
être* de ce que 3’on donnoit àu roi de Tépînette
une petite épine pour marque de fa dignité, &
qu’il alloit tous les ans en pompe honorer la fainte
épine, que les dominicains de Lille prétendent
pofféder dans leur églife. Il mangeoit chez ces
pères avec fes chevaliers le dimanche des rameaux,
ik y affiftoit à tous les offices de la femaine-
fainte. Hiß* de Tacad. des belles-lettres.
C’eft de cette manière qu’on affocioit alors la
dévotion aux fpeétacles profanes , aux feftins, aux
joûtes, aux tournois, aux combats particuliers.il
y avoit auffi dans les mêmes fiècles d’autres fêtes
plaifantes, telle qu'étoit celle de Bourgogne , nommée
la compagnie des fous. Enfin on .célébrait
même encore de la façon la plus fcandaleufe
dans les églifes de la partie feptentrionale &
méridionale de l’Europe, en Flandre, en France
& en Efpagne , la fameufe fêtes des fous, fi connue
par fon indécence & fon extravagance.
Article de M* le chevalier p_E Jaucourt.
EPIPHANE, (Saint) {Hiß, eccleßaß. ) évêque
ideSalamine au IVe fiècle, eft au nombre des pères
de l’Eglife. La meilleure édition de fes oeuvres efi
celle qu’a donnée le P. Pétau avec une verfion
latine & des notes. Né en 320, mort en-403.
Epiphane, dit le fcolaftique, ami de Caffiodore,
traduifit en latin les hiftoires eccléfiafiiques de
Socrate, de So.zomène , de Théodoret ; c’eft fur
fa verfion que Caffiodore compofa fon Hißoire
Tripartite. Il viv.oit dans le Vie fiècle.
EPISCOPAUX, (Hiß. inod. d’Angl. ) c’eft le
nom qu’on donna en Angleterre fous Jacques I , à
ceux qui adhéraient aux rits de l’églife anglicane,
par oppofition .aux cal vinifies, qu’on appefla Pref-
bytènenSf
Dans la fuite, finis Charles I , ceux qui fui voient ~
le parti du roi furent nommés épifcopaux rigides,
& les parlementaires, presbytériens rigides*
Quand Charles II fut monté fur le trône,
les différentes branches des deux partis commencèrent
à fe mieux distinguer ; & comme ils fe
rapprochèrent, ils formèrent les deux branches
de Vighs & de Torys mitigés, par rapport à la
religion , ffe même que par rapport au gouvernement.
Il faut fe mettre au fait du fens qu’ont eu tous
ces divers mots , fuivarit les temps oc lesconjonc-
tures, pour bien entendre l’hiftoire d’une nation
libre, 6c par confisquent toujours agitée, où les
deux partis qui dominent dans l’état, échauffés
par les difputes, animés de pîufieurs paffions, fe
distinguent par des fob'riquets ? par des noms particuliers
plus ou moins odieux ; ces noms changent
fouvent, augmentent de force ou s’adouciffent,
fejon que le peuple, inquiet fur fa fituation,
groffit l’objet de fes craintes, ou revenant des
^mpreffions violentes qu’on lui a données, appaife
fes frayeurs, rentre dans le calme, & fe fert
alors dans chaque parti de termes q^lus modérés
que ceux qu’il employoit auparavant.
De tous les feétaires les épifcopaux font ceux qui
font le moins éloignés de l’églife romaine, pour
ce qui concerne la difciplise eccléfiaftique ; ils
. ont des évêques , des prêtres, des chanoines, des
.curés, & autres miniftres inférieurs, & un office
qu’ils appellent liturgie. Il eft vrai que les catholiques
ne conviennent pas que l’ordination des mi-
niftres de cetÆ fbciété foit légitime & valide : on
a agité cette queftiofi avec beaucoup de chaleur
il y a un demi - fiècle ; le P. le Courayer ,
chanoine & bibliothécaire de Sainte-Geneviève,
aujourd’hui réfugié en Angleterre & doéleur
d’Oxford, ayant écrit en faveur des anglicans ,
fa differtation a été réfutée par le P. Hardouin,
jéfuite, & par le P. le Quien, jacobin réformé, fans
parler de deux ou trois autres théologiens qui font
encore entrés en lice, &. auxquels le P. le Cour
rayer a répliqué.*
Les Epifcopaux, outre ces titres, ont retenu
une grande partie du droit canon & des décréi aies
des papes pour la difcipline & la police eccléfiafi-7
tique. Leur liturgie , qu’ils nomment autrement le'
livre des communes prières, contient non-feulement
leur office public, qui efi prefque le même que
celui de l’églife latine, mais encore la manière
dont ils adminiftrent les facremens. Ils ont l’office
des matines qu’ils commencent par Domine , labia
nofira aperies ; enfuite on chante le pfeaume Venite9
puis les pfeaumes & les leçons de chaque jour ;
ils difent auffi le cantique Te Deum, & quelques
pfeaumes de ceux que nous lifons dans l’office de
laudes. Ils commencent auffi leurs vêpres par les
verfets Domine, labia nofira aperies, & Deus in
adjutorium, &c. puis ils récitent les pfeaumes propres
au jour, & ils ont à cet effet un calendrier
où font marquées les fériés & les fêtes fixes ou
mobiles , ayant pour chacune des offices propres.
Ils célèbrent auffi les dimanches, & diftinguent
ceux de Pavent, d’après l’épiphanie, d’après la
pentecôte, ceux de la feptuagéfimè, fexagéfime,
quinquagéfime, trinité, &c. ils ont pour chacun
de ces jours des collefies ou offices du matin,
pour tenir lieu de lameffe, qu’ils ont abolie, &
dont ils ont profçrit jufqu’au nom. On y récite
l’épître, l’évangile, quelques oraifons, 1 e Gloria
in excelfis, le fymbole,'des préfaces propres à
chaque folemnité ; mais ils ont réformé le canon
dç la méfié, & font leur office en langue vulgaire
pour être entendus du peuple. La manière dont
ils adminiftrent les facremens eft auffi marquée
dans çe livre , $£. eft peu différente de la nôtre:
le miniftre qui les baptife , après avoir prononcé
les paroles facramentelles , je te baptife au nom du
père, &c. fait un ligne de croix fur le front de
l’enfant. L’évêque donne auffi la confirmation eji
impofantles mains fur la tête desenfans, & récitant
E P I
quelques oraifons auxquelles il ajoute fa bénédiélion.
Enfin on trouve dans cette liturgie la manière
d’ordonner les prêtres, les diacres, &c. la forme
de bénir le mariage, de donner le viatique aux
malades, & pîufieurs autres cérémonies fort fem-
blablesà celles qu’on pratique dans l’églife romaine:
par exemple, ils reçoivent la communion à genoux;
mais ils ont déclaré qu’ils n’adoroient point l’eucha-
riftie, dans laquelle ils ne penfent pas que Jéfus-
Chrift foit réellement préfent : fur ce point, &
fur prefque tout ce qui concerne le dogme, ils
conviennent avec les calviniftes. Cette liturgie
fut autorifée fous Edouard V I , la cinquième ou
fixième année de fon règne, par un aâe du parlement
, & confirmée de même fous Elifabeth. Les
évêques, prêtres, diacres & autres miniftres épifcopaux
peuvent fe marier, & la plupart le font.
Leur églife eft dominante en Angleterre & en
Irlande ; mais en Ecoffe , où les presbytériens & les
puritains font les plus forts, on les regarde comme
pon-conformiftes r ceux-ci, à leur tour, ont le
même nom en Angleterre ; on les y laifle jouir
des mêmes privilèges que les anglicans, & cela
fans reftriâion : ils ne font pas même aflùjettis
au ferment du teft ; & lorfqu’on les met dans
des emplois de confiance, on leur fait feulement
prêter ferment au gouvernement* Quant aux miniftres
épifcopaux, ils font fujets à pîufieurs loix
pénales, fur-tout s’ils refufent de prêter les fermens
du teft & de fuprématie. (G)
EPITROPE, f. m. (Hifi. mod.} forte de juge ,
©u plutôt d’arbitre que les chrétiens grecs, qui
vivent fous la domination des Turcs, choififfent
dans pîufieurs villes pour terminer les différends
qui s’élèvent entre eux, & pour éviter de porter
ces différends devant les magiftrats turcs.
Il y a dans chaque ville divers épitropes : M. Spon
remarque dans fes voyages, qu’à Athènes il y
en a huit, qui font pris des différentes paroiffes
& appellés vecchiardi, c’eft-à-dire vieillards. Mais
Athènes n’eft pas le feul endroit où il y ait des
épitropes : il y en a dans toutes les ifles de l'Archipel.
Quelques auteurs latins du cinquième fiècle
appellent épitropi, ceux qu’on appelloit plus anciennement
v i l l i c i & qu’on a dans la fuite appellés
vidâmes.
Dans des temps encore plus reculés, les Grecs
employoient le terme fîr/rpoVc? dans le même fens
que les Latins employoient celui de procurator :
c’eft-à-dire,que ce motfignifioit chezeux un commif
fionnaire ou intendant.
Ainfi les commillionnaires des provifions dans,
les armées des Perfes font appellés épitropi par
Hérodote & Xénophon : dans le nouveau Tef-
tament , fignifie le Jlewa.rd ou fupérieur
d’une maifon, que la Vulgate traduit par procurator.
Dift. de Trévoux 6* Chambers* (G )
E P O
EPONINE. (voye^ Sa b in u s . )
EPREUVE, f. f. ( Hiß. mod. ) manière de juger
& de décider de la vérité ou de la fauffeté des
accufations en matière criminelle, reçue & fort
en ufage dans le neuvième, le dixième & le
onzième fiècles, qui a même fubfifté plus longtemps
dans certains pays, & qui eft heureufement
abolie.
Ces jngemensétoient nommésjfugemens de Dieu9
parce que l’on étoit perfuadé que l’événement de
ces épreuves, qui auroit pu en toute autre occa-
fion être imputé au hafard , étoit dans celle-ci un
jugement formel, par lequel Dieu faifoit connoître
clairement la vérité en puniffant le coupable.
Il y avoit pîufieurs. efpèces d'épreuves : mais
elles fe rapponoient toutes à trois principales r
favoir le ferment, le duel, & l’ordalie ou épreuve
par les élémens»
L’épreuve par ferment, qu’on nommoit aufti
purgation canonique, fe faifoit de pîufieurs manières 1
l ’aecufé qui étoit obligé de le prêter, & qu’on
nommoit jurator ou facramentalis, prenoit une
poignée d’épis, les jetoit en l’air, en atteftant le
ciel de fon innocence r quelquefois une lance &
la main, il déclaroit qu’il étoit prêt à foutenir
par le fer ce qu’il affirmoit par ferment ; mais
î’ufage le plus ordinaire , & celui qui fubfifta
le plus longtemps, étoit de jurer fur un tombeau ,
fur des reliques, fur l’autel, furies évangiles. On
voit par les lois de Childebert, par celles des
Bourguignons & des Frifons, que l’accufé étoit
admis à faire jurer avec lui douze témoins, qu’on
appelloit conjuràtores, ou compurgatores.
Quelquefois, malgré le ferment de l’accufé».
l’accufateur perfiftoit dans fon accufation ; & alors
celui-c i, pour preuve de* la vérité, & l’accuféy
pour preuve de fon innocence, ou tous deux enfem-
ble, demandoient le combat. Il falloit y être autorifé
par fentence du juge, & c’eft ce qu’on appelloit
épreuve par le duel.
Nous ajouterons feulement ici que, quoique certaines
eirconftances marquées par les lois faites à
ce fujet, & les difpenfes de condition & d’état,,
empêchaflent le duel en quelques occafions, rien
n’en pouvoit difpenfer, quand on étoit accufé
de trahifon : les princes du lang même étoit obligés
au combat.
Nous obferverons encore que Yépreuve par le-
duel étoit fi commune , & devint fi fort du goût
de ce temps-là , qu’après avoir été employée dans
les affaires criminelles, on s’en fervit indifféremment
pour décider toutes fortes de queftiot-s, foit
publiques-, foit particulières. S’il s’éleveit une dif-
pute fur la propriété d’un fonds, fur l’état d’une
perfonhe, fur le fens d’une loi ; fi le droit n’étoit
pas bien clair de part & d’autre , on prenoit des