
xfâ C L É
jour fa timidité: jen ferai moins de fautes, rêpôtldit-
î l ; c’eft en effet ce. qu’on peut dire de mieux en
faveur de la timidité ; confidérée > par rapport à la
conduite, elle produit la circonfpeâion ; mais elle
a aufîi des inconvéniens, par exemple, celui d’empêcher
ces réfolutions foudaines oc vîgoiireufes,
néceflaires en certains cas : la timidité de honte &
de pudeur dans la fociété a aufîi beaucoup d’in-
conveniens ; elle ôte la parole ,elle étouffe lavoix,
elle confond ou difîipe lés idées. Dans les délibérations,
dans les affemblées de compagnies, elle
peut nuire , même à l’accompliffement de devoirs
indifpenfables; elle peut retenir la vérité captivé,
elle peut empêcher d’ouvrir un avis important,
& d’où dépendent de grands intérêts, lorfqu’on
Craint de la contradiction de la part des autres, ou
de fa part de la difficulté à expofer fes idées, quod
maxime nocet, dum omnia timent, nihil conantùr > dit
Quintilien : dans la fociété même d’amufement & de
plaifir, la timidité gêné le maintien, refferre l’ef-
p rit, ôte l’expreflion, les grâces, la gaieté , la liberté
; l’homme timide & fenfible fait feul tout ce
qu’elle fait renfermer, tout ce qu’elle fait fouffrir,
tout ce qu’elle fait perdre; elle l ’empêche de
valoir ou du moins de paroître, & les autres, de
jouir & dé profiter elle efî la principale caufe qui
lait que tel écrit bien qui parle peu qu mal, comme
au contraire la confiance jointe au défaut de
talent, eft la vraie caufe qui fait que tel écrit mai
qui parle bien ou paroît bien parler. La timidité
n’a qu’un avantage peut-être, c’eft qu’elle invite
à s’abftenir , & qu’on s’eft plus fbuvent repenti
d’avoir parlé ou agi que de s’être abftenu.
Cléanthe avoit cette timidité humiliante , qui,
née du fentiment de fa foiblefle, l ’augmente &
l ’exagère; il avoit l’efprit pareffeux & la conception
lente, défaut qu’il réparoit à force d’application.
Il manquoit abfolument de grâce & d’éloquence,
défaut qui ne fe répare pas. Il avoit
cependant fait une rhétorique dont Cicéron
difoit qu’elle enfeignoit , non à parler , mais
à fe taire. A foixante - dix ans Cléanthe eut fur
les gencives une fluxion forte, qui ne lui per-
mettoit de manger qu’avec peine & avec douleur:
les medécins lui confeillérent d’être deux jours
fans manger, il les crut & .guérit ; mais fe voyant
à moitié chemin d’être délivré des infirmités de la
vieilleffe & des mifères de la v ie , il ne voulut
pas reculer ; & ajoutant quelques jours à l’ordonnance
des médecins, il fe laiffa mourir de faim. Il |
étoit né dans la Troade. Il vivoit- deuxfiècles &
demi avant J. C.
CLÉARQUE ( Hifl. Grecq. ) , général fpartiate
qui vivoit un peu plus de quatre fiêcles avant J. C.
oc dont l’hifioire n’a rien d’intéreffant. Il ne refte
de lui qu’un mot. Il difoit, en parlant de la difci-
pline militaire, qu’un foldat devoit plus craindre fon
général que les ennemis.
’ CLÉLIE ( Hifloire Rom. ) , fut une des dames
romaines données en ôtage à Porfenna,roi d’Eturie,
C L É
' qui f, prote&eur des Tarquins, ex’geoît a giam
arffiée leur rétabliffement : fa fierté fut indignée
d’être dans la dépendance d’un roi, tandis que
Rome libre n’obéifToit qu’à fes- loix : elle ne crut
pas manquer a la foi des traités en fortant d’une
efpèce d’efclavage qui bleflbit la qualité du nom
. romain ; l’armée des Tofcans étoit campée fur les
bords du tibre, & l’on veilloit avec foin à la garde
‘des .ôtages. Clélie afîemble ' toutes les dames ro-
,niâmes qui partageoient fa deftinée ; on l’écoute
<avectranlport : elle fe met à leur tête, & traversant
le camp fans être reconnue, elle s’élance dans
le fleuve avec fes compagnes, qu’elle rend à leur
famille. Rome applaudit à cette généreufe réfolu-
tion : mais fidelle au traité , elle les renvoie à Por-
•fenna, qui les redemande pour tirer vengeance de
leur parjure. Clélie, qui croyoit en avoir fait a fiez
pour fa gloire, retourna fans crainte dans le camp
d ’un ennemi qui avoit droit delà punir. Sa confiance
dêfarma le monarque tofcan ,'qui, faîfi d’âdmira-
ïtion , avoua que l’adion de Clélie avoit quelque
chofe de plus héroïque que le fanatifine de Mutins -
Scevola, & la témérité défefpérée d’Horatius- Coclès.
Les Romains lui érigèrent une ftatue équeftre fur
la voie facrée. C’eft le premier monument de cette
efpèce qu’on ait élevé aux femmes. Les moeurs
étoient promptes à s’alarmer. On avoit cru juf-
qu’alors qu’il y avoit de l’indécence dans le fpec*
tacle d’une femme à cheval. ( T-n ).
CLÉMANGIS ( Hift. de Fr. ) , docteur célèbre
des 14e & 15e fiêcles, avoit été fecrétaire
de l’antipape Benoit XIII : il eft cependant l’auteur
d’un traité, de corrupto Ecdefice flatu, lequel n’eft
pas d’un homme qui approuvât les défordres de la
cour d’Avignon. C ’eft cet ouvrage qui a fait pafTer
fon nom jufqu’à nous: les proteftans l’ont beaucoup
cité en preuve du befoin que l’Eglife avoit
de réforme. Clémangis , né dans un village à-peu-
près du même nom, au diocèfe de Châlons, eft
mort provîfeur du collège de Navarre, vers 1430,
CLÉMENCE ISÀURE. ( Voyez IsAURE.1)
CLÉMENCET ( C h a r le s ) (Hifi. lut. mod.).
Dom Clémencer, bénédictin des Blancs-Manteaux,
a fait contre les jéfuites beaucoup d’écrits janfé-
niftes, tous oubliés aujourd’hui ; maison n’oubliera
point qu’il a fait avec dom Durand, & réimprimé
avec dom Clément , fart de Vérifier les dates.
Apprenons à écrire fur-tout des chofes utiles. On
pourra ne pas oublier non plus qu’il a fait, &
même en dix volumes , une hiftoire de Port-
R o y à l, 'parce qu’il n’eft pas néceffaire d’être jan-
fénifte , & qu’il fuffit d’être jufte pour refpeéter
beaucoup la mémoire de Port-Royal. Mort en
*778*
CLÉMÉNT, nom que diverfes perfonnes ont
rendu fameux , tant en bonne qu’en mauvaife
part. C ’eft d’abord le nom de quatorze papes,
dont le premier, qui fut difciple de faint Pierre,
eft au nombre des faints , & quelques-uns font
C lément III i, mort le 27 mars 1191 ~9 eft
le premier pape qui ait ajouté l’année du pontificat
aux dates du lieu & du jour.)
Il n’eft pas certain que C lemenT IV ait caufe
la mort de Conradin y ou qu’il l’ait confeillée
& il eft sur qu’il ne voulut jamais élever fa famille.
On a de lui une lettre affez curieufe, contenant
des inftruêtions adreffées à cette famille fur
la modeftie qu’il veut qu’elle conferve , & une
déclaration qu’elle ne doit rien attendre de lui.
Il faut encore obferver comme un phénomène
alors fans exemple , qu’il voulut difmader faint
Louis d’entreprendre une nouvelle Croifade.
Mort en 1268:
C lément V . Bertrand de Goth , né dans le
diocèfe de Bordeaux , mort le 20 avril 1314,
n’efï que trop fameux par la tranflation du faint
liège à Avignon, que les habitans de Rome appellent
encore la captivité de Babylone, & par
l ’abolition cruelle de l’ordre des Templiers ; c’eft
à fes exactions qu’on rapporte l’origine des an-
nares- Quand Matthieu Roflb des Urfins vit Bertrand
de Goth élu pape , il dit : L ’Eglife ne reviendra
de long-temps en Italie : je connois les Gaf-
.cons. On a de Clément V une compilation, tant
des décrets du concile général de Vienne, que de
fes épîtres ou eonftitutions^ c’eft ce qu’on appelle
lès Clémentines.
C lément V I , Pierre Roger, Limoufin. Quand
©n lui eitoit l’exemple de fes prédécefleurs pour
l’engager à faire quelque chofe ou pour l’en détourner
, ilrépondoit ordinairement: Nos prédècef-
fews ne fayotent pas être papes. 'Nous ne.'.voyons
pas ce qu’il fut de plus qu’eux, dans ce génre., fi
ce n’eft de rendre le jubilé plus, fréquent. Boni-
face VIII l’avoit ,_inftitué fur le pied d’être féca-
laire. Clément V I , pour en avoir un, voulut qu’il
revînt tous les demi-fiècles.; il eut raifon; car le
jubilé de 1350, qu’il vit, attira dans Rome environ
douze cents mille pèlerins & leur argent, Qléjnent
f l , à la vérité, fiégeoit dans Avignon , mais il
fégnoit aufîi à Rome, & d’ailleurs la meilleure
partie de ces pèlerins reflua jufques dans Avignon.
Ce fut Clément V I q u i, profitant des malheurs
de, Jeanne première, reine de Naples, acheta
d’elle quatre-vingt mille florins la ville d’Avignon
8c fes dépendances ; c’étoit peut-être là encore ce
qu’il croyoit favoir de plus que fes prédécefleurs ;
mais fes prédécefleurs n’avoient-ils pas fait d’ac-
quifitions ?. On a dit qu’il n?avoit pas payé le
prix de .la fienne. L’auteur de, la nouvelle hiftoire
de Provence rapporte dans les preuves l’extrait
d’une charte , portant reçu & emploi des
quatre-vingt mille florins payés par le pape ; à la
vérité cet a&e a été brûlé , & il eft impoffible
d’en rapporter l’original ;. mais l’auteur en a trouvé
une copie à Naples,1 dans un ancien, recueil.
Clément VI fit une guerre, moitié de plume, moitié
d’épée, à l’empereur Louis do Bavière, Il mourut
en 1352».
U y a- deux C lém en t VII. Lorfque le pape
Grégoire XI , en 13 7 7 ., eut reporté le faint
fîège à Rome, il y eut après lui un fchifme entre
Urbain VI & Clément V I I , dit le cardinal de Genève
; c’eft ce qu’on appelle le grand fchifme d’Occident
: Clément revint fiéger à Avignon ; mais
cette fucceffion d’Avignon n’étant pas réputée
légitime , Clément V I I eft au nombre des antipapes.
Le véritable C lém en t VII eft le cardinal Jules
de Médicis, élève de. Léon X , & fuccefleur
d’Adrien V I , élu en 1523. Il étoit porté d’abord
à conferver fon nom de Jules; une raifon digne
du temps , & qui feroit encore impreffion à biei»
des gens, l’en empêcha.. Les cardinaux l’avettirent,
dit Guichardin’y que les papes qui n’avoient
pas changé de nom , étoi.ènt morts dans l’année
de leur éleéîion , ou peu de temps après. Il prit
le nom de Clément V I I , parce qu’à fon avènement
il fit quelques aétes de clémence. Obligé de tenir
la balance entre Charles-Quine & François»
Ier, il fit dire au premier , avec lequel il avoit
^d’anciennes liaifons ,. que Jules de Médicis feroit
toujours, fidèle à l’amitié qui les. uniflbit, mais-
que Clément V I I ne feroit déformais entre la-
France & l’Efpagne que l’ôffice de médiateur.
Il ne tint point parole affez exactement, & il s’en-
trouva maL Étant entré, en 1526-, dans urieligue
contre l’empereur ,. qui fut nommée fainte t
parce que le pape étoit cenfé en être le chef^
le connétable de Bourbon, foit pour l’en punir,,
foitfeulement pour enrichir fon armée-, alla en 1527'
affiéger Rome : il y périt’y mais Rome n?en fu t
que plus cruellement facdagée : lé papei' «Scies
cardinaux , fe réfugièrent au château Saint--
Ange; ils furent affiégés: & obligés de capituler..
Comme par le traité, lé pape devoit remettre des;
places & de l’argent, il refta prifonnier au château;
Saint-Ange jufqu’à- l’entière exécution de cè traitée
II. fut confié à la garde du capitaine' Alarcon
qui avoit. déjà gardé François Ieï. Il fut refferré
dans un appartement fort étroit, tandis que, fes
ennemis profitoient de fes difgraces pour le dépouiller
, que fes amis & fes fujets même nui-
foient à fa délivrance, en refufant par zèle de;
livrer les places qu’il avoit promis de remettre.
Pour comble de calamité , la pefte ravageoit
Rome & le château Saint-Ange , où le pape,,
toujours en danger de ,la v ie , voyoit chaque jou r
expirer autour de lui fes domeftiques & fes amis».
Ses befoins les plus preffans n’avoient pu le faire:
confentir à mettre en vente la dignité de cardinal
, quoique fon confeil Tyr éût ■ fou vent exhorté
, en alléguant l’exemple de fes prédécef-
féurs,. qui n’avoient pas eu le même fcrupule^
Guichardin attribue même principalement les;
malheurs, de ce pontife au refus opiniâtre qu’ib
fit d’employer cette reffource , refus dont on doit
encore plus louer fa religion qu’on n’e a doit blâ-
mer fa .politique, La religion céda enfin à-la. a^-