
mauvais tempérament des plantes qui les ont nourries, & qu’elles
ne foient pas en état de faire d’auffi belles productions, que fi elles
venoient de plantes plus parfaites en leur genre. Il eft encore une
raifon qui autorife notre auteur à prefcrire de changer de femence.
I l y a , dit-il, de mauvaifes herbes qui fè plaifent particulièrement
dans certaines terres, & qui ne réufïïfïent pas fi bien dans d’autres : ainfi,
lorfqu un fermier sème le bled qu’il a recueilli, il multiplie les mauvaifes
herbes, dont les graines fe trouvent'mêlées avec celles du froment;
& elles ne manqueront pas de devenir vigoureufes, parce quelles feront
dans un fol analogue à leur conftiturion ; au lieu qu’en changeant
fon froment, les mauvaifes graines qui s’y trouveront mêlées n'étant
pas dans le fol qui leur convient le mieux, ne feront qu’un tort mér
diocre à la récolte.
A la fuite de ce que nous venons de rapporter , M. Duhamel,
traite des liqueurs prolifiques qui ont été imaginées dans différens
tcms pour développer les germes & procurer des moiffons prodigieu-
fement abondantes ; il conclut que l’effet de ces prétendues liqueurs
eft une pure chimère, & il le prouve par beaucoup d’expériences qui
ont été faites à ce füjet.
Semailles. L ’ertfêmencement des terres eft un article fi important
pour le fuccès des récoltes, que les laboureurs doivent y prêter une
attention fingulière. I l faut, i.° faire les femailles dans une faifon
convenable. z.° Se mettre en état de les exécuter avec précifion.
jpg Placer le grain en terre à une profondeur convenable. 4.0 N’en
répandre ni trop ni trop peu. 5.0 Le diftribuer de façon qu’il y ait
entre chaque plante un intervalle proportionné à la quantité de nourriture
qui lui eft néceffairc.
Quoiqu on ne puifte pas fixer un tems précis pour faire les femailles,
parce que cette faifon doit varier félon que les pays font plus ou moins
méridionaux, il eft toujours avantageux d’avancer les récoltes: cette
raifon doit engager à femer dallez bonne heure, fur-tout dans les
provinces feptentrionales, où les. gelées fe font fentir plutôt que dans
les pays méridionaux,
Lufâge le plus ordinaire, c’eft de femer le bled à la main, &
1 habitude des femeurs fait qu’ils le répandent allez uniformément.
Dans les terres légères, on l’enterre avec la herfë ordinaire ; &, par
cette méthode, on a l’avantage dé faire- les femailles en très-peu de
tems ; mais cet inftrument ne pouvant pas bien enterrer le grain
lorfqu il y a des mottes & des pierres, on emploie quelquefois des
herfès roulantes,
Toutes les plantes ne doivent pas être femées à la même profondeur
: on doit s’aflurer, par des épreuves réitérées, quelle eft la profondeur
qui convient à chaque efpèce de ' graine : on peut pofer g
comme un principe affez général, que les femences menues doivent
être femées plus près de la fuperficie de la terre que celles qui font
greffes.
La pratique du femoir étant une fois*adoptée, on remedie à tous
les ineonvéniens qui peuvent réfulter des femailles quon fait a la
main ; 1 .“ par le moyen de cetjnftrument, on fait des rigoles a la
diftance qu’on defire, & à-peu^rès à la profondeur quon a trouve
par expérience être convenable. z.° Les femoirs rempliffent de terre
toutes les rigoles ,* il n’y a prefque aucun grain qui ne foit enterre.
3.0 Enfin les femoirs verfent, dans chaque rigole, la quantité precifc
de femence qu’on a jugé néceffaire.
I l n’eft pas poflible de donner une règle générale fur la diftancc
qu’il doit y avoir entre les grains qu’on confie à la terre. Si 1 on pouvoir
être afluré que la faifon du printems fût favorable pour faire taller
les grains, on pourraitfupprimer beaucoup de femence; mais, comme
il n’y a que des incertitudes fur ce point, il faut fe borner à répandre la
femence proportionnellement à la fertilité du fol : ainfi, plus la terre eft
propre à la végétation, plus elle a été amendée &c labouree; moins
il faut répandre de femence.
Lorfque les bleds font femés, ils demeurent expofes aux dommages
que peuvent leur caufer les mauvaifes herbes, les infeétes & les oifeaux :
ce font autant d’accidens qu’il faut prévenir en arrachant les mauvaifes
herbes, & en éloignant ou détruifant les animaux.
Maladies des grains. Le troifième livre des élémens d agriculture
de M. Duhamel a pour objet les maladies des grains. I l difeute avec
foin la nature de chacune de ces maladies en particulier, Sc donne
des moyens pour les prévenir.
Depuis la première édition de cet ouvrage, M. l’abbe Teflier
ayant communiqué à M. Duhamel les caractères qui diftinguent les
différentes maladies des grains, il en profita pour corriger, dans la
fécondé édition, quelques erreurs qu’il avoit commifes : en confé-
quence, il ne regarda plus le mot de nielle, que comme un terme
générique qui convenoit à toutes les maladies des grains, & des-
lors il nomma charbon, la maladie qu’il avoit appellée nielle auparavant.
Le charbon fe reconnoît aux caractères fuivans. i.° Cette maladie
détruit totalement le germe & la fubftance du grain, a.0 Elle n’attaque
pas le feul épi, toute la plante s’en trouve un peu affeétée quand elle
a fait de grands progrès. 3.0 Il eft rare, lorfqu’un pied en eft attaque,
de trouver fur une des talles qui en dépendent, un épi qui en foit
N n 1