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en pourfuivant ceux qui s’égaroient. A force de .
difpiuer contre les hérétiques, & d e les fuivre dans |
les fubtilités de la dialeâique , il devint hérétique
lui-même. Seloq lu i, Marie etoit mere du Chrift,
c’eft-à-dire de l’homme; mais elle n’étoit pas ntèr.e
de Dieu. Le verbe s’étoit incarné , non pas en
n aillant d’une femme , mais en s’unifiant à la chair
du Chrift, qu’il avoit prife comme un temple pour
y habiter : mais c’étoit l’homme, & non le Dieu ,
qui étoit mort ; & c’ètoit le corps de l’homme que
le Dieu avoit reffufcité. Neftorius trouva dansfaint
Cyrille , évêque d’Alexandrie , un redoutable ad-
verfaire , & il fut condamné, en 43 1, au concile
d’Ephèfe, troifième concile oecuménique.
Ce qui étoit arrivé à Neftorius, arriva aufll au
moine Eutychès. Le zèle contre le neftorianifme
le jeta dans une erreur contraire, qui fut appellee
de fon nom Y E u ty c h ia n i fm e . Neftorius féparoit trop
les deux natures, E u ty c h è s les confondit. Il foute-
noit que depuis l’incarnation, la divinité & l’humanité
ne font plus qu’une feule nature; c é to it,
félon lui, la divinité ainfi confondue avec l’humanité
qui avoit fouffert.
Après'plufteurs conciles contradictoires, il fe
tint enfin, en 4 5 1 , à Chalcédoine, un concile oecuménique
, qui porta le dernier coup a 1 eutychia-
nifme, & fixa la foi de l’Eglife fur le myftère de
l’in car nation. Cependant on difputa beaucoup &
long - temps contre l’autorité de ce concile; les
neftoriens & les eutychiens, & ceux qufles con-
damnoient tous les deux, continuèrent à fe faire
la guerre, & par des écrits & par les armés. L’em- |
pereur Zénon donna, en 4-81, fon H e t o n i c o n ou édit j
d’union, qui ne réunit perfonne , qui fembla |
même porter quelque atteinte au concile de Chalcédoine.
Enfin, en 553, le concile de Conftan-
tinople, cinquième concile oecuménique , ccnfacra
la doctrine des quatre conciles oecuméniques pre-
cédens, nommément du concile de Chalcedoine,
& condamna auffi quelques écrits infeétes^ de
•neftorianifme, fur-tout ceux de Théodofe, évêque
de Mopfuefte, de Théodoret, évêque de C y r , &
d’Ibas, évêque d’Edeffe. C ’eft ce qu’on appelle
Vaffaire des trois chapitres.
Juftinien, qui, comme tous les princes foibles &
peu éclairés , donnoit trop d attention & trop
d’importance aux débats théologiques, avoit prévenu
le concile de Conftantinople, & condamne
de fon autorité privée les trois chapitres dès 546*
Cette entreprife fur l’autorité de l’Eglife ne lui
avoit pas réufli ; ceux même qui penfoient comme
lui , refufoient de fouferire fon edit : l a ffa ir e
d e s tr o is ch a p itr e s devint la grande^ affaire^ de
l’Ealife. On ne fe fournit enfin qu’à l’autenté du
concile de Çonûantinople, & on ne s’y fournit
qu’avec le temps.
De l’eutychianifme,qui fub.fifto.it toujours,quoique
condamné, ou paree qu’il etoit condamne , naquit,
vers le milieu-du féptiëme fiècle, le Monothéisme,
erreur à laquelle le pape Honorius pafte pour avoir
été favorable. « Du moins , difoient les nv nothé-
lites, » s’il faut reconuoître deux natures en Jéfus-
§ Chrift , il ne faut reconnoîtte en lui qu’une feule
» volonté ; il veut tout, il fait tout par une feule
» opération , qu’on peut appeller théandrique ou
„ deï-vïrile, c’eft-à-dire, divine & humaine tout
„ enfemble ; & la diftinâion des deux natures n efl
„ que dans notre entendement. » L’empereur
Héraciius em brada le monothélifme ; il donna,
en 639, en faveur de cette nouvelle doétrine,
l’édit connu tous le nom à'eCthèfe, £eft-à dire
expojition. Ces princes étoient bien prefles défaire
des édits. Du moins Héraciius défavoua le nen ,
mais, en 648, l’empereur Confiant en donna un
connu fous, le nom de type, c’eft: àdire , formule
ou formulaire, par lequel il défendoit de parler d une
ou de deux opérations en Jéfus-Chrift. Le mono-
théiifme fut condamné au concile deConftantinople,
tenu en 680 & 681, fixième concile oecuménique;
ce qui n’empêcha pas l’empereur Philippvque de.
fe déclarer long-temps après pour le monomelifme,
& de faire condamner le concile oecuménique de
Conftantir.ople, par un concile particulier, tenu
dans la même v ille , en 7 1 2 : un autre tenu auih
! dans la même ville , en 7 1 4 , fous l’empire d Anal-
tafe I I , condamna de nouveau les monothelîtes,
& réhabilita le concile oecuménique de Conftantinople.
Mais pendant long-temps on ne put
marcher entre le neftorianifme & l’eutychiamfme,
fans pencher un peu d’un côté ou d un autre. Ces
deux natures unies fans confufion, ces deux operations
, ces deux volontés, dont l’une ne contrarie
jamais l’autre, faifoient toujours quelque peine
aux théologiens inquiets.
EUTYCHIEN, ( . . l l f i cccléf. ) pape & martyr
fuccefteur de F é lix ,-en janvier 275» martyrifé
le 8 décembre 283.
EXAMILION, f. m. {Hifl. mod. ) muraille
célèbre que l’empereur Manu« 1 Paleologue fit elever
fJr lifthme de Corinthe: elle avoit fix milles de
longueur : elle couvroit le Péloponèfe contre les
J inciirfions des barbares : elle partoit du port Léchée
, & s’étendoit jufqu’au port de Çencuree.
P murât II la démolit ; les Vénitiens la recoud
truiftrent en quinze jours: elle fut renverfée pour
Ma fe'conde fois par un Beglerbey , & ne fut point
relevée. S A . R- )
EXARQUE , f. m. ( B i fl. anc. ) dansTantiquité
étoit un nom que donnoient les empereurs d Orient
à certains officiers qu’ils envoyoient en Italie en
qualité de-lieutenans, ou plutôt de préfets , pour
défendre la partie de l’Italie qui étoit,encore fous
leur ob'éifianee, particuliérement la ville de Ka-
venne, contre les Lombards qui fe Eoui rendus
maîtres de la plus grande partie de l’Italie. .
t'e.xaraue faifoit fa réfidence a Raven ne , cette
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ville avec celle de Rome étoit tout ce qui reftoit
aux empereurs en Italie.
Le patrice Lohgin fut le premier exarque. Il fut
nommé , en <68, par Juftin le jeune. Les exarques
fubfi fièrent pendant 185 ans , & finirent à Euty-
chius, fous l’exarchat .duquel Aftulphe ou Afiol-
phe, roi de Lombardie , s’empara de la ville de
Raven n e.
Le père Papebroch , dans fon Propyloeum ad aCta
fanCti Mail, a fait une difiertation fur le pouvoir
& les fondions de Yexarque d’Italie à l’éleétion &
à l’ordination du pape.
Héraciius , archevêque de L yon, defeendant de
l’illuftre maifon de Montboiffier , fut créé par
l’empereur Frédéric, exarque de tout le royaume de
Bourgogne; dignité qui jufques-là étoit inconnue
par-tout ailleurs qu’en Italie, & dans la ville de
Raven ne. Meneftrier, hifl. de Lyon.
Homère , Phllon & d’autres anciens auteurs
donnent pareillement le nom d’exarque au chorifie,
ou maître dés muficiens dans les anciens choeurs, ou
à celui qui chante le premier ; car le mot «/>&<*> ou
upxo'ftetij fignifie également commencer & commander.
Chamberst ( G. )
E X IL , f. m. ( Hifl. anc. & mod. ) efpèce de
bannifiement.
Chez les Romains , le mot e x il, exilium , figni-
fioit porprement une interdiftion, ou exçlujion de
Peau 6» du feu, dont la conféquence naturelle étoit,
que la perfonne ainfi condamnée étoit obligée
d’aller vivre dans un autre pays, ne pouvant fe
pafter de ces deux élémens. Auffi Cicéron , ad
Heren. ( fuppofé qu’il foit l’auteur de cet ouvrage)
obferve que la fentence ne portoit point précifé-
ment le mot d'exil, mais feulement ^interdiction de
Veau & du feu.
Le même auteur remarque que l'exil n’étoit pas,
à proprement parler un châtiment , mais une
efpèce de refuge & d’abri contre des châtimens
plus rigoureux : exilium non effe fupplicium , fed
perfugium portufque fupplicii. Pro Cæcin.
Il ajoute qu’il n’y avoit point chez les Romains
de crime qu’on punît par Y exil, comme chez les
autres nations ; mais que Y exil étoit une efpèce
d’abri où on fe mettoit volontairement pour éviter
les chaînes, l’ignominie, la faim , &c.
Les Athéniens envoyoient fouvent en exil leurs
généraux & leurs grands hommes, foit par jaloufie
de leur mérite, foit par la crainte qu’ils ne priflent
trop d’autorité.
Exil fe dit auffi quelquefois de la relégation
d’une perfonne dans un lieu d’où elle ne peut
fortir fans congé. '
Ce mot eft dérivé du mot latin ex ilium, ou de
txul, qui fignifie exilé ; & les mots exilium ou
exul font formés probablemt nt d'extra folum, hors
du pays natal.
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Dans le ftyle figuré, on appelle honorable exil,
une charge ou emploi qui oblige quelqu’un de
demeurer dans un pays éloigné & peu agréable.
Sous le règne de Tibère, les emplois dans Iss
pays éloignés étoient des efpèces 8 exils myftérieux.
Un évêché- en Irlande, ou même une ambaffade ,
ont été regardés comme des efpèces d’exils: une
réfidence ou une ambaffade dans quelque pays
barbare , eft une forte d'exil. Voye£ le Dictionnaire
de Trévoux & Chambers. (G .)
EXIMER . v. aél. ( Hifl. & Droit public d’Allemagne.
) On nomme ainfi en Allemagne l’a&ion
par laquelle, un état ou membre immédiat de
l’empire eft'fouftrait à fa jurifdiélion & privé de
fon fiiffrage à la diète. Les auteurs qui ont traité
du droit, public d’Allemagne , diftinguent deux
fortes d’exemption , la totalere la partielle. La première
eft celle par laquelle un état de l’Empire en
eft entièrement détaché, au point de ne plus contribuer
aux charges publiques , & de. ne plus
reconnoître l’autorité de l’Empire; ce qui fe fait
ou par la force des armes , ou par cefiion. C’eft:
ainfi que la SuiiTe , les Provincés-Unies des Pays-
Bas , le landgraviat d’A lface, &c. ont. été eximés
de l’Empire, dont ces états relevoient autrefois.
L ’exemption partielle eft celle par laquelle un état
eft fouftrait à la jurifdiétion immédiate de l’Empire ,
pour n'y être plus fournis que mèdiatement ; ce qui
arrive lorfqu’un état plus puiffant en fait ôter un
autre plusfoiblede la matricule de l’Empire, & lui
enlève fa voix à la diète : pour lors, celui qui exime
doit payer les charges'pour celui qui eft exirné, &
ce dernier, de fujet immédiat de l’Empire, devient
fujet médiat, ou landjaffe. ( — )
EXPÉDITION ROMAINE. ( Hifl. ‘mod. )
Autrefois, lorfque les éleéleurs avoient élu un
empereur, il étoit'tenu , après avoir reçu la couronne
impériale en Allemagne, d’aller encore fe
faire couronner à Rome des mains du pape; &
les états de l’Empire lui accordoient des fubfides
pour ce voyag e, qu’on appelloit expeditio romana.
Les empereurs étoient par- là cenfés aller prendre
poffeffion de la ville de Rome : mais depuis Charles-
Q u in t, aucun empereur ne s’eft fournis à cette
inutile cérémonie. ( — )
EXTRAORDINAIRE , adj, fignifie quelque
chofe qui n’arrive pas ordinairement.
Courier s extraordinaires, font ceux qu’on dépêche
exprès dans les cas prtflans.
Ambaffadeur ou envoyé extraordinaire, eft celui
qu’on envoyé pour traiter & négocier quelque affaire
particulière & importante, comme un mariage, un
traité , une alliance, &c. ou même à l’occafion de
quelque cérémonie, pour des complimens de condoléance
, de congratulation.