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» de vie coule dans ces offemens arides & def-
» féchés.. . tous les membres de ce grand corps
» épuifé, toutes les parties de l’état fe rapprochent
» ol fe balancent.
» L’économie, l’économie! s’écrie M. Thomas;
» u ce nom facré tout état appauvri & ac-
» câblé fous le poids de l'es dettes , doit
» treflaillir comme un malheureux treflaille au
» nom d’une divinité bienfaifante. » Cette économie
fut le grand mérite du miniftère du cardinal de
Fleury ; les lettres de cachet , prodiguées aux
janféniiles, en furent la partie honteufe ; & cette
cruauté ü déplacée, étoit aufli indigne del’elprit
du cardinal, que de foa-caraélère. Il difoit des
jéfuites, que pour les rendre utiles, il falloit les
empêcher de fe rendre néceffaires : on a jugé depuis
qu’ils n’étoient ni néceffaires, ni utiles. La prédi-
leâion du cardinal de Fleury ètoit pour les Sulpi-
ciens, qui n’étoient pas décriés comme les Jéfuites,
pour l’ambition, mais que fa faveur alloit rendre
ambitieux. Eh! pourquoi des Jéfuites ou des
Sulpiciens auprès d’un miniftre ? pourquoi tirer des
religieux de leur cloître , ©u des féminariftes de
leurs écoles ? Les mémoires de l’abbé Mongon font
une fatyre un peu forte du ministère du cardinal
de Fleury ; mais enfin la France ne refpira que
fous ce miniftère.
Le cardinal de Fleury étoit né le 22 juin 1653;
3voit été fait évêque de Fréjus le premier novembre
1698. 11 fut nommé précepteur de Louis X V par
le teftamentde Louis XIV. Il fut reçu à l’académie
françoife en 1 7 1 7 , à l’académie des feiences en
1 7 2 1 , à l’académie des belles-lettres en 1723.!
fut fait cardinal le 11 feptembre 1726, cette même
année il devint le principal miniftre, St ce minif-
tè re , auquel fon âge de 73 ans faifoit croire
qu’on auroit à peine le temps de s’accoutumer,
dura dix-neuf ans. Le cardinal mourut le 29 janvier
1743. On v °ft f°n tombeau & fon épitaphe à
Saint-Louis du Louvre*
FLOD0 A R D , ( Hiß. litt, mod. ) un de nos
vieux chroniqueurs. Sa chronique contient l’hiftoire
de fon temps. Elle s’étend depuis l’an 919 jufqifen,
966, année de fa mort. Il eft aufli l’auteur d’une
Hifloire de Véglïfe de Rheims , depuis fa fondation
j ujqu’en p4p. Il avoit été chanoine de cette églife.
FLONCEL, ( A l b e r t F r a n ç o is ) cenfeur
royal , connu par fon goût pour la littérature,
italienne, par le nombre & le choix de fes livres
italiens, né à Luxembourg en 1697, mort en 1773,
F LO R A , ( Hiß. rom. ) courtifanne célèbre àr
Rome, aimée du grand Pompée , qu’elle aimoit &
qui, l’ayant cédée, malgré elle, à fon ami Geminins,
cefîa de la v oir , pour n’avoir pas fous les yeux la
grandeur de fon facrifice.; elle en fut malade de
douleur, C’eft. le. fujet d’une, hér.ojde de M. de.
Fontenelle*
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FLORAUX. ( Je u x ) ( Hiß. Hu. m o d . ) Les
romains avoient des jeux floraux, inftitués en l’honneur
de Flora, déefle des fleurs. Nous avons aufli en
France des jeuxfloraux.,qui furent inftitués en 1324.
On en doit le projet & l’établiflement à fept
hommes de condition , amateurs des belles-lettres,
qui, vers la Touflaint de l’an 1323 , réfolurent
d’mviter, par une lettre circulaire, tous les troubadours
ou poètes de Provence, à fe trouver àTou-
loufe le premier de mai de Tannée fuivante, pour
y réciter les pièces de vers qu’ils auroient faites,
promettant une violette d’or à celui dont la pièce
feroit jugée la plus belle.
Les capitouls trouvèrent ce deffein fl utile &
fi beau, qu’ils firent réfoudre au confeil de v ille ,
qu’on le continueroit aux dépens de la v ille, ce qui
fe pratique encore.
En 1325, on créa un chancelier & un fecrétaire
de cette nouvelle académie. Les fept inftituteurs
prirent le nom de mainteneurs, pour marquer qu’ils
le chargement du foin de maintenir l’académie
naiflante. Dans la fuite’ on ajouta deux autres prix
à la violette, une églantine pour fécond prix , &
une fleur de fouci pour Æoifième; il fut aufli réglé
que celui qui remporteroit le premier prix , pour-
roit demander à être bachelier, & que quiconque
les remporteroit tous trois, feroit créé doéteur en
gaie fcience , s’il le vouloir, c’eft-à-dire, en poéfie.
Lés lettres de ces degrés étoient conçues en vers ;
Tafpiraot les demandoit en rimes, & le chancelier
lui répondoit de même. DiÜionn. de Trévoux &
Chambers.
Il y a un regiftre de ces jeux à Touloufe qui
rapporte ainfi leur établiffement : d’autres difent
au contraire que c e toit une ancienne coutume,
que les poètes de Provence s’affemblafîènt à
Touloufe pour lire leurs v e rs , & en recevoir le
prix, qui fe donnoit au ,j 11 genre fit des anciens;
que ce ne fut que vers 1540 , qu’une dame de
condition , nommée Clémence Ifaure , légua la
meilleure partie de fon bien à la ville de Touloufe ,
pour éternifer cet ufage, & faire les frais des
prix, qui feroient des fleurs d’or ou d’argent
de différentes efpèces.
La cérémonie des jeux floraux commence le
premier de mai, par une mefTe folemnelle en
mufique ; le corps de ville y aflifte. Le 3 du mois
>on donne un dîné magnifique aux perfonnes les
plus confidérabîes de la ville : ce jour-la on juge
-les prix, qui font au nombre de cinq; un prix
! de difcours en profe, un prix de poème, un
Iprix d’ode, un prix d’Jéglogue, & un prix de
Tonnet. Arnaud Vidai de Caftelnaudari remporta
le premier en 1324, la violette d’or.
Les jeux floraux ont été érigés en académie par1
lettres patentes en 1694; le nombre- des acadér
’ miciens eft de quarante, comme à l’académie
1 françoife.
| FLORENCE, ( état'dè) (Mifl. mod.) cet état
*étou au eommeneerrienr une république1, défit la’
coftitutiofl
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conftitution mal-entendue ne manqua pas de Tex-
pofer à des troubles, à des partis & à des
fanions fréquentes: cependant par la force de la
liberté, non-feulement le peuple y étoit nombreux,
mais le commerce & les arts y fleurirent juf-
qu’au temps qu’elle perdit, avec fa liberté , fa
vigueur & fon opulence. Il eft vrai qu’elle a ete
guérie de ces émeutes , mais par un remède pire
que le mal, par la fervitude , la misère qui en
eft le fruit, & la dépopulation qui l’accompagne
d’ordinaire : inflrumenta fervitutis & reges habuit.
Foye{ T hifloire de Florence, depuis le commencement
de cet état jufqu’à nos jours, & vous
ferez convaincu de cette vérité. { D . J . j
FLORENT CHRETIEN, ( Voye^ C h r é t ie n . )
FLORIDE, (le marquis.de la) ( Hifl.mod. )
officier efpagnol attaché au parti de Philippe V ,
commandoit dans la citadelle de Milan en 1706.
Le prince Eugène, maître de la ville, le fit fom-
nrer de fe rendre dans les vingt-quatre heures.
Il répondit : J'ai défendu vingt-quatre places pour les
rois d’Efpagne, mes maîtres, <S> f a i réfolu de me faire
tuer fur la brèche de la* .vingt-cinquième. Le prince
Eugène convertit le fiége en blocus.
FLORIEN, (M a r c u s - A n t o n iu s -Flo r ia n u s ) ,
(Hiß. rom. ) frère utérin de l’empereur Tacite.
Cet empereur demanda pour ce frère le confulat ;
le fénat ofa le refufer, alléguant qu’il n’y avoit
point de place vacante. L’empereur ne s’offenfa
point du refus; au contraire, il le regarda comme
un hommage rendu à la modération de fon caractère
: ils favent, dit-il, quel e f l le prince qu’ils ont
mis en place. Il fit Florien préfet du prétoire.
Florien voulut fuccéder à Tacite ; il arma contre
Pi obus qui avoit été proclamé par l’armée d’Orient.
Rome & l’Occident reconnurent Florien ; Probus
eut ppur lui l’Orient. Florien s’avança au - deyant
de fon rival jufqu’à Tarfe en Cilicie ; mais ayant
été battu dans un premier combat, & la compa-
raifon du mérite des deux concurrens ne lui
étant pas favorable, fes foldats même lui ôtèrent,
la vie, & fe fournirent à Probus Tan de J. C. 2761
FLORIMOND DE REMOND, (Hifl. mod.) con-
feiller au parlement de Bordeaux au feizième fiécle,
catholique d’un zèle amer, auteur de l’ouvrage
Intitulé : de l ’Origine des Héréfies, qui eft bien plus
un fattum contre Luther & Calvin, qu’une véritable
hifloire du temps. Il prétend que Calvin
mourut défefpéré, en blafphénaant Dieu, en invoquant
le Diable , en fe maudifTant lui-même.
Théodore de Bèze , qui étoit ‘à Genève, & qui.
reçut les derniers foupirs de Calvin , afîlire que
ce léformaceur expira paifiblement en louant Dieu :
il eft vrai qu’il étoit fon ami, & , pour ainfi dire ,
fon lieutenant. En général , Florimond de Rémond
mérite 6c obtient peu de confiance,; cependant,
Hifloire. Tome IL Seconde paru
F L O So t
quelque déterminé qu’il foit à condamner fur tous
les points les proteftans, & à juftifier fur tous , 1er
catholiques , il eft obligé d’abandonner ceux-ci
fur l’article de la vente des indulgences, « On
v ne peut nier, dit-il, qu’il n’y eût de Tabus,
» de l’ordure -& de la vilenie en ces avares quef-
teurs. Mort en 1602.
FLORUS, ( L u c ius A nnoeus Ju l iu s ) (Hiß.
litt. anc. ) hiftorien latin très-connu, étoit de cette
famille des Annéens, dont étoient aufli Lucain 8c
Sénèque. Son abrégé de THiftoire Romaine a été
traduit en françois , fous le nom de Monfieur ,
frère de Louis ^.IV. On croit cette fradu&ioa
de M. le V a y e r , fils de celui qui avoit été
précepteur de Monfieur.
Spartieu rapporte que l’empereur Adrien &
F/ora-ys?exerçoientquelquefois, en badinant, à faire
des vers Tun contre l’autre : on a un de ces badinages.
Florus , comme de raifon , ménageoir ou
flattoit l’empereur ; il le plaignoit de tous les mo i f -
vemens que les affaires de l’empire l’obligeoknt de
fe donner , & déclare qu’il ne voudroit pas être
à fa place.
Ego nolo Cafarejfe ,
j4mbulare per Entonnas ,
S.cytkicas pati pruinas.
L’empereur, moins obligeant dans fa réplique,
reproche à Florus de fréquenter les cabarets :
Ego nolo Florus ejje
A.a.bulare per tabernas ,
Latitare per popinas ,
Calices pati rotundos.
F LO T T E INVINCIBLE. (Hiß. mod. ) ’ Ceft
le nom que Philippe II donna à la floue qu’il avoit
préparée pendant trois ans en Portugal, à Naples
& en Sicile , pour détrôner la reine Elifabeth. .
Les Efpagnols en publièrent une relation emphatique
non-feulement dans leur langue , mais
en brin, en françois & en hollandois. M. ' de
Thoü . qui avoit été lien informé de l'équipement
de cette flotte, par Tambafladeur de S. M. C .
à la cour de France rapporte qu’elle contenoit
huit mille hommes d’équipage , vingt mille hommes
de débarquement, fans compter la noblefle
& les volontaires ; & qn’en munitions de guerre,
il y avoit fur cett e flotte douze mille boulets, cinq
mille cinq cents quintaux de poudre, dix mille
quintaux de balles, fept mille arquebufes, dix mille
haches , un nombre immenfe d'inftrumens propres
à remuer ou à tranfporrer la terre , des chevaux
& des mulets en quantité, enfin des vivres f&
des provifions en abondance pour plus de fix
mois..
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