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D.efcription du port des Efpèces,
i. L’Amome de Madagafcar a des tiges qui
s’élèvent de huit à dix pieds de haut *, elles font
garnies dans toute leur longueur, de feuilles qui
ont environ dix-huit pouces de long, fur un ;
pouce & demi de large j elles font liftes & d’un
verd tendre. Les fleurs naifl'ent fur une hampe
iimple, haute de fept à huit pouces, qui, s’é- ;
levant de la racine entre les tiges, augmente de i grofleur vers le .fommet, & fe termine en un épi
court & obtus. Cet épi eft compofé de trois ou
quatre fleurs qui ont prefque deux pouces de
longueur *, elles donnent naiflance à des capfules
.charnues & rougeâtres, remplies de femences ovales
& luifant.es. La puipe#qUi les environne eft 1
blanche, & d’un goût aigrelet fort agréable.
ï . L ’A mome des Indes 5 ou le Gingembre, a
beaucoup de rapport avec le précédent, mais il .
eft de moitié plus petit *v de fa racine, qui eft jaunâtre
en-dehors & rouge en-dedans , ibrtent trois
ou quatre tiges limples hautes d’environ quatre
pieds, & garnies de feuilles qui n’ont*que fix à
îept pouces de longueur, fur quinze lignes de large.
Leur couleur eft d’un verd luifant quand elles
font jeunes, enfuite elles deviennent d’un jaune
citron lorfqu’elles fedefsèchent. Lesfleurs croiftent
en manière d’épi ovale^ fur une hampe écailleufe,
d’un pied de haut, laquelle fort immédiatement
de la racine. Elles font accompagnées d’écailles,
qui d’abord font vertes, enfuite d’un-blanc jaunâtre,
& qui deviennent enfin d’un beau rouge.
Ces fleurs qui font d’un bleu pâle , épanouiffent
les unes après les autres, & paroiffent dans le
mois de feptembre. Elles donnent naiflance à des
fruits de forme ovale, & à trois angles qui font
partagés en trois loges , dansvl«fquelles fe trouvent
renfermées plufieurs femences angûleufes,. &
noirâtres, d’une faveur aromatique amere, un
peu forte & d’une odeur agréable.
3. L ’A mome fauvage, ou le Zerumbet, a les
racines plus grofles que celles du Gingembre,
elles pouffent des tiges qui s’élèvent de trois
à quatre pieds de haut , fes feuilles font
lancéolées & prefque ovales. Ses fleurs naiflènt
fur une hampe d’un pied de haut, qui fort de
la racine à côté des tiges, & fe termine par un
épi ovale *, leur couleur eft d’un blanc tirant fur
le jaune, & leur figure eft irrégulière. Elles font
accompagnées d’écailles, qui deviennent d’un beau
rouge à mefure que la fruèlification s’accomplit ;
fi l’on preffe fortement l’épi, pendant la fieu-
raifon , il en fort une affez’ grande quantité de
liqueur limpide, d’une odeur très-agréable. A
4. Amome à larges feuilles. Les tiges de cette
efpèce ne s’élèvent pas à plus d’un pied de haut.
Ses feuilles font grandes , ovales, liftes & d’une
verdure gaie •, leur longueur eft d’environ un
pied , & leur largeur de fix pouces. Ces fleurs
viennent fur une hampe, & forment un épi iâçhe.
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Elles font accompagnées d’écailles de différentes
couleurs., les unes vertes, les autres blanches,
rouges ou bleues , qui produifent un très-bel
effet. Chacune de ces écailles couvre deux ou
trois petites fleurs d’un blanc fa le , de forme
'irrégulière & d’une odeur agréable.
5. Amome à grappes. Ses racines font noueufes
& traçantes. Il en fort des tiges qui s’élèvent à
la hauteur de dix à douze pieds. Elles font
garnies de feuilles de douze à quinze pouces de
long, fur deux à quatre pouces de large. Leur
couleur eft-d’un verd pâle. Ses hampes ont un
pied & demi de long , elles font foibles, couchées
fur la terre , & donnent naiflance à des fleurs
blanchâtres, auxquelles fuccèdent des fruits prefque
ronds & difpofés en petites grappes,comme leraifin.
6. Amome velu. Le port de cette efpèce eft
fort différent de celui des précédentes*, de fa
racine fort une tige fimple , qui s’élève de trois à quatre pieds de haut, garnie dans toute fa longueur
de.feuilles difpofées en fpirale, qui ont environ
un pied de long, fur quatre pouces de large.
Elles font vertes & liftes en-deftus, & couvertes
d’un duvet blanchâtre, en - deffous. Ses tiges fe
terminent par un épi court, garni d’écailles, des
aiffelles defquelles fortent de grandes fleurs d’un
blanc fale , qui épanouiffent fucceffivement. Son
fruit eft une capfule à trois loges, qui renferme
des femences d’abord bleuâtres, & qui deviennent
brunes enfuite. Elles ont une-odeur de Gingembre
affez agréable.
7. L’Amome pétiolé a beaucoup de rapport
avec le précédent. 11 s’en diftingue, par fes tiges
moins élevées, par fes feuilles portées- fur de
courts pédicules, & par la couleur de fes fleurs,
qui font d’un affez beau jaune*, elles forment un
épi de figure conique, qui termine les tiges *, les
écailles, qui accompagnent chaque fleur, font coriaces,
& d’un rouge vif, qui a beaucoup d’éelar.
8. Amome pyramidal. Cette efpèce -a le port
d’un bal i fier j fes tiges s’élèvent à la hauteur d’environ
quatre pieds & demi*, elles font garnies,
du haut en bas, de feuilles ovales, de huit à dix
pouces de long, & d’un beau verd. Chaque tige
fe termine par une grappe pyramidale, de fleurs
blanches, affez apparentes* Elles font remplacées
par de-s fruits longs d’un pouce, qui dé viennent
des capfules triangulaires, & à trois loges, lef-
quelles renferment des femences anguleufes, .de
couleur brune.
Culture,
En Amérique & dans l’Inde, où ces plantes
font cultivées pour leurs ufages économiques-, leur
culture eft fort fimple. On fe contente de choifir
un terrein fubftantiel , ombragé & humide, ou
du moins à portée d’être fréquemment arrofé. On
l’ammeiïblit par des labours profonds, & .on' y
trace des rayons de quatre à huit pouces de profondeur,
à la diftgnce de quinze ù vingt pouqes,
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le? utss des autres. C eft dans ces rayons qu’on
plante les racines des Amonies, coupées par morceaux
, de la même manière que nous plantons
les pommes de terre. On choifir, pour cette opération
, le tems où ces racines entrent en végé-
\ tation, & celui où la terre , humeétée par des
pluies chaudes, commencé à fermenter. Il faut
avoir foin enfuite de les garantir des mauvaifes
herbes, de les biner de tems en tems , & de
chaufferies plantes, à mefure quelles-grandiffent,
avec la terre de la crête des filions voifins.
Le moment favorable pour récolter les racines,
eft celui où les fannes des plantes fe. defsèchenr.
Alors y avec un infiniment de fer à troisdepts,
femblable â. une fourche, on enlève les racines
de terre,: on les laiffe reffuyer,,pendant quelques
jours, à Pair libre, enfuite on lesffépare;de, leurs
fannes \ on les néroie,. & on les enmagafine dans
un lieu fec, pour s’en fervir -à mefure qu’on en
a hefoin.
En Europe , la culture de ces plantes exige
plus de foin, 5c eft plus difpendieùfe. 11 faut des
ferres chaudes & des couches" de tan pour les
conferverpendant l’hiver, & encore leurs racines
font-elles fort fujettes à pourrir > lorfqu’elles font
dans leur état de repos. On les cultive dans des
vafes remplis d’une terre fablonneufe & fubftan-
tielle, qui doivent être placés, dès l’automne ,
dans les tannées des ferrés,,les plus chaudes, &
y refter pendant, tout l’hiver. Au prin teins, on
peut'les mettre , fous des bâches, parmi les ananas
/ 5c ’ lorfque leurs fànnes font defféchéës, il
fiiffit de les tenir dans un lieu fe c, à la température
de l’atmoiphère. Ces plantes, pendant le
tems de leur végétation, exigent des arrpfemens
fréquens, mais légers*, dès que leurs feuilles commencent
à jaunir, il faut les modérer & les fupprimer
entièrement, lorfque les figes font defféchées, ce
qui arrive chaque année, vers le mois de juillet.
Les Âmqmes, à racines tubéreufes, qui perdent
leurs tiges , doivent être remportées dans une
nouvelle terre. Pour cet effet,, on vide les pots,
& l’on fép.are les racines de .la terre dans laquelle
elles fe trouvent. On les éxamine les unes après
les autres, pour en retrancher les parties mortes,
& couper, jufqu’au vif, celles qui font pourries,
ou qui annoncent une difpofition prochaine à fe
gâter. Les racines auxquelles on fait quelque amputation,
doivent refter cinq ou fix jours fur une
planche, à l’ombre, pour que les cicatrices aient
le tems de fe raffermir' un peu.. Les autres peuvent
être plantées fur-le*champ , à trois ou quatre
pouces de profondeur, dans une terre neuve ,
compofée, par égales parties, de fable dé bruyère
& de terre à femences. Cette terre, fera d’autant
meilleure, quelle aura été compofée depuis plus
long-tem-s. Les pots doivent être placés enluite
dans une tannée nouvellement labourée, ^..d’une
chaleur douce. Il eft prudent de ne les arroier
que lorfque les racines commenceront à popffer. •
apiculture, Tome I er• IX e Partie,
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Les efpèces'j dont les tiges Cubfiftent toute
l’année , exigent la même culture , avec ce-rte
différence quelles doivent être rempotées au prin-
tems, vers la 'mi-mai, & que leurs racines ne
doivent pas être mifes à nud. Il faut, au contraire
j laifler autour des ^racines, environ les
deux tiers de la'terre, & remplacer le tiers que
l’on ôte, par de la terre neuve, préparée comme
il a été dit ci-deftus. On doit avoir aufli l’attention
de ne fupprimer , dans cette opération, que
le moins de racines qu’ il eft poftible, & fur-tout
parmi les groffes, parce qu elles pourriffent fou-
vent à l’endroit où elles ont été coupées, & que
la pourrituré,gagnant, de proche en proche, juf-
qifàu coeur de la plante, la fait périr immanquablement.
11 vaut mieux , pour éviter tout
accident , laifler fublifter toutes les racines , &
tranfvafer ces plantes dans de plus grands pats,
lorfqu’elles font trop à l’étroit, dans cepx qu’elles
occupent, ou lorfque la terre devient trop- ap-»
pauvrie.
. Les Amomes fe multiplient par les drageons,
ou par les tubercules que pouffent leurs racines/
les uns & les autres doivent être Réparés, lorsqu’on
rempote les plantes. Mais , avant de féparer
lès tubercules ou les drageons, il faut examiner fi
lès yeux des premiers font bien formés, & fi les
féconds font fuffifamment pourvus de chevelu,
fans quoi ils font fujets à périr.
Telle eft la culture qui convient en général à
ces' fortes de plantes. Mais l’Amome pyramidale
en exige une particulière, qu’il ne faut pas confondre
avec celle des fept autres efpèces j n’ayant
point cultivé celle-ci, nous rapporterons ce que
Miller /célèbre cultivateur, a écrit à cet égard:
fuivant lu i , cette plante fe conferve dans de
bonnes orangeries , en tenant les pots, qui la
renferment, plongés dans un baffrn cl eau, car,
fans cette précaution, elle ne profiteroitpas. Les
feuilles périffent chaque hiver, & au printems r
fes racines en pouffent de nouvelles. On peut la
multiplier, en divifant fes racines, lorfque fes
feuilles font tombées.
Ufages : La faveur aromatique & agréable de la
plupart de ces plantes, les fait rechercher dans
un grand nombre de pays, pour aflaifonner les-
mêts. Le gingembre fur-tout’, eft cultivé de préférence,
pour cet ulage. Le Zerumbet joint à
cette propriété celle de. fournir , en rems de
difetrë , une~nourrïfure fort faine aux Indiens*
ils font féchër certè racine, & la reduifent en poudre
} par cette fimple préparation, elle perd fou
, â'erété, & devient propre à faire un pain favou-
; reux. Les graines .de î’Amome à grappes font
un objet de commerce affez confidérabie fur la
: côte de Malabar, où.elles font connues fous îb
nom de graines de'Paradis V les Indiens en mêlent
lés feménees avec leur bétel-, ils prétendent.qu’eliei
facilitent la digeftibir , & qu’eltes .ont des propriétés^
médicinale?, tfès-a&ives.Enfin il paroîf