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AVORTEMENT. Jardinage. L'AVortetnenf' |
eft oçcafionné dans les végétaux par le défaut }
de fécondation, par la privation de quelques- y
unes de leurs parties fexuelles, eu pûr l’intempérie
des faifons. , '. '
7 Les fleurs femelles , qui ne font pâsfécondées
par lès pouflières des étamines des fleurs mâles,
n’en produifent pas moins un fruir.j mais ce fruit
fe détache & tombe, avant d’avoir acquis fon vo*
lume ordinaire, & les femencés qu’il renfermé,
dépourvues de germe, font privées de la faculté
de lever. Cet accident arrive fréquemment aux
végétaux qui font dioiques, ou dont les fleurs
femelles font portéës fof un individu, & les fleurs
mâles fur un autre, comme dans plufieursefpè-
ces de palmiers, f de piftachiérs, de faules, ôte.
C’eft âuffi la raifon pour laquelle, lorfqu il importe
d'avoir des fruits ou des femences fertiles de Ces
arbres, on a foin de les marier, c’eft-à-dire, de rapprocher
les individus mâles des individus femelle
s , afin que les pouflières des étamines des premiers
puiflent être portées fur les fleurs femelles
& féconder leurs germes.
L'Avortement a lieu aufii dans les végétaux
monoïques, ou dans ceux dont les fleurs femelles
font diftinélés, & féparées des fleurs mâles
fur le même individu, & fe trouvent à des pla- »
ces différentes, comme dans les chênes, les
noyers, les châtaigniers, &c. Lorfqu il arrive*
par quelques caûfes accidentelles, que ces deux
efpèces de fleurs ne s’ouvrent pas en même-tems,
la fécondation ne peut avoir fon effet, & 1A-
vortement s’enfuit.
Il arrive quelquefois que des fleurs hermaphrodites,
c’eft-à-dire, des fleurs .qui renferment
des parties mâles, & femelles dans le même calice,
produifent des femences^ avortées, çarce
les étamines avortent elles-mêmes, & quelles
ne peuvent répandre leurs pouflières féminales
fur le germé , & le féconder. La même chofe
arrive encore dans ces fleurs, par l’effet d’une
grande pluie qui lave & entraîne la poufiïère
des étamines, cefi ce que les Jardiniers appellent
coulure du fruit. ' • .
Souvent des infecies, de grands vents * des
hâles ou des gelées tardives, altèrent ou détrui-
fent les parties mâles. Le fruit groffit cependant
jufqn’à un certain point, mais il ne parvient
jamais à fon degré dé perfeélion«
Les mêmes caufes produifent les mêmes effets
fur les piftils, ou les parties femelles des végé-
taux j alors les fleurs qui en font atteintes fe
flétriflent & tombent avant le terme ordinaire.
L ?Avortement des fruits efl quelquefois pro^-
duit par d’autres caufes. Lorfqu un arbre en eft
exceflivement chargé, & que fa fève ne peut
fournir à leur accroiflement, ils tomoent en partie'&
à différentes époques de leur entière ,grof-
fçur , jufqu’à ce qu’il n’en refle plus k .l’arbre
ijue Cf qu’il peu? en nourrir. Çettç efpèce d?A? \
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vortement eft facile à obferver fut* les abricotiers,,
les amandiers , oc autres arbres fruitiers,
on ncv.rroit le nommer Avortement d’aborfdance.
Lorfqu’on veut avoir de beaux fruits ÿ il ne faut
pas attendre que ceux qui font de trop fur l’arbre
s’en détachent, & tombent d’eux-mêmes
parce qu’en attendant ils emportent & consomment
inutilement une partie de la feve qui au-
roit tourné au profit de ceux qu’on auroit con-
fervés, fi on avait eu l’aitcntion de fupprimer
les autres de bonne heure; Cetre opération, en
ufage dans lès-jardins fruitiers, s’appelle éclaircir
les fruits. Voye[ cet article.
Une grande fécherefle, un hâle conlidérable
& un froid tardif, qui furvient dans le tems'ou
les fruits commencent à groflir, arrêtent le cours
de la fève , & occafionnent leur Avortement ; ils
relient quelque tems attachés à l’arbre , fe fié-
triffent & tombent bientôt après;
Les mêmes caufes font avorter auffi quelquefois
les tiges des plantes •, ce qui fe remarque
dans celles des oignons de fleurs & des plantes
annuelles. (M T h o vin . )
AVORTER, mettre bas un petit avant terme.
Voye\ Avo r t é , Avorton , Avortement.
jM . VAbbé T e s s i e r . )
AVORTER. Jardinage. La chaleur exceffive,
le froid, la fécherefle, la trop grande humidité,
le vent, la pluie, enfin tous les extrêmes dans la
conftiuation atmofphérique, 3c leur paffage fu-
b it, font ayorter les fruits. Ils avortent encore par
d’ autres caufes indiquées dans l’article précédent
Voyez A v o r t e m f n t . Jardinage* (M. T ho viv . )
AVORTON. On donne ce nom aux foetus
des animaux, qui naiffent avant dêtre terme.
Si c’eft dans les premiers mois, ils ttaiffent
morts ou meurent en naiffant; fi c’eft à 1 approche
du dernier mois, ils font plus ou moins
viables, & plus ou moins bien conftitués, félon
qu’ils étoient plus ou moins près de terme.
( M . l ’A b b é T e s s i e r . )
A V O R T O N . Jardinage. Ce mot fe dit
d’un fruit, d’une plante, d’un arbre. Il eft fy-
nonyme de petit, maigre, chétif. Un Avorton
eft un être qui, quoique doué de toutes fes facultés,
eft dans un tel état d’appauvriffement que fi
l’on n’y porte un prompt remède, il finit foùvent
par périr. ' H J
Cet état eft produit par un grand nombre
de caufes , naturelles ou accidentelles , telles
que les intempéries des faifons, la qualité des
terres, & le. plus ordinairement par le changement
de climat. ,
En général, les végétaux de la zone torride
tranfportés dans des pays froids ou même tempérés,
ne font plus que des Avortons, qui fleu-f
riffent & fruélifient difficilement, & n’acquièrent
prefque jamais la taille & le volume auxquels ils
parviennent dans leur pays natal. ( M . T h o v 'i n .)
A VO T , mçfure de fpüdçs 60 f laodre*, quatre
v Ayots
0» A Y R
sfr A vois- font la rafière. La rafière contient en-
jjviron too livres de colzat, poids de marc,
>?Ja graine étant bien feche. >3 Ancienne Encyclopédie.
( M. VÀbbé T e s s ie r ,)-' '
A V R I L , Agriculture , quatrième mois de
l’année civile. C’eft le premier de l’année rurale
dans les pays 01V les baux des fermes commencent
à la levée des. guérets ou des jachères
J c’eft - à - dire , à l’époque où on donne
une première façon aux terres, dans lesquelles
on doitfemer du froment l’Automne fuivanr ; car
le froment étant le plus important des grains ,
on date dans ces pays du moment où l’on commence
à difpofer la terre à le recevoir.
Au mois d’Avril 1 dans le climat de Paris, les
champs enfemencés en Automne , & les prés font
couverts d’une belle verdure |: le froment & le
feigle tallent, pouffent ’& s’élèvent. A la fin de ce
mois même, on voit des feigles épiés, fur-tout dans
des terreins fablonnenx, ou abrités du Nord.
Quoique la faifon la plus ordinaire de femer
.les avoines, foit le mois de Mars, & même une
partie de Février, cependant on en feme encore
en Avril, quand le tems n’a pas permis de les
femer toutes plutôt. Quelquefois les dernières
réuffiffent mieux que les autres. Dans le cours
d’A v r il, on feme encore des pois , des vefees ,
.des lentilles , dés feves , du fainfoin ; on ne
feme pas l’orge avant le milieu de ce mois. Ce,
grain a befoin que la terre foit échauffée ; fa
végétation d’ailleurs eft très - rapide. Il eft mûr
auffi-tôt que Tes avoines feméês fix fenïaines auparavant.
Les Provinces du Nord delà France, telles
que la Flandre , l’Artois , la Picardie , 81 une
partie de la Champagne & de la Lorraine, ne
commencent qu’en Avril toutes leurs femences
de Primeras. Pour elles, le mois d’Avril eft
comme le mois de Mars pour ITfle-de-France
& l’Orlé; inois. Les Provinces du midi , pour
lefqiielles l’hiver eft encore moins long , & qui
doivent craindre que la fécherefle de l’Eté ne
furprenne leurs grains, avant qu’ils foient mûrs,
•fément encore plutôt que dans les environs de Paris.
On doit, dans le mois d’Av ril, farder les feigles
& les fromens, en ôtant à la main, ou
avec des farcloirs, les herbes qui peuvent nuire
à leur végétation.
'On laboure en Avril pour la première ou
pour la fécondé fois les terres, qui doivent recevoir
le lin, le chanvre & les haricots. Les lupins,
lès pois chiches , les gèffes, fe fement à la fin
de ce mois ou au mois de Mai, félon que les terres;
ont befoin de plus ou moins de labour. Si les
chennevières & les linières nont pas été fumées,
en les fume à cette époque. *
Rarement’, à la fin d’Avril , on a à craindre
dès gelées affez fortès pour nuire aux pommes
de terre qu’on planteroit. C’eft la faifon la
plus favorable pour les confier à la terré ; on
Agriculture. Tome I e*. J11 Partie,
A y R 7 y j
peut retarde? jufqu’en Mai:mais il vaut mieux
les planter en Avril. Le milieu de ce mois me
paroît le véritable tems pour les environs de Paris.
L ’intérieur de la ferme exige alors des foins
particuliers. C’eft le moment où pondent les femelles
des faifans, des dindons , des oies, des
canards, &c. Il s’agit d’en .recueillir les oeufs >
& de les mettre couver. Les poules alors jufques-
là indifférentes fur le fort de leurs oeufs, les cachent
aux yeux de la fermière , & annoncent
aflez le defir qu’elles ont de couver •, il faut fa-
vorifer ce defir. Les pigeons bifets ou de colombier
font en amour, & ont befoin qu’on leur
donne encore un peu de nourriture, parce qu’ils
trouvent difficilement de quoi vivre aux champs
dans bien des climats.
* C’eft au mois d’Avril qu’on doit commencer
à donner l’étalon aux jumens & aux âneffes.
On fe défait des vieilles poules qui ne pondent
plus gueres, & des chapons, afin de ne garder
qu’une volaille utile. On vend les agneaux de
lait, lorfqu’on eft à portée d’une Ville qui en
confomme 5 il eft tems de févrer ceux qu’on
garde, & de commencer a ies envoyer aux champs.
Les pofleffeurs d’herbages achètent de jeunes
poulains pour les y élever, & des boeufs hors
d’état de labourer, pour les y engraiffer.
Les gros navets, les choux - navets, & les
pommes de terre même , quand on a fu les con-
lcrver, deviennent une grande reffource pour
la nourriture des vaches & des boeufs qu’on def-
tine au travail, ou à être engraiffés à l’étable. s
On entend en Avril les cailles chanter, c’eft
la faifon de les prendre au filet.
Il faut veiller les ruches, parce que lesabeilles
pillardes font alors à craindre pour les autres.
( M . V A b b é T e s s i e r . )
A V R IL , jardinage. Ce mois eft un des pins
intéreffans pour les cultures, c’eft l’inftam du
réveil de la nature , & du renouvellement des
travaux. C’eft le moment où la chaleur & l’humidité
, ces deux grands moteurs de la Végétation
, commencent à faire fentir vivement les,
effets de leur puiflànte influence :
Alors la terre ouvrant fes entrailles profondes,'
Demande de fes fruits les femences fécondes ;
LéDieii de l’air defeend dans fon fein amoureux*
Lui veife fes tréfors ,’lui darde tous fes feux.
Remplit ce vafte corps de fon a me puiffante; j
Le inonde fe ranime. Ôc la nature enfante.
De L ille , Traduâ. des Géorgiqà •
. C’eft auffi le moment qui exige le plus de
foins, de connoiffances & d’aélivité de la part
du jardinier , puifque c’eft celui qui doit affurer
fes récoltes, fes richeffes & même jufqu’à fes
jouifl'ances de pur agrément. Ce mois eft donc
un de ceux qui fournil le plus aux travaux de
jardinage.
C cccc