
La table contenoit -quarante-deux couverts. Le
roi & la reine fe mirent à table, au bout du côté
de l’appartement du r o i, dans deux fauteuils ; &
lur le retour à droite , étoit, fur un pliant, mon-
feigneur le dauphin ; à gauche , fur le retour ,
madame la dauphine ; à droite , après monfeigneur
le dauphin , étoit madame première ; à gauche ,
apres madame la dauphine, étoit madame fécondé;
a droite, après madame première, étoit madame
la ducheffe de Moa'ène, & tout de fuite après
elle , étoit mademoiselle de la Roche-fur-Yon;
Ci de l’autre coté, après madame fécondé, étoit
madame la princeiTe de Conti, & enfuite toutes les
dames de la cour.
Le roi. la reine & la famille royale furent fêrvis
en vanTeile d'or, & les princeffes en vai'ffelle de
vermeil. M. le prévôt des marchands eut l’honneur
de fervir le roi.
La (aile étoit remplie de perfonnes de la première
confide ration , qui étoient entrées par des billets;
des officiers des gardes - du - corps , du premier
gentilhomme de la chambre, de M. le duc de
Gêvres.
La décoration de la grande faite étoit telle.
Étant d’ufage- d’appuyer les planchers .torique
le roi honore de fa préfence l’hôtel-de-villë, il
avoit été mis quatorze forts poteaux fous la portée
des poutres , au-devant des trumeaux, des croifées
fur la place, & à l’oppofé r & deux autres près
des àngies.
Ces feize poteaux étoient recouverts &. ornés
de thermes ou cariathides , fur des piédeftaux;
ils repréfentoiènr les dieux & déeffes de la Viéloire,
avec leurs attributs. Le corps des figures étoit en
blanc, pourimiter le marbre ; & les gaines étoient
en marbre de couleur, rehauffé d’o r , ainfi que les
piédeftaux. Le plafond étoit tendit d’uné toile
blanche, au-deffous des poutres, encadrée-d’iine
bordure d o ré e , fai faut reflaut au-defius des caria-
thides. Les embrafemens des croifées fur la place
étoient ornés de chambranles dorés , & les tra-
verfes cein trées, embellies de guirlandes, fur les
mon tan s & au-deflous des traverfes.
La face oppoiee aux croifées étoit répétée de fym-
métrie, & figuroit des croifées feintes. Les portes
ouvrantes & feintes étoient pareillement ornées
de chambranles. Les fonds & les enrbrafemens
étoient garnis de taffetas cramoifi, enrichi de galons
d’or : & ils formorent des panneaux & des compar-
timens deffinés avec goût. Les deux cheminées
a voient été repeintes, les orneméas redorés, ainfi
que les draperies des figures.
Cette falle, à laquelle îfc décoration dOnnoit la
forme d’une galerie, étoit ornée & éclairée par
quatorze beaux luftres, qui pendoient du plafond,
oTfpofés à quatre rangs , d’une pofition variée ,
pour l’alignement & la hauteur. Les retours de
chacun des- feize piédeftaux étoient ornés de
«feux girandoles- à=' cinq branches r formant des
bouquets.de lis». Au-devant de chacune des gaines
des cariathides, étoit une guirlande à- fept Branches'^
compofée de branches de fleurs. Au-devant de ia
cheminée, du côté de la chambre du roi , étoit
dreffé un riche dais, avec une queue , fur laquelle
étoit le portrait du roi. Le bufte de.nïarbre du roi
étoit au-deffous , fur une confole dorée, pofée fut
le chambranle de la cheminée. La cheminée op-
pofée , ihi côté de la chambre de la reine , avoit
été de même repeinte-& redoré« ;& pour i’éclairer,
il avoit-été fait deux confoles dorées, qui paroif-
foientêtre tenues .par les deux figures couchées fur
le chambranle , pour porter deux girandoles de
Griffai.
L’orcheftre où- s’exécutoit le concert pendant
le fouper, étoit à un des côtés de cette cheminée ;
il étoit compofé de cinquante i iffmmens , &
recouvert de taffetas cramoifi , galonné d’or.
Le buffet de la ville étoit dreffé dès le matin ,1
dans la partie de cette falle , auprès delà cheminé*
du côté de la chambre du roi.
Au bas, pour le louper, il y avoit un petit buffet
particulier pour le roi & la reine & la famille
royale.
Après le louper, qui dura deux heures , le roi
paffa avec la reine & la famille royale dans fou
appartement. Ils virent par les fenêtres l’illumi«
nation de la place.
Illumination de la place.
Le pourtour de la place étoit décoré par quinze
piédëftaux quar-rés, qui portoient des drapeaux
entrelacés de lauriers, & entouroient le pied d’un
grouppe de lumières; treize autres pieds triangulaires
portoient des pyramides ou ifs de lumières*;
& chacune de ces vingt-huit pièces portoit quatre-
vingt & cent greffes bougiçs , ce qui faifoit environ
trois mille lumières. Le contour du fèu d’artifice
étoit illuminé, en forte que cela faifoit tableau
pour les quatre faces.
Après avoir examiné l’illumination de la place,'
leurs majeflés & la famille royale quittèrent les
appartemens & defeendirent dans la cour.
L’enceinre de la. cour étoit ornée d’une chaîne
de guirlandes de fleurs-, qui formoient des feffons
dmne colonne à l’autre, avec de belles-chutes au-
devant dès colonnes r & fur les luftres des croifées
du fécond ordre. Au-deffus de ces luftres, étoiënt
des couronnes de feuilles de laurier. Au-devant
du bas de chaque colonne du fécond ordre, étoit
une girandole formant des branchés de rofeau.
Au-devant des pieds-droits des croifées ceintrées,
étoient d’autres girandoles qui figuroiem des bouquets
de rofes. Au rez-de chauffée, les arcades
étoient ornées de luftres , couronnées d’un trefie
dé fleurs, avec des cordons foie & or , chûtes d’où
les luftres pendoient. Au-devant du bas de chaque
colonne, ércit une girandole dorée, a fleurs de
lis. Les embrafemens étoient garnis de filets de
terrines. Aux côtés de la ftatue de Louis XIV
étoient deux grands lis de fer-blanc., garnis de fortelampions.
La grande couronne royale tranfpafente »
étoit placée fur l’entablement fupérieur, au-dcfiùs |
é e la croifée du milieu de la nouvelle falle des ,
gardes : au-deffous de cette couronne, étoient des
«entes-de rideaux, de taffetas bleu, avec galons
franges d’or , retrouffés en forme de pavillon^
/ous lequel étoit lé chiffre du -roi en fleurs : au-
deffous & fur-l’entablement du premier ordre ,
étoient les armes de France & de Navarre , '
foutenues par des -génies, aux deùx côtés de la
couronne. Sur l’entablement étoient pofés des
grouppes d’enfans, badinant avec des guirlaides,
qui fe joignoient à la couronne & aux guirlandes
du pourtour de la cour.
Le grand efcalier, le veftibule du premier & du
rez - de - chauffée étoient ornés de luftres & de
girandoles de fer-blanc ; le tout garni de greffés
bougies.
Le clocher de l’hôtel-de-ville étoit entièrement
illuminé, ainfi que le comble de la grande falle.
Leurs majeftés regardèrent quelque temps cette
illumination , & enfuite. defeendirent le grand
•efcalier pour monter dans leurs carroffes , avec
monfeigneur le dauphin , madame la dauphine &
mefdames. MM. de ia ville les a voient reconduits
jufqu’à leurs carroffes.
Il a été donné par la ville de Paris plufieurs
autres fejlins au roi , à la reine & à la famille
royale.
Jamais monarque n’à gouverné fes peuples avec
autant de douceur ; jamais peuples aufiï n’ont été
i i tendrement attachés à leur roi. {B .)
F E s T U s , ( Pompeïus - Sextus ) grammairien
célèbre, abbréviateur du Traité de Verius-Flacons,
de verborurn Signifie atione.
Un autre F E s T u s , ( Porcius ) gouverneur
de Judée , étant à Céfarée , cita S. Paul ta fon
tribunal ; mais S. Paul ayant appellé à Céfar ,
fejlus le lui renvoya.
FÊTES des Ma h o m e t a n s . La .fete des maho-
xnétans par chaque femaine.eft le vendredi : ce
jour eft pour eux ce qu’eft pour nous le dimanche,
Sc ce qu’étoit pour les Juifs le faubat, c eft - à -
dire le jour de la prière publique, ils ont outre
cela deux fêtes folemnelles : la première appellée
la fête des viêlimes , qui fe fait le dixième jour du
dernier mois de leur année ; la fécondé eft celle J
du b'aïram, qui termine le ramadhan ou careme. J
F êtes des C h in o is . Ces peuples célèbrent
deux fêtes folemnelles dans l’année en mémoire j
de Confucius , & d’autres.moins folemnelles en
d’autrës jours de l’année. Ils offrent auffi deux J
fois l’an des facrifices folemnels aux efprits de
leurs ancêtres défunts , & d’autres moins folem- j
onels chaque mois & dans la nouvelle & dans là I
pleine lune, le premier jour de l’an & dans les J
folftices. Le quinzième jour de la première lune j
.de leur année , ils allument , en figne de fê te , J
ii.n grand nombre ce feux & de lanternes. Le «
cinquième jour de la cinquième lune & le quinzième
jour de la huitième font encore pour eux
des jours de fêtes. Les Indiens orientaux iont aufli
des folem ni. tés , tant en automne que dans les
autres faifons, en l’honneur de leurs idoles, i^es
Sauvages d’Amérique ont suffi les leurs. Vrye^
F etes des M o r t s . Enfin , il n’eft point de peuple
qui n’ait eu fes fêtes, pour peu qu'il ait profefle
quelque religion. (G . )
F ête des M o r t s ou F est in d e s M o r t s ,
( Hïjf. mod) cérémonie de religion très-folemnelle
en l’honneur des morts , ufitée parmi les Sau vages
d’Amérique, qui fe renouvelle tous les huit ans
parmi quelques nations , & tous les dix ans chec
les Hurons & les Iroquois.
Voici la defeription qu’en donne le P. de Char-
le voix, dans fon Journal cl un veyageSAmérique ,
p. 377. « On commence , dit cet auteur , p if
» convenir du lieu où fe fera l’aflémblee, puis
» on choifit le roi de la fête , dont le devoir eft
» de tout ordonner , & de faire les inviterons aux
» villages voifins. Le jour marque étant venu ,
» les Sauvages s’affemblem, & vçi>t proctflionnel-
v lement deux à deux au cimetière. Là , chacun
» travaille _à découvrir les corps , enfuite on
» demeure quelque temps à confidérer en fiience
y> un fpeôacle fi capable de fournir les plus le-»
7J rieufes réflexions. Les femmes interrompent les
>? premières ce religieux! fiience, en jetant des
j) cris lamentables, qui augmentent encore l’hor-
37 reur dont tout le monde eft pénétré.
3> Ce premier aéle fini, on prend ces cadavres ,
33 on ramaffe les offemens fecs & détachés , on
33 les met en paquets; & ceux qui font marqués
77 pour les porter , les chargent fur les épaules.
,7 S’il y a des corps qui ne foient pas entièrement
« f corrompus, on en détache les chairs pourries
73 & toutes les ordures ; on les la v e , & on les
37 enveloppe dans des robes de caftors toutes
37 neuves. Enfuite on s’en retourne dans le même
» ordre,qu’on avoit gardé en venant; & quand
37 la proceffion eft rentrée dans le village, chacun
» dépofe dans fa cabane le dépôt dont il étoit chargé.
>7 Pendant la marche, les femmes continuent leurs
77 éjulations, & les hommes donnent les mêmes
î7 marques de douleur qu’au jour, de la mort de
37 ceux dont ils viennent de lever les triftes reftes:
77 & ce fécond aâe eft film d’un feftin , dans
»> chaque cabane., en l’honneur des morts de fa
» famille.
35 Les jours fuivans , on en fait de publics ,
j? accompagnés de danfes, de jeu x, de combats,
» pour lefquels il y a des prix prqpofés. De temps
3> en temps on jette de ce nains cris, qui s’appellent
» les cris des âmes. On fait des préfens aux étran-
33 gers, parmi lefquels il y en a quelquefois qui
» font envoyés à cent cinquante lieues, en en
33 reçoit d’eux. On profite même de ces eccsfions
.» pour traiter des affaires communes , ou de
33 l’èle&ion d’un ch e f.,, T o u t, jufqu’aux danfçs^
À a a a a