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Lances fur tout ce qui concerne la nobtefle, la chevalerie
., les armoiries, 8tc . Il mourut en 1658. Il
-étoit gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi en 1618. Ayant furpris fa femme en adultère,
il la tua , ainfi que fon amant. Depuis cet événement,
a f r fé à 'Grenoble, la vulfonade étoit paflfée
en proverbe dans cette ville > comme le remède
qu’il falloir, dilbit-on , appliquer à la coquetterie
des femmes.
COLOMIÉS ( P a u l ) (Hiß- litt,mod. ) , favant
bibliographe > auteur de la bibliothèque choifie ,
imprimée avec des remarques de M. de la Mon-
ïio y e , & de mélanges hißöriques eftimés. On a
aufli de lui Galtia orïentalis ; Italia & Hifpania
orientalis, ce qui n’a aucun rapport à la géographie,
& défigne feulement les François, Italiens
& Efpagnols favans dans les langues orientales.
Son livre intitulé : théologorum presbyterianorum ïcon,
lui a valu des injures de. la part de Jurieù. Il a
écrit aufli la vie du P. Sirmond , &c. Il étoit pro-
teflant. Né à la Rochelle en 1638 , mort à Londres
en 1692.
COLONIA ( D o m in iq u e d e ) (Hiß. lut. me J, ) ,
jéfuite favant & eftimable, mais en horreur aux
janféniftes pour la bibliothèque janfénifle. Ce fèroit
fur-tout à ceux qui fe piquent de n’être pas jan-
fêniftes qu’il devroit déplaire, par la facilité-avec
laquelle il donne place dans cette bibliothèque : il
eft aflez plaifant, par exemple, qu’il y ait mis M. de
‘Voltaire , pour avoir dit dans la Henriade :
On voit la liberté , cette efelave lî fière ,
Par d’invincibles noeuds en ces lieux prifonnière ;
Sous un joug inconnu , que rien ne peut brifer,
Dieu fait raflujettir fans la tyrannifer ;
A fes fuprîmes lois d’autant plus attachée,
Que fa chaîne à fes yeux pour jamais eft cachée ;
Qu’en obéiflant même elle agit par fon choix ,
Et fouvetu aux deftins penfe donner des loix.
Le P. Colonia , qui fut cinquante neuf ans jéfuite
à L y on , & qui avoit une penfion de la ville , eft
aufli auteur d'une hißoire littéraire de la ville de
Lyon, avec une bibliothèque des auteurs Lyonnois
facrés & profanes. On a encore de lui une rhétorique
latine , & un ouvrage intitulé : la religion
chrétienne, auto ri fée par les témoignages des auteurs
payens.
Il fe piquoit d’être antiquaire, &. on le trompa,
comme le P. Chamillard, fon confrère, par de prétendus
monumens antiques, qu’il adopta & qu’il
expliqua , Hoyes^ l ’article C hamillard.
Le P, Colonia, né à A ix en 1660, reçu jéfuite
e s 1675 , mourut à Lyon en 1741.
COLONNE ( Biß. mdd. ) , grande maifon d’Ital
i e , qUi a produit un pape [Martin V , mort le 21
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février 14 3 1 ) , une multitude de cardinaux & de
perfonnages illuftres en tout genre. De ce nombre
furent,
i ° . Le cardinal Jean Colonne, légat dans l’armee
desCroifés, qui prit, le 5 novembre 1219,1a ville
deDamiète ;ce fut lui qui apporta , dit on , à Rome,
à fon retour en Italie, la colonne où J. C. avoit
été flagellé, & qui la mit dans l’églife de fainte
Praxède , où on la voit encore. Mort en 1245.
2tf. Le cardinal Jacques Colonne, grand ennemi
du pape Boniface V I I I , & Sciarra fon coufln, qui
donna un foufltet à ce pontife. ( Loyc{ l’article
B o n if a c e . ) _
30. Le cardinal Jean Colonne, petit neveu du
pape Martin V , employé dans les plus grandes
affaires politiques.de l'Europe fous les papësSixtelV,
Innocent V I I I , Alexandre V I , Pie III, & Jules II.
Mort le 26 feptembre 1508. Lés Colonnes, chafies
de Rome en 1499, par le pape Alexandre V I ,
prirent pour devife des rbfeaux, avec ces mots:
flettimur , fed non frangïmur.
40. Profper , frère du cardinal, precedent, &
Fabrice, fon confia-germain ; Profper eut de grands
talens, mûris par une grande expérience. C étoit
le premier Italien qui eut fu faire la guerre, depuis
que Charles V I I I , perçant l’Italie d'un bout
à l’autre, y avoit développé des principes de cet
art terrible, inconnus jufqu’alors. Profper & Fabrice
Colonne furent fes difciples & fes créatures, mais
ils fembloient n’avoir fervi fous lui que pour apprendre
à combattre les François : ils furent les
premiers à donner l’exemple de la défeélion, fur-
tout Profper , qui entraîna fon coufln dans le parti
des ennemis de la France ; tous deux en firent
punis & tombèrent entre les mains des François,
Fabrice , à la bataille de Ravenne , fous Louis X I I ,
Profper, fous François Premier , à Ville-Franche ,
où ilfutfurpris à table, à midi ,par les François |
qu’il tenoit, difoit-il, enfermés dans les alpes , corne
gli pipioni nella gabbia, & qui trouvèrent une route
jufques-là inacceffible & inconnue , pour pénétrer
en Italie. Profper & Fabrice, aprçsleur délivrance,
relièrent toujours ennemis des François. Profper ,
nommé chef de la ligue conclue contre eux fous
Léon X , en 152 1 , & fous Adrien V I , en 15*2.3 ,
ajouta beaucoup, par les grandes chofes qu’il fit ,
à la haute réputation dont il jouifloit déjà, & , ce
qui eft fort rare, ’ fa vieillefle fut le temps de fa
plus grande gloire. Ce fut lui qu’on put véritablement
regarder comme le Fabius de fon fiècle;
il fut toujours tempprifer avep fruit ; il avoit un
génie fage & fou pie, propre à déconcerter le génie
frànçois ; il étoit ennemi des batailles, il les
trouvoit toujours dàngereufes & rarement nécefl-
fâires ; il vouloit tout devoir à la fagefle de fes
mefures, & rien au hafarçl ; il aimoit à faire une
guerre fyftématique, favante , ingénieufe, & à pouvoir
fe rendre compte de tous fes fuccès ; il
exceltoit dans l’art de choifir fes- campemens, de
fatiguer
COL
Btiguer, de ruiner les armées ennemies fans combattre
, de leur couper les vivres, de rendre leurs
forces inutiles, d’éviter tous leurs pièges, & de
les faire infailliblement tomber dans les liens. C’eft
cet art que les Turennes & les Catinars ont tant
perfectionné depuis, cet art d’appliquer la ph lofo-
phie à la deftrùCtion des hommes, & de préfenter
dans la guerre même un fpeCtacle aux fages. On
a reproché à Profper de n’avoir pas toujours tiré
parti de l’état où il avoit fu réduire fes ennemis,
d’avoir fouvent perdu par trop de réferve une partie
du fruit de fes travaux ; il répondoit que c’étoit
rendre à un ennemi affoibli toute fa force , que
de le réduire au défefpoir : il pouvoit appuyer
cette maxime fur bien des exemples, dont ,1e
combat de la Bicoque , qu’il gagna contre le maréchal
de Lautrec, eût encore grofli le nombre ,
ft l’impétuoftté de Pefcaire, fon aflocié dans le
commandement, l’eût emporté fur la fage retenue
de Colonne.
Profper avoit fur-tout recueilli & confidéràble-
ment étendu les connoiflances qui commençoient
à, fe répandre de fon temps en Italie lur l’art de
fortifier & de défendre les places.
On peut juger enfin parce que fit Colonne, malgré
les contradictions perpétuelles du marquis de
Pefcaire , de ce qu’il auroit pu faire avec une
autorité plus abfolue. Il mourut le 30 décembre
2523.. Fabrice mourut en 1520.
$°. Marc-Antoine, neveu de Profper & de Fabrice,
défendit en 15165 contre les François & les
Vénitiens , la ville de Vérone. Plus vigilant &
plus heureux que Profper ne l’a voit été à, Ville-
Franche, rien ne put le forcer de fe rendre, quoiqu’il
;fût dangereufement bleflé d’un coup d’ar-
quebufe,- quoique la ville fût dépourvue de munitions
de guerre & de bouche , ' qu.oiqüe les
François, du côté de Mantoue, & les Vénitiens du
«ôté de Vicence, la foudroyaflent paF de fortes
batteries , quoi qu’en fin le maréchal de Lautrec eût
dé/a livré l’affaut par deux brèches c onfidérables.
Le fiège fut converti en blocus, puis/ entièrement
levé.
Mare-Antoine Colonne pafla depuis au fervice
de la France , & combattit contre fes oncles. Il
commandoit la cavalerie légère de France au fiège
du château de Milan, en 1522. Pn.ofper Colonne ,
pour empêcher tout fecours de pénétrer dans ce
château, l’avoit enfermé ti’une double circonvallation
, & le tenoit invefti de tous côtés; tandis
que Lautrec obfer\Voit ces nouvelles fortifications,
accompagné de fes principaux officiers, que l’éclat
de leurs armes & la beauté de leurs plumes fai-
foiqut remarquer fans qu’on put les reconnoître, un
coup de coulévrine parti des î-eçranchemens, emporta
Marc Antoine Colonne. 'C’étoit un des meilleurs
officiers de l’armée franqoife. Brantôme dit
que ce fut Profper Colonne lui-même qui pointa,
la çoulevi ine , et qu’il penfa mourir de douleur,
Hifoirex Tome IL Première pant
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quand U (lit qu’il avoit tué fon neveu. Marc-Antoine
■ Colonne périt le 4 mars 1522.
6°. Un autre neveu de Profper Colonne, le cardinal
Pompée Colonne, ennemi de la maifon de Médicis,
s’oppofa long temps à l’éleélion du cardinal Jules
Médicis, au conclave qui fe tint après la mort a A -
drien VI. On ne parlait que de la, nouvelle rivalité
de Jules & de Pompée: on fit à ce fujet 1 épi-
gramme fuivante :
Le ce iterutnç fummo dejeclam culmine Romam,
Fompeii & Juli mens furiçfa premit ;
Brute , pium, Pkotine, pium nunc firingite fermai ,
Quid feryçjfe juvat y fi peintura, fuit
Le cardinal de Médicis obtint enfin te fuffrage
du cardinal Colonne, en lui promettant la vice-chancellerie
( que Médicis avoit alors ) & 1e magnifique
palais qu’il tenoit de la libéralité du pape Léon a _,
fon coufln ; Colonne \u\ donna meme tes voix de fa
fa&ion. Ils fe rebrouillèrent dans la fuite. Clément
VII ( Médicis) fe déclara pour François M ,
tes Colonne pour Chartes-Quint. Ces Colonnes étoient
Vefpafien, fils de Profper, Afcagne, fils de Fabrice ,
•& 1e cardinal Pompée Colonne, 1e plus^ violent oL
1e plus furieux des trois. Ayant trouvé une occa-
fion favorable, ils furprennent Rome pendant la
nuit, fe faififlent de trois portes , avancent en maf-
facrant tout ce qui leur réflfte : le cardinal Pompee
Colonne tiQ fe propofoit rien de moins que d égorger
! lé pape , & d’aller les mains teintes de fon fang
I forcer tes cardinaux à 1e couronner lui-meme; il
marchoit déjà vers Saint-Pierre & vers le Vatican.
Les cardinaux engagèrent 1e pape à fe retiter avec
eux dans te château_Saint- Ange. Il étoit temps
qu’il prît ce parti: à peine étoit-il forti de fon pa-
j lais, que les troupes des Colonnes y entrèrent &
1e mirent au pillage ; elles pillèrent aufli les or-
nemens de la Bafiiique de Saint-Pierre; mais 1e
défordre dura peu, 1e canon dy ehateau Saint-Ange
arrêta l’impétuoflté des Colonnes.- ...
Lorfque, l’année fuivante (15 27) , Clement VII
fut fait prifonnier par l’armée du prince dOrange,
1e cardinal Pompée Colonne alla lui re, dre vifite au
château Saint-Angé ,foit par bienfeance, foi t pour
jouir de fon humiliation. Le pape fut tirer parti de
fa vanité ;: il s’avoua vaincu , i f reconnut qu’il n’ap-
partenoit qu’aux Colonnes , 8i fur-tout à Pompee ,
d’abaifler & de relever 1e Saint-Siège à leur gré ;
tes titres qu’il lui prodigua de dompteur des papes,
■ d’appui ou du fléau du Saint-Siège, d’arbitre de la
chrétienté , flattèrent ce. coeur ambitieux , & difli-
pèrent infenflblemeut fa haine. Le pape 1e voyant
ébranlé , n’épargna, ni prières ni larmes pour le
fléchir;- Colonne s’enivra de la nob'eflè du perfon-
nage qu’il pouvoit jouer, il devint l’ami du pape
& fon protecteur auprès de l’empereur & de l’armée,
il eut part à fa délivrance, & eut à fe
louer de fa reconnoiflance. U mourut viceroi dp
U d