
1« favans, & cette langue, c ’eft le latin. Mais les
inferiptions font faites, & pour le peuple , & pour
les favans, & pour les nationaux, & pour les étran-
Sefs » P®01' Ie préfent & pour l’avenir ; voilà ce
qui fait qu’on a difputé, qu’on difpute & qu’on
chlputera fur cette queftion. L’ufage le plus ordinaire
de l’académie des inferiptions & belles-lettres,
juge naturel de la matière, eft de faire les inferiptions
en latin. Dépofitaire fidèle des tréfors de
1 antiquité, elle conferve des modèles précieux dans
ce genre, elle les imite & invite à les imiter.
Mais des exemples heureux dans tous les genres
ont prouvé la flexibilité de la langue françoife &
les reflources ; on a vu qu’elle pou voit fe plier à
tous les genres & fe prêter àjous les tons : n’a-t-on
pas jugé trop légèrement qu’elle n’eft pas ou qu’elle
eit peu propre aux inferiptions? C e ft peut-être un inf-
trument auquel il ne manque que d’avoir été.affez
exercé dans ce genre. Ne feroit;ce pas faire une
aequifition utile que de l’y exercer , foit fur le
modèle de fimplicité, de précifion, d’énergie que
nous offrent les monumens antiques, foit fur un
modèle plus adapté au génie particulier de la langue ?
Les deux exemples d’inferiprions françoifes que rapporte
M. de Voltaire : a Louis XIV après fa mort ;
au marquis Scipïon Maffei , vivant, prouvent qu’on
peut en françois renfermer un grand'fens en peu
de paroles. & dans des paroles fimples ; il en eft
de même de l’exemple que M. de Voltaire nous
fournit lui-même dans cette infeription pour la
ltatue de l’amour :
Qui que tu fois , voici ton maître j
Il le fut, il l’eft fou va l’être.
Eflayons, mais eflayons fuffifamment, car les
mauyaifes inferiptions de Charpentier, & les inf-
çriptions de Racine & de Boileau, meilleures parce
qu elles etoient plus fimples, mais qui n’étoient,
pour ainfi dire , que des noms & des titres.,
peuvent ne rien prouver ni pour ni contre.
On dit que Charpentier avoit du feu dans la
cohverfation , qu’il y étojt quelquefois éloquent,
& qu en général il parloit mieux qu’il n’écrivoit;
Il connoifloit l’antiquité, mais on croit que dans
la difpute fur les anciens & les modernes, il in-,
dinoit vers ce fécond parti. Une épigramme de
Boileau le dit, mais en laiffant la chofe dans l’incertitude.
Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère,
Virgile, Ariftote, Platon ;
Il a pour lui moniteur fon frère ,
G . . . N . . . . Lavau, Caligula, Néron ,
Et le gros Charpentier dit-on.
Charpentier, né àParis en 1620, mourut en 1702,
Il y a un carpentariana qui a paru en 1724. I
Un Hubert C harpentier, prêtre, eft auteur
de l’établiflement d prêtres du Calvaire fur le
Mont Valérien , près Paris, & de. deux femblables
etabliflemens, l’un fur la montagne de Bétjiaram
en Béarn , l’autre à Notre-Dame de Garaifon, dans
le diocèfe d’Auch. Né en-1565 à Coulomiers en
Brie, nort en 1650 à Paris.
CHARRI ( Ja c q u e s -Pr é v o s t , feigneur de )
( H i f l . de Fr. ) , gentilhomme languedocien, premier
meftre-de-camp du régiment des Gardes Françoifes
, qui fut formé en 1563 , fous CharlesIX,
de dix enfeignes d’infanterie que Charri comman-
doit. On dit, & tout eft croyable, de ce règne
affreux, que pour le rendre irréconciliable ennemi
de d’Andelot, -alors colonel général de l’infanterie
françoife , on lui fit entendre fecrétement, fans
ofer l’exprimer dans fçs' provifions, que l’intention
du roi étoit qu’il fût indépendant de d’Andelot ; en
conféquence , on infirme que d’Andelot, irrité des
prétentions de Charri à cet égard, peut bien n’avoir
pas été innocent de la mort de ce Charri,
affaffiné le 31 décembre 1563,fur le Pont S. Michel,
en allant au Louvre. La bravoure de d’Andelot eft
célébré ; il y a au moins de la témérité à l’accufer
d un affaflînat ; d’ailleurs on fait que le chef des
aflaffins , qui étoient au nombre de treize, fut un-
gentilhomme du Poitou, nommé Chatellier-Portant, ;
dont Charri avoit tué le frère quelques années auparavant.
N’y a-t-il donc pas allez de coupables ?
Pourquoi en chèrcher un de plus ? Pourquoi vouloir
croire que le reffentiment de ce Chatellier-Portant
eût befoin d’être animé par celui de d’Andelot \
Quoi qu’il en foit, Montluc & Brantôme parlent
de Charri comme d’un des plus braves chevaliers
du temps. Boivin du Villars, dans fon hiftoire des
guerres du Piémont, le repréfente auffi vigoureux
i que brave ; il raconte que dans un combat contre
un détachement d’Allemands , Charri, d’un revers
de fon épée, abattit le bras au chef de cette troupe ,
quoique celui-ci fût armé d’un cor feiet & de
manches de maille, & que ce bras fut porté à
Bonnivet, fous qui Charri fervoit alors, & qui
admira la force du coup.
CHARRON (Pierre) {Hiß. litt. mod.). C ë
fameux Charron , tant accufé d’impiété par les fanatiques
, décrié par Garaffe, défendu par l’abbé de
Saint-Cyran, mis par les philofophes à la fuite de
Montagne, fon ami-& fon maître, étoit un favant
& pieux théologien , un fage eccléfiaftique, fuccef*
fivement théologal de Bazas, d’A cqs, de Leéloure,
d’A gen, de Cahors, de Condom & de Bordeaux,
député à Paris à l’aflemblée générale du clergé de
1 595; & choifi pour fecrétaire par cette illuftre compagnie.
Il combattit les athées, les payens, les juifs,
les mahométans, les hérétiques, les fehifmatiques,
en un mot tous les ennemis de la foi, & toute fon
ambition étoit de mourir chartreux ou céleftin ;
mais on le refufa, dit-on, dans ces deux ordres à
caufe de fa vieillefle ; il nous femble cependant que
ce feroit à la vieillefleque ces afyles devroient toujours
être ouverts. Ce feroit une retraite de fages
guéris des paflions &défabpfés des erreurs humaines;.
Le livre des trois vérités, ouvrage théologique &
polémique , fatisfit les catholiques, & déplut aux
proteftans. Le Traité de la fagejfe eft beaucoup plus
célèbre par les orages qu’il excita. Quelques expref-
fions inéxaâes, mais corrigées ou fttpprimées au
premier avertiflement par l’auteur , avec toute la
docilité d’un chrétien plein de foi, fournirent un
moment à l’envie & à la haine le prétexte du zèle.
Des théologiens cenfurèrent ce livre, &foulevèrent
contre l’auteur, la Sorbonne, l’univerfité, le châtelet
, le parlement. Le préfident Jeannin fut chargé
d’examiner l’ouvrage, & décida qu’il falloir en permettre
lapubliCation comme d'un livre d'état. Charron,
dans ce livre, copie fouvent Montagne, & on
n’avoit rien, ait à Montagne.
Montagne , cet auteur charmant,
Tour-à-tour profond & frivole,
Dans fon château paisiblement,
Loin de tout frondeur malévole ,
Doutoic de tout impunément,
Et fe moquoit très-librement
Des bavards fourrés de l’école ;
Mais quanirTon difciple Charron ,
Plus retenu , plus méthodique ,
De fagelTe donna leçon ,
Il fut près de périr , dit-on ,
Par la haine théologique.
Voltaire,
Charron mourut fubitement àParis, dans la rue , en
1-603. I l étoit né à Paris en 1541. Ainfi, la vieillefle
qui Ta voit fait refufer aux chartreux & aux célef-
tins, n’étoit point de la décrépitude.
Montagne, fon ami, lui avoit permis> par fon
teftament, de porter les armes de fa maifon, dif-
pofition fingulière où éclatoit la vanité gentilhommière
& gafconne , 6c où l’on trouve pourtant le
fentiment de l’amitié. Charron fit une difpofition
plus fimple , & qui marquoit fa reconnoiflance ; il
làifla tous fes biens au beau-frère de Montagne ,
lie pouvant lés laiflerà Montagne lui-même.
CHARTIER ( A l a in ) ( Hifl. litt. mod.). Le plus
grand événement de fa vie eft le fameux baifer que
donna Marguerite Stuart, première femme de Louis
XI à la -bouche d'oit étoient forties tant d'admirables
fentencesy d’ailleurs', il étoit archidiacre de Paris, con-
fe filer au parlement , fecrétaire des rois Charles
V I & Charles Y I I , qui l’envoyèrent en ambaflade
auprès de plufieurs fouverains. Ses oeuvres ont été
publiées en 1617,en un volume in-40.,par Duchefne.
On y apperçoit encore quelques légers fondemeris
de la grande réputation dont il a joui. On fait d’ailleurs
, par tradition, que c’étoit l’homme de fon
Charles VII a paru imprimée au Louvre en 16 6 1,
par les foins & avec des remarques du favant
Godefroi. _ .
temps qui parloir le, mieux. Il mourut à Avignon
en 1449.
Il avoit deux frères, tous deux célèbres. Jean,
bénédiélin, auteur des grandes chroniques de France ,|
appellées chroniques de Saint-Denis, Son Histoire de
Guillaume C h a r t ie r , eveque de Paris-, tut
l’autre frère. Il eut auffi beaucoup de réputation.
Il fut un des CQmmiflaires nommés pour la ré-
vifion du procès de la pucelle d’Orléans, & pour
la réhabilitation de fa mémoire.
Guillaume Chartier déplut à Louis X I , peut-
être pour avoir plu au roi Charles VII fon père,
8t encore pour avoir eu quelques intelligences
avec les chefs de la ligue du bien public. Il mourut
le premier mai 1472, & l’on décora fa tombe
d’une épitaphe honorable. Louis XI fit attacher
auprès de ce monument une infeription qui défa-
vouoit les éloges que l’épitaphe donnoit au mort. >
Cette infeription ( qui ne fubfifta pas^ long-temps
après Louis XI ) ,• fans faire aucun tort à Guillaume
i Chartier, ne fit que décéler dans Louis XL une
ame étroite & baflement vindicative.
CHASLES ( G r é g o ir e d e ) {Hiß. litt. mod. ) ,
grand voyageur dans le Levant & dans les Indes ,
tant orientales qu’occidentales, fait prifonnier plu-
fieurs fois dans fes courfes par les Anglois & par
les Turcs , auteur du Journal d'un voyage fait aux
Indes orientâtes fur Tefeadre de M. du Qiiefie en
1690 & 1691 , plus connu pour être l’auteur des
Illußres françoijes. Il vivoit exilé à Chartres vers
1719 ou 1720. •
CHASSAIGNE ( A n t o in e d e l a ) {Hiß. litt.
mod. ) , do&eur janfénifte , auteur de la vie de
Nicolas Pavillon, évêque d’A leth, trois vol. in-12.
Mort en 1760. • • •
CHASSENEUX, par corruption CHASSANÉE
( B a r th e l em i d e ) {Hifl. deFr.);, premier préfi
"dent du parlement d’A ix , prédécefleur de Jean
Meinier, baron d’Oppède, & cruel perfécuteur
des Vaudois , avoit commencé comme luiparpef-
fécuter ces paifibles fedaires ; le motif par lequel
il fut ramené à la tolérance & à la douceur mé
rite d’être confidéré ; il peint les moeurs du
temps.
Chajfanée avoit fait un livre intitulé : Catalogus
glorioe mundi , où il raconte « que dans le temps
« qu’il exerçoit à Autun la profeffion d’avocat;,
» il pullula tout-à-coup une fi grande multitude
« de rats, que les campagnes furent dévaftées,
j? & qu’on craignit une dilette générale. Comme
« les remèdes humains paroiiïbient infuffifans
« contre ce fléau, on eut recours aux furnaturels,
« le grand-vicaire.fut chargé de les excommunier.
« Pour rendre cette excommunication valide, on
» crut devoir fuivre toutes les formalités de l’ordre
» judiciaire. Sur la plainte rendue par le promo-
« teur , les rats furent affignés à eomparoître r
« après les délais expirés, le promoteur.... de-
V) manda qu’on procédât à la îentence définitive ;
« le grand-vicaire conftitua d’office un défenfeur
« aux acculés, 6c ce défenfeur fut Chajfanée. Il
» s’attacha d’abord à prouver que les rats difperfos