
au-deffous de trois degrés, dans Porangerie, fur
les appuis des'croifées} ceux qui refient en plein
air, ne peuvent être mieux placés, tant pour leur
confervation que pour l’agrément de la vue, que dans
des gradins de terreau de bruyère expofés au nord
Ils y croiffent & s’y multiplient fort bien} il fuffitde
les couvrir foigneufement pendant l’hiver , de matières
fèches & de paillaffons : leur culture fe réduit
à les garantir des.mauvaifes herbes > à les biner
de tems à autre , & à les changer de place tous
les quatre ou cinq ans ,‘pour renouveller la terre
& rajeunir les racines. Deux efpèces feulement
de cette divifion, exigent d’être cultivées dans des
pots & rentrées l’hiver fous des chaffis, comme les
plantes du cap de Bonne-Efpérance} ce font*les
efpèces numérotées 4 & 16 ; d’ailleurs elles fe
cultivent & fe multiplient comme les autres.
Les Anémones ruftiques à racines tubéreufes,
qui forment la première feétion de la fécondé divifion
des efpèces de ce genre, feréduifent à trois,
eomprifes fous les numéros 20 , 24 & 25. Ces
plantes aiment les terres meubles, légères, un peu
humides & les expolitions ombragées par de grands
arbres. Il eft rare qu’on les propage par leurs fe-
mences , parce qu’il eft difficile d’en ramafler, &
qu*ü eft aifé de fe procurer des racines qu’on peut
faire voyager à de grandes diftances, depuis le
mois demai, jufqu’au mois de novembre, tems
où elles font dans leur état de repos. Leur culture
fe réduit à planter les racines dans la nature du
terrein & à l’expofition que nous avons indiquée
ci-deffus 5 elles y croiffent & y multiplient
-en abondance, fans qu’il foit néceflaire de leur
donner aucun foin. Nous excepterons cependant
la vingtième efpèce, qui doit être plantée fur les
gradins parmi les plantes alpines, ou cultivée en pot
dans l’orangerie, jufqu’à ce qu’on l’ait a fiez multipliée
pour la répandre dans les bois.
Les Anémones délicates à racines tubéreufes,
font les efpèces numérotées 9 , 10 , 1 1 & 11. Comme
c’eft dans cette divifton que fe trouve l’Anémone
des fleuriftes j & que les autres fe cultivent de
la même manière, nous allons décrire plus amplement
tout ce qui a rapport à la culture de ces belles
plantes , en commençant par le choix des graines,
& ce qui tient à leur confervation.
Choix des graines. Comme les Anémones pat-
faitement doubles ne portent point de femences,
on ne peut en recueillir que fur les pieds qui ont
produit des fleurs fimples} c’eft pourquoi, dès le
tems de la fleuraifon, il eft à propos de marquer
fes portes-graînes. Les individus jeunes & vigoureux
, doht le feuillage eft bien arrondi, les fleurs
évafées & d’une belle forme , dont les couleurs
font éclatantes ou bizarres, luftrées , fatinées ou veloutées,
doivent être préférés j ils prodûifent le
plus fouvent des variétés intéreffantes -, le choix
fa it, on marque avec des laines teintes de la même
Couleur que celle des fleurs, les individus que
1 on deftine à donner des graines, Si on les furveille
à l’époque de la maturité. Lorfqu’elles font
fur le point de quitter leur tête fans efforts, on les
cueille avec fèbrs tiges, & on les étend pendant
quelques jours dans un lieu fermé, pour compléter
leur maturité & opérer leur parfait defl'éche-
ment *, après quoi on les ^JSuche & on les con-
ferve jufqu’au rems delesfemer.
Préparation de la terre. C’eft ordinairement dans
le mois d’août, qu’il convient de mettre en terre
les graines d’Anemones} mais il faut auparavant
préparer la terre qui doit les recevoir*, on choilit
une plate-bande expofée au midi, dans une fitua-
tion plus fèche qu’humide }. la couche de terre
fupérieuie de cette plate-bande doit être formée
d’un mélange de terre franche , de terreau de
bruyère, de vieille tannée , & de terreau de feuilles
bien confommées, de manière à former une coueh#
meuble, douce & légère. Il faut éviter foigneufe-
ment de faire entrer dans ce mélange aucun fumier
d’animal*, & pour qu'il produife tous les
avantages qu’on peut s’en promettre, il eft nécef-
faire qu’il foit fait au moins depuis un an, qu’il
ait été paffé à la claie à plusieurs reprifes & remué
plufieurs fois, afin d’en extraire les pierres & les
corps étrangers. Si le fond du terrein eft de nature
douce & fablonneufe , il fuffira de mettre trois pouces
de ce mélange à la furface de la couche
deftinée au* femis -, mais s’ il eft de nature glaifeu-
fe, humide & par conféquent froide, il faudra l’excaver
de quinze à dix-huit pouces É placer dans le
fond , un lit de platras de quatre pouces d’é-
paifleur , fur lequel on mettra fix pouces d’un
fable doux qui fera couvert en entier avec la terre
préparée, laquelle doit excéder de quelques pou-
ces îe niveau du terrein, & êtrefoutenue par des bordures
de planches ou de tuiles} le terrein ainft
compofé, fera parfaitement uni, tant avec les dents
qu’avec le dos du rateau} après quoi on s’occupera
de femer les graines.
Des Semis. Les graines d’Anemones font tellement
jointes enfemble par le duvet qui les enveloppe,
qu’il eft difficile de les féparer fans un
peu d’art, & cependant cette féparation eft néceflaire
pour les femer également. Mais il y a
un moyen fort Ample pour y parvenir, c’eft de
mettre dans un vafe, avec les graines que l’on
veut féparer, une quantité à-peu-près égale de
fablon fin, & de triturer ce mélange avec les
mains jufqu’à ce* que le duvet ne paroiffe plus.
Alors on prend ce mélange à pleine main, on
le sème le plus également poffible fur toute la
furface de la couche j après quoi on le recouvre
de 1 épaiffeur de trois lignes environ , avec une
rerre feinblable à celle fur laquelle on a femé
les graines, mais qui aura été paffée au crible
fin. Enfuite. on unira la furface de cette terre
avec une baguette, le plus exactement qu’il fera
poffible, & on la couvrira en entier avec de la
paille longue, tant pour brifer les rayons du
îoleil, que pour empêcher que les arrofemens
ne dérangent les graines & ne battent trop la
terre.
Soins des Semis. Les graines ainfi femées
doivent être arrofées très *> légèrement matin &
foir, pour que la terre ne fe defsèche jamais
à la profondeur de plus de quatre lignes*, ce
qui eft important, fur-tout dans les quinze-ou
vingt premiers jours. Mais à cette époque on
peut enlever la paille & néroyer la couche. Aux
approches de l’hiver, on difpofera, fur les bords
de la planche, de la litière & des paillaffons
afin de la couvrir dès que les premières gelées
fe feront fenrir, & on la découvrira auni-tôt
qu’il n’y en aura plus à craindre. Une autre précaution
, non - moins importante, eft de vifirer les
femis pendant la nuit, pour en écarter les in-
feéles nuifibles aux jeunes plantes} c’eft fur,-tout
au printems & à l’automne , dans les nuits
douces & calmes, que cette vifite eft néceflaire.
On fe fert, pour cet effet, d’une lanterne.fourde
qui n’éclaire à-la-fois qu’une petite étendue de
terrein} on la porte fuccefîivement & fans bruit
fur routes les parties de la planche, & Ion tue
tous les vers, les limaçons , limaces, loches
& autres infeéles deflruéleurs qui fe rencontrent
& qui nuiiènt infiniment aux femis.
Levée des Tubercules. Les graines d’Anemones
qui. ont germé pendant l’hiver, commencent à
pouffer des feuilles au premier printems , &
leurs tubercules ou pattes , pour me fervir de
1 expréflion des fleuriftes, groftiffent en même-
tems & proportionnellement. Alors il faut les
arrofer de tems-en-tems, & les débarraffer des
mauvaifes herbes. Vers le mois de mai, lorfque
les fannes feront entièrement defséchées, on doit
enlever de terre les jeunes tubercules. Comme
ils n’ont encore que la groffeur d’un pois, il
feroit difficile de les ramafler à la main *, on fe
fert d’un crible dans lequel on met -la .terre de
la furface de la planche, levée à utft-pouce ou
.deux de profondeur. Les plus petits ij&bercules
paffent avec la terre, & les pi us gros reftent dans
le crible. On étend ceux-ci dans un lieu fec,
& enfuite on tes renferme dans des armoires
jufqu ’au temps de les planter. Mais pour con-
ferver les petits tubercules qui ont paffé à travers
Je crible, on ramaffe la terre dans laquelle ils fe trouvent
, on l’étend de nouveau fur la planche, bien également,
& cm a foin de ne point y laiffer croît/e
de mauvaifes herbes, & de la tenir féchement
pendant l’été. Vers la fin du mois d’Août fui-
vanr, on l’arrofera, & on la cultivera cette fécondé
année comme elle l’a été la première y par ce
tnoyen on profitera de tous les tubercules qui feront
ieftés en terre, & qui , ayant pris une certaine
groffeur, pourront être aifément Jevés au printems
fuivant. Ce n’eft pour l’ordinaire quà la
troilième année que fleuriffent les femis d’Ane-
niones *, pendant ce rems-là il faut les cultiver
fournie nous l’avons dit ci - deffus.
Plantation des Tubercules. La plantation des
Anémones exige des attentions & des foins. C’eft
ordinairement de la mi - feptembre à la mi-
oélobre quelle fe fait. On commence par drefler
les planches qu’on deftine à cet ufage. La terre
qui les compofe doit être femblable à celle fur
laquelle on a fait les femis } on la rend feulement
un peu plus fubftandelle par l’addition
d’une plus grande quantité de terre franche. Orr
trace enfuite dans la longueur des planches, à l’ai de
d’un cordeau, des lignes qui font à cinq pouces
de diftance les unes des autresj celles-ci font
coupées à angle droit par d’autres lignes efpa-
cées à la même diftance, de manière que toute
la planche eft divilée en petits quarrés égaux.
Les points -de feélion des lignes marquent les
places que doivent occuper les tubercules. Ce
moyen fort fimple fixe exaélement la diftance-
convenable à chaque plante, en même-rems qu’il
donne de la grâce à la plantation.
Les Tubercules ou pattes - ne doivent être
enfoncés en terre que de la profondeur de trois
pouces. Il faut avoir la précaution, en les y plaçant,
de mettre la pointe de l’oeil bien perpendiculaire,
& de ne pas cafl’er les racines. Pour
cet effet, on commence par difpofer toutes les
pattes à la place quelles doivent occuper ; on-
les prend enfuite avec les deux premiers doigts1
de la main droite & le pouce un peu écarté ,,
en forme de triangle , & on les enfonce à la*
profondeur convenable} mais auparavant il eft
néceflaire que la terre des planches air été bien'
ameublie par un labour foigneufement fait quelques
jours d’avance} lorfque la plantation eft?
faite, on unit la terre à la furface, & deux?
ou trois jours après on l’arrofe légèrement fi le
tems eft fec*, s’il furvenoit de fortes pluies, il
feroit à propos de couvrir les planches de paillaffons
pour garantir les pattes de trop d’humidité,
& empêcher la terre d’être battue. Cette
précaution eft néceflaire fur-tout fî le fol eft?
humide. Aux premières gelées qui fe feront fentir,
on difpofera des couvertures te long des planches
*y mais on n’en fera ufage que lorfque les
gelées commenceront à pafier trois degrés, parce
qu’il n’eft pas indifférent que la végétation (oit
un peu arrêtée , & que les plantes s’endurciffenr
au froid } elles en deviendront plus fortes^ &
plus belles.. Dans les grands froids, on couvrira
les planches avec de la litière sèche & des- paillaffons
qu’on augmentera en proporrion de l’inten-
fîté des gelées. C’eft fur-tout vers te printems
qu’il fout- redoubler d’attention pour couvrir &
découvrir les planches à propos, parce qu’alors
les plantes ayant pouffé.d’affez grandes feuilles,,
font beaucoup plus délicates *, mais lorfqu on n’aura
plus, rien à craindre des froids, on nétoiera foigneu-
fement les -planches, on ôtera les feuilles jaunes,
malades ou pourries, & on coupera les boutons
1 à fleurs qui fe trouvent étiolés ou mal difpofés-,.