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avec Arnold de Mel&al, du canton d’Undervald ,
Guillaume Tell & Werner Stouffacher , un des
fondateurs de la liberté helvétique, 8c à ce titre
feul, il méritoit de trouver place ici»
FURSTEMBERG ( Hijl. moi.} le .comte Guillaume
de Furjiemberg a voit fervi d’abord l’empereur
Charles-Quint ; la première fois qu’il étoit
entré en France, il y étoit entré en -ennemi-J il
y étoit appelle par le connétable de Bourbon, alors j
rebelle , 8c fut conduit par la Mothe des Noyers, I
fecrétaire du connétable ; il fit une irruption
. entre la Bourgogne & la Champagne & fut battu
par le comte , depuis duc' de Guife. Il s’attacha
dans la fuite au fer-vice de François I , mais peut-
être entretenoit-il toujours des çorrefpondances
avec fon premier maître : quoi qu’il en foit, on lit
dans l’Heptaméron, deuxième journée, nouvelle
j j t une hiftoire affez remarquable que Brantôme
adopte. Le comte Guillaume avoit reçu de l’argent
(apparemment de l’empereur) pour attenter
à la vie du r o i , au fervice duquel il étoit alors ;
il avoit promis, & il n’attendoit qu’un moment
favorable. Le roi négligea long-temps les avis
qu’on lui en donna. Enfin il y fit attention. Un jour
étant à la chaffe, il fe fait fuivre du çomte , il
s’écarte dans la forêt , 8c fe trouvant feul avec
lu i , il tire fon épée , lui en fait remarquer la
trempe, « Comte , lui dit-il, fi un homme qui au-
n roit entrepris de m’ôter la v ie , connoifioit ce
» que peuvent mon bras , mon coeur & çette
» épée, ne croyez-vous pas qu’il y penferoit à
s> deux fois^ Cependant je le tiendrois pour un
y lâche, fi ayant formé ce projet & fe trouvant
v feul avec moi, la crainte retenoit fon bras. »
L e projet, répondit le çomte , feroit exécrable ,
l’exécution le feroit encore plus. Le roi remit en
riant fon épée dans le fourreau , 8c voyant les
çhaffeurs approcher, il les rejoignit. Le lendemain
le comte prend un prétexte, fait des demandes
exorbitantes, cherche un refus, l’obtient, 8c part
dans les vingt-quatre heures, et Eh bien! dit le
roi à ceux qui l’a voient averti de l’entreprife
du comte, » vous vouliez m’engager à châtier
» Fursfçmberg , vous voyez qu’il fe chaffe lui--
» même. » Alors il leur conta l’aventure de la
forêt. C ’efi fa feeur qui rapporte cette hifioire,
& l’on y reconquît le çaraâère de François I.
Mais les époques ne fe rapportent pas. Selon la
reine de Navarre, ce fut la Tremaille , gouverneur'de
Bourgogne, qui donna cet avis-au roi
& à la ducheffe d’Angoulême -, on parle auffi de
cette aventure devant l’amiral de Bonnivêt. Mais
la TremolÜe 8c Bonnivêt étaient morts en 1525.
La ducheffe étoit morte en 153 1, 8c pendant toute
la guerre de 153ƒ , on voit le comte de Fursr-
temberg au fervice du roi : il aurait donc fallu que
le roi eût eu dans la fuite ^’imprudente généro-
fité d’oublier ce projet , ou I4 force d’efprit de
p’y pas croire,
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Ces difficultés s’évanouiroient, fi l’on s’eifc
tenoit uniquement au récit de la reine de Navarre
car elle rie nomme point Furstemberg, mais feulement
le comte Guillaume, qu’elle dit être de la
maifon de Saxe. Mais on ne voit point de comte
Guillaume de Saxe dans ces temps-là , on n’en voit
pas du moins au fervice de là France , 8c le
comte Guillaume de Furstemberg eft célèbre dans
toutes ces guerres, Audi eft-ce à lui que -Brantôme
attribue le fait raconté par la reine de
Navarre , 6c cette prinçeffe eft affeg dans l’ufage
de déguifer les noms.
Il eft d’autam plus vrai-femblable qu’il s’ag'fc
du comte de Furstemberg dans le récit de la reine
de Navarre, que ce comte retourna en effet du
feryiee de la France à celui de l’empereur ; dans
toute la guerre de 1^42 ,:il fer-t contre la France;
en 1543, il fait & - lève Ile fiége de Luxembourg
que les François avoient pris l’année précédente.
En 1544, il fait une irruption* en France à la
fiiite de l ’empereur, il y fait même une guerre
cruelle , témoin trois cents hommes brûlés dans
une églife, entre Vitry Sç châlons , il brûla aufli
Vitry. Il mourut en 1549, il étoit d’une grande
8c illuftre maifon d’Allemagne, qui tire fon nom
de la ville de Furstemberg en Souabe , dans la
forçt noire ; on voir déjà cette maifon figurée
avec éclat dès le neuvième fiçcle.
De cette maifon étoient ceux qu’on appelle les
Egons, parce que ce nom fut commun dans leue
branche 8c qu’il fut porté par des perfonnage*
célèbres , tels que :
1°. Egon, comte de Furstemberg, qui çomman?
doit les armées impériales en Italie, dans la guerre
de Mantoue, en 1620 8c 1630 , 8c quilles corn-,
manda enfuite en Allemagne, contre Guftave 8ê
fes alliés. Il commandait, l’aile gauche de l’armée
impériale, à la bataille de Leipfick, le 7 fep-r-
tetnbre 1631. II mourut le 24 août 1635. Il étoit
né le 21 mars 1388. Maximilien-Jofeph, fon petit-
fils, fils de Êérdinand-Frédéric Egon, fut tué aif
fiége de Philisbourg, le 14 août 1676.
a°. Herman E§on > fils aîné d’Egon , 8c frère
aîné de'Ferdinsnd-Frédéric Egon , fut créé prince
de Furstemberg en 1654, par l’empereur Ferdi-«,
nand I I I , Emanuel-François Egon , un de fes fils
puînés , fut tué à l’affaut de Belgrade, le 6 fep-
tembre 1688.
30. Françpis Egon , prince de Furstemberg *
évêque de Strasbourg, frère d’Herman Egon. Il
étoit évêque de Strasbourg , lorfque cette ville
paffa en 1681, fous la domination de la France 9
8c ce fut poijr lui une grande joie & un grand,
triomphe de voir la religion catholique rétablie
dans fon églife 8c d’y faire en paix les fondions
épifçopales fous l’autorité de Louis XIV. Il mourut
le premier avril 1682.
4®. Guillaume Egon , frère des prêcêdens,-
êvèquç de Strasbourg , après François Egon »
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aVolt fouffert perfécution pour fon attachement à la
Jjrance. L ’empereur l’avoit fait enlèvera Cologne ,
cù il étoit un des chefs du confeil del’éledeur, 8c
cii il avoit même le titre de plénipotentiaire de
cet éledeur aux conférences qui fe tenoient alors
pour la paix à Cologne. C ’étoir pendant la guerre
de 1672 ; cet attentat donna fieu à une multitude
Id’écrits diplomatiques, 8c retarda la paix, LouisXIV
indigné , ayant rappellé fes plénipotentiaires. Cette
paix conclue enfin à Nimegue en 1678, rendit
la liberté.à Guillaume Egon , à qui la prote&ion
de Louis XIV valut, avec l’évêché de Strasbourg,
Une multitude d’autres bénéfices en France, entre
autres l’abbaye de Saint-Germain-des-Pi es , le
chapeau de cardinal 8c l’ordre du Saint - Efprit.
Louis XIV voulut même lui procurer l’éledorat
'de Cologne , mais l'oppofition confiante du pape
Innocent XI fit échouer ce projet & fit prévaloir
l ’éleélion du prince Clément de Bavière , concurrent
du cardinal de Furstemberg. Comme cette
joppofition du pape tenoit à des intérêts politiques
Contraires à ceux de Louis XIV , ce fut une des
caufes du renouvellement de la guerre en 1688,
le cardinal de Furstemberg mourut à Paris , à
l ’abbaye de Saint-Germain-des-Prés , le 10 avril
11704.
Il y dans la Weftphalie une autre maifon de
iFurstemberg9 très-noble 8c très-ancienne: Une bulle
de l’empereur Léopold , du 2.6 avril 1660, porte
que l’origine de cette maifon remonte jutqu’au
temps de Charlemagne. Elle a produit des électeurs
de Mayence, de Cologne, &c. un grand-
jn|&re de l’ordre de Livonie, dit des fortes-
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Glaives , 8c plufieurs chevaliers Sc commandeur*
tant de cet ordre que de l’ordre teutonique, dhers
prélats d’un grand mérite, parmi lefquels on
diftingue fur-tout Ferdinand de Furstemberg 9èxèque
de Paderborn & de Munfter, né le 21 oélobre
1626; mort le 26 juin 1683. Il avoit pris pour
la devife de fon adminifiration, celle qui devroit
l’être de toute adminifiration : fortiter & fuaviter.
Il aimoit les favans 8c étoit favant lui-meme , il
protégeoit les lettres & les cultivoif. On a de
lui : monument a Padethomenjia. Il avoit aufli fait
imprimer à Rome un recueil intitulé : feptem
vïrorvm illujlrium pcïmat-a ; on y trouve fes propres
poëfies, on a de celles-ci une très-belle édition
in-fol. que Louis X IV avoit fait faire à l’ii-.pri—.
merie royale , du vivant même de l ’auteur,
mais qui n’a pu paroître qu’en 1684, après 1»
mort de ce prélat.
FUSTH. ( Voye{ Fa u st . )
FUZELIFR ou FUSELIER , (L o u is ) ( Hijl;
litt. mod ) né à Paris; il fut réda&euf du mercure
avec Al. la Eruère, depuis le mois de no*
vembre 1744 , jufqu’ati 19 feptembre 1752 , qu’il
mourut âgé de quatre-vingts ans. Il compofa,oti
feul ou en fcciété , une multitude de pièces poue
tous les théâtres, même pour celui de la mire«
On diflingue de lu i, à l’opéra : les fêtes grecques
& romaines ; les amours des dieux ; les indes galantes'2
le carnaval du parnaffe ; &c. au théâtre françois ,
Momvs fabulijle, pièce fatyrique contre M, dg la
Motte 3 ou du moins contre fes fables*