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dans un fauxbourg de la v ille , un hôpital pour
les écrouelleux, qui , dans le deffein de fe faire
toucher par le roi, arrivoient en foule des pro- |
vinces & des pays étrangers à Paris, où ils n’a-
voient aucune r e t r a i t e ...... Mais les defordres
des guerres civiles firent échouer ce beau projet.
Nous lifons dans l’hiftoire, que Pyrrhus avoit la
vertu de guérir les rateleux, c’eft-à-dire, les per-
fonnes attaquées du mal de rate, en prefiant feulement
de fon pied droit ce vifcère tdes malades
couchés fur le dos 'r & qu’il n’y avoit point d’homme
fi pauvre ni fi abjeâ, auquel il ne fît ce remède
toutes les fois qu’il en étoit prié. C ’eft donc
une vieille maladie des hommes, & une très-ridicule
maladie des Anglois , de croire que leurs rois
©nt la vertu exciufive de guérir certains malades
«n les touchant, puifqu’en voici un exemple qui
remonte à environ deux mille ans. Mais après
nos réflexions, & la. vue de ce qui fe paffe aujourd’hui
à Londres, il feroit ridicule de vouloir fou-
tenir la vérité de cette prétendue vertu de Pyrrhus ;
auflï les Cotta, du temps de Cicéron, s’en moc-
quoient hautement , & vraifèmblablement les
Cotta de la Grande-Bretagne ne font pas plus crédules,
Art» de M. le chevalier D£ J AU COU RH*
E C U Y E R , G r a n d -Ec u y e r d e F r a n c e ^ B î f i .
mod ) Le furintendant des écuries de nos premiers
rois étoit nommé comte ou préfet de Vétable ;
il veilloit fur tous les officiers de l’écurie ; i l por-
toit Pépée du roi dans les grandes occafions, ce
qui le faifoit nommer le protofpataire r en fon ab-
fence il y avoit un officier qui remplifloit fes fonctions
r que l’on nommoit fpataire*. Lorsque le commandement
abfolu des armées fut donné au connétable
& aux maréchaux de France, le fpataire,.
qui fous eux étoit maître de l’écurie, en eut toute
la furintendance. Il y avoit fous Philippe-le-Bel,,
en 1*94 > un Roger furnommé Uécuyer à-caufe de
fon emploi, qui étoit qualifié de maître de Vécurie
du r o i titre qui a paflé à fes fuccefleurs. En 13 16,.
Guillaume Pifdoë fut créé premier écuyer du corps,
& maître de l’écurie du roi. On connoiflbit dès-
lors quatre écuyers du roirdeux dévoient être toujours
par-tout où étoit la cour l’un pour le corps *
c’eft le premier écuyer ^ l'autre pour le tyn e l, c’eft-
à-dire , pour le commun, qui fe qualifioit auffi de
maître de Vécurie du rai ; avec cette différence pourtant,
que ceux du. tynel dépendoient des maîtres
de l’hôtel, & ne pouvoic-nt s’éloigner fans leur
congé ; au lieu que celui du corps ne prenoit congé
que du roL Le titre qu’avoit porté Guillaume
ïifdo ë , fut donné à fes fucceffeurs jufqu’à Phi-
Eppe de Gerefmes, qui, par lettres - patentes du
19 fèptembre .1399 , fut créé écuyer du corps , &
grand-maître de l’écurie du roi. Tanneguy-du-Chafi
te l, pourvu de la même charge fous Charles V I I ,
fut quelquefois qualifié de grand-écuyer. Jean de
Gargufîfalle fe donnoit cette qualité en. 1470, Au
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commencement du règne de Louis XT, Alain
Goyon fut honoré par le ro i, du titre de grand-
écuyer de Francs , & ce titre eft refté à tous fes
fucceffeurs en la même charge-
Le grand- écuyer prête- ferment entre les mains*-
du ro i, & prefque tous les autres officiers des écu*
ries le prêtent entre les fiennes. Il difpofe des.
charges vacantes de la grande & petire écurie, &
de tout ce qui eft dans la dépendance des écuries
ce qui eft très-confidérable , tel que des charges &
offices d'écuyers de la grande écurie de fa majefté,..
des écuyers-cavalcadours, des gouverneurs ,. fous-
gouverneurs, précepteurs & maîtres des pages ,&c,-
La grande écurie a particulièrement foin deschevaux
de guerre 6c des chevaux de .manège ; elle
entretient néanmoins’nombre de coureurs pour les-
chaffes, que le roi monte, quand il le juge à propos.
Le grand-écuyer ordonne de tons les fonds qui
font employés aux dépenfes de la grande écurie:;
du roi & du haras, de la livrée de la grande &
petite éeurie, & des habits de livrée pour plu-
1 fieurs corps d’officiers de la maifon du roi.
Nul écuyer ne peut tenir à Paris , ni dans aucune
ville du royaume, académie de gentilshommes-
pour monter à cheval, & autres exercices , fans.,
la permiffion formelle du grand-écuyer de France.
Le roi fait1 quelquefois l’Honneur au grand-écuyer-
dé lui donner place dans fon carroffe ; & il peut*
marcher proche la perfonne de fa majefté, quand^
lè roi eft à cheval à la campagne. Le grand-écuyer~
fefert des pages, des valets-de-pied & des chevaux
de la grande écurie-
Aux entrées que le roi: fait à cheval dans les-
villes de fon royaume, ou dans des villes con-~
quifes où il eft reçu avec cérémonie, le grand-
écuyer marche à cheval direâement devant la per—
fonne du ro i, portant l’épée royale de fa majefté*
dans le fourreau de velours bleu , parfemée de:
fleurs-de-lis d’on, avec le baudrier de même étoffe.^
fon cheval caparaçonné de même : de - là vient
qu’il met cette épée royale aux deux côtés de l’écu,
de fes armes..
Le grand-écuyer marcha de cette forte à la cérémonie
faite à la majorité de Louis X IV , en 1651 ,
à l’entrée de leurs majeftés en 1660. Il a aufir
féance au lit:de juftice. à côté du grand - chambel»
lan, qui s’affied toujours aux pieds du roi dansées
fortes de cérémonies; ce qui s’eft pratiqué au.
lit de juftice pour la majorité du roi Louis X V , le.:
22 février 1723, où l’on a vu le grand- écuyer immédiatement
devant fa majefté , portanr l’épée
royale „ s-’affeoir à la droite du roi-, au bas des premiers
degrés du lit de juftice, & de même dans
les occafions fubféquentes..
Le grand-écuyer de France d’aujourd’hui, eft M .fo
, prince de Lambefc,. depuis 1.761..*
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Ecuyer • commandant l a grande eourie
t»u Roi. La fonétion de cette charge eft de commander
en l’abfencedu grand - écuyer de France , 1a
grande écurie & tous les officiers qui en dépendent.
Cet officier prête ferment de fidélité entre
âjs mains du grand - écuyer» Il a droit de fe fervir
des pages de la grande écurie, de faire porter la
livrée du roi à fes domeftiques, & il a fon loge-
jnent à la grande écurie. Indépendamment de
Xécuyer - commandant, il y a trois ecuyers ordinaires
de la grande écurie, cinq écuyers de cérémonie
, & trois écuyers-cavalcadours.
Ecuyer , premier Ecuyer. La charge de premier
.écuyerdu roi ëft très-ancienne: par les titres de la
chambre des comptes , principalement par les
comptes des tréforiers des écuries, ©n voit qu’il
•y a eu diftinélement une petite écurie du roi,
Cette charge eft poffédée aujourd’hui, & depuis
1774, par M. le duc de Coigny. M. le marquis
d e Coigny a été reçu en furvivance en 1783.
Le premiey écuyer commande la petite écurie du
* o i, c’eft-à-d ire , les chevaux dont fa majefté fe
fort le plus ordinairement, les carroffes, les calèches
, les chaifes roulantes & chaifes à porteurs :
I l commande aux pages & valets*de-pied atta- 1
chés au fervice de m petite écurie, desquels il a
droit de fo forvir, comme auffi des carroftes 6c
^chaifes du roi.
Une des principales fondions du premier écuyer,
e ft de donner la main à fa majefté, fi elle a be-
foin d’aide pour monter en carroffe ou en chaife ;
& quand le roi eft à cheval, de partager la croupe
d u cheval de fa majefté avec le capitaine des
gardes, ayant le côté gauche, qui eft celui du raofl-
îoir.
C ’eft le premier écuyer, lorfqu’il fe fait quelque
détachement de la petite écurie pour aller fur la
■ frontière conduire ou chercher un prince ou une
fjrinceffe , qui préfente au roi l'écuyer ordinaire de
fa majefté ., ou un écuyer de quartier, pour être
.commandant de ce détachement.
Dans les occafions où le roi fait monter quelq
u’un dans fon carroffe, il fait l’honneur à fon premier
écuyer de lui donner place.
Le premier écuyer a place au lit de juftice, conjointement
avec les capitaines des gardes-du-corps
le capitaine des cent-fuiffes qui le précèdent,
fur un banc particulier au-deffous des pairs ecclé-
fiaftiques : cela s’eft pratiqué ainfi , le roi féant en
fon lit de juftice, le 12 feptembre 1715 , & le zz
février 1723..
Sous le premier écuyer font un écuyer ordinaire
commandant la petite écurie, deux autres écuyers
, ©rdinaires , des écuyers - cavalcadours , & vingt
écuyers en charge, qui fervent pour la perfonne du
$roi par quartier. Il ne faut pas confondre les ecuyers
<du roi avec ceux dont il eft parlé du temps de Char-
|^s y i , fous le nom d'écuyers du corps du roi', car
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Ceux*ci étoient une garde à cheval compofée
d'écuyers, c’eft-à-dire , de gentislhommes, qu’on
appelloit dans ce temps irnÿers du corps. Hifi. de la
milice françoife , tome 11. Annotations fur l'hifloire
de Charles V I , fous l’an 1410.
Les écuyers du roi ont feuls les fondions du grand
& du premier écuyer, en leur abfence, pour le fer-
vice de la main.
Les écuyers du roi fervans par quartier, prêtent
ferment de fidélité entre les mains du grand-maître
de la maifon du roi. L’écuyer de jour doit fe trouver
au lever & au coucher du ro i, pour favoir
fi fa majefté monte à cheval. Si le roi va à la
chaffe & prend fes bottes , Xécuyer doit lui mettre
fes éperons; il les lui ôte aulfi. Soit que le roi
monte à cheval ou en carroffe , Xécuyer le fuit à
cheval. Pendant la journée, les écuyers fuivent &
entrent par-tout où le roi eft, excepté le temps
où le roi tiendroit confeil ou fouhaiteroit être
feul; alors l'écuyer fe tient dans le lieu le plus
prochain de celui oit eft le roi. Vécuyer fuit toujours
immédiatement le cheval ou le carroffe de fa majefté.
Le roi venant à tomber, Xécuyer foutient ou
relève le roi ; il préfenteroit fon chev al, fi celui
de fa majefté étoit bleffé , boiteux ou rendu, fort
à la chaffe, foit à la guerre.
Dans la marche ordinaire , & au cas que le
grand on premier écuyer n’y foient pas, l’écuyer de
jour partage la croupe du cheval que le roi monte ,
avec l’officier des gardes ; mais il prend le côté
gauche, qui eft celui du montoir. Dans un détroit,
dans un défilé , il fuit immédiatement, parce qu’en
cette rencontre, & à caufe du fervice, l’ officier
des gardes le laiffe paffer avant lui. Le roi paffant
fur~un pont étroit, l'écuyer met pied à terre &
vient tenir l’étrier de fa majefté , de crainte que
le cheval du roi ne bronche ou ne faffe quelque
faux pas. Si le grand ou le premier écuyer fuivoit le
ro i, il tiendroit l’étrier de la droite, & Xécuyer de
quartier ou de jour, celui de la gauche.
Si-tôt que le roi a des éperons, s’il ne met pas
fon épée à fon côté, Xécuyeràe jour la prend en fa
garde. Si le roi de deffus ton cheval laiffe tomber
quelque chofe, c'eft à Xécuyer à la lui ramaffer , &
à la lui remettre en main. A l’armée , Xécuyer du
roi fert d’aide de camp à fa majefté: un'jour de
bataille, c’ eft à Xécuyer à mettre 'au roi là cuiraffe
& fes autres armes.
E C U Y E R , premier Ecuyer-tranchant. ( Hifi. mod. J
Le premier écuyer- tranchant exerce, ainfi que le
grand-pannetier & le grand-échanfon , aux grands
repas de cérémonie, comme à celui du facre du
roi, le jour de la cène, & aux jours d’une grande
folemnité, tel que feroit le jour d’une entrée du
roi & de la reine.
Dans le nombre des gentishommes ■ fervans
pour le fervice ordinaire du roi, i l y a douze gen-
1 tishommes - pannetiers, douze genthhommes-
Ese z