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toute la France fous fa domination* Ebroin, abandonné
de tout le monde, n’a plus pour refuge
qu’un autel; on lui laiffa la vie pour qu’il fût .plus
long-temps & plus rigonreufement puni; on le
tondit, on le fit moine dans le monaftère de Luxe
u il , on efpéra qu’il mourroit lentement dans
îe défefp_oir de l’ambition trompée & de l’orgueil
humilié. 1
- S. Léger avoit une inSéxibilité de cara&ère qui
plaît rarement aux rois, & qui déplaît toujours
aux courtifans. Il tomba dans la difgracede Chil-
déric ; on ofâ l’accu fer de confpiration contre la
perfonne du roi ; effrayé de cette calomnie, il prit
ta fuite , fans confrdérer que cette démarche fem-
bloit dépofer contre lu i, on courut après l u i i l
fut ramené , on l’enferma dans l’abbaye de Lu- .
xeuil avec Ebroin f©n ennemi. « Le loup & la brebis
, dit Mezerai , vécurent enfemble fous un
même toit». Ils fe réconcilièrent, c’eft-à-dire, que
S. Léger pardonna au cruel Ebroin tous fes crimes;
mais Ebroin ne pardonna pas de même à S. Léger
fes vertus.
Childéric , privé des confeils de ce faint évêque >
fe livra tout entier à fes vices, il fut affaffiué en
673. Thierry régna feul, ayant pour maire Leu-
défie , fils d’Erchinoalde , Ebroin 8c S. Léger for-
tirent de leur cloître, Auffi-tôt qu’ils furent rentrés
dans le fiécle , la trêve qu’ils avoient faite fut
rompue , &. l’on vit recommencer ce combat
éternel du vice & de la vertu, Ebroin vouloit régner
, à quelque prix, à quelque titre que ce pût
être ; S. Léger vouloit préferver la nation du malheur
d’être gouvernée par un tel homme. Ils fe
rencontrèrent en pleine campagne, & S. Léger al-
loit être immolé par fon furieux rival, fi S. Genès
archevêque de Lyon,, ne fût furvenu à propos
avec une troupe de gens armés, à laquelle Ebroin
n’étoit pas pour lors; en état de téüûer. Ebroin £at
froidement accueilli de Thierry ce prince favoit
qu’il ne l’avoit fait roi autrefois de fa feule autorité
que pour fes feuls intérêts. Ebroin, n’ayant
pu fe faire aimer de fon maître, réfoîut, d'é s en
faire craindrç , il raffemble tous les gejis>perdus
de dettes & de crimes , & dont il étoit digtse d’être
le chef, il pourfuit de ville en ville Thierry &
Leudéfie, fon maire. Ne pouvant les forcer dans
Un pofle où ils s’étoient établis, il parle de paix,
& demande à Leudéfie une conférence. Leudéfie
oublie que c e fl Ebroin' qui la propofe, il s’em-
preffe de l’accepter ; Tentrevue n?étoTt qu’un piégé r
Leudéfie, en voulant s’y rendre, eft affàffirié für
la route; ce crime révolta, il détacha dès intérêts
(f Ebroin ceux qui revenoient à lui dans la feule
efpérance que le malheur l’auroit congé.
Ebroin, abondonné des grands , ne s’abandonna
point ; il montra au peuple un fantôme qu’il ap-
pella Clovis, & qu’il dit et te fils de Clotaire I I I .
L ’amour de la nouveauté entraîna la multitude
w s - cet enfant ,, dont on. s ’avoir jamais entendu.
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parler ; c’étoît fur ce goût de la nouveauté, fi naF
ttirel chez un peuple malheureux qu'Ebroin avoit
compté.
Saint Léger étoit îe plus grand obftacle à fes def-
ferns ; il le fait affiéger dans Arnun. Le vertueux-
prélat ne voulut pas que fon troupeau pérît pour
lui, & que la ville fût faccagée à fon occafion r
après avoir foutenu avec courage un affaut, Il fe
remit généreufèment entre les mains dé fes ennemis
, avec tous les tréfors qui pourvoient tenter
leur cupidité. Ce procédé noble né les défarma
point, on creva les yeux à S. Léger, & on l’égara
loin de tout fecours humain , dans une vafte forêt
où l’on vouloit qu’il pérît de misère. Un dès lieu-
tenans $ Ebroin l’en tira par pitié , & le mit en lieu
de sûreté.
La terreur faifit les efprits , quand on vit S. Léger
lui-même ainfi accablé. On ne trouva plus
d’autre moyen dè terminer les troublés , que d’offrir
la mairie à Ebroin'. alors fon fantôme lui de*-
venant inutile , il le fit rentrer dans le néant d’où
il l’avoit tiré , & prit les rênes du gouvernement:
fous Thierry. Parvenu à l’objet de fon ambition JL
il parut ne vivre que pour la vengeance , & tour
y fervit de prétexte. Ceux qui avoient mis Thierry
fur le trône , étoient, félon Ebroin, évidemment
complices de l’affaffinat de Childéric. Ceux qui
avoient poitrfuïyi la vengeance de la mort de Childéric
, s’étoient, en cela même , montréscontraires-
au gouvernement de Thierry ; les ennemis d’£--
broin ne pouyoient échapper à l’une ©u à l’autre-
de ces deux accufàtions contraires de lèfemajefté ;
on peut croire que leurs confifcations tournoient
au profit d’Ebroin & de fes amis.- Saint Léger y.
dont Ebroin avoit découvert la retraite, ftibit ( en
678) fon fécond martyre: on lui coupa les lèvres
& la langue, & deux ans après on acheva de lui:.
Ôter la vie ; le comte Guérin , frère de Léger ,
avojt été lapidé. Les Neuftriens accablés du joug,
affreux 8!Ebroin, s’enfuyoient, les uns en Aquitaine,
les autrès en Auftrafie. L’Aquitaine, à l’occafion
de ces troubles , fe détacha de plus-en plus de la
France. L’Auftrafie , avertie par l e malheur de la^
Neufirie , refufa coriftamment de reeonnoître
Ebroin pour maire; elle en créa deux fous le titre
de ducs ou princes: c’étoient Martin & Pépin, tous
deux petits-fils de S. Arnoul, & enfans de deux
frères. L’ardent Ebroin courut les combattre & les
vainquit; Pépin prit la fuite, Martin s’enferma
dans la ville de Laon , réputée alors imprenable
Ebroin, qui abufoit de tout-, lui envoya deux
faints évêques , Egibert, évêque de Paris, &
Rieul, évêque de Reims, qui lui promirent avec
fe rm en t & fous leur garantie personnelle, la vie-
& la liberté, s’il vouloit introduire Ebroin dans
la place. Ebroin, en y entrant, ne manqua pas de
faire affaffiner Martin : la vertu des deux prélats-
&L- la fcélératêffe d’Ebroin , doivent perfuader qu’ils-
furent trompés dans cette occafion^,
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Ebroin, pour prix de tant d’affaffinats, fût af-
fafîiné lui-même, en 682, par un de ceux qu’il
.avoit opprimés.
E C C A R D (J e a n - G e o r g e s ) ou ECKARD
( Hifi. litt. mod. ), « Le favant M. Eckard, dit M. de
v Fontenelle, qui avoir vécu dix-neuf ans avec
v Leibnitz , qui l’avoit aidé dans tous fes travaux
»> hiftoriques, 8c que le roi d’Angleterre a choifi
v en dernier lieu pour être hiftoriographe de fa
» maifon , & fon bibliothécaire à Hanbvre, prit
•s> foin de faire à fon ami une fépùhure trés-hono-
y> râblé , nu plutôt une pompe funèbre. Toute la
9) cour y fut invitée, & perfonne n’y parut.
ai M. Eckard dit qu’il en fut fort étonné; cepen-
-»7 dant les couîtifans ne firent que ce qu’ils de-
91 voient : le mort ne laiffoit après lui perfonne
»> qu’ils euffent à confidérer , & ils n’eufient
rendu ce dernier devoir qu’au mérite 77.
Ce titre de fidèle ami de Lèibnitz, & pendant
3a vie & à la mort, fuffiroit pour illuftrer Eckard ;
i l eft d’ailleurs illuftre .parmi tous lesfayans d’Allemagne
par des ouvrages pleins d’érudition & de ;
méthode. Les principaux font : Leges Franco rum &
Ripuariorum ; Origines ÀuflriàCce; Corpus hijioricum ;
medii cevi , à temporibus Caroli Magni imperatoris ad \
finern fceculi\i$ ;Hijlorià Francia, orientâtes ; De origine
■ Germànorum libri duo ; Hifloria Jludii eiymolcgici Lin-
gua Germanica, &c, Eckard te fit catholique en
17 2 4 , l’empereur l’anoblit; il mourut en 1750 à
Wurtzbourg, foù il rempliffoit avec une diffînéîion
fmgulière les places de coufeiil'ér épifcopal, d’hif-
jtoriographe , d’archivifle & de bibliothécaire ; il
(étoit né en 1674, dans le duché de Brunfwick.
ECEBOLE C Hifi. rom. ) , fophffle , rhéteur,
maître de l’empereur Julien , chrétien fous Confiance
, payen fous Julien, pénitent fous fes fuccef-
Leurs.
ECHAFAUD f. m. {Hifi. mod. ) , affembiage de
bois de charpente élevé en amphithéâtre, qui fert
à placer commodément ceux qui affilient à quelque
cérémonie.
Ce mot vient de l’allemand fchawhaus, échafaud
, conmofé de fchw a en regarder & de haus,
maifon : Guyet le dérive de l’italien catafalco,
qui fignifie la même chofe : Ducange le fait
^renir du latin echafaudus, de la baffe latinité,
qui veut dire un tribunal ofl un pupitre : d’autres
riifent qu’il vient de cata, machine de bois qui
fervoit à porter de la tprre pour remplir des
foffés, lorfque l’on vouloit donner un affaut ;
,de-là les Italiens ont formé catafalco, les Anglois
fcajfold ; & les François échafaud, DiElionn. de
Trév. Etymol, & Chambers. (A . R.) j.l
ECHANSON ( g r a n d ) , f. m. Hifi, mod. Cet
^fiicier fe trouve ,& a rang aux grandes céreË
C H
mornes, comme à celle du facre du roi, aux
entrées des rois & reines, aux grands repas de
cérémonie, & à la cour le jeudi-faint, de même
que le grand pannetier & le premier écuyer
tranchant.
Les fondions q-ue rempliffent ces trois officiers -
dans ces jours de marque, font celles que font
journellement les gentilshommes fervans ; mais
.ces derniers ne dépendent ni ne relèvent des
premiers.
Le grand-échàtifon a fuccédé au bouteiller de
France, qui étoit l’uni des grands officiers de la
couronne & de la maifon du roi.
Hugues, bouteiller de France en 1060., figna
à la cérémonie de la fondation du prieuré de §.
Martin des Champs à Paris ; & un Adam, en
qualité à'écJianfon, figna en 1067 à la cérémonie
de la dédicace de'cette même églife. Il y avoit
un échanfon de France en 1288, & un maître
éçhanfon du roi en 1304, dans le même tems
qu’il y avoit des bouteillers de France. Erard de
Montmorency éçhajifoji de France, le fut depuis
1309 jufqu’èn .1323, de même que Gilles de
Soyecourt en 1329, & Briant de Montejean depuis
1346 jufqu’en 13 5 1 , quoiqu’il y eût suffi
alors des bouteillers de France. Jean de-Châlons
IIL du nom, comte d’Auxerre & de Tonnerre,
-efi le premier qui ait porté le titre dè grand-
bouteiller de France : il l’étoit en 1350 au facre
du roi Jean. Il continua jd’y avoir dès échanfons ;
& G u y , feigneur de- Coufan prenoit la qualité
de grand- échanfon de France en 13 85 , Enguerrand
fire de 1 Coiicy étant en même tems grand-
Bouteiller. En -1419 & 1421 il y avoit deux
grands échanfons 8c un grand-bon teille r ; mais depuis
Antoine Dulau feigneur de Châteauneur,
qui Vivoit en 1483 , revêtu de la charge de
grand-bouteille r , il n’efl plus parlé de cet office,
mais feulement de celui de grand-échanfon. (G)
^ECHANSONNERIE, f. f. {Hifi, mod. ) lieu
où s’affemfclent les officiers qui ont foin de la
l)oiffon du r o i , & où elle fe garde. Il y a
Yéchanfonnerie-boxiche, & Yéchanfonnerie du commun
: la première fait partie de l’office qu’on
appelle le gobelet ; elle a fon chef qu’on appelle
auffi chef de gobelet.
E C H A R D {Hifi. litt. mod.). Ce nom eft celui
de deux hommes diverfemeîit,-connus dans les
lettres.
i° . Jacques , dominicain, auteur d’une bibliothèque
des écrivains de fon ordre. Né à Rouen e *
1^44. Mort à Paris en 1624.
2°. Laurent, fameux hiftorien anglois, connu
principalement en France par fon Hiftoire romaine,
traduite en françois par Larroque^ dont l’abbé Des-
fomain.es a retouché le fly le , & continuée par