
Le vieillard OEbafus avoit trois fils dans fon armée
, il le pria de lui en laitier un pour être l'appui
& la confolation de fa vieillèffe. L’hiftoire ne
nous dit pas ce que cette prière pouvoit avoir de
défagréable pour Darius , mais il répondit avec
line ironie affreufe : c’efl trop peu. d’un , je veux vous
les laijfer tous.les trois , & il les fit mourir.
Voyeç à l’article D emocede d’autres traits particuliers
de la vie de Darius.
Les Scythes le chaffèrent de leur pays & pensèrent
l’y enfermer.. Il eut quelques fuccès dans
l’Inde , où il porta fes armes pour fe dédommager.
Enfin il fit la guerre aux Grecs, 8c Miltiade
battit fes généraux à Marathon. Darius mourut
peu de temps après.
Le fécond Darius fe nommoit encore Ochus. Il
eft connu dans l’hitioire fous le nom de Darius
Nothus., c*eft-à-dire le bâtard , parce qu’il étoit fils
naturel d’Artaxerce-Longuemain. Ce fut un roi
fbible , gouverné par Parifàtis, fa fceur 8c fâ femme
( & fous elle par quelques eunuques. Il fut
lîmple fpeâateur de la guerre du Peloponèfe,
dont fes prédécefleurs avoient tiré un grand parti
contre la Grèce : fous fon règne qui fut de 19 ans ,
depuis l’an 4x3 avant J. C- jufqu’à fan 442, la L y die
, l’Egypte , la Médie fe révoltèrent, l’Egypte
feule avec fuccès , du moins pendant quelque
temps.
L e troifième Darius eft l’infortuné Darius Codo-
man, fous qui & avec qui périt l’empire de Per fe x
l’an avant J. C . 330. Son hrftoire fe confond avec
celle d’Alexandre le grand, fon rival & fon vain-
ùeur. Voye£ cet. article ; voyez gufll celu^ de
AGOAS.
D A R O G A ou DARU GA , f. m. {Hiß. modd)
c’eft ainfi qu’on appelle en Perfe un juge criminel:
il y en a un dans chaque ville-
C ’eft encore le nom d’une cour fouveraîne, où
l ’on juge les officiers employés au recouvrement
des deniers publies » lorfqu’ils- font accules de
malverfation. ( A . R -)
D ’ARVIEUX. Voyez A r v ieu x .
DASSERI , f. m. ( Hiß. mod. } le chef de la
religion auprès du. roi de Cagonti s’appelle gourou y
& fis difciples daßeris. ( A . R.)
D’ASSOUCI. Voyez Assouci.
DATAME S {H iß . anc. ) . Cornélius Nèpos le
loue beaucoup & le fait peu connoître ; il ne lui
réfère, pour les tatens militaires parmi les Bar-,
ares, qu’Amilcar & Annibal , ce q ui, en. donnant
une haute idée de fes talens , ne les caraéfé-
rife pas allez. En joignant » à ce que dit Cornélius
"Ng^os ,.ce qu’on trouve dans Diodorc de Sicile fur
Datâmes, l’idée qu’on s’en fait eft, qu’à une valent
& une a&ivité prefque romanefques , il joignoit
un efprit de reflburce 8c fécond en expédients. Ifc
étoit Carien de nation; Camifare,fon père, étoit
gouverneur pour le roi de Perfe, Artaxerce Mne-
mon , de la Leuco-Syrie, province enclavée dan*
la Cilicie 8c la Cappadoce ; Datâmes lui fuccéda
dans ce gouvernement. Thyus , gouverneur de
Paphlagonie , prince puifiant, homme d’une taille
gigantefque & d ’unvifage affreux, s’étant révolté
contre le roi , Datâmes fut chargé d’arrêter fes
progrès ; on ne croyoit pas qu’il pût être encore
en mouvement pour cette expédition , & on ju-
geoit que ce feroit beaucoup pour lui de fe détendre
contre un tel ennemi , lorfqu’on annonce
au ro i, un chafleur qui lui amène une efpèoe de
monftre pris à la chafle ; c’étoit Datâmes vain*^
queur , qui lui amenoit dans cet appareil Thyus
qu’il avoit furpris , 8c fait prifonnier avec fa femme
oc lès enfans. Datâmes fentant combien cette nouvelle
feroit agréable au ro i, avoit voulu la lui
porter lui-même. Le roi jugea qu’un tel Homme
devoit être employé dans les affaires les plus im--
portantes , il lui donna le commandement d’uneî-
armée chargée de réduire l’Egypte alors révoltée ;
mais dans l’intervalle , un autre gouverneur, nommé
Afpis, s’étant auffi révolté , le roi envoya
ordre à Datâmes de marcher contre lui ; l’entre»
prife étoit d’une exécution difficile , l’ennemi très-
éloigné ; le roi jugea qu’il avoit eu tort, & que
c’étoit mal-à-propos détourner Datâmes d’une expé*-
dition plus importante , il lui envoya un courier
pour lui dire de revenir , & de ne plus s’occuper
que de l’expédition de l’Egypte ; le courier trouva
Datâmes qui revenait ,, ramenant. Afpis vaincu 8c
enchaîne».
Sa faveur alors fut au comble , ce qui dans la
cour d’un defpote annonce quelquefois une dif-
grace prochaine*; il fut averti en effet que ceu»
qui geuvernoient le roi, étoient tous fes ennemis
ou déelarés ou-fecrets 'r qu’on i’attendoit à l’expédition
d’Egypte , que tous l i s fuccès feroient attribués
à la fortune du roi , ( grand mot dans les
cours ! ) & à l’armée qu’il conimandoit ; que fes revers
, s’il en avoit , ne feroient imputés qu’à lui,„
qu’ils feroient exagérés par l’envie & la malignité ,
8c qu’il les paieroit peut-être de fa tête. Peut-être.
Datâmes, d’après ces difcours, s’exagéra-t-il à lfci-
même fes dangers & les intrigues des cours; moins^
il les connoifibit, plus.il s’en alarma ; if paroît enfin
que ce fut un peu légèrement 8c fans a-voir en--
core aucun jufte fujet de plainte , qu’il prit le parti
cFela-révolte r lui qui avoit été le fléau, des rebelles».
Il fculève la Cappadoce, s’empare de la Paphlagonie
; on fait marcher contre lui une nombreufe-
armée de Pifidiens 'r le combat s’engage, 8c il arriva
deux événements, qui- auroient tait perdre la
tête à tout autre qu’à Datâmes. Un de fes fils eft
tu é , il cache fa moi;t à fes troupes dè peur de les*
décourager ; en même-temps Alithrobarzane, foa
beau-père, qui commandoit fa cavalerie, le croyant
perdu, paffe du côté des ennemis, Datâmes voit
fa manoeuvre, répandle bruit qu’elle eflconcertée
entre fon beau-père 8c lui pour attaquer l’ennemi
des deux côtés. Il paroît en effet s’arranger fur ce
plan, l’ennemi y eft trompé 8c combat Mithrobar-
zane, fans lui donner le temps de s’expliquer. Ce
général 8c les Pifidiens s’entre-détruifent, Datâmes
eft vainqueur.
Il avoit perdu un de fes fils, un autre nommé
Scifmas ou Sifynas vdans l’efpérance apparemment
«le faire fortune, va l’accufer auprès du roi, 8c révéler
tous fes deffeins. Le roi, félon l’ufage des
orientaux qui croient tout accabler par le nombre,
envoie contre Datâmes une armée de deux cents
mille hommes; Datâmes affaiblit d’abord cette armée
par une multitude de petits combats, où l’avantage
du pofte, de la valeur, de la conduite, de
la difcipline, eft toujours de fon cô té , il fe livre
enfin un combat général, où il diffipe entièrement
cette nombreufe armée, fans autre perte qce celle
de mille hommes ; on fufpend les hoftilités, on
tente la voie de la négociation ; Datâmes s’y prête
avec plaifir, il aimoit Artaxerxe, il ne s’étoit révolté
que contre les courtifans ; il n’avoit voulu
que prévenir fa perte , il avoit l’ame d’un héros,
©c non pas d’un rebelle : mais l’orgueil du defpote
étoit blcfle , il ne vouloit poin t regagner Datâmes,
il vouloit s’en venger, la négociation couvroit un
piège; Mithridate, fils d’Ariobarzane, s’étoit vendu
à la haine d’Artaxerxe, il s’infinue dans la confiance
de Datâmes par des marques fuivies d’attachement
8c de fidélité, il épioit le moment de la
trahifon, fe trouvant feul un jour avec Datâmes,
il le perce de fon épée, avant que celui-ci pût feulement
fonger à fe mettre en défenfe.
Ainfi périt, ( vers l’an 360 avant ƒ. C. ) par une
perfidie, ce capitaine prudent 8c habile qui favoit
tout prévoir 8c tout prévenir, excepté la perfidie,
parce qu’il ne la connoiffoit pas.
DA THAN. Voy ez Abiron.
D A T I ( Hifioire litt. mod. ) , Auguftin 8c Carlo,
,1e premier, auteur d’une Hifioire de Sienne, la patrie
; le fécond, des Vies des Peintres anciens , 8c
de quelques autres ouvrages italiens , tant en
profe qu’en vers, entre autres, d’un Panégyrique
de Louis X IV . Le premier, mort en 1478 ; le
fécond, en 1675.
D ’ A U B E N T O N ou D A U B E N T O N
fc a r c’eft ainfi qu’il fignoit) ( G u i l l a u m e )
( Di fl. mod. ). Le Père d'Aubenton, jéfuite, con-
leflèur du roi d’Efpagne Philippe V , fort accufé
d’intrigues par les ennemis de l’intrigue ou des
jéfuites. Il avoit été renvoyé en 1706 ; il fut
rappellé en 1716.. On prétend que le roi d’Efpagne
lui ayant déclaré en confeffion le projet
qu’il avoit d’abdiquer, le P. d’Aubenton , qui entretènoît
des correfpondances fecretes avec le
régent, lui révéla la confeffion de Philippe V ,
dans l’efpérance que le régent feroit fes efforts
pour détourner le roi d’Efpagne de ce projet, qui
alarmoit fort l'ambition du jéfuite. Le régent, au
contraire , envoya la lettre au roi d’Efpagne ; le roi
fe contenta de la montrer froidement au P. d*Au-
benton, qui fut fi faifi , qu’il en mourut d’apoplexie,
à Madrid , le 7 août 172,3. Cette anecdote que
M. de Voltaire rapporte d’après un hiftorien Efpa-
gnol, nommé Bellando, eft conteftée , 8c il faut
convenir que le P. d'Aubenton n’avoït aucune rai-
fon de compter fur le régent pour empêcher l’exécution
d’un projet qui avançoit, pour fa fille 8c pour
fon gendre, le temps de monter fur le trône d’E fpagne.
Le P. d*Aubenton étoit françois, né à Auxerre
le 21 oétobre 1648. Il avoit fuivi en Elpagne le
duc d’Anjou, dont il étoit confeffeur.
D ’AUDIGUIER. Voyez A udiguier.
D A U L ( Infl. milit. des Turcs. ) Les Turcs
appellent ainfi une groflè caiffe haute de trois
pieds que les tambours portent à cheval avec un
haufle^col couvert de drap rouge : ils frappent fur
la partie fupérieure avec un gros bâton de bois en
forme de maflùe recourbée , 8c fur l’inférieure avec
; urre petite baguette, frappant alternativement d©
l’une 8c de l’autre avec beaucoup d’art 8c de gravité
, ce qui eft fort agréable ; c’eft - là l’uniqu©
inftrument qui, outre le fafte du bacha , ferve aux
exercices militaires, parce qu’on bat ces grofles
caiflès, lorfque l’armée eft proche de celle des ennemis
, tout autour des gardes du camp; pour les
tenir éveillées , les tambours crient jegder Alla «
c’eft-à-dire, Dieu bon. {V .}
DAUMIUS ( C hristian ) ( Hifl. litt. mod. ) ;
célèbre littérateur allemand du dernier fiècle. Il
recherchoit fur-tout les racines des langues. On a
de lui dans ce genre; i ° . TraElatus de caufis amif-
farum quarumdam linguee latince radicum ; 2°. In-
dagator & reflitutor gracee lingua radicury.. Mort en
1686.
DAUPHIN ou DAUFIN ( Hifl. mod. ) , eft le
nom que l’on a donné depuis le milieu du douzième
fiècle au prince qui pofledoit la province
viennoife. L’origine de ce nom eft affez incertaine :
les uns le font venir d’un dauphin que Bofon fi*
peindre dans fon é cu , pour marquer la douceur
de fon règne ; mais cette étymologie eft faufle,
puifque Bofon vivoit au milieu du neuvième fiè-
cle , 8c que les dauphins ne prirent ce titre que plus
de trois cents ans après, c*eft-à-dire, au milieu du
douzième fiècle : d’autres du Château-Dauphin,
bourg dans le Briançonnois, que ces princes
avoient fait bâtir. Mais fon origine la plus vrai-
femblable, eft que Guy V , dit le Vieux, prit le
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