
des végétaux au lieu de les dilater. Si , dans quelques pays,
comme en Angleterre, on eft dans l’ufage de fertilifer les terres avec
les plantes maritimes, c’cft moins par les fels que ces plantes peuvent
fournir, que par la putréfaction des parties qui les compofent.
Cependant l’emploi du fel marin peut avoir des avantages ainfi
que quelques autres efpèces de fels ; mais ils ne font qu’accidentels :
ainfi, le fèl marin divife méchaniquement les terreins gras, il les
atténue Sf les rend mifcibles à l’eau : on dit encore qu’en lavant
le grain dans une diflolution de ce -fel, on prévient la nielle.
Nous Liftons à l’expérience à prononcer fur ce dernier objet : car il
«agit ici, non des maladies des végétaux, mais de la façon dé les
faire croître. On attribue au nître les mêmes qualités qu’au fel marin,
pour atténuer les parties huileufes & graffes. L ’alkali, qu’on obtient
en brûlant les plantes, eft produit par une nouvelle combinaifbn des
parties telles que l’acide, l’huile, la terre. Il peut être utile , attirant
l’humidité, diffolvant la graiffe & neutralifant les acides ; fon excès
epuife , defsèche & durcit la terre.
C hap. X IV . Moyens artificiels de fertilifer la femence. La
nature emploie différens moyens pour favoriièr la végétation, & l’art peut
auili lui fournir plufieurs fecours. Quelques-uns ont prétendu que, pour
obtenir des femences fécondes, il falloir femer les plantes dans des
pépinières préparées pour cela; \Vallcrius exhorte ceux qui voudront
employer ce moyen à bien obferver, t a, s’il y a une quantité fuffifante
de graiffe tant pour la pépinière que pour le terrein à enfemencer.
a.® Si les avantages que procure cette méthode dédommagent du travail
.& des frais de culture : il ne croit point que cette précaution puiflc
■donner à la femence une vertu fuffifante pour dédommager du travail.
D autres ont cru qu’on pouvoir rendre la femence féconde en la
faifânt tremper, & qu’ainfi on remédioit aux maladies de la femence,
& qu’on la garantiffoit des infeétes: plufieurs même croient que, pour
rendre les graines plus en état de fe multiplier, il faut amollir l’écorcc
ou l’enveloppe.
Quant aux maladies qu’on croit prévenir par l’immerfion, Wallerius
penfe que les femences des végétaux n’en ont point d’autres que celles
qui viennent de la corruption de leurs fucs , ce qui vient fouvent foit
de vieilieffe, ou des vices qui leur viennent du terrrein ou de l’air.
Dans le premier cas, il n’eft aucun remède; dans le fécond cas, il
faut corriger le terrein ; fans cela, on travailleroit envain à la guérifon
de la femence.
A 1 égard des infeétes St des vers qu’on écarte de la femence en
la fartant tremper fuivant les partifans de l’immerfion, c’eft dans la
qualité de la terre, St non point dans l’intérieur de la femence qu’il
faut chercher leur origine, d’après les expériences de M. Rraft. D ’ailleurs
1 auteur croit que ces vers n’attaquent que les femences qui
ont déjà quelques défauts, puifqu’il eft notoire que les femences vieilles
font plus fujettes à ces infeéfes, que les nouvelles. L ’immerfion paroîr
donc inutile quant à cet objet ; & la meilleure manière de garantir les
femences des vers, ce ferait de corriger les défauts du terrein St de
choifir une bonne femence. Il n’exclut pas cependant le détrempement
de la femence, ni la fumigation, ni les autres moyens qu’on emploie
pour remédier à ces inconvéniens ; mais il recommande d’en ufer avec
mefure St précaution, parce qu’il a remarqué que la chaux tamifée
fur des plantes tendres les détruifoit totalement.
Les inconvéniens qui peuvent furvenir, fi on fait amollir la femence
avant de la mettre en terre, doivent faire rejetter cette pratique. On
conçoit facilement que la femence ainfi amollie , eft plus expofée aux
impreffions du vent St à l’intempérie de l’air, qui peuvent l’endommager
ou la gâter entièrement.
C hap. XV. Engrais des terres. Tout engrais de la terre confifte
a lui joindre une quantité fuffifante de graiflè St d’humidité, qui
doivent etre atténuées St réduites en vapeur par une fermentation interne.
Il y a cinq differentes efpèces de graiffe ; les aériennes, les
minérales, leS végétales, les animales St celles qui en font compofées.
La graiffe la plus utile à la végétation eft la végétale, St après la
végétale vient celle qui a plus de rapport ou d’analogie avec elle : ainfi,
la graiffe melangee eft préférable à la graiffe animale. En général,
plus la partie grafle, contenue dans l’engrais, eft facile à décompofer,
moins elle peut procurer davantage au cultivateur; cependant, comme
d apres 1 expérience, la graille végétale n’eft point de la même durée
que celle qui neft point mêlée; & comme la graiffe animale eft de
moindre duree que la graiffe végétale, il s’enfuit que la graille mêlée
eft préférable pour le but dont il s’agit. La bonté du fumier fe déduit
encore de ces deux points principaux, i.° Plus il fe trouve de parties
graflès dans un engrais, plus il fera durable St avantageux pour la végétation:
ainfi, le fumier produit par des animaux bien nourris, vaut mieux,
que celui des beftiaux maigres. i.° Plus l’engrais fera difpofe à la
putrefàétion, plus fâ graiffe fera divifée St diflbute en vapeurs: voilà
pourquoi le fumier dans lequel il entre de l’urine vaut mieux que celui
qui eft fans urine, fans compter que par-là le fumier acquiert une plus
grande quantité de parties grades.
^ cs charognes des animaux ne doivent point être jettées fur les terres
labourables, a caufe des inconvéniens qui en réfultent ; mais on réuffit
«en mieux a engraiffer les terres, en y faifànt paffèr la nuit aux bef-
P p a.