
de Tes gardes, & leve une armée. Au lieu de fatis-
faire fes vengeances contre fon ennemie ip il ne
longe .qu'à arrêter les progrès de Rainfroi, général
& maire du palâis de Chilperic I I , qui vainqueur
de Teodalt, fils? de Ple&rude , menaçoit d’envalnr
l’Auftrafie. Après plufieurs combats ; il parvint, à
les contenir dans leurs limités , quoiqu’ils fulient
fécondés'de Rabode , duc des Friions , qui faifbit '
de continuels efforts pour recouvrer la partie de,
fes étas dont Pépin l’avoït. privé. Après avoir pré-
fervé l’Auftrafie du joug des Neufiriens, Chàrles
s’en fit proclamer prince. Tel fut le titre que prirent
d’abord les maires du palais d Auffrafie, lorsqu’ils
en eurent ufurpé les fcëptre. Lès fils de Plec_
trude étoient enfermés dans Cologne ; il alla les allé
g e r , & les S prifonniers eux & leur mere. Modéré
dans fa viâoirè, il leur accorda un pardon
généreux, & fe contenta de les mettre dans-.l’im-
"poffibilité de lui nuire. Après avoir réuni tous les
Aufirafiens .en fa faveur , il les conduifit à la conquête
de la Neuffrie. Chilperic I I . vaincu aufli-tôt
qu’attaqué, fut obligé de laiffer fon trône à la dif-
pofition du vainqueur. Quoique Charles en eut fait
la conquête, il n’eut point affez de confiance pour
s’y afieoir. Les François regardoient la valeuropm-
me la plus fublime vertu ; mais ils ne croÿoient
pas que ce fut un titre pour parvenir au rang lu-
prême, tant qu’il reffoit un rejetten de la tige
royale., Il y plaça un prince nommé Clotaire ; mais
( çelui-ci étant mort quelque temps apres , il rappela,
le monarque qu’il avoit détrorté, & lui donnant
un titre fans pouvoir, il .gouverna fous ,fon
nom les trois royaumes d’Auflrafie, de Neuftrie
& de Bourgogne. Sa fageffe égalant fes taiens militaires
, il corrigea plufieurs vices qui s’étoient introduits
par la roibleffe des régnés précédents. Ce
ne fut' qu’après avoir fortifié le corps politique ,
en. en purifiànt les membres, quil longea à foti-
mettre les provinces Germaniques, qui’ , depuis
■ plufieurs fiècles , étoient tributaires & foumifes à
la domination Franço:fe. Rien ne put réfifter à fon
courage infatigable, qui le portoit fans celle aux
extrémités de fon vafre empire. Lès Bavarois, les
’Allemands proprement dits.,c’eft-à-dire, les Sua-
b es , lès Turingiens , lès Friions & les Saxons,
furent obligés de lui donner des marqués de leur
foümiffion. Les Frifons furent les plus maltraités.
Charles, après avoir renverfé leurs idoles, brûlé
leurs bois facrés , & tué Popon , leur duc , fuccef-
feur de Rabode , les força de renoncer au privilège
dont ils avoient toujours été fort jaloux, d avoir
des ducs de leur nation. La viâoire la plus éclatante
de ce temps, & qui fait le plus d’honneur au nom
François , fut celle qu’il remporta fur les Sarra-
fins, qui, fiers de leurs conquêtes en Afie & en
Afrique, parloient de foumettre l’Europe au joug
de l’alcoran. Introduits , félon quelques auteurs,
dans l’intérieur de la France par Eudes ,, duc d A-
quitaine , qui vouloir profiter de leur alliance pour
s’ériger en roi, ils y exercèrent les plus'téfriblès
• ravages-.-Si les auteurs n’ont pas gtoflrle nombre
de leurs troupes elles montoientrà 700 mille
hommes. Charles les rencontra dans lès plaines de
Tours; les deux.années refièrent en préfence pendant
fept jours confé'cutifs, & s’effayèrent par
différentes efcarmouches; mais après ce terme, la
'viâoire couronna la valeur de ' Gtar/e.t.: Queiques-
uns ont penfé q'u’il fut furnommé Martel des coups
‘ qu’il frappa dans cette mémorable journée Td’au-
• très, d’après une efpèce d’arnle dont‘il fe férvit
pendant le combat.
Charles au milieu de fes: profpérites , ’délira le
diadème. Ce defir fe mariifefta’; lur-tout à la mort
de Thier ry, dit de Chelles , fantôme de toi quil
avoit placé fur le trône depuis le dédès de Childe-
ric. Les conj'onélures étoient peu favorables. II.
avoit été obligé de faire contribuer les eccléfiafti-
ques aux charges de l’état, & même de donner a
des laïcs des biens affe&és aux églifes ; il preffentit
l’oppofition du clergé ne manifefia rièn de fes
fentimens : il fe contenta du titre fous lequel il
avoit gouverné jufqu’alors ; mais fa fierté ne lui
permettant pas de s’abaiffér davantage fous un
maître, il laiffa le trône vacant, & ne' jugea point
à propos de faire des rois.
Cependant le fuccès de Charles contre les Sàrra-
fins qu’il vainquit dans plufieurs autres rencontres,
élevèrent fon nom au plus haut dégré de gloire.
Les Romains preffés d’un côté par les Lombards
qui vouloient les mettre fous le joug, & intimidés
de l’autre par l’empereur de Conftantinople;, qui
menaçoit de fes vengeances , lui envoyèrent une
célèbre ambaffade. Ôn remarque que dans leurs
lettrés , ils lui donnoient le titre de vice-roi. Cette
première ambaffade n’ayant produit aucun effet,
le pape Grégoire III lui en envoya une fécondé ,
& lui écrivit les lettres les plus preffantes. Le pape
qui voyou les Lombards à fes portes, peignoit
leur roi fous les plus odieufes couleurs. Les nouveaux
ambaffadeurs abordèrent le prince d Aukra-
| fie de la manière la plus refpeâueufe ; ils tombèrent
à fes pieds, & lui offrirent, avec le titre de
l- Patrice , la iouveraineté de la ville de Rome. Ces
oftres étoient bien capables de flatter fon ambition,
mais il n’en put profiter ; il étoit atteint d’une ma.
ladie qui le conduifit au tombeau cette, annee-ia
même. Il mourut à C re c y , dans la trente-huitième
aunée de fon âge , & la vingt-rroifième de fa ma-
giftrarure, laifiânt une réputation comparable à
celle des plus grands capitaines & des plus grands
politiques. Placé fur les degrés du trône , il avoit
tous les taiens qui peuvent l’üluftrer ; & s il ne
porta pas- le diadème , il eut au moins la g.otre
d’en préparer un à fes fucceffeurs , plus brillant 6c
plus aiîgufte que celui qu’il avoit ambitionné. On
ne fait fi c’eft de ce 'héros ou de Charlemagne,
fon petit-fils , que la féconde race de nos rois a
pris le nom de Carticnnc ou Carlcrvingienne. Ltnt-
toire nous a «tofervé le nom de deux de fes
femmes, favoir, de Rotrude U de Sommchelde.
t a Dremiere donria naiffance à Pépin le B r e f& à
Carloman., l’autre à Griffon. Cé-trfa eut e-rootrç
blufieurs fils naturels entre lefquels on dtflingne
ReniV H fut évêque de Rouen. Des hiflortens
ont regardé Chartes-Martel comme l’infiituteur des
comtes palatins, auxquels ont fuccédé ên France
les fnaîtres des requêtes. ( T— S. ~)
C h a r l e s I , (Hift.de France. ) vingt-troifieme
rot de France , vulgairement nommé Charlemagne,
c’eft-à-dite , Charles lé Grand, naquit l’an 74a , de
Pépin le B re f& deBerte ou Bertaudr. La vie dè
ce prince a jette tant d’éclat, que plufieurs villes
fe font difputé la gloire d’avoir ét'e fon berceau.
Les uns ont prétendu qu’il naqüit a Ingelheim,
près de Mayence ; les autres , à Confiance en
Suifie. Des critiques mieux inftrifits ont démontré
<me ce fut à Carlsbourg , château de là Haute-
Baviere , fur la Salva. Pepih le Bref avoit laifle
en mourant des états bien vafiès & une domina*
tion bien affermie. Get habile polititique marchant
fur les traces de fes ancêtres:, avoit coniommè
leur crime & exterminé la race de Mérôûee qu ils
avoient avilie. Charlemagne & Càrloman, fes Ws ,
partagèrept fa puiffance : le premier avoit de très-
grands taiens, l’autre n’eri avoit que de tort médiocres.
Il eût cependant affez de prévoyance
leurs ancêtres avoient rendus aux Céfars & aux
Exarques , fucceffeurs de ces hommes fameux.
Charlemagne fit plufieurs autres'voyages «n Ita te ;
le plus célèbre fe rapporte;« lr.^800, il y «toit
attiré par Mon I I I , fucceffeur d Adrien. Ce poh-
tife lui”demandolt juftice contre phifieurs Romains
qui confpiroiefit pour le perdre g g l’accufo.ent de
divers crimes. ’ Le monarque jugea le pape de
la manière la plus folemnelle : ayant reconnu fou
innocence f i l condamna fes, acoufateurs arperdre
la tête. Ce fut après ce jugemeut mémorable que
les Romains le conjurèrent de faire revivre eu
perfoune le-titre d’empereur d Occident , éteint
depuis trots fiècles. Charlemagne y confentit apres
W m , follicitâtions , mais il le reçut en mattre
Il ne pofa le-diadème fur fon front qu apres avoir
vu le pontife à fes pieds. Léon III fléchit le genou
devant Charlemagne -, & “P™8, 1.3; 0^ ù t
milieu d’une affemblée innombrable ( pojl quas laïc-
des à pomifrte rhore -antiquorum prmaipum adaratus
eft.'l, il fit expofer • fon portrait, afin qra 1 e peuple
lui rendît le même hommage. T ri avoir été 1 ulaget
confiant fous les fucceffeurs d’Augufte avant &
après l’introduéfion du chriftianifme. Charles , dans
les différens voyages , ratifia la donationdont Pépin
pour craindre l’abus que fon frère pouvoit tairè
des Tiens. Il fe retira en diligence dans fon royaume
d’Auftrafie que Pepirï lui avoit marque pp^r. f°n
partage, & y refta dans la plus grande défiance.
Charles, le fôllicità en vain dé leTecondeir contre
Hunaüld , duc d’Aquitaine, qui, fuivant quelques
auteurs, étoit de la race des anciens rois. Cettè
défiance étôit fondée, & l’on rie tarda point a s en
appercevoir ; ce prince étant mort l’annee fuivante
( 772I à Samouci, non fans quelque foupçon de
poifon ) , Charles s’empara de les états, au Pre)lJ*
dice de deUx princes fils de Càrloraan, qui, fous la
conduite de Gebèrge leur inère , allèreiit mendier
Un afyle chez Didier, roi des Lombards. Didier
les reçut avec les tranfports de la joie la plus vive ,
& d’autant moins fufpe&e, qu’il avoit de grànds
fujets de plainte contre Charles qui lui avoit renvoyé
fa fille après l’avoir épouféè. Il les conduifit
à Rome, & pria le pape de les facrer. Adrien qui
occupoit alors le fiège pontifical^, rèjetta cette
propofition : le pape craignoit dé s’expofer^ au ref-
fenriment du monarque François, qui, vainqueur
des Saxons & de Hunauld qü’il tenoit dans les
fers, faifoit des préparatifs pour entrer en Italie.
Didier voulut eh vain lui fermer Tes paffages ; .
Charles ayant franchi le' fommet des Alpe«f, battu
les Lombarde à Clufiüm , va lafliegef lui-meme
dans Ravie , fa capitale. Te l Tut le prélude des
grandes vivoires de Charlemagne : fix îhois "lui
fuffirérit pour renvevfer la monarchie des Lombards
, & pour foumettre l'Italie entière. Les Romains
éblouis deS grandes qualités du cdnqùéranr,
lui donnèrent des-marques de la pltis entière obeif-
fance ; ils lui déférèrent tous les honneurs que
avoit récompenfé -lé zèle Mtdifctet -des, papes
qui", P5t un abus criminel de leur «mniftere ,
avbient approuvé la dégradation des anciens rots
La donation de Pépin . Comme on peut le voir a
l’artide de ce prince , confiftoit dans la joutffance
précaire de l’exarcat & de la pentapote. Charles,
en confirmant - cette- donation , nen changea pas
le titre-; il s’en réferva - ta fouverainete comme
emperenr & comme roi , -de manière quil etoit
libre de’ les reprendre s'il le jugeott à propos._
Ces ptéfens du pontife &idu monarque n etotent
fondés que fur la-force : tout étoit appuyé fur
l’épéè de Charlemagne : il ne- pouvoir donner au
pape ni l’exarcat ni la-pentapole ; ni le pape ou
les Romains , lut donner le titre d’empereur ce
titre rèfidoit dans la perfonne des empereurs d U -
rient ; aùfli ce n’eft pas à cette époque, que l.on
doit rapporter là-renaiffance d e -1 empire d Occident
, mais feulement â l’an 8t.z , que l’empereur
Michel corifentit ,-pat un traité folemnel, à recon--
uoître- Chhrles pour fon collègue. Voffi ce- qui le
paffa ■ d’imjfortant-en Italie ' fous - le-régné de ce
prince • mats’ces btffllans fuccès-ne furent pour ce
héros que l’ouvrage de quelques mots. Il conquit
pendant ce temps-îà même tà-Hongrie, la Bolieme ,
la Catalogne la ’Navàrte , força les Vénitiens a
lui rendre hommage f -foutnit les Saxons qui rriu-
foient 'de lui payer, le tribut auquel ils étoient allu-
jettis, & réforma fou-état, -ouvrage plu* grand &
plus difficile qiie de remporter des viaotres. Je
n’entrerai pas dans les détails des expéditions de
ce prince ; il fuffit de les compter ;-tl en fit trots
en Italie ; tant contre les Lombards: que contre
plufieurs peuples qui prétendoient fecouer le joug
ide fon obéiffance deux -en-Hongsre. autant en