
fcij "FAB
*e donnèrent ÿ par reconnoiffance j à la puiflance
qui les avoit fecourus.
Au fiége de Turin, en 1640, il avoit été fi fortement
bleffé à la cuiffe, qu’on croyoit ne pouvoir le faü-
ver qu’en la lui coupant. M. de Turenne & le
cardinal de la Valette Texhortojent à fouffrir
cette opération ; mais Fabert ne jngeoit pas que ce
fût vivre que de refier hors d’état de feryir ; il ré-
fifla con fia m ment : Je ne veux point mourir par morceaux
% dit-il, la mort ni aura tout entier, ou elle ri aura
rien. Elle n’eut rien.
En 1654, Fabert prit Sténay. En 1658, il eut le
bâton de maréchal de France ; il eut aufü le gouvernement
de Sedan; & la fidélité connue du nouveau
gouverneur ne fut pas un des moindres motifs
qui déterminè-ent le cardinal Ma/arin à choifir
Sedan pour fervir d’afyle à fa famille pendant les
troubles de la fronde. Le roi offrit à Fabert le
cordon bleu , mais n’ayant pas cru pouvoir , fans
altérer la conftitution de l’ordre, difpenfer Fabert
de faire les preuves de nobleffe néceflaires, & les
amis de Fabert l’exhortant à les faire comme on
les fait quelquefois : Non, dit Fabert , j ë ne veux pas
que mon manteau [oit décoré par une croix, 6* mon
ame déshonorée par une irnpoßure. Le roi lui témoigna
qu’il le trouvoit plus honoré par de tels fentimens ,
qu’il ne l’auroit été par un ruban bleu. Fabert ne
voulut point faire de fauflès preuves ; Catinat ne
voulut point en faire de fnnplement fuffifantes.
(V o y e z l’article Catinat. ) Il ne faudroitpas, pour
l’honneur de’ l’ordre , que beaucoup d’hommes
tels que Fabert & Catinat Teu/Tem refufê, ni que
beaucoup d’honunes trop diffère ns de ceux-la
l’euffent obtenu ; mais peut-être il faudroit que la
dignité de maréchal de France , fuppofant tant de
fervices, fervît feule.de preuve* 8c donnât droit
à cette décoration.
Fabert fe fit une loi de ne jamais recevoir de
préfens dans fon gouvernement; il fe refnfa conf-
tamment aux offres que lui fit la reconnoiffance
des Sedanois ; ils tentèrent de donner le change à
fon défintêreffement , en offrant, pendant fon
îfbfence, à madame la maréchale Fabert, ( mademoiselle
de Clevant ) une tapiflèriede prix qu’ils
avoient fait Venir de Flandre ; elle la refufa : le
maréchal, a fon retour, l’acheta le prix quelle avoit
coûté avec les frais de tranfport, la fit vendre , &
en employa le produit aux fortifications de la
place. Tel fut le maréchal Fabert. Il mourut en
166a. Le P . Barre, chanoine régulier de Sainte-
G eneviève, a donné fa vie en deux volumes
in-12.
FABIEN , ( sa in t ) ( Hiß. eccîef. ) pape &
martyr, fucceffeur d’Anthèrc, en 236, mort pour
la foi fous la perfécution de Dè ce , en 250.
FABIUS-MAXIMUS & autres. ( Hiß. rom.)
La famille des Fabius jouit d’une gloire particulière
F A B
dans l’hiftoîre romaine. Ce fut elle qui fe chargea
feule d’arrêter les courfes dès Véïens & des>
Etrufques ; c’efl elle qui périt toute entière an
funefle combat de Crémère, l’an de Rome 277*
Ovide a célébré cet événement dans fes Fajles :
U n a d ie s F a b io s a d b e llum m ife ra t omîtes ;
A d b e llum m ljfo s p e r d id it u n a d ie s .
Il n’en refia, dit-on, qu’un fenl de qui defeendent
tous les Fabius qu’on voit encore figurer depuis
dans l’hifloire romaine. Avant cet événementw
Fabius Cæfo avoit été trois fois conful, & avoir
fait la guerre avec vigueur aux Véïens & aux Eques ;
mais n’ayant pas fu le rendre agréable aux foldats,
ils refusèrent, dans une occafion importante, de fe
prêter à fa gloire & de lui mériter les honneurs du
triomphe ; tant il efl fouvent plus aifé de vaincre
l’ennemi que de conduire le citoyen 1 adeb, dit The--
Live , excellentibus ingeniis citiks defuerit ars quâ
civem regant, quàm quâ hofiem fuperent.
Son frère Marcus Fabius, conful l’an de Rome
2 7 4 , remporta fur les Etrufques une grande
viéloire > ou il perdit un autre frère, QumtusFabius %
deux fois conful; & il refnfa le triomphe, refus qui lui
fit plus d’honneur que n’auroit pu faire le triomphe
même ; tant le mépris de la gloire, placé à propos ,
la rend quelquefois avec ufure ï dit M. Rollin,
d’après Tite - Live. Omni a&o triumpho depojitus
trmmphus clarior fuit; adeb [prêta in tempore gloria
interdum cumulatior redit !
Les perfonnages de cette famille les plusilluflres^
depuis la défaite de Crémère, font :
i ° . Quintus Fabius Vibulanus, trois fois conful,
créé décemvir l’an de Rome 304.
20. Quintus Fabius Rullianus Maximus, conful
jufqu’à cinq fois , dictateur, cenfeur, prince du
fénat. Dans fa jeuneffe étant maître de la cavalerie-
fous le direéleur Lucius Papirius C»i fo r , il remporta
fur les Samnites une grande & illufire victoire,
dans l’abfence & malgré la défenfe expreffe
du dictateur , qui, fans égard au fuccès , voulut
punir la défobêiflance & l’indifcipline de Fabius, &
venger l’autorité de la diftature : ni l’armée, ni le
fénat ne purent obtenir de lui la grâce de Fabius3
| il ne l’accorda enfin qu’aux inftances du peuple ,
l qu’à la foumiffion de Fabius & de fon père , &
qu’après avoir obtenu que les droits de la dictature
foffent reconnus, ainfi que la néceflité de la fubor-
dination & de l’ObéHIànce.
' Devenu dictateur à fon tour, Fabius battit encore
les Samnites, & dans fes divers confulats il battit
d’autres ennemis de Rome. Il fe vengea noblement
de Papirius en le nommant dictateur pour la fécondé
fois ; il eft vrai qu’il ne fit en cela que céder aux
infianees du fénat, comme Papirius, en lui pardonnant
, avoit cédé à celles du peuple ; & on v it
trop au dehors la violence qu’il fe faifoit, ut apparent
infgnem dolorem ingenti comprimi anim.f\
F A B
iQuîntus Fabius Gurges fon fils, conful l’an de
Rome 466, s’étant laiffé battre par ces mêmes
Samnites que le père avoit tant fois vaincus, on
voulut lui ôter le confulat , le père obtint grâce
pour lui en offrant d’aller lui fervir de lieutenant:
l’offre fut acceptée, & le conful, conduit
par un tel guide, remporta fur les Samnites une
yiâoire complète.
30. Quintus Fabius Verrucofus Cunétator, cinq
fois confui, une fois cenfeur, deux fois diétateur,
deux fois prince du fénat, .triompha deux fois,
une des Liguriens, une des Carthaginois : c’efl de
lu i, & à fon occafion, de fes aïeux, que Virgile
a dit, en employant un vers d’Ennius:
Q u b fe jjum ra p itis F a b ii? tu maximu s il le es
Un u s qui nobis cunctando re fiitu is rem !
( Voye\ l’article E n n iu s .) C ’efl de ce Fabius que Caton
l’ancien, dans le traité de Cicéron de la Vieille ffe,
célèbre tant ôt la gloire & la vieilleffè vigoureufe &
refpeétable, & les talens toujours utiles à la patrie,
foit dans la paix, foit dans la guerre, foit dans la
légifiation, foit dans le commandement des armées,
& les vertus tant civiles que domefliques, & les
connoiffances de tout genre, & la gravité affai-
fonnée d’urbanité : Erat in illo viro comitate condita
gravitas ; nec feneéhis mores mutaverat..........
Hic & belld gerebat ut adolefcensçum plane grandis
effet ; S» Annïbalemjuvenilitcr exfultatuem patientiâ
ïuâ molliebat. . . nec verb in admis prafiantior quàm
in togâ.........nec verb . die in luce modo atque in
oculis civium magnus, fed intiis domique preefiantior :
qui fermo ! quai pmeepta ! quanta notïtia antïquitatis !
quai feientia juris augurii l multce etiam, ut in homine
rornano , liitères : 'Omni a memoriâ tenebat. C’efl lui
qui faiflt le véritable efprit de la guerre qu’il falloir
faire aux Carthaginois, & la véritable manière
de vaincre Annibal, en le minant peu à peu & fans
combat, en temporifant, en Tachant attendre : il fe
laifia taxer de timidité', & par les Carthaginois, &
;par les Romains. « O u i, difoit-il, je crains tout
»» pour l’état, rien pour moi, pas même ces vains
» difeours. »
2Won ponebat emm rumores ante fa lu te n u
dit encore Ennius; & c’efl encore le cas de redire ,
avec Tite-Live : adeo [prêta in tempore gloria inter- j
dum cumulatior redit ! Fabius occupant un pofle
avantageux,ou on ne pouvoir le forcer, dédaigna
toutes les bravades d’Annibal. « Si Fabius efl un f i
« grand Capitaine3 difoit Annibal, quil defeenâe
»> avec moi dans la plaine, & combattons. » « Si An-
» nibal efl un f i grand capitaine, répondoit Fabius,
*> qu’il me force d'y defcendre & de combattre. »
Minucius, général de la cavalerie fous Fabius,
ou ne concevoir pas, ou n’approuvoit pas ce fyf-
tême de temporilatîon; il livra un petit combat,
malgré les défenfes de Fabius, & il eut le malheur I
d’avoir un petit fuccès; alors* enflé d’orgueil & 1
F A B y?
plein fle mépris pour fon général, il cabale contre
lui à Rome , décrie fa conduite lente, fe fait
donner une autorité égale à la fienne, fe fépare
de lui ; & , maître alors de fe livrer à toute fa témérité,
il hafarde un nouveau combat, tombe dans
une embufeade, & étoit battu fi Fabius ne fût
accouru à fon fecours. Minucius eut du moins
le riT'érite de reconnoître fa faute, de fe réunir
volontairement à Fabiusy & de fe foumettre à fa
conduite.
Fabius èut la gloire de rendre Tarente aux Romains
; il y employa la rufe, & Annibal, qui l’avoit
employée plus d’une fois avec fucces, dit a ce fujet :
les Romains ont aujfi leur Annibal. Marcus Livins
Salinator, qui avoit perdu cette place , & qui s’étoit
retiré dans la citadelle, voyant la ville reprife ,
prétendit avoir contribué à ce fuccès , & s’en van-
toit à Fabius, qui lui répondit : il efi certain du
moins que je ne l'aurois pas reprife f i vous ne l'avie£
pas perdue. .
Quintus Fabius Maximus, fils du temporifeur,
ayant été créé conful, fon père alla fervir fous lui,
comme Quintus Fabius Rullianus avoit fervi fous
le fien. Son fils étant allé au-devant de lui, précédé
de fes liéleurs, c eu x -c i, par refpeél pour l’âge &
pour la réputation du père, par refpeét même pour
le conful fon fils, le laifsèrent avancer à cheval,
quoique tout citoyen dût mettre pied à terre à la
rencontre du conful ; il avoit déjà paffé le onzième
liéleur, le conful s’en apperçut, en futfurpris, ôi
ordonna au dernier liéleur, qui le précédoit immédiatement,
de faire fon devoir. Celui-ci cria au
vieillard de defeendre ; Fabius obéit & dit à fon
fils : je voulois éprouver f i vous favie{ être conful.
Cicéron exalte beaucoup le courage avec lequel
Fabius le temporifeur foutjnt la perte de ce fils
digne de lui ; c’efl ce que Cicéron, grand admira*
teur de Fabius, trouve de plus admirable dans la
vie de ce héros : Sed nihil efi admirabilïus quàm
quomodo ille mortem filïi tulit clari viri & confularis ;
efi in manibus laudatio, qi am ciim legirnus, quem
philojophum non conternnimus ?
Fabius s’oppofa fortement au projet qu’avoit
Scipion de porter la guerre en Afrique. La foi-
bleffe humaine entre dans les plus grands coeurs
11 paroît que Fabius ne voyoit- pas fans inquiétude
& fans jaloufie la gloire naiffante de Scipion.
Fabius, fi Ton en croit Valêre Maxime, vécut
près d’un fiècle. Il mourut Tan 549 de Rome. Sa
do&rine fur les augures & les aufpices, dont
Cicéron le vante , étoit que les aufpices étoient
toujours favorables à qui fer voit bien la république ,
toujours contraires à qui K fervoit mal. * ,
FABIUS PICTOR. ( Hifi. lut. ane. ) Ceft le
premier romain qui ait écrit Thifloire romaine ;
mais nous n’avons pas fon ouvrage : celui qui porte
Ton nom efi une des impoilures d’Annius de
Ttt x