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fie de fe mafquer avec le marquis de Vardes &
d’autres perfonnes de fa cour. L’abbé de Cofnac
lui fit fur ce projet des répréfentatiuns hardies &
inutiles. L’abbé de Roquette, vil flatteur, entra
dans la chambre du prince , au moment où il for-
toit mafqué avec ceux qu’il avoit mis de la partie
, & s’adreffant au prince de Conti, comme
s’il eût cru parler à M. de Vardes : monfieur,
lui d it- il, montrez-moi fon alteffe: il pria aufli
l’abbé de Cofnac de lui indiquer le prince. Allez ,
lui dit l’abbé de Cofnac, alliez haut pour que le
prince l’entendît, u vous devriez mourir de honte;
» quand le prince fait une mafcarade pour fe di-
» venir , i l fait bien que la taille de M. de Vardes
» & la fienne font différentes ».
L’évêché de Valence vint à vaquer; l’abbé de
Cofnac pria M. le prince de Conti de le demander
pour lui: le,prince ayant répondu froidement,
il court chez la princefle, elle dormoit, il la fait
éveiller, il entre.: « levez-vous, dit-il, il s’agit de
»> fanver l’honneur de M. le prince de Conti, le
V vôtre & celui de fa maifon. L’évêché de Va-
» lence eft vacant, je le demande ; levez-vous,
» les momens font chers, M. votre oncle ne vous
» refufera pas s’il fait que vous favez vous faire
éveiller , vous lever-en robe de chambre, &
» ne pas héfiter à fervir noblement vos créatu-
» res.-— Donnez-moi du moins le loifir, dit la
» princefle , d’en parler à mon mari. Je m’en
» garderai, bien, lui dit. l’abbé, il s’agit de vous
» lever & de pafler chez M. le cardinal ». Il la
preffa tant, qu’elle prit fa robe de chambre &
partit. Le cardinal piopofa un autre évêché de
moindre valeur , & la princefle n’ayant rien à lui
oppofer, revint dire à l’abbé de Cofnac : nous
avons à peu près votre affaire, mais ce n’eft pas
de Valence qu’il s’agit. Oh î c’eft de Valence qu’il
s’agit, répliqua-t-il, vous l’avez demandé, c’eft
votre affaire , ce n’eft plus la mienne. Il in-
fifta & il eut l’évêché de Valence. Ses remerci-
mens faits, il va trouver l’archevêque de Paris,.
& lui demandé la prêtrife que l’archevêque lui
promit fans peine. Ce n’eft pas tout, reprit l’abbé
de Cofnac, je vous prie de me faire. diacre : volontiers,
lui dit M. de Paris : vous n’en ferez pas
guitte pour ces deux grâces , monfeigneur, je
vous demande encore le fôusdiaconat : « au nom
» de dieu, reprit M. de Paris , dépêchez - vous
s? de m’afîùrer que vous êtes tonfuré , baptifé
yj même ».
L’évêque de Valence fut enfuite premier aumônier
de monfieur, mais ce fut à madame (Henriette)
qu’il s’attacha véritablement.
Ori imprima en Hollande une hiftoire des amours
■ du palais royal. Madame y étoit fort maltraitée &
accufée d’avoir eu pour le roi une pafiion inutile.
M. de Louvois, qui eut le premier exemplaire de
Ce liv re , le remit-au roi. pour qu’il en avertît
Madame, & qu’elle prit fes mefuresà l’égard de
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Monfieur,-s’il venoit à en avoir connoiflânce. Elle
envoya chercher l’évêque de Valence : Je fuis perdue
, lui dit-elle , life^ toutes ces faujfes horreurs
que Monfieur ne croira que trop. L’évêque la confo-
la & la raffùra du mieux qu’il put. Le lendemain
elle le renvoie chercher , on lui dit qu’il étoit allé
à Paris ; elle lui écrit, on lui répond que l’évêque
de Valence n’avoit pas couché chez lui , & que
fes domeftiques difoient qu’il étoit allé pour huit
jours à la campagne, chez un de fes amis qu’on ne
nommoit pas. Mon dieu! dlfcit la princefle à madame
de Saint-Chaumont, intime amie de l’évêque,
que votre ami prend mal fon temps! je lui ai confié
la chofe du monde la plus importante, dont
je ne puis parler qu’à lui feul, & il s’abfente ! Madame
de Saint-Chaumont envoya de tous côtés pour
en favoirvdes nouvelles ; on le chercha inutilement
pendant dix jours; leonzième il paroît dans lacham-
bre de Madame, elle pafle dans fon cabinet & le fait
appeller.Comment avez-vous pu me quitter, dit-
elle, fachant le befoin que j’ai de confolation?^
« Tenez , madame, lui dit M. de Valence, en ti-
» rant de fes poches & de deffous fa foutane une
» multitude d’exemplaires, tenez, il n’en fera plus-
.» parlé, brûlez-les vous - même ». Il avoit pris
le parti de pafler en Hollande , & moyennant
deux mille piftoles qu’il avoit données au Libraire*,
il s’étoit aflùré qu’il ne manquoit que deux exemplaires,
dont l’un avoit été envoyé à M. de Louvois
, l’autre au roi d’Angleterre, qui ai-moi t trop
fa foeur pour ne pas fupprimer cet exemplaire. Le
coeur de Madame étoit fait pour fentir tout le prix
d’un pareil feivice , & d’une pareille manière
d’obliger.
Lorfqu’il fut queftion de fon voyage en An«
gleterre, en ré y o , elle voulut confulter l’évêque
de Valence, & lui manda de venir fecrètement à
Paris ; il étoit alors exilé dans fon diocèfe ; il s’ex-
eufa fur les circonftances, mais il ne put tenir à
•un billet qu’elle lui écrivit & que voici : Vous né
m’aime^ donc plus , mon pauvre évêque, puifque vous
me refufieç une confiolation dont je ne puis me paffer*
Il fe déguife, il arrive, il fe loge à Paris à un cinquième
étage , près la rue Saint-Denis, il y tombe
dangereufement malade ; au moment où on d'éfefi-
péroit prefque de fa v ie ,il eft arrêté fur le figna-
lement d’un faux monnoyeur qui reffembloit au
fien ; il eft mis au châtelet, après avoir, à force
d’adrefîe & dé préfence d’efprit, fouftrait aux recherches
des archers des papiers effentiels qui au-
roient pu compromettre Madame. Il ne put fortir
de prifon que par l’entremife des agens généraux
du clergé. Son aventure éclata, il fut exilé à rifle-
Jourdain; il y refta quatorze ans; mais il revint eft-
grâce, & fut fait archevêque d’Aix en 1687, -abbé
de Saint- Riquier en 1695, commandeur de l’ordre
du Saint - Ëfpriren 1701. a C ’eft , difoît l’abbé de
Choify, un homme d’une vivacité furprenante ,
» d’une éloquence qui ne laifle pas la liberté de
» douter de fes paroles, bien qu’à la quantité qu’il
c o s
« eti dit, il ne foit pas poffihle qu’elles {oient toutes
» vraies».
COSPEAN ou COSPEAU ( P h il ip p e ) {Hifl.
litt. mod. ) , fucceffivement évêque d’Aire , de
Nantes & de Lifieux, difciple , dans les lettres,
de Jufte-Lipfe, fut un des prédicateurs célèbres
de fon temps. On le cite comme un de ceux qui
firent difparoître des fermons les citations d’auteurs
profanes, & qui donnèrent à l’éloquence de
la chaire un peu de dignité. Mort en 1646, à
foixante-dix-huit ans.
COSROÈS. Voyei CHOSROËS.
COSSART ( G a b r ie l ) ( Hifl. litt. mod.). Le
P. Coffatt y jéfuite , a travaillé avec le P. Labbeà
la grande colleélion des conciles , & l’a continuée
après la mort du P. Labbe. On a aufli de lui des
harangues & des poéfies, & il eft au nombre
des- bons poètes latins moderne^ Il avoit profeffe
la rhétorique à Paris, & Santeuil avoit ete fon
difciple. Dans une de fes pièces il fe repréfente
l’ombre vénérable de Cojfart fortant du tombeau
pour venir accabler fon élève de reproches.
Coffarti l tumulo veneranda refurgent umbra.
Le P. Cojfart, né à Pontoife en 16 15, mourut à
Paris en 1674..
COSSÉ ( Hifl. de Fr.) , maifon de Cojfé-Brijfac.
Les fables même des grandes maifons atteftent
leur antiquité & ajoutent à leur gloire. Difons
donc- qu’on a fait defeendre la maifon de Coffé
des Coffùs romains
Quis te , magne Cato, tacitum , aut te , Collé , rclinquat ?
de Cocceïus Nerva , de la maifon de Cojfa de
Naples. U paroît que la terre de CoJJé, dans le
Maine , a donné fon nom à cette maifon. La terre
de Briflac, en Anjou, eft aufli depuis très-long-temps
dans cette même maifon , qui d’ailleurs'a produit
plufieurs héros. Les plus ^célèbres fo n t , i ° . le
premier maréchal de Briflac ( Charles ). Il fit fes
premières armes fous le règne de François 1er. Il
avoit été élevé avec le dauphin François , mort
en 1536, dont René de Cojfé fon père, feigneur
de Briflac, pannetier & grand fauconnier, étoit
gouverneur. En 1542 le- dauphin Henri, qui fut
depuis le roi Henri II, faifoit le fiège de Perpignan,
.qu’il fut obligé de lever ; les afliégés fatiguoient
les François par des forties meurtrières ; il y en
eut une où ils fe faifirent des batteries, & déjà ils
renverfoient les canons dans leurs fofles, lorfque
Briflac, alors colonel de l’infanterie françoife,
accourant avec une poignée de monde, les chargea
fi vigoureufement, qu’il les força de fe retirer.
Ce fut là le plus gnand exploit des François devant
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Perpignan ; mais il ne fervit qu’à la gloire particulière
de Briflac. Le dauphin , qui en fut témoin ,
publia & envia noblement la valeur de Briflac.
Il devoit être jaloux , dans plus d’un genre, de ce
brave & galant chevalier : ce fut lui que la du-
chefle de Valentinois préféra, dit-on , en fecret à
fon maître, & que la jaloufie habile de Henri
combla d’honneurs militaires , pour l’éloigner des
faveurs de l’amour. On l’appelloit le beau Briffac.
En r 543 , il étoit colonel général de la cavalerie
légère , & il en fit les fondions d’une manière
diftinguée au fiége de Landreci, que faifoit l’em«
pereur, & que ce prince fut à fon tour obligé
de lever. Ferdinand de Gonzague allant joindre
l’empereur fous les murs de Landreci, Briflac, qui
avoit obtenu la permiflion d’aller l’inquiéter, fe
mit en embufeade fur fa route, & fit ce qu’il put
pour l’attirer ; mais n’ayant pu en venir à bout, &
ne voulant pas revenir fans avoir combattu, il
tnfulta fon arrière-garde avec cinq cents chevaux ,
qui rompirent la cavalerie légère def Impériaux,
leur tuèrent beaucoup de monde, & firent des pri-
fonniers important, entre autres dom Francifque
dEft, frère du duc de Ferrare, & général des che-
yaux-legers Autrichiens. Ferdinand de Gonzague ,
obligé de fufpendre fa marche , mit toute fa troupe
en bataille pour envelopper Briflac , qui fit fa
retraite en fi bon ordre, qu’il ne perdit pas un feul
homme.
Charles-Quint & François Ier , étoient en préfence
devant Landreci ; ces deux rivaux s’obfer-
voient, les efearmouches étoient continuelles , les
deux armées'campées fur deux montagnes oppo-
fées avoient entre elles lin vallon coupé par un
petit ruifleau , que la hauteur de fes rives rendoit
difficile à pafler. L’empereur fit paroître de la cavalerie
légère fur l’extrémité d£ la montagne qu’il
occupoit, & fit defeendre dans le vallon quelques
bataillons de lanfquenets, foutenus de gendarmes
, comme s’il eût voulu infulter le camp fran-
çois ; les Impériaux ne paflerent pourtant point
le ruifleau. Briflac, impatient de les réprimer, le
pafîa, pouffa les Impériaux jufqu’au pied de la
montagne; puis voyant Lurs bataillons s’étendre
pour l’envelopper , il s’arrêta ; il y eut un moment
où l’on crut que ^affaire alloit devenir générale ;
mais les Impériaux paroiflant peu difpofes à defeendre
de leur montagne , le roi fe contenta d’envoyer
l’amiral d’Annebaut au fecours de Briflac;
l’amiral & Briflac pourfuivis jufqu’au ruifleau, le
repaflerent à la vue des Impériaux, qui n’ofèrent
le pafler à leur fuite.
Les François fe retirèrent à Guife ; les Impériaux
voulurent troubler leur retraite, mais Briffac, qui
la couvroit & qui étoit à l’arrière-garde, les re-
poufla fi vigoureufement, qu’ils n’ofèrent plus repa-
roître , & ïaifîerent l’armée françoife continuer fa
route vers Guife fans obftacle.
En 1544, le dauphin marchant contre l’empereur
, qui faifoit le fiége de Saint-Dizier , envoya
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