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Enfin, le même Auteur m’a certifié que des bleds récoltés la première
annee dans une terre nouvellement marnée, & fiir laquelle on
navoit pas répandu de fumier, ne contenoient qu’une petite partie
de madère glutineufe. C ’eft fans doute pour cette raifon que les
boulangers qui connoilfent ces bleds refufent de les acheter à caufe de
la difficulté de les faire fermenter.
Ces faits me paroiffent d’autant plus propres à conftater que la
diverfité de la sève des végétaux eft due en parrie aux fucs diffcrens
quils pompent dans la terre, que les expériences rapportées contre1
cette opinion, ne font nullement probatoires ni capables de l’infirmer,
ainfi que je. l’ai fait voir il n’y a qu’un inflant.
Les fêuls effets de la greffe fuffifent pour faire connoître que les
végétaux modifient plus ou moins les fucs qu’ils puifent, puifqu une;
branche ou la parrie d’une branche de pêcher inférée dans un prunier
ou un amandier, donne des pêches au lieu de prunes ou d’amandes.-
Mais une remarque qui a échappé à beaucoup de Phyficiens , & peut-
erre a tous, c eft qu’une pêche venue fur amandier- fe diftingue d’une
peche venue fur prunier, & ainfi des autres fruits greffés. Il y a plus,-
un prunier ou tout autre arbre, foit qu’on le: greffe, foit qu’on ne le
greffe pas, produit des fruits de qualité différente, félon les terrains
& engrais qu’on y met. Ce qui quadre parfaitement avec l’idée
dadmettre deux caufes combinées au lieu d’une feule, avec laquelle
on nexplique jamais qu’une partie des phénomènes: voici cortime je
prefume que la nature agit.
La forme extérieure du végétal eft deffinée en petit dans la graine
qui le produit. La nutrition lui fournit les moyens- de s’étendre en*
fuivant les proportions & les dimenfions qui femblent lui être pref-
cntes. Lorfqu’il s’en écarte, il y a une monftruofité. Les racines font
les premiers organes qui naiffent à la faveur de la fubftanee contenue1
dans les lobes & réduite en bouillie. Elles pompent d’ans la terre ce
qui doit fervir au développement des autres ; ce font des. fixes très-
tenus , tres-fimples, vraifemblablement aqueux & accommodés- à la
foibleffe des parties. Peu-à-peu l’eau, l’aliment le plus néceffaire, diflout
ou atténué des molécules de diverfe nature, des fols, de la terre, des
mucilages, des huiles,, quelle entraîne & infinue dans les vaiifeaux ÿ
les tiges & les feuilles-, lorfqu’elks font formées, fucent auffi des
lubftances contenues dans l’air-, pour les introduire par l’extrémité des
vaiifeaux. Tous ces fluides, plus ou moins hétérogènes-, y- fiîbftent
des préparations différentes, félon la ftrüâur'e particulière de chaque
individu. C eft ainfi que la sève',, compofée originairement de diverfes
fortes de molécules & modifiée eiiluite dans les végétaux, concoure
avec la forme extérieure à les faire diftmguer efTentiellement les uns
des autres. I
Les Phyficiens font tous perfîiàdés que la sève a du mouvement ;
mais ils ne s’accordent pas fut" 1 efpèce de mouvement : les Uns prétendent
que ce n eft qu’un balancement de 4 a sève de bas en haut, ceft-
à-dirc, des raci-nes aux tiges, aux faillies S: aux autres parties , laquelle1
reflue, dans quelques' drconftancés, vers les racines. Tel étoit l’avis
'entre autres de MM. Haies1 & Bonnet, C ’eft à-peu-près comme on a
f imaginé que1 le fluide nerveux exiftôit dans les' nerfs-. T) autres admettent
une forte de circulariort' qui‘approche dé'la' circulation du fang. Il y
a dans les végétaux différentes efpèces de vaiffeaüx & de fluides qui
ont plus ou moins de confifcance. Ces êtres organifés exercent des
fonérions connues. On a perde que la nutrition des1 parties* qui les
oenftituent, ne potivoit fe faire que par l’élaboration des focs- fournis
par les racines & 'les feuilles-, parce que ces fucs- ne .devoiehï pas être*
les mêmes pour toutes les* parties. L ’analogie a conduit; a croire qùe lès"
fucs montoient des racines par des vaiffeaüx particuliers, & redefeen--
doient par une autre voie dans les racines, après avoir fubi l’élabora-
rion convenable- & porté par-tour la nutrition & l’accroiflèment, les
feuilles, organes de la tranfpiration, fervant à évacuer les humeurs inutiles.
Malpighi & Delahire avoient cette opinion. Je ne chercherai
point à la aifeuter ici en rapportant les nombreufes expériences 82-
obfervarions, que les uns & les autres allèguent en leur faveur. Il me
fiiffira de dire que cette queftion ne peut être réfolue tant qu’on ne
connoîtra pas mieux la texture intime des végétaux. Dans les animaux,
on a démontré la circulation du fan g ,' parce que les organes font
plus faciles à faifir, parce qu’à l’aide de l’injeérion fi-c des ligatures ont
a pu vérifier la découverte de Harvée, moyen qu’on n’a jufqu ici que
difficilement effayé à l’égard des végétaux. Il refte prouvé feulement
que, dansces derniers, la sève a un mouvement de bas en haut & de
haut en bas. Je pencherais, avec M. Duhamel, à: admettre f non
pas un fimple balancement, mais une afeenfion de la sève, diftinéte-
de fbn retour vers les racines, en convenant cependant qui! n y’a pas.,
de démonftracion fur ce qui fe pafl’e dans'cette fonction.
' Quoi qu’il en foit, dans quelques pays ehaucls-'k sève eft prefque
toute 1 année en mouvement ; car fur le même arbre on voit à-la-fois
dès boutons, des fleurs St, des fruits'.1 L ’effet d’une trop grande chaleur
éft depuifer les-plantes &• de détruire la sève. Auffi -la végétation*êft-
eile arrêtée dans les lieux expafés à un foleil ardent, qui frappe fans-
discontinuer un fol que les pluies n’arrofent pas, Le printems eft la.
faifon qui-réveille là sève,-plutôt ou plus tard,, félon I’éloignemen-t où
on eft de lequateur, Sc félon la pofirioen locale.i Pendant • le cours de-
fete elle reprend de nouvelles forces de rems :en téms;' Scas &ihoa