
mettre en garde les perfonnes qui ne les con-
noîtroient pas. ( M. l'Abbé T e s s i e r . )
Avoines cultivées dans les Jardins de Botanique.
Defcription du port des efpèces.
Toutes les Avoines font des plantes herbacées
qui, chaque année, pouffent des-tiges dont
quelques-unes s’élèvent jufquà quatre pieds de
haut, & qui périffent à l’automne. Elles font accompagnées
à leur bafe, & garnies, dans toute leur
longueur, de feuilles longues & étroites fembla-
bles à celles des autres“ chiendents. Leurs tiges
fe terminent par des panicules plus ou moins
confié érables » dans lefquels font renfermées les
parties de la fructification de ces plantes.
Culture. Comme nous n’avons pour objet
que la culture des plantes, relativement au
jardinage, nous nous contenterons d indiquer
ici celles qu’exigent les Avoines dans les écoles
de Botanique qui font les feuls jardins dans
lefquels on les cultive.
Les quatre premières efpèces, & leurs variétés,
font des plantes annuelles ruftiquès , dont les
graines doivent être femées tous les ans au commencement
de Mars , à la place que les plantes
font deftinées à occuper dans les écoles. On
commence d’abord par donner un labour au
terrein qui doit les recevoir ; on y pratique en-
fuite de petits augets de trois à quatre pouces
de profondeur, fur un pied & demi à deux
pieds de diamètre, • & l’on y feme les. grains
le plus également poflïble; après quoi on les
recouvre, en raifon de leur volume, dune terre
légère & bien divifée , les plus groffes de trois
quarts de pouce d’épaiffeur, & les plus petites
d’un demi-pouce feulement. Si le tems eft doux
_ & que la terre foit humeélée par des pluies
abondantes, les graines lèvent dans lefpace de
huit à dix jours. Lorfque le jeune plant a pouffé
trois ou quatre feuilles, il convient de l’éclaircir
& de n’en lai fier qu’un petit nombre daus chaque
auget, pour lui donner la facilité de s étendre
& l’empêcher de fe nuire réciproquement. Cette
attention fur-tout eft néceffaire pour les efpèces
qui deviennent, de grandes plantes.
Les efpèces,nos 8 & 17, qui font originaires
de pays plus méridionaux, & dont les^ femences
font très - petites, font auffi plus délicates &
doivent être-cultivées avec plus de précaution.
On les feme vers le milieu du mois d’Avril,
lorfque la terre a déjà été chauffée par les rayons
du foleil ; on les met en pleine terre fi le fol
eft de nature fèche & bien expofé au midi. Mais,
pour peu que la terre foit humide & eompaéle,
il eft plus fûr de les femer dans des pots &
de les placer fur une couche chaude. De cette
manière les graines lèvent beaucoup plutôt, &
plantes peuvent être n?ifes en pleine terre
dès le mois de Juin ; elles fleuriffent & leurs
femences font en parfaite maturité à la fin du
mois de Septembre*
Les Avoines, n° 4,5 & 15 > font des plantes
vivaces dont les racines traçant à de grandes
diftances de leurs touffes, femêleroient bientôt avec
toutes les efpèces voifines & occafioneroient une
confufion générale, fi l’on ne s’oppofoit à leur
progrès : pour prévenir cet inconvénient, on met
ces plantes dans de grands pots qui font fendus
à leur bafe, & qu’on enterre à la place que les
plantes doivent occuper. Mais comme elles ne
tardent pas à s’emparer de la totalité du vafe
& qu’elles s’appauvriroient bientôt par la gêne
où elles fe trouvent, il convient chaque année ,
de vuider ces pots au printems , de les remplir
de terre neuve & de n y replanter que quelques
oeilletons, afin que les plantes aient plus d’ef-
pace & puiffent fournir une plus belle végétation.
Quoique les'efpèces, n.° 11 s 12 & i4,foient
vivaces & traçantes, néanmoins comme elles ne
font pas fufceptibles de s’étendre beaucoup , elles
peuvent être plantées Amplement en pleine terre
à leur place. Elles préfèrent un fol léger, un peu
humide, & les expofitions découvertes. On les
multiplie ainfi que les précédentes, par le moyen
des drageons qui fortent abondamment de leurs
fouches. A défaut de drageons on les propage de
graines, & pour en affurer davantage la réulfite ,
on les feme à l’Automne & en place.
Les graines des Avoines, n.os 6 ,9 & 10, doivent
être femées au commencement d’Avril dans
des pots remplis d’une terre légère, que l’on
place enfuite fur une couche chaude, couverte
d’un chaflis. Elles ont befoin d’être fréquemment'
arrofées pour déterminer leur • germination, &
il faut au jeune plant une chaleur long-tems
continuée pour qu’il croiffe fans s’arrêter. Lorf-
qu’il eft parvenu à trois pouces de haut, on peut
le féparer, non pas en repiquant chaque pied
en particulier, mais en coupant la motte en autant
de parties qu’on veut en faire de pots dif-
férens. On laiffe enfuite ces plantes à l’air'libre
fur une couche chaude ex potée _ au midi, en
les arrofànt fréquemment, on obtient des graines
vers la fin de l’automne.
Ufage. L’Avoine cultivée & fes variétés, font
partie de nos plantes céréales , dont tout le
monde connoît l’utilité pour la nourriture des
animaux domeftiques, & même pour les hommes
dans plufieurs provinces. Le fromental pu l’Avoine
élevée , quoique d’une qualité inférieure ,
eft une des graminées de nos prairies humides ,
qui produit un des meilleurs fourrages , &. des
plus abondans. Les autres efpèces d’Europe entrent
dans la compofition des prairies naturelles , &
fourniffent des foins, ou des pâturages aux bef-
tiaux. Toutes, en général , font plus ou moins
Utiles, & fi leur port n’a rien qui puiffe les faire
admettra
.admettre dans les jardins, leur culture_ devient
précieufe pour l'agriculteur qui connoît 1 avantage
qu'il peut en retirer. [M. T houih. )
AVOIRA ou AOUARA.Ex a i î .
Ce genre fait partie de la famille des Palmiers.
Il ti'eft compofé que d’un petit nombre d efpèces,
dont la plupart font peu connues des Botaniftes,
& qui croiifent fous la Zone torride, en Afrique
& dans les Antilles. Ce font des végétaux ligneux
d’un port aulfi (ingnlier qu’élégant, dont les
tiges, ainfi que les feuilles , font armées d épines
longues St acérées. Leurs fruits font employés à
différens ufages, quelques - uns comme alimens,
d’autres dans la médecine & dans les arts. ^Ces arbres
font peu répandus eu Europe ; on n en rencontre
que dans les grands jardins de botanique,
où ils font cultivés dans les tannées des ferres
chaudes.
Efpèces.
i. Avoira de Guinée.
E i a i s . Guineenfs. L. ï) de Guinée & de
Cayenne.
• Autres efpeces £ Avoira, fuivant Aubht.
a. Avoira mon-pere , le Conanam.
E i a i s humilis. ï> de Cayenne.
5. Avoira fanvage.
E i a i s racemofa. ïj de Cayenne.
4 . Avoira grimpant.
E i a i s feandens. ï> de Cayenne.
B. Avoira grimpant, ( petit.)
Ei Ais feandens minor. T) de Cayenne,
4. Avoira des Savanes.
E i a i s Cirrhofa ïi de Cayenne.
6. Avoira Mocaya.
E i a i s , Mocaya. ïj de Cayenne.
L’Avoira Canne appartient au genre du
cocotier, & eft connu fous le nom de Cocos
G.uineenfis L. Voye^ Cocotier de Guinée.
Defcription des efpèces.
Comme les Avoira font des arbres fruitiers
intéreffants, nous croyons devoir en préfenter
la defcription , & l’hiftorique avec quelqu’étendue.
N’ayant paS été à portée de les obferver par nous-
mêmes , nous rapporterons ce qu en dit Aublet
dans un excellent mémoire qu il a publié à la
fuite de fon hiftoire des plantes de la Guyane
françoife , fécond volume, pag. 96.
1. A v o ir a de Guinée. Ce palmier eft le
plus grand de tous ceux de ce genre ; c’eft un
arbre fort haut , dont le tronc a huit ou dix
pouces de diamètre, & fur lequel refle attachée
la bafe des pétioles des feuilles long-tems après
quelles font tombées. Un grand nombre d’épines
longues , & aigues couvrent une partie de fa
J inculture. Tome J." l l f Partie,
furface, & le rendent inabordable. Son fom-
met eft couronné d’une touffe de feuille» qui
ont jufqu’à 15 pieds de longueur. Elles font
ailées, & composées de deux rangs de folioles
longues d’un pied & demi, étroites & en forme
de lame d’épée. Ces folioles font très - rapprochées
les unes des autres , & le pédicule , qui
les porte , eft bordé des deux côtés à la partie
inférieure, de dents épineufes. Ses fruits font
ovoïdes de la grofi'eur d’une noix, de couleur
jaune doré , légèrement velus. Le caire , ou
l’enveloppe- des noix de ce palmier , eft une
fubftance jaune & onélueufe, que les linges,
les vaches, les cochons & autres animaux mangent
avec plaifir. Les Européens, à l’exemple
des naturels du pays, retirent de l’huile & une
efpèce de beurre de l’Avoira.
Pour parvenir à en extraire l’huile , on remplit
un canot, une barique, ou une foffe qu’on
pratique exprès, des fruits de l’Avoira. Ces fruits
s’échauffent & éprouvent une efpèce de fermentation
, qui procure le moyen d’enlever toute
l’enveloppe de la noix. L’on écrafe cette fubftance
, & on la réduit en pâîe ; on la chauffe
en la remuant, dans un vafe placé fur le feu,
& on la foumet à la preffe. Quelques - uns après
avoir écrafé cette fubftance & l’avoir mêlée avec
de l’eau, la font bouillir jufqu’à ce que toute
l’humidité foit évaporée , & la preffent enfuite ;
mais, de quelque manière que ce fpit, on obtient
en abondance une huile graffe, épaiffe, & d’un
jaune doré dont quelques perfonnes. fe fervent
pour frire le poiffon ,* mais les Européens n’en
ufent guère que pour s’éclairer, & détremper des
couleurs de peinture. Quelques nations de la
Gùiane s*en oignent le corps, pour fe préferver
des infeétes & de l’humidité de l’air.
Pour extraire le beurre d’Avoira , l’on cafte la
noix qui eft fort dure ; on en tire l’amande
qui eft ferme & folide, & on la réduit en pâte
dans un mortier ; on met cette pâte dans un
vafe fur le feu, & on la remue continuellement
jufqu’à ce que le beurre foit bien féparé ; enfuite
on la foumet à la preffe, & on en exprime une
fubftance butireufe qui eft d’un très-bon goût,
& que plufieurs préfèrent au beurre, pour ap-,
prêter la viande & les légumes.
Quelques particuliers procèdent différemment;
après avoir mis en pâte l’amande d’Avoira , ils
ia font bouillir dans un vafe avec de l’eau, Sc
lorfqu’ib jugent que tout le beurre eft féparé ,
ils tirent le vafe du feu & le laiflent refroidir ;
alors le beurre fe fige : ils le retirent St le font
enfuite fondre au bain marie ; après quoi, ils le
paffent au travers d’un tamis pour l’avoir plus pur.
Le beurre eft très - adouciffant ; on l’emploie
en friélions contre les rhumatifmes ; on en fait
des pommades pour différens ufages : ce beurre
eft appellé Thio - Thir. L’huile d’Avoira & le
Tihio-Thir font apportés (PAmérique en Europe^
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