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é c u e il qui porte fon nom eft regardé par les
fevans comme l ’ouvrage-de fonhiftorien Plantide,
moine greç du quatorzième fiècle : on laeconnoît,
dit Fabriciss, aucun nvaniïfcrk à'Efope intérieur
à Planudo. Don Montfaucon, dans fon voyage
d ’Italie, parle cependant d’un manufcrit de Flo-
■ rence, -contenant la vie & les fable« diEfepe,
telles qu’elles exiftoient avant Planifie.
On Ignore fi Efope compojfa fes ftbles de def-
fein formé ^ comme un .cours de morale qu’il
vouloit enfeigner, .& comme on fait un livre , ou
fi ces fables naquirent des différentes conjonû'ures
où il fe trouva, & furent faites à i’accafion de«
divers événemens de fa vie. Phèdre dit qyVEJbpe
étant à Athènes , peu de temps après nue Pifif-
îrate fe fut emparé de la fouveraineté, & voyant l
que les Athéniens portoient impatiemment le j.oug
d’une fer.vitude affez douce, leur raconta la fèbie
des grenouilles qui demandent un roi.
A rc em ty ran n us occupât P ïf ijlr a t u s .
Cùm trijîem fe rvitutem fièrent A t t i c i ,
N o n q u ia crudelis U le y fe d quoni&m grave
•Omni-nb in fu e tis o n u s , & Coepiffént queri .
Æ fo p u s talem tùm fa b e llam retulit,.
C ’eft de même , félon Phèdre, a propos d’un
événement q\V Efope fit la fable du Soleil .& des
Grenouillesf
V ic ïn i f u r is célébrés v id it u uptia s
Æ f o p u s , & cantinub n arrare in c ip it.
Efope eft auteur .dans plufieurs fables de Phèdre,
telles qu'Æfopus & petulans ; Æfopus ludens ;
Æfopus ad garrulum, pù eft ce mot fi cpnnu : homï-
yterh quæ.ro ; Æfopus interpr.es teflatnenti, Plufieurs
autres fables de Phèdre font citées comme étant
de l’invention dé Efope, les „unes ayant été faites
à l’occafion d’un événement, les autres uniquement
pour préfemer une moralité.
Le nom à’Efope nous a été tran finis avec une 1
diftinâiomqui lui ç â particulière : ce nom fert g
caraéférifer ie genre d’ouvrage par lequel Efope
s’eft illuftré, & dont il pàlTè pour l’inventeur :
Æ fo p u s a u fio r qydm mat.enam re p e rit. . . . .
E x e m p lis co&tinetur Æ f o p i.gertvs . . . .
f h r y x Æ fo p u s potuzt f A n a ch a r fis ■ Scythe
Æ te fn a p t fam am Gonüerg'in'geitio fu q .
f a b ill is
iQ itas Æ Jh p ia s , non. Æ fo p i nomme ? .
( J u in paucqs q f ip id if , ego piu re s différa?
2?. ■ Clodins /Efopus, le plus grand aéfeur tra-.
gîque de Rome, contemporain de Rofciiis, qui étoit
le plus grand aâear comique.' Tous deux donnèrent
à Cicéron des leçons de déclamation. Efope
eit enoore fametix par fa prodigalité. Pline rapporte .
qu'il fit feiyir dans un repas un plat do terre qui §
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cofttoît dix mille francs ; H étoît rempli cPoifeaux
înftruîtSj non feulement à chanter, mais encore
à parler , & dont chacun avoir coûté 600 livres:
malgré ces folles dépendes, il laiffa une foeceffiora
opulente', qui tomba entre les mains d’un fils encore
plus diflrpateur. On impute à celui-ci d’avoir
fait boire à fes convives une perle diftillée, fomp-
tuofitê également attribuée à Cléopâtre dans le
cours de fes débauches avec Antoine. Horace,
fat. 111, liv. I I , rapporte le trait d’Æfopus le fils,
j& en dit fon avis,
F ilm s Æ f o p i detraüam ex mire Metellce
( S c ilic e t u t de des fo lid um exforberet ) aceto
D ï l u i t infignem baccdm : q u i fa n io r ac J i
M lu d idem in rapidum fiumen jaceretve cloacam ?
ESPAGNE. Pour avoir une hiftoire ancienne J
fil faut avoir été connu anciennement des Grecs &
des Romains.Voilà pourquoi, de toutes les contrées
de l’Europe, VEfpagne eft, avec l’Italie, la feule
qui ait une hiftoire ancienne : nous entendons ici
par hiftoire ancienne toute hiftoire qui remonte
au-delà de Juies-Céfar.
VEfpagne s’eft nommée Ibérie à caufe de l’Ebre,’
Hefpérie, à caufe de fa pofition occidentale; on
ne fait pas bien parfaitement d’où lui vient ce nom
dfEfpagne ; J.uftin dit que c’eft d’un roi nommé
Hifpanus. Séville, qui a été pendant un temps la
capitale de VEfpagne , fe nomme en latin Hifpalïs;
on trouve auifi le nom Spania dans des auteurs,
anciens.
Les premiers habitans connus deV Efpagne fe nom-
moient Celtiberi ; c’ètoient, dit-on, des Celtes., Celtct
ad lberum. Les Phéniciens poftedèrent dans la fuite
les parties de cette prelqu’ile les plus méridionales
& les plus voifines de l’Afrique ; les Carthaginois
& les Romains fe disputèrent cette contrée ; elle
devint fe théâtre des exploits des Amilcar, dès
Ajmibal & des Àfdrubal pour les Carthaginois ,
J des’Sci,pions pour les Romains. Le fécond Scipion,
l’Africain, n’eft pas n^oinscélèbre par la réduélion
de Numançe que par celle de Carthage: depuis ce
temps, lèsRomains poftedèrent feuls VEfpagne toute
.entière. Dans la décadence .de l’Empire , divers
peuples barbares * Jes G-o-ths , les Vandales, les
Suèvesj, les Afeins , s’établirent dans ce pays & le
partagèrent entre eux; les Goths à la fin en demeurèrent
les feuls maîtres & le forent pendant plufieurs
ftècles: Au commencement du huitième
fiecle, fous le règne de Roderic, fe comte Julien,
pour fe venger de ce prince, qui .svoit déshonoré
fa fille, appel!a en Efpagne les Sarrafins ou Maures.
Comme ils étojenr originairement arabes, un de
leurs chefs, nonjmé Mu.fa, voplaut donner à VFfr
pagne, lé nom dé fa patrie originaire, joint S¥ec fon
propre nom , la nçirnma JVTuferabîe ; on appella en
effet Mufâràbés ou Mozarabes ,* tés chrétiens efpa-
|nols qui fobirent;le< j.oug.des Maures..Quelque«
ê s P
Goths chrétiens, échappés aux armes des Sarrafins,
ignorés de leurs vainqueurs, errans dans les montagnes
, cachés dans les cavernes de l’A - f tu r ie y
confervèreflt les reftes de l’ancienne monarchie
dfEfpagne , & s’étendant infenfiblement à travers
mille obftacles, ils parvinrent à la longue à confu-
mer cette puiffance mahométane qui les avoit.fub-,
jugés près de huit fiècles auparavant". Charlemagne
fit quelques conquêtes en Efpagne ; mais il négligea
trop de prendre la- défenfe dé ces Goths chrétiens
contre les Sarrafins,; & ces premiers n’eurent
obligation qu’à eux- mêmes de la révolution lente
qu’ils produifirem. C ’eft fous l’empire des Sarrafins
que VEfpagne fe divifa en prefque autant de
royaumes, ennemis les uns des autres, qu’elleavoit
de provinces ; les plus foibles de ces royaumes fe
réunirent infenfiblement aux plus : puiffans^ Du
temps de Ferdinand le catholique, roi d’Aragon, il
»ereftoit aux Sarrafins que le royaume de Grenade,
qu’il conquit fur eux; en .14^2. IL les pourfuivit juf-
qu’en Afrique, il leur prit Qram & quelques autres
places. Le mariage de ce prince avec la célèbre
Ifabeile, héritière de la Caftille, avoit déjà réuni
fous fes loix prefque toutes les parties fte VEfpagne;
pour achever cette réunion, il ufurpa la Navarre
iur Jean d’Albret,
On fait comment VEfpagne pafta dans la maifon
«d’Autriche par le mariage de Jeanne la Folle,-fille
de Ferdinand & d’Ifabelle, avec Philippe le Beau.,
fils de l’empereur Maximilien I & père de l’ém-
pereuriCharles-Quint 5 & comment, à la mort du
dernier prince autrichien iffu de Charles-Quint,
elle paffa dans la maifon de France, qui la poffèdfe
aujourd’hui^
ESPARBEZ. Voye{ Lussan.
ESPENCEj (Claude., d’ ) fameux théologien
du feizîême, fiècle , défendit la foi avec dignité,
mais avec modération, dan? diverfes conférences
fameufes, nommément au colloque de Poiffy,-en
1x561 : M. de Thou & d’autres écrivains judicieux
en font un grand éloge. Il étoit de Ghâlon-for-
Marne , d’une noble & ancienne famille de Champagne
du côté de fon père, par Jfà mère , il
oefeendeit de la maifon des Urfin-s en Italie;'fes
ouvrages, pour la plupart théol-ogiques, & dont
le plus célèbre eft un traité des mtM’àges clandeftins,
©nt été recueillis en un volume in-foT, Il eft enterré
dans l’églife de Saint-Cfone à Paris, on y-voit fe
figure en marbe;
ESPINAY, de Saint-Luc. ( Hiß de Fr. J
Deux hommes ont particuliérement illuftré ce
morn r
i ° . François WEfpinay, dit le Brave Saint-Lue,
am des hommes les plus brillanspar la valeur &
V3* l’cfprit fous les .règnes de, Henri II£ §c de
Henri IV. Une indifcrétioa impardonnables cqji-
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cerrtanf les amours de Henri III, 1e fit tomber dans
la difgraee de ce prince. Ce fut lui que le comte
de Briffac , gouverneur de Paris , envoya- traiter
avec Henri IV de la .réduction de cette capitale , eix
1594-. Saint-Luc fut tué au fiqge d’Amiens, eu
15.97.
Timoléon à'Efpinay de Saint-Luc fon fils*
moins célèbre que lui, fut fait maréchal d’eFrance,,
Il mourut à Bordeaux, fe 12 feptem.bre 1644.
E SPRIT, ( Ja c q u e s } ( Hifl. ütt. rtio-d,. ^ fut «fe-
l’académie françoife , dans un temps oùlinfluence-
des proteéleurs particuliers fe faifoit un peu trop
fentir. On a de lui un traité de la faufTeté des vertus
humaines qui n’eft qu’un commentaire du livre
des maximes de M. le duc de la Rochefoucauld»
Efprït mourut en 1678. ;
. ESSARS OU ESSÀRTSj ( PIERRE DES ) ( Hifi*
4e. Er. ) prévôt de Paris-fous Charles VI. C e fut lut
qpi arrêfe Montajg|i,-,dontfe fort aurortdii lui fervir
d’avertiffement & d’exemple. Montaigu avoit été
décapité, principalement pour avoir dépîu an duc
de Bourgogne, alors tout-puiffant. Des EJfarts , au
contraire, étoit une créature du duc de Bourgogne,,
dont la fortune éfeVée fo r les- ruines de celle d<e
Montaigu fut plus rapide encore & plus excefiive».
Mais fe^ duc de Bourgogne, au premier intérêt 9
au premier caprice, étoit fou jours prêt a renverfer
fon ouvrage. Des Effarts lui ayant déplu, le due
voulut bien l’avertir : Prévôt de Paris, k i dit-il,
Montaigu a mis vingt-'deux ans à fo i faire couper la
Ute , mais vraiment.votif njr en mettre^ pas trots. Jï
lui tint parole,. St quelques année» après if le fit
décapiter. Des EJJans s'étoit attiré fon fort par
fon infidélité envers fon bienfaiteur , dont il avoir
abandonné le parti ; mais il toi avoit remis la 6af-
tille, & il s’étoii remis lui-même entre fes mains
fur l-affurance de la v ie , &• la rigueur du due dé
Bourgogne envers lui fut un parjure. Des EJfarts fe
croyoit aimé ; en allant au fupplîce, il fèûrioit aa
peuple, gt s’attende» que le peuple alloi't le délivrer
j mais ri effi rare qu’avec tant de richeffc &
de puiflancê', un tniniflre ait l’aifeSion populaire.
Des EJfarts réunifiait fur fa tête fept ou liait-des
plus belles charges dé l’état , celles de prévôt cte
Parisj de maître des eaux Sc forêts, dé grand-boa—
teiller, de grand-feuconnier, de far-inrendant ou
grand général-gairverneurdes finances, deeapitaine
eu gouverneur' de Paris. 7 de Cherbourg ,:dé Morr-
târgis-, &c. Voilà, peut - être’ fes crimes. ï î fut
exécuté aux haltes r le premier juillet 1415 : fe
mémoire fut réhabilitée,; ainfi que cellé de-Meut-
taigu,
Antoine Ver ÊJfàrts, feu frète , enveloppé dans-
fa difgraee,'ayant échappé au fiipplice, fit placer
dans l’églife de Notre-Dame dé- Paris, cfetté fiarue-
colaflale dè fàint Chrifiopfie, qui n’at- été abaïure
que de nos. jours. M , VBïaïee yestoe quro» jugs tfe