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point eu qu’il n’eût fàcrifiés dan» l’oecafion. et Cet I
j> h om m e , difoit Vane, fait provifion- d’amis pour
»» .avoir des victimes à- immoler au befoin ».
Il entretint un commerce de galanterie avec la
femme du major général Lamberth, l’une des plus
belles perfonnes de l’Angleteire. Cette femme étant
devenue groffe pendant une longue abfencedefon
mari, & Lamberth ayant voulu méconnoître l’enfant,
on lui allégua une loi qui décide, que fi le
mari abfent eft refié dans le royaume, quand fon
abfence auroit duré plufieurs années, l’enfant eft à
lui, parce qu’on préfume qu’étant dans le royaume,
il n’a pu s’empêcher de venir en fecret voir fa
femme. La même femme préféra depuis le comte
de Hollandt à Cromwel, & Hollandt, Ion g-temps
après, étant tombé entre les mains de Cromwel,
dans le cours des guerres civiles, Cromwel eut le
plaifir digne de lui * de faire trancher la tête à un
homme qui avoit été autrefois fon rival.
Richard Cromwel prit le protectorat par refpeét
pour la mémoire de fon père, & l’abdiqua par
amour pour le repos.
On fait que le prince de Conti, frère du grand
Condé, rencontrant à Montpellier un Anglois qui
voyageoit, lui parla de ces deux Cromwels fi diffé-
rens l’un de l’autre, qui faifoient alors le fujet de
toutes les converfations ; il vanta beaucoup les
talens d’O livie r, & ajouta que Richard étoit un
miférable qui n’avoit pas Lu recueillir le fruit des
crimes d’un tel père ; c’étoit à Richard qu’il parloit.
« Cependant, dit l’auteur dufiècle de Louis X IV ,
« Richard vécut heureux jufqu’à quatre-vingt-dix
an s , & Oliyier n’avoit jamais connu le bonté
heur».
Le bifayeul paternel de Cromwel fe nommoit
William de Glammons. Il étoit fort ami & vrai-
femblablement parent de Thomas Cromwel, décapité
fous Henri VIII pour caufe de religion ; il fut
le feul qui ofa en porter le deuil; Henri VIII l’ap-
pella Cromwel pàr raillerie, & en lui faifant une
efpèce de reproche de fon attachement exceffif
pour un prolcrit. William adopta ce nom, & pour
braver la cour, en fit le nom de fa famille. Son
arrière-petit-fils , Oliy ie r , éleva ce nom jufqu’au
trône , ot fembla vouloir venger Thomas Cromwel
fur un des héritiers de fon perfécuteur.
C R O N E G K ( Je a n - F r é d é r ic , baron de )
{Hifl. litt. mod. ) , poète allemand célèbre, né à
Anfpach en 1 7 3 1 , d’une fort ancienne maifon,
mort de la petite vérole en 17 58 , avoit voyagé
dans l’Europe, & s’étoit arrêté quelque temps à
Paris, ©ù il avoit beaucoup vécu avec les favans
& les gens de lettres : fes oeuvres ont été imprimées
en allemand à Leipfick, en 1760.
CROUZAS ( J e a n -Pie r r e d e ) (Hijl. litt, mod.),
xnétaphyficien & controverfifte célèbre, connu
fur-tout par l'examen du pyrrhQnifme ancien 6* 1no*
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deme contre Bayle ; Vexamen du traité de la liberté
de penfer contre Collins ; l'examen de Veffai fur
l'homme contre Pope 8c l’abbé du Refnel ; le traite
de l'efprit humain , où il combat Leibnitz 8c Wolf
fur l’harmonie préétablie. Il eft encore auteur de
divers autres ouvrages, d’un nouvel effai de logique ;
d’un traité de l'éducation des enfans ; d’un traité du
beau; de divers traités de phyfique 8c de mathé- x
matiques, de fermons, 8cc. Son père , colonel
d’un, régiment de fufiliers, l’avoir deftiné à l’état
militaire ; il ne voulut faire que la guerre de plume.
Le P. Malebranche , qui le connut à Paris, tenta
vainement de le convertir à, la foi catholique.'
Après avoir profeffé la philofophie 8c les mathématiques
en Hollande, il fut gouverneur du prince
de Heffe-Caffel; il mourut en 1748, à Laufanne ,
où il étoit né en 1663.
- C RO Y ou CROUY ( Hiß. mod. ). C ’eft le nom
d’une des plus illuftreslnallons des Pays-Bas, attachée
aux ducs de Bourgogne, 8c après eux à la
maifon d’Autriche, depuis le mariage de Maximi-,
lien avec Marie de Bourgogne.
Jean , fieur de Croy, de R enty, 8cc. grand b,ou-,
teiller de France par la faveur de Philippe-le-Hardy,
duc de Bourgogne, fut tué avec Archambaud »
fon fils, à la bataille d’Azincourt.
U11 des perfonnages les plus illuftres de cette-
maifon, eft Guillaume de Crouy- Chièvres ; il avoit
été employé en diverfes négociations importantes
par l’archiduc Philippe , fils de l’empereur Maxi-
I milien, Sc père de l’empereur Charles-Quint. Du
Bellai, 8c plufieurs autres auteurs, difent que Phi-
i lippe, en mourant, déféra la tutelle de fon fils
aîné, Charles d’Autriche ( depuis Charles-Quint )
au roi Louis XII ; ce qui eft contefté par le P. Daniel
à l’année 1 5 0 7 ,8c ce qui eft pourtant malgré
d’affez fortes difficultés ,, l’opinion la plus établie
comme la plus ancienne. Louis XII répondit
à cette confiance , en faifant pour Charles le choix
que Philippe lui-même auroit fait, il donna pour
gouverneur à fon pupille ce même Guillaume de
Crouy-Chièvres, l’homme le plus capable de former
un monarque. Il cultiva foigneufement dans fon
élève des talens qui, contre fon intention, furent
bien funeftes à la France : ce fut en politique , en
homme d’état qu’il lui fit étudier l’hiftoire ; il l’accoutuma
de bonne heure à tout voir par fes yeux,
à tout régler par lui - même ; il lui faifoit ouvrir ,
lire, difeuter, rapporter au confeil toutes les dépêches
; ill’exerçoit à délibérer, à prendre les voix,
à les compter, à les pefer.
Il étoit ami du fage Artus de Gouffier-Boify,
à qui Louis XII avoit auffi confié l’éducation de
François premier. De conéert avec lu i, Chièvres
n’avoit ceffé de travailler à la paix, il mettoit fa
gloire à écarter de l’Europe les orages que la mé-
fintelligence de fes deux plus grands monarques lui
préparoit ; il n? fut point conlulté fur l’alliance que
Charles-
Quint, devenu.empereuren i j ’ip jfiten 1511*avec
Léon X contre François premier ; il ne l’apprit
qu’après la conclufion, il vit bien que fon élève
s’affranchiffoit de fes liens , que les maximes de
fon adminiftratlon étoient changées, que Charles-
Quint & François premier alloient fe livrer à toute
leur haine, 8c que leurs flatteurs ne cefferoient de
la nourrir. Il pleura fon crédit tombé , il pleura
plus amèrement encore la tranquilité de l’Europe
détruite, il pleura fur tant de fang, que l’ambition
de deux hommes alloit verfer. Ce chagrin vivement
fenti, joint à la douleur que lui caufoit la
mort'récente de fon neveu le cardinal de Crouy ,
le précipita en peu de jours au tombeau. On dit
qu’au milieu de Üagonie, l’efprit toujours frappé
des calamités.qu’ilprévoyoit, il s’écrioit: ah! que
de maux! 8c qu’il expira en prononçant ces triftes
& prophétiques paroles.
Ce cardinal de Crouy , dont la. mort hâta celle
de Chièvres, fe nommoit Guillaume, comme lui;
c’étoit un jeune prélat de la plus grande efpérance;
il avoit été élevé par Louis-Jean V ivès , homme
célèbre par les talens 8c l’érudition, 8c que les catholiques
8c les prôteftans fe font difputé. Guillaume
fut fait évêque de Cambrai à 18 ans, cardinal
à 19,8c peu de temps après archevêque de
Tolède , 8c chancelier deCaftille. Etant en 1521 à
la diète de Wormes à la-fuite de Charles-Quint,
8c avec Chièvres foh oncle, il y mourut dans les j
premiers jours de janvier, s’étant brifé des côtes
ou rompu une veine^, en tombant de cheval à la
chaffe.
Il avoit fuccédé, dans l’évêché de Cambrai en
1 5 1 6 , à Jacques de Crouy , fon oncle, qui en
avoit été le premier duc , Cambrai ayant été de
de fon temps érigé en duché par l’empereur Maxi- ;
milieu.
Les intérêts de la maifon de Crouy 8c ceux de
. la maifon de la Marck, fournirent à la haine de
Charlès-Quint 8c de François prejnier, l’occafion
d’une rupture éclatante 8c entière, 8c commencèrent
la grande guerre de 15 21.
Le prince de Chimay, de la maifon de Crouy,
8c le feigneur d’Emeries , s’étoient difputé la fei-
gneurie de la petite ville d’Hierges dans les Ardennes
; cette ville dépendoit du duché de Bouillon
, 8c les pairs de ce duché avoient jugé en faveur
du prince de Chimay. Le duché de Bouillon étant
foüverain , prétendoit que fes jugemens fuffent fans
appel. Emeries , pendant plufieui s années , refpeâa
le jugement qui l’avoit condamné; mais dans la
fuite ayant prêté à Charles une fomme confidé-
rable pour briguer l’empire, 8c l’ayant prêtée
fous le cautionnemant du marquis d’Arfcot, auffi
de la maifon de Crouy, 8c neveu de Chiè vr.es,
lorfque Charles eut obtenu l’empire , Emeries redemanda
fon argent que ni le débiteur ni la caution
n’étoient en état de rendre, Emeries le favoit
bien, 8c il fit entendre qu’il cefferoit de pourfuivre
fJifhire9 Tome JJ. Première part.
fon paiement, pourvu que le marquis d’Arfcot oby
tînt, par le crédit de Chièvres, que le procès pour
la ville d’Hierges fût revu au confeil de l’empereur,'
8c que fon appel y fut reçu , il l’obtint.
Le duché de Bouillon appartenoit à Robert de
la Marck, feigneur de Sedan, qui, fur quelque
mécontentement qu’il avoit euac la France, s’étoit
livré à la maifon d’Autriche 8c avoit très-
utilement fervi Charles auprès des éleéleurs dans
la concurrence à l’empire. Ce feigneur étoit trop
jaloux des droits de fa fouverainete , pour y laiffer
porter une telle atteinte. D ’ailleurs le prince de
Chimay étoit mort, 8c fes enfans mineurs étoient
fous la tutèle de Robert de la Marck ; ainfi les intérêts
des deux branches de la maifon de Crouy fe
trouvoient en oppofition, Robert de la Marck re-
préfenta fortement à la cour impériale les droits
de fes pupilles 8c les fiens, on ne l’écouta point,
fa fierté s’irrita, il ne vit plus dans l’empereur qu’un
prince ingrat qui lui devoit la couronne impériale ,
8c qui payoit de tels fervices par des affronts ; le
dépit le jetta entre les bras de la France qui les lui
tendit avec joie, il envoya défier l’Empereur , il
lui fit la guerre 8c fut appuyé par la France.
Delà, la Bicoque, 8c Pavie, 8c tant de grands évé-
. nemens, à plufieurs defquels la maifon de Crouy
eut encore' beaucoup de part. Le marquis d’Arfcot
créé duc, commandoit en 1523 les impériaux
dans les Pays-Bas, il voulut acheter Guife 8c penfa
être furpris par les François ; il leva le fiége de
Térouane, mais des François ayant fait la faute
1 de féparer leurs quartiers, il revint fur eux 8c
| remporta quelque avantage. Il commandoit encore
j.en 1525 dans les Pays-Bas, 8c ayant voulu fur-
prendre Hefdin, il penfa’ y être furpris, voye£
l’article Assas.-
' Ce fut le comte de Beaurein, Adrien de Crouy ,
fils div comte de Roeux, chambellan de l’empereur
, qui traita, au nom de ce prince, avec le connétable
de Bourbon, dans le temps de fa défection.
Il traita auffi fur le même fujet avec le roi
d’Angleterre Henri VIII.
La maifon de Crouy s’attacha dans la fuite à la
France. Henri IV, en 1598 , érigea Crouy en duché
pour Charles de Crouy , duc d’Arfcot. La maifon
de Crouy, dit l’auteur du Mémoire hiftorique fur la
maifon de C ou cy , ( alliée en différens temps à
celle de Cr.ouy ) , eft une des heureufes acquifitions
que la France ait faites par la conquête de l’A r tois....
Nouveaux françois, ils font les modèles des
anciens.
Le maréchal de Crouy, nommé maréchal de
France en 1783 , eft mort en 1784.
CR O ZA T ( Marie-Anne ) ( Hifl. litt. mod. ) ;
depuis comtefie d’Evreux, c’eft à d ie que M. le
François a dédié fa géographie, connue fous le
nom dt géographie de Croçat. Elle mourut en >729.é
à trente-quatre ans.