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Chanta fa vi&oire. Il étoit dans l’armée dé Philippe
I I , à la bataille de Saint-Quentin, en 1557.
ERIC, ou H e n r i , (Hijloire de Danemarck) nom
commun à plufieurs princes du Nord; quelques
liiftoriens de Danemarck parlent de deux Erics,
l ’un qui régnoit vers 846, l’autre vers 860, & qui
tout deux s’opposèrent d’abord au progrès de l’Evang
ile , & finirent par le protéger; mais- comme il
eft douteux qu’ils aient été rois de Danemarck,
& qu’on a foupçonné qu’ils n’étoient qu^. des
princes tributaires de cette couronne, nous regarderons
comme le premier roi de ce nom celui
que quelques chroniques, fufpe&es ne placent que
le troifièrne.
Eric I , roi de Danemarck : il étoit le quatrième
des fils de Suénon II. Après la mort d’Olaüs foii
frère, les états le couronnèrent en 1095 ; il fit aux
Vandales une guerre opiniâtre, inonda de fang leur
capitale, la livra aux flammes, ravagea leurs campagnes
, & fit ouvrir le ventre & déchirer les entrailles
des prifonniers : tout couvert du fang d’une
nation belliqueufe, il n’ofa punir l’audacieux archevêque"
de Brême, qui vouloit affujettir tout le Dane-
marck à fa jurifdidion ; il en appella au pape , &
client du faint fiége, alla humblement plaider fa
caufe à Rome contre fon vaffa.1 ; il obtint la canoni-
fation de Canut IV , alla vifiter la Terre fainte, &
mourut en Chypre l’an n o ^ , après avoir, fait
beaucoup de mal à fes voifins & peu de bien à
fes fujets. L’hiftoire le p^eint cependant affable,
éloquent, libéral, fur tout envers les gens d’églife.
[M . de Sacy. )
I^Eric II, furnommé pied de lièvre & illujlre ,roi
ce Danemarck. On lui donna le premier de ces
furnoms lorfque fuvantdevant fes ennemis il erroit
de retraites en retraites, fans fecours, fans amis;
&. le fécond, lorfque forti de fon afyle, plus terrible
que jamais, il écrafa fes perfécuteurs au milieu de
leurs triomphes.il étoit fils d’Eric le Bon; mais, né
d’une alliance adultère, il perdit par fa naiffance les
droits que fes hautes qualités pouvoient lui donner
fur le trône. Canut fon Frère ayant été affaffmé par
Magnus, fils du roi Nicolas l’an 1133 » ü affembla
la nation, cria vengeance, & le même cri fut répété
par les Danois ; on cour ut aux armes, & pour venger j
la mort d’un homme, on en égorgea des milliers. !
Eric fut proclamé roi par les Zelandois & les Sca- {
nien$; l’empereur Lothaire appuya cette révolu- I
tion ; il efpéroit, en plaçant Eric fur le trône , 1
compter un vaffal de y lus parmi estêtes couronnées, j
& rendre le Danemarck tributaire de l’Empire. Le j
nouveau roi chercha avec plus d’empreffement l’ai- j
liance des Norvégiens, p'us utile & moins dangé- j
reufe. Avec ces fecours il triompha fur mer, tandis !
que fes troupes étoient défaites dans la Juthie ; !
vainqueur & vaincu prefque dans le même temps, {
il alla .chercher un afylo en Norwége. Il n’y trouva
qu’uneprifon : leroi le fit arrêter^mais il fut tromper
la vigilance de fes garde*, s’échappa, raffembla quel- |
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ques amis, eut bientôt une armée, mit en déroute
celle de Nicolas, & fut reconnu par tout le Danemarck
après la mort de ce prince; il gouverna l’état
avec fageffe,. traita le clergé avec fermeté, le peuple
avec douceur, fes officiers avec nobleffe ; mais les
confeils perfides des peftes de cour le rendirent
barbare ; il fit périr les enfans de Harald fon frère,
quoique leur foiblefle Fût un garant de leur innocence,
& qu’ils n’euffent point trempé dans les
complots que leur père avoit tramés contre Eric.
Celui-ci Fut affafliné par un certain Plogh, miniftre
de la fureur des Scaniens révoltés. Ce tut l’an 1138
que fe commit ce régicide. (A/, de 'Sacy.)
Er ic III, roi de Danemarck, CurnornttièY^gneau,
ne fuccéda à Eric I I que l’an 1140 L a Force de fon
parti abattit fes concürrens à fes pieds ; on le con-
duifit au trône plutôt qu’il n’y monta lui-même; il
s’y endormit dès-qu’il y fut placé, fut le jouet des
prélats, l’efclave de fes courtifans,& laiflâ à fes
miniflres tout Je fardeau du gouvernement , il ne
s’occupa que du foin de fe nourrir & de fe confer-
ver ; il reconnut bientôt qu’il avoit manqué fa vocation
, & qu’il étoit defliné à la vie monaftique. II
defcendit donc dans un cloître l’an 1144; mais
lot fqu’on lui annonça que la nation s’affembloit pour
lui nommer un fucceffeur , il en mourut de dépit,
(yVf. de Sacy,')
Eric IV , roi de Danemarck, avoit vingt-cinq
ans accomplis lorfqu’il fuccéda à Valdemar II fon
père, en 1 2 4 1 ; il avoit un coeur droit, un efprit
cultivé, des manières affables, des moeun fimples*
un caraâère doux & pacifique : réfoiu de ne jamais
faire la guerre, il le déclara hautement, & l’on
entendit auffi-tôt murmurer la nobleffe qui nefubfif-
toit alors que par les malheurs du peuple, & tant
d’hommes intéreffés à étouffer, par le tumulte des
armes , la voix impuiffante des lois ; niais bientôt
les entreprifes audacieufes de la ville de Lubec le
forcèrent à prendre les armes ; il les quitta clés
qu’il le put, fatisfait d’avoir humilié cette république.
Mais à peine cette guerre étoit-elle terminée,
que fes trois frères lui refusèrent l’hommage qu’ils
lui dévoient, réunirent leurs forces , & marchèrent
contre lui : cette guerre fut longue & meurtrière.
Eric fut enfin toucher le coeur de Chriftophe, &
l’exemple de celui-ci entraîna bientôt les aurres.
La paix fut fignée , Chriflophe éroit déjà rentré
dans fes domaines. Abel & Canut rentrèrent auffî
dans leurs duchés de SlelVick & deBlecking, mais
à condition d’en faire hommage au roi. Cependant
le perfide Abel méditoit une vengeance digne de
fon coeur; il attire Eric dàn:~ fon palais, & au milieu
des careffes que fa fauffe amitié lui prodiguoit,
le fait enchaîner & jeter dans un bateau à la merci
des flots; il y périt l’an r z jo . Abel jouit du fruit
de fon crime, tint quelque temps le Danemarck
dans l’illufion , & peffuada à fes crédules fujets
qu’il étoifile vengeur de fon frère lorfqu’il en éroit
1 affaffin. La vérité fut reconnue ; Eric fut Ç5U0üil&
en 1156. (M. de Sacy. )
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Eric V , furnommé Glipping, pareeque fes paupières
étoient fans ceffe en mouvement. Il monta
l’an 1259, à l’âge de dix ans , fur le trône de Danemarck,
à qui l’ambition du clergé avoit fait effuyer,
pendant le règne de Chriflophe, les fecoufles les
plus violentes ; les évêques refusèrent de le recon-
nokre ; le pape Alexandre IV prétendit suffi qu’il
perdoit tous fes droits à la couronne, s’il ne déli-
vroit l’archevêque de Lunden, que Chriflophe avoit
fait mettre dans les fers. Il fembloit fingulier qu’un
roi du Nord eûtbefoin du fuffrage d’un pontife italien
pour obtenir celui de fes fujets. Le clergé fomenta
les diviiions qui déchiroient l’état. Eric étoit
fils.de Chriftophe; un autre Eric, fils d’A bel, avoit
des prétentions fur le duché de Slelwic;* ; les évêques
& les comtes de Holftein fe liguèrent en fa
faveur. On prit lés armes, on en vint à une bataille ;.
deux généraux danois s’enfuirent lâchement ; le roi
fut Fait prifonnier; on lui rendit fa liberté; il reparut
dans le Danemarck; les deux généraux qui
•^voient donné aux foldats l’exemple de la fuite,
Yvon 8c Fingh périrent fur un échafaud. Eric, pour
défendre fi s états-contre de nouvelles irruptions,
acheta du duc de Slelwick la ville de Kokiing,
qu’il fit fortifier. Tandis qu’il veilloit ainfi à la sûreté
de fes états , les évêques manoeuvroienr lourdement
contre lui; chaque jour on découvroit de
nouvelles confpirations ; Eric n’ofoit punir les coupables
; le pape le menaçoit de fa colère, & le roi
fe vit contraint de prendre le pontife pour juge
entre fes fujets & lui. Ce fut par cette démarche
humiliante qu’il acheta un repos qu’il conlacra
tout entier au bonheur de fes fujets. Le mariage
de fa fceür avec le Margrave de Brandebourg,
la tutelle des enfans du duc Eric , des fecours accordés
au duc Magnus, les fuffrages du peuple
gagnés en faveur du jeune Eric , à qui la couronne
fut affurée, une alliance contractée avec la Suède ;
. els furent les foins qui partagèrent les momens
d’Eric fur le trône. Il protégea le commerce , accorda
aux habitans de Dévénter & de Haiderwik
une partie du territoire de Scanor, confirma les
privilèges de la vill-c de Lubec, lui en accorda de
nouveaux , lui permit de nommer un préfet à Sca-
nor & à Falfterbo ; il fit un code de police appellé
Birckeret châtia la révolte du duc de S lelVick , lui
donna des ter s , & les brifa preftp. e auffi tôt. Il
mourut l’an 1286. On ne peut guère lui reprocher
que ia foibleffe qu’il montra dans fes démêlés avec
les éveques & la cour de Rome. Il fooffrit que le
____1 . x . pape lui écuJ vit. d.u tonJ d—on- t unr f_o_u_v_e_r_a-i n xé cr•iroit
à fon fi.jet. {M. de Sacy )
Eric VI , toi de Danemarck , fils du précédent
I P ,, de « 21té pi-ur lue céder à for. per» fut reconnu
par !< » î-tô ’ c;u Enc V eut fermé les yct x;
il «ro>\
e & le roi de Norwége profita
de ff l’attaquer ; les troubles prêts à
é< ï env.rck redoubloient l’audace
cko r ?éndant la minorité d’Eric, les
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Etats cédèrent à Valdemar, duc de Slefwîck, quelques
domaines de la couronne, entre autres les îles
d’Alfen , d’Arroé & de Femeren : dès qu’Eric put
régner par lui-même, il les réclama, fk voilà la
guerre allumée; Eric débuta par une vi&oire navale;
mais les complots du clergé, les menaces de la cour
de Rome le forcèrent bientôt à conclure une
trêve avec le roi de Norwége, pour négocier avec
l’Eglife irritée. Son mariage avec Ingéburge. fille
du roi de Suède, qui, en lui affurant l’appui de cette
couronne, auroit effrayé toute autre puiffânee, ne
parut pas inquiéter le clergé. Boniface VIII étoit
alors fur le faint fiége : cet homme impérieux s’étoit
déclaré le maître & l’ennemi des rois ; fila France
ne lui eôt pas oppofé un Philippe le B e l, il auroit
difpofé de toutes les couronnes de l’Europe. Ce
pape condamna Eric à une amende de quarante-
neuf mille marcs d’argent, pour avoir fait enfermer
un archevêque. Enfin, il l’excommunia, lança un.
interdit fur fon royaume , & dégagea fes fujets du
ferment de fidélité. Ce qu’il y a de plus étonnant
dans cet événement, c’eft que ce fut au pape que
le roi appella de la fentence lancée par ce pape
même. Ce ne fut qu’en 1303 qu’il reçut un pardon
auffi humiliant que le châtiment même. La firuation
du Danemarck n’en fut pas beaucoup plus heureufe;
le roi toujours en guerre, tantôt avec la Suède,
tantôt avec la Norwége, quelquefois avec l’ambitieux
Chriflophe fon frère, fouverit même menacé
par des fcélérats qui en vouloient à fes jours, ne
j connut pendant plufieurs années que les chagrins
j qui affiégent le trône. Malgré touies ces inquié-
| tudes, fon goût pour les fêtes publiques fe réveilla.
I II donna des tournois dans la Vandalie ; la ville de
j Roftoch fut ail-armée du concours de princes que
j cette fête devoit attirer dans fes murs; elle refufa
j fes portes, on ouvrit la lice dans les environs ;
1 mais à peine les tournois turent finis, que la ville
| fut affiégée. Après une longue défenfe, elle fut
I forcée de te rendre ; le roi lui donna pour pro-
! teéieur Henri de Mecklenbourg; il conquit enfuite
I l’île de Bornholm , accorda fa protection à la ville
j de Stialfund , dont le margrave de Brandebourg
| préterftloit auffi être le proreéteur. On fent affez
| que, fi cette proteérion n’eût pas’été payée fort
j cher par la ville , ces deux princes ne fe teroient
| pas difputé avec tant de violence le droit de fecourir
I fes habitans. Le roi l’emporta ; la prcteéuon du
\ plus fort fut préférée par néceffirê , quoiqu’elle fût
j la plus dangereufe. Eric mont ut l’an 1319. C ’étoit
; un prince généreux, équitable. & qui n’abufa jamais
j du pouvoir fuprème. Un lèul trait fuffira pour faire
j connokré fon cara&ére. Ayant découvert en 1312
j une confpiration formée contie fa perionne , il
! convoqua une affemblée des Etats-généraux; if y
j dévoila rout le projet de cet arremar, nomma les
; chefs, & même les complices . marqua l’ijeure de
l'execution, répandit le jour de la vérité fur toute
cette conjuration, & finit par demander aux Etats
i la gr?>ce des coupables. ( AL ae Sacy.)