
de rexpofition, &'à l’avantage que trouvent les
cultivateurs d’artichauts, de travailler à portée
de leurs habitations : les terres qu’on cultive à
la main, s’afferment plus cheres que celles qu’on
cultive à la charrue., parce qu’elles rapportent plus.
A Laon, on donne aux bcftiau.x les feuilles
d’artichauts à manger, au lieu de les lier, comme
on fait dans quelques pays pour les faire blanchir
& fervir enfuitefur les tables, en place de cardons.
Le terroir de Laon peut produire en tout,
foixante mille têtes d’artichaut > fans compter
les petites, dont trente à quarante mille font
portées à Paris*, le rejîe eft pour les villes de
Laon, Rheims, Châlons fur-Marne & Troyes.
Paris en reçoit en outre de Tes environs & de'
Chauny & Noyon , en très-grande quantité,
mais toujours fous le nom d’Artichaurs de Laon.
On a trouvé la manière de conferver les culs
d’artichauts pour en faire ufage en hiver dans
les ragoûts. On les fait cuire à l’ordinaire *, on
fépare les écailles du calice , appellées feuilles,
& le foin, qui n’tft autre chofe.que les fleurons
commençans. On jette les culs dans l’eau
froide, où ils fe blanchiffenr. On les arrange fur
des claies, pour les mettre au four deux ou trois
fois, lorfque le pain en a été retiré. Ils deviennent
minces, durs comme de la corne, mais ils reprennent
leur première forme dans l’eau chaude.
Un vend à Paris beaucoup de culs d’artichauts
féchés. En 17S7, ils ne valoient que 1 liv. 16
fols la livre pefant : à la vérité, l’année avoit été
abondante. C’efl à Laon, Chauny & Noyon
qu’on les fait fécher. Pour former une livre de
culs d’artichauts, de groffeur commune en cet état,
il faut quarante têtes.
On conferve anffi les artichauts entiers avec
leurs feuilles. On les fait blanchir aux trois
quarts *, on les met dans l’eau fraîche *, on les
ïaiffe égoutter*, on en ôte le foin, & on les enferme
dans un pot de grès, en verfant deffus
une eau, qui a diffout beaucoup da fel marin ,
& à laquelle on joint un peu de bon vinaigre.
On le couvre d’huile, & on ferme le pot
hermétiquement. Pour manger ces artichauts, on
les met deffaler comme du poiffon. On a remarqué
qu’il falloir employer en même-rems
tous les artichauts contenus clans un pot, parce
qu’une fois expofés à l’a ir , ils ne pouyoient
plus fe garder*, on ne réuffit bien à conferver
ainfi des artichauts, qu’autanr qu’on préfère
ceux 4’automne, qui ont été produits par des
oeilletons de l’année, & qui, par conféquent,
font très-tendres.
Suivant un mercure de France de Juillet
17 8 7 , un particulier a tanné des peaux de chèvre
& de veau,- pour i'ufagè des relieurs, dans une
«au chaude qui avoit fervi à cuire des artichauts.
Ce moyen a auffi bien réulfi que f i on
s’étoit fer\i de galles blanches, ou de corne de
faule. (Af. VAbbi T e s s i e r . )
D e u x i e m e e s p i ç r.
Artichaut fauvage,
2. L’Artichaut fauvage eft auffi originaire des
parties méridionales de l’Europe *, ce n’eft -qu’un
chardon fort épineux, qui n’a nul mérite par
lui-mêtne. Mais cultivé dans' les jardins, il a
produit deux plantes intéreffantes par leurs propriétés
alimentaires. Leur culture eft a fiez délicate,
nous en allons.donner les détails, d’après
l’excellent ouvrage de l’Ecole du jardin potager»
Le Cardon d’Efpagne , ou la variété B. de
l’artichaut fauvage, eft la plus grande & la plus
voluminenfe de nos jflantes potagères *, elle s’élève
à la hauteur de fix à^fept pieds, & fes
feuilles occupent une circonférence fouvent de
plus de douze pieds. ■
ce Sa racine eft épaiffe, charnue, formée en
pivot, tendre & d’une faveur agréable,.quand
elle eft cuite; lorfque le terrein eft bon, fa
feuille «ft longue de trois, quatre & cinq pieds;
elle eft d’un vert d’eau, diviféeen lanières larges
& découpées, couverte d’un duvet blanchâtre,
ay ant des épines roi des à tous fes angles ; il y
a pourtant une efpèce qui n’en a pas ; fa côte
eft large de trois doigts, épaiffe &.charnue, formée
en gouttière; fa tige eft haute de quatre à
cinq pieds, jufqua fix, caneléè, cotonneufe,
pleine, garnie de quelques rameaux, au fonimet
defquels eft une’ tête applatie dans fa bafe &
terminée en pointe, formée de grandes écailles,
qui font armées d’épines roides à leur extrémité,
& dont la bafe-qui tient au corps de là tête,
eft épaiffe & charnue ; cette tête, s’ouvre & s’élargit
peu à peu, & enfin Ïaiffe paroître, dans
fon milieu, un grquppe de fleurs bleuâtres, qui
font compofées chacune de cinq parties, portées
fur des eiûbrions, qui fe changent enfuire
en une femence oblongue^ liffe & verdâtre, garnie
d’aigrettes, de l’a fo rm e l de la groffeur à-
peu-près d’un grain de froment.
>3 Ç’eft fa feuille, ou pour mieux dire, fa
côte & fa racine, qui font tout fon mérite : on
mange fa racine au gras<& au maigre, & fur-
tout au jus dans les entretnêts; on la fert aufli
fous l’alloyau & le gigot, & c’eft un mets très-
eftimé des gens de# goût : le commun des
hommes en fait peu d’üfage, parce que l’affai-
fonnement en eft trop coûteux.
33 On ne lui a reconnu encore aucune propriété
particulière pour la pharmacie ; fa fleur
feulement à une vertu, qui eft de faire cailler
le lait comme la preffure, .&.on le préfère, quand
on le fait, car la preffure a quelque choie en
elle qui dégoûte. Cette ileur eft bleuâtre, & fe
détache des. pommes qu’on Ïaiffe venir pour
graines ; on la fait fécher à . l’ombre, & on en
met une pincée plus ou moins forte, fuivant la
quantité de lait : la fleur de l’Artichaut fauvage,
qu’on nommé aqtremem la cardonette ; a la
même vertu.
33 II y a deux efpèces de cardons, le commun,
qu’on nomme Je cardon d’Efpagne, & le
piquant, qu’on nomme le cardon de Tours,
parce qu’il en eft venu originairement : on en
envoyoit beaucoup autrefois à Paris ;. mais aujourd’hui
nos Maraîchers qui en élèvent, les font
venir aufli beaux & auffi bons qu’à Tours.
>3Les deux efpèces diffèrent, en ce que le
cardon de Tours, eft arnaé’de toutes parts d’aiguillons
très-pointus, que le cardon commun n’a pas ;
(z voté eft plus pleine, un peu rougeâtre, & il
eft moins fujet à monter, il eft même plus tendre
& plus délicat à manger ; en forte qu’il eft
préférable à l’autre ; la plupart des Jardiniers
évitent cependant d’en cultiver, parce que fes
piquans leur en rendent les approches difficiles :
c’eft aux maîtres de les encourager, & de forcer
un peu leur timidité.
>3 L ’une & l’autre efpèce fe multiplient de
graines, & fe cultivent de la même manière ;
les premiers qui fe mangent en mai , s’élèvent
fur couche : on les fème fous cloche, au mois
de Janvier ; & quand ils ont deux bonnes feuilles,
on les repique plus à l’aife fous d’autres cloches
& fur une couche neuve qui ait huit à neuf
pouces de terreau : fi on veut les avancer , on
les Ïaiffe fous ces fécondés cloches, jufqu’à ce
qu’ils foient bons à replanter en place., fur
une trbifiètne couche, à laquelle il faut employer
’des fumiers courts, & à demi-confommés, tels
que ceux des fiacres : on la charge d’un pied
environ de terreau, mêlé d’un tiers de terre; &
quand fon plus grand feu eft paffé, on y range
le plant en échiquier, à deux.pieds & demi ou
trois pieds de diftance : on met une cloche fur
chaque pied, jufqu’à ce qn’il Toit bien repris ,
& on bâtit un petit treillage fur les deux bords,
pour foutenir des paillaffons dont on les couvre
pendant lès'nuits & les journées fàcheufes.
33 On obfervera de couvrir ces fortes de couches
, de manière qu’il n’y ait rien derrière qui
puiffe être incommodé de l’ombrage de cette
plante. On leur donnera quatre pieds & demi de
largeur, fur deux pieds & demi de hauteur, &
on aura foin de les réchauffer au befoin.
33'Pour tirer plus de profit de ces couches >
off fème ordinairement entre les pieds des cardons,
des raves, des radis, ou telle autre plante
qui n’eft pas obligée d’y féjourner long-tems.
33 Le cardon demande beaucoup d’eau ; il faut
être exaét à lui en donner : & malgré même
tous les foins qu’on peut prendre, on ne fauroit
guères éviter, dans cette premièrç faifon, qu’il
n’en monte toujours quelques-uns; c’eft un inconvénient
auquel il n’y a point de remède :
mais ceux qui viennent à bien, dédommagent
amplement, car ces premiers font précieux.
ssLorfquils font enfin venus au point . de
porteur qu’on leur demande, on les lie dans un
beau jo u r, quand les plantes font bien fèches,
avec trois ou quatre liens de paille bien ferrés,
& on .les empaille avec de la grande litière fe-
couée, qui vaut mieux que de la paille neuve:
on lie tout.de même cette litière, & on la ferre
le plus qu’on peut; on laifle feulement à l’air
l'extrémité des feuilles. ;
»Pour faire plutôt blanchir, tant ces premiers
que ceux qui leur fuccèdem, on leur
donne quelque mouillure par-defius, c’efl-à-dire,
qu’on verfe. l’eau dans le coeur de la plante, au
milieu de l’empaillage. Trois femaines après ils
fout b l a n c s o u les coupe; on retire alors
toute la paille qui fert à en faire blanchir d’au-,
très, après l’avoir, fait 'fécher.
>: Pour en avoir qui fuccèdem à ces premiers,
on en replante en pleine terre au mois de mars,
du même plant qu’on a élevé fur couche, & on
choirtt la terre qui a le plus de fond ; quand
elle ert nouvellement défoncée, ils en font beaucoup
mieux : on prépare la place en fouillant
des trous d'un pied en tout feus, efpacés de trois,
qu'on remplit de fumier bien confornmé & de
quelques pouces de terreau pardeflus ; il fuffit
de mettre un feul pied dans chaque trou : on
les arrofe aufîi-rôt qu'ils font plantés, & on les
couvre, foir avec des pots renverféS, foit avec
quelques feuillages, jufqu’à ce qu’ils foient bien
repris; on leur donne enfuite un petit binage au
pied, & on les mouille de deux en deux jours
plus pu moins, fuivant leur force. ’
>>I1 en monte toujours une partie fans qu’on
puifle l’empêcher ; les autres qui réuffifrent font
bons à lier en juin & juillet. On s’y prend de la
même manière que je lai dit ci-defîus; j'y ajouterai
cependant qu'il faut beaucoup d’adreffe & de
précaution pour cette petite opération, tant pour
ne pas carter les feuilles, que pour n’être pas
maltraité des pointes aigues dont ellës font
hériffées de toutes parts, fi c’eft de l'efpèce de
Tours.
» 1 1 efl^t propos pour cela d'avoir des bas &
des culottés de peau & defe gants pareils • &
quand les pieds font forts il faut être deux
■ placés vis-à-vis l'un de l’autre; chacun de fou
côté relève doucement les feuilles qui s’écartent
tout au tour; l’un des deux enfuite les embrafîi
toutes avec les bras, & l’autre les lie. Sans ces
précautions, on fe déchire les mains, & on carte
la moitié des feuilles, ce qui ôte la moitié du
mérite de la plante.
La feeonde femence de Cardons fe fait à la
mi-avril, & ceux-ci fervent pour l’automne &
l’hiver. On dreffe des planches de fix pieds de
largeur , & on prépare des trous difpofés &
efpacés comme je l’ai dit ci-deffus. On y met
trois ou quatre grains, à deux pouces de difiance
l’un de l’autre , qu’on enfonce un peu avec le
doigt; (juin?® jours ou trois femaines après, ils
f p p p i