite avec a&ivité pour développer
les principes de la végétation, Plus une terre eft grade, forte & comp
a re , plus elle veut être cultivée, afin de détruire les mauvaifes herbes,
qui abforbent la meilleure partie de fa fubftance. Lçs terres maigres
ne doivent point être fouvent remuées, parce que leur fuc fe diflïpe &
elles s’affôibliflent confidérablement.
I l fa u t confulter la portée des terres. On pourrait comparer les
terres aux bêtes de fommc, qui çeffent de travailler du moment qu’on
les furcharge; mais fi on n’exige d’elles qu’un produit modéré, alors
elles répondent aux vues du cultivateur, I l faut donc, avant que de
les enfemencer, confulter leur force &: voir ce quelles peuvent produire,
Il y a des terres bien plus fertiles les unes que les autres; cependant
telles qu’elles foient, lorfqu’ellcs font bien cultivées, il n’y en a point
qui ne dédommage avec ufiire des foins qu’on a pris pour la cultiver.
On ne peut pas déterminer pofitivement le rapport de ces terres; mais
on peut dire qu’un bon ménager a lieu d’être content, quand fon
domaine, le fort portant le foible, lui rend cinq ou fix pour un.
Qualités diverfes des terres. Pour peu qu’un domaine foit étendu,’
on y remarque ordinairement trois fortes de terres ; favoir, des terres
grades ou fertiles, des terres moyennes & des terres maigres ; mais tou-r
jours beaucoup plus des unes que des autres, félon la fituation du lieu
& la température du climat.
On delïinera les bonnes terres pour le froment ou le méteil, on y
mettra enfoire de l’orge, de l’avoine ou des légumes ; 6t cela alterna-
tivement tous les ans.
Ces terres, quand elles font bien remplies de fubftance, ne fe laflfent
po;ot de porter; mais, pour ne s’y point tromper, il faut en bien étudier le
le fonds.Ci Vous laiflerez, dit Virgile, de deux ans l’un repofer les
wterres, après la moiffon; vous n’y.femerez rien: laiffez-les endurcir
» par le repos. r> C ’eft ce qu’on doit obferver à l’égard des terres
médiocres, afin que, pendant quelles fe repofent, les influences du
ciel réparent en elles les fels qui ont été épuifés durant le travail.
. I l y a d’autres terres qui font fi maigres, qu’à moins qu elles n aient
deux ans de repos, elles ne produifent que très-peu de chofe ; & fouvent
même elles ne dédommagent pas leur maître de la femence, du fumier,
ni du tems qu’il a mis à les labourer : ainfi, c eft a la prudence de celui
qui les a , de voir l’ufàge qu’il peut en faire, j |yj|
Les terres les plus fertiles veulent aufli du repos; ceft pourquoi,
après quelles auront porté trois années de fuite, on peut les laiffer
repofer une année, elles n’en valent que mieux. C eft la pratique ordinaire
des laboureurs les plus expérimentés dans 1 agriculture.
Livre quatrième. Les jardinages font la matière^ de^ ce livre.
L ’auteur y traite, en premier lieu, des jardins utiles, ceft-a-dire, des
potagers & des fruitiers : il y enfeigne à fond la maniéré d élever des
pépinières & des arbres à fruit; la taille des arbres ny eft pas moins
approfondie : & l’on peut dire que cet art a d autant plus de liaifon
avec la phyfique, que, pour y réuflir, on doit connoitre les loix que
fuivent les focs nourriciers qui circulent dans les arbres; fans quoi Ion
tombe dans des inconvéniens très-difficiles à reparer dans la foite.
Pour donner une idée plus jufte de cet art, Liger a eu foin den
éclaircir les préceptes par plufieurs figures. Les curieux en fruits y
trouveront des liftes exactes de toutes les efpeces que Ion cultive, &
un détail circonftancié for la vigne, fur les vendanges, for les vins de
différentes couleurs & fur les autres boiflbns dont on ufe dans le
ménage. L ’auteur parle, après ces détails, des jardins d ornement;
tels que les parterres, les jardins à l’angloifo, les boulingrins, les berceaux
& les autres pièces, qui contribuent à la décoration & a la magnificence
des jardins. Cesdifférens fujets font accompagnés d inftruétions fur
la conduite des eaux jailliffantes, fur la culture de toutes fortes de
fleurs & même des plantes qui entrent dans la compofition des médi-
camens. ; ?
Choix des arbres avant de les planter. L’arbre quon prend au
fortir de la pépinière doit avoir l’écorce nette & luifante, les jets de 1 année
doivent être longs & vigoureux, les racines belles, bien faines ,grofles Sc
garnies à proportion de la tige. Les arbres, qui n’ont que du chevelu,
ne donnent point de grandes efpérances ; les arbres les plus droits &
qui n’ont qu’une feule tige, font plus eftimés pour planter que ceux
qui en ont deux : les pêchers 61 les abricotiers qui n’ont qu un an de
greffe, pourvu que le jet foit beau , font à préférer à ceux qui en ont
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