
brave Bujfy, fon coufin ; car, en matière de religion
, la bravoure n’empêche pas d’afFafliner.
O ! combien de héros indignement périrent!
Rénel & Pardaillan chez les morts defcendirent.
- Louis de Clermont-d’Amboife, marquis de Rénel
, tué le 3 novembre 1615 , dans une occafion
où il s’agifloit d’empêcher la jonâion d’un corps de
Reitres à l’armée des princes foulevés contre le
gouvernement.
Bernard , fon petit-fils, marquis de Rénel, tué
au fiège de la Mothe, en 1645.
Cleriadus, marquis de Rénel, frère de Bernard,
maréchal-de-camp, tué à Valenciennes en 1656.
Louis de Clermont-d’Amboife , leur frère aîné,
tué d’un coup de canon au fiège de Cambray, le
11 avril 1677.
Jean, aufli leur frère, tué au fiège de Chauni.
A la retraite où on fe vit forcé par la mort de M.
de Turenne , il commandoit l’arrière - garde , &
contribua beaucoup à fauver l’armée. Il s’étoit
trouvé à plus de vingt fièges , & à^refque autant -
de combats & attaques des lignes.
Enfin Juft, aufli leur frère, mort le 16 février
1702, le feul que le fort des combats ait épargné.
CLESIDE ( Hiß. aric. ) , peintre grec, qui vi-
voit vers Tan 2.76 avant Jéfus-Chrift. Mécontent
de Stratonice, reine de Syrie , & voulant s’en venger
, il la peignit entre les bras d’un pêcheur ; mais
il la peignit belle : elle lui en fut gré, & le récom-
penfa. Voye^ dans M. de Fontenelle le dialogue de
Stratonice & de Didon.
CLÈVES ) Hiß. ment. ) , grande maifon d’A llemagne
, dont la fable étoit d’être defcendue d’un
chevalièr du.Çigne, qui n’eft connu que par les romans.
L’empereur Charles IV fit prince de l’empire
Adolphe I I I , comte de Cleves & de la Marck,
mort en 1394- L’empereur Sigifmond érigea Clèves
en duché au concile de Confiance , en 1417 ,-pour
Adolphe IV. La maifon de Cleves forma deux
branches principales , celle des ducs de Cleves &
celle des ducs de Ne vers : celle - ci fondit dans la
maifon de Gonzague & dans celle de Condé-, celle
des ducs de Cleves s’éteignit en 1609, & donna
lieu à la guerre de la fucceflion de Cleves & de
Juliers,où Henri ÎV~alloit s’engager lorfqu’il fut tué.
CLICTHQUE ( J o s s e ) {Hiß. lut. mod.)3 auteur
d e ’ YÂnti-Lutherus" , un des premiers ouvrages
compofé's contre Luther à la naiflancé du lutlié-
ranifme, & à fiez efiimé des catholiques d’âldrs. Mort
en 1543. ; : .
CLINIAS ( H i f l . anc.) , père d’Alcibiade, tué à
une bataille dé Chéronée, gagnée par les Athéniens
contre les Béotiens , l’an 447 avant J. C.
Un antre Clinias, philôfophe pygathoricien , eft
cité en preuve dés merveilleux effets attribués à la '
mufique ancienne, & de l’empire qu’elle avoit,
dit-on , fur les paflions. Il étoit fujet à la colère ;
quari-d il £ensoit qu'elle alloit l’entraîner , il prenoit
fa lyre , jouoit un air , refpiroir, & difoif avec fatis-.
faction : Ah ! je fens que je m'adoucis.
CLISSON (Olivier de) {Hifl. de Fr.). Dans la
concurrence des maifons ae Montfort àc de Pen-
thièvre au duché de Bretagne , la maifon de Clijfon
fe partageoit entre les deux contendans. Olivier
Clijfon.père du connétable du même nom,avoit fervi
la France & le parti de Penthièvre ou de Blois ;
Amaury, fon frère, s’étoit attaché à la comte fie de
Montfort, dont il étoit un des généraux. Olivier
ayant été pris par les Angiois, Amaury obtint
d’Edouard, par la comteffe de Montfort, qu’il fût
échangé. Olivier de retour en Bretagne, vantoit en
toute occafion la magnanimité d’Edouard. Cet éloge
d’un rival fatigua Philippe de Valois : il crut
qu’Olivier avoit été attiré par fon frère au parti
Angiois, & fur ce foupçon, il lui fit trancher la
tête à Paris, fans aucune forme de procès. Quelques
auteurs difent que Philippe eut la preuve de la
trahifon de Clijjon & de fes compagnons ; car
plufieurs autres gentilshommes Bretons & Nor?
mands furent traités comme lui,
Charles V . réparateur habile des torts de fon
aïeul & de fon père, s’attacha par .des bienfaits,
le fils de ce Clijfon , à qui Philippe de Valois avoit
fait trancher la tête, & le connétable du Guefclin ,
dont Clijfon devoit être le fucceffeur, fournit un
lien de plus pour le retenir au fervice de la France,
en le faifant ion frère d’armes : il méritoit cet honneur
par une valeur digne de du Guefclin , fi elle n’eût
pas dégénéré quelquefois en férocité. Il fe diftingua
dans la guerre contre les Angiois , qui fe ralluma,
fous Charles V . Les Rochelois s’étant réunis fous
l’obétflançe de ce prince, David Olegrane , gou-
neur de Benon , voulant venger F Angleterre, eut
la barbarie de faire couper le nez & les oreilles
à tous les Rochelois qui fe trouvoient alors à Benon :
Clijfon , pour venger la France à fon tour, afliège
Benon, l’emporte d’aflaut, une partie de la garnifon
eft paflee au fil de l’épée ; tous ceux qui tombèrent
vivans entre les mains des François furent pendus.
Ce ne fut pas tout. Le refte de la garnifon fe retire
dans le château , Clijfon en fait le fiège, les Angiois
fe rendent à difcrétion. Clijfon fe place à la porte
du château , fait fortir devant lui les Angiois un à
un , & àmefure qu’ils fortent,.il-leur fend la tête
avec fa hache d’armes : il maffacra ainfi de fa main
les quinze premiers ; il en eut le furnom de
boucher3 qu’il continua long temps 4e mériter par
de femblables aéies de cruauté.
Charles - le - Mauvais , roi de Navarre , cet
artifan de fraudes & de crimes , s’amufa, par jeu
& par amour de l’intrigue, à rendre le duc de
Bretagne & Clijfon ennemis irréconciliables : il
étoit allé voir Clijfon dans fes terres; ii y avoit
été reçu comme le beau-frère d’un roi à qui Clijfon
avoit confncré fa vie. Ils vont enfemble à la cour
du duc de Bretagne. Charles-le-Mauvais s’apperçoit
que Montfort eft amoureux & jaloux de la ducheffe
fa femme, & que la dpchçffe a , pour Clijfon Feftim^
c L 1
& les égards dus à la réputation de ce guerrier.
Il ne lui en fallut pas davantage pour jetter dans
l’efprit du duc des foupçons que la jaloufie d’un
côté , Farcifice de l’autre » tournèrent bientôt en
certitude ; le duc fe croit outragé : & par la perfide
adrefle du roi de Navarre, il croit même avoir vu ;
en conféquence, la mort de Clijfon eft rélolue :
trente Angiois qui compofoient la garde du duc ,
font chargés d’affafliner Clijfon ; il en reçoit
Favis aflez tôt pour leur échapper, mais de là
naquit une inimitié mortelle entre le ducdeBretagne
& Clijfon. Le dite s’étant livré au parti Angiois,
fe vit au moment d’avoir entre les mains fon
ennemi Clijjon, pour qui fa haine étoit devenue
fureur. Il le tendit afliégé 'dans Qtiimperlay.
Impatient de faifir fa proie , il couroit à Fafiâxit,
il préparoit à Clijfon la mort la plus cruelle ? & les
Angiois que Clïffon avoit juré de n’épargner jamais
& qu’il trairoit avec cruauté en toute occafion ,
fecondoient Fardeur du duc .Clijfon ne peuvoit plus
ni réfifier., ni échapper, lorfqu’uné trêve conclue
entre Edouard III & Charles V , & dans laquelle
la Bretagne étoit expreflement compjife, fit tomber
k s armes des mains du duc, & fan va Clijjon pour
la fécondé fois.;
Le connétable du Guefclin mourut en 1-380,
Clijfon, qui avoit recueilli fes derniers foupirs -, lui
fuceéda dans la qualité de connétable, & contribua
beaucoup à lavi&oire deRofebèque, en 1382.
Le temps ne put affoiblir la haine du duc de
Bretagne & de Clijfon. Celui-ci parut chercher les
moyens de la perpétuer. Jean, fils de Charles de
Blois, étoit refté en otage chez les Angiois, Clijfon
le délivra & lui donna fa fillp. Le duc de Bretagne
vit dans cette alliance un deflein marqué de le
troubler dans fa poffeflion , & de renouveller la
querelle des maifons de Montfort &. de Penthièvre
ou de Blois ; ils ’allarma ; il manda la nobleffe du
duché pour délibérer avec elle fur ies dangers qui
inenaçolent la province. Clijfon etoit alors en
Bretagne ; il fe rendit à Vannes comme les autres,
fur l'invitation du duc , il eft accueilli : après' dîner
le duc le rrièrîe voir le château de l'hermine, qu’il
faifoit bâtir fur le bord de la-' mér ; là , il le
'fait arrêter , enchaîner , jetter dans un cachot
.comme un criminel, & il ordonna à Bavalan ,
gouverneur de ce château , de faire jetter pendant
la nuit Clijfon dans la mer.
On fait coninient Bavalan, par fa fidelle défobéif-
fance, Cauvatout-à-la-fois Clijfon & le duc, comment
H attendit le moment du remord & du repentir
pour rendre la vie au duc défefpéré , en lui
annonçant que Clijjon étoit v iv an t.^ , de Voltaire
à fait de ce beau trait hiftorique le dénouement de
fon Adélaïde du Guefclin.
Leduc de Bretagne, trop heureux d’échapper aux
malheurs que Féxècution de fon crime eût entraînés,
devoit .s’emprefler de rendre à Clijfon la liberté;
il la lui vendit ; il fallut qu’il en coûtât à Clijfon
cent mille francs & quelques places pour avoir
C L I i-Sj
été outragé. Clijfon demanda juftice de tant d’affronts;
il jetta fon gagé de bataille, qui ne-fut point relevé ;
le roi obligea le duc de rendre l’argent & les places,
& ces deux ennemis parurent réconciliés.
Mais le duc de Bretagne voyoit toujours dans
Clijfon l’amant de la ducheffe fa femme ; il fe
croyoit outragé dans fon honneur, Clijjon l’avoit
été réellement dans fa perfonne ; de plus, Clijfon
étoit l’ennemi capital des Angiois, le duc étoit
leur allié. Enfin le duc & Cliffon avoient aufli
leurs différons partis à la cour de Charles V I ,
comme en Bretagne; le duc étoit ami des oncles
du roi, Clijfon Fétoit du duc d’Orléans. Lorfqiie
ce prince engagea Charles V 1 à régner par lui-
même , ce fut le duc d’Orléans qui régna , & Clijfon
gouverna fous lui. La fureur de ce dernier lui
fufeita un nouvel ennemi, qui fe chargea d’éxécu ter
le crime que le duc deBretagne n’avoit qu'ordonné.
Pierre dé Craon , Fuii des plus grands féigneui s
& des plus mêehans hommes de la cour de France,
étant tombé dans la difgrace du duc d'Orléans,
en aceufoit le c o n n é t a b l e & préparoit fa vengeance.
Tandis qu’on le croyoit en Bretagne auprès
du duc , dont il étoit parent, & avec lequel
il avoit des intelligences > il étoit caché à Paris. Un
foir, le connétable de Ci'ijon retournant de l’HÔtéi
Saint-Paul à fa maifon , qui occüpoit l’emplacement
où"eft aujourd’hui l’hôtel deSoübifé , ’ lorfqn?il
pafîoit dans la rue Culture Sainte-Catherine , une
foule de gens armés fe mêlent parmi fes domestiques,
on éteint les flambeaux, on fe jette fur
Clijfon. Il croit que c’eft un badinage du duc
d’Orléans. Monfeigneur , dit-il, par ma f o i , c ejl
mal fait ; maïs je vous : le pardonne , car vous êtes
jeune , & ce font tous jeux en vous. — Clijfon, il faut
mourir, répondit une voix terrible que_ Clijfon
reconnut d’abord. C’étoit Pierre de Craon, fiüvi de
quarante affaïEns. Le connétablè'fe défendit avec
fa valeur ordinaire; maisfuccombànt fous lé nombre,
il fut laiffé pour mort. Aprèsl’évafion des affaffins',
les domeftiques du connétable le reportèrent à fon
hôtel ; la connoiffance lui revint, il eut la confo^
lation, en ouvrant les y eu x , d e v o ir couler les
larmes du roi , qui', au premier bruit de cet
accident, étoit accouru chez lui au milieu de là
nuit tout en défordre , & qui le- recommandôit
affeétueufemeut aux médecins. Le roi vit mettre
l’appareil & nç fe retira qu’au jour, après s’être
bien affùré queles bleffuresn’étoient point mortelles.
Pënfej de vous , lui dit-il en le quittant , & ne vo:-rs
foucie^, point de rien : cat onqu.es' délit ne fut f i cher
MTÛendé fur les traîtres ,\ comme 'celui-cifera-, caria
chofe eft mienhe. ( 13 9 1 ,14 juin, )
Cependant Craon s’êtoit retiré dans fes terres,
s’applaudiiïant d’avoir abattu fon ennemi , & fe
flattant que Fauteur du crime feroit ignoré. B apprit
à Sablé que Clijfon n’étoit point mort. Il courut
alors chercher un afyle en Bretagne comte-la
vengeance du roi. Le duc, complice où non de
l’attentat de Craon , lui tint un difeours bien cou