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qu elles y étoîent emafiées avec confufion. Son
fils Crifj >us, né d’un premier mariage , faifoit con- I
cevoir les plus hautes efpérances. Son courage &
fes talens l’égaloient aux plus grands capitaines de
l’antiquité. Né pour plaire , il eut le malheur d’jnf-
pirer une paflion criminelle à Faufta fa belle-mère,
fille de Maximien. Le jeune prince plein d’horreur
de cet incefte, refufa d’y condefcendre. Sa ma-
ritre indignée de fes mépris, l’accula de l’avoir
voulu feduire. le crédule Conjîantin fit empoifon-
ner Ton vertueux fils, dont il reconnut trop tard
l ’innocence. Cette mort fcma l’amertume fur le
refie de fa vie. La gloire que Conjîantin s’étoit ac-
quife fut obfcurcie par la proteéfion dont il ho
■ mra les Ariens. Les evêques , ennemis de la divinité
de Jéfus-Chrift, furent rappellés de leur éxil,
& rétablis fur leurs lièges. Quoiqu’il ait été le dé*
fenfeur le plus zélé du chrifiianifme, il différa fon
baptême jufqu’aux approches de la' mort. Sa lenteur
à fe faire initier dans nos m y fié res, & à faire
tifage des facremens, a fait mal - à - propos foup-
çonner fa foi, & croire que fon zèle fut infpiré
par la politique, d’autant plus que fes moeurs ne
furent point conformes à la pureté évangélique.
On lui reprocha une ambition qui ne pouvoit fouf-
frir d’égalité, des profufions qui accabloient fes
fujets pour enrichir fes minifires, & pour construire
des édifices plus fomptueuxj^u’utiles. Plu-
fieurs églifes l’ont mis dans la lifte des faints; les
Grecs célèbrent encore aujourd’hui fa-fete. Sapor,
inftruit que fa fanté chancelante le mettoit hors
d’état de paroître à la tête de fes armées, lui redemanda
les cinq provinces que fon père Narsès ,
•apres fa défaite, avoit été contraint de céder aux
Romains, jConjîantin, qui avoit encore dans l’efprit
la vigueur de fon premier âge , lui fit dire qu’il
iroit lui-même porter fa réponfe. Il fe mit aufli-tôt
en marche, mais il fuccomba fous les fatigues du
voyage. Il tomba malade à Nicoinédie: alors, ne
pouvant plus fe difiimuler qu’il touchoit à fa dernière
heure, il fit la confefiion publique de fes
fautes, & demanda le baptême. Dès qu’il l’eut reçu ,
on le revêtit d’habits blancs, fon corps fut couvert
d’étoffes de la même couleur, & depuis ce moment
il ne voulut plus toucher à la pourpre. Il
mourut le 2 mai l’an 3 37 , après un règne de
trente ans, peuf mois & vingt jours. Quelques-
uns ont prétendu fans motifs , qu’il avoit été em-
poifcnné par fes frères. Au premier bruit de fa
mort, fes gardes s’abandonnèrent aux traniporrs
de la plus vive douleur. Ils déchirèrent leurs habits
, ils fe roulèrent par terre, en l’appellant leur
maître & leur père ; tous parbiftoient difpofés à
le fuivre au tonneau. Ce deuil général dans toutes
les provinces, fut encore particulier aux habitans
de Nicomédie. Son corps fut porté à Conftanti-
nople, dans un cercueil d’or couvert de pourpre.
Les tribuns choifirènt les foldats qui en avoient
été les plus chéris, pour en porter la nouvelle à fes
çnfans. Confiance, moins éloigné que les autres,
CON
arriva le premier. Il fit dépofer fon corps dans
l’églife des apôtres, avec une magnificence royaléw
Les pleurs & les regrets du public firent le plus
bel ornement de cette pompe funèbre. Les chrétiens,
dont il fut le zélé prote&eur, ont peut - être
exagéré fes vertus ; du moins l’on peut afîùrer
que s’il raffembla les talens qui font les grands
princes, il imprima des taches à fa mémoire par
des atrocités qui auroient déshonoré un païen. On
ne parle point ici de la donation fabuieufe de la
ville de Rome au pape Sylveftre. Cette faufleté
a été tant de fois démontrée, qu’il eftinutile de
lui faire fubir un nouvel examen.
C o n s T a N T 1N le jeune , fils aîné du grand
Conjîantin, fut défigné par le teftament de fon
père pour lui fuccéder, conjointement avec
fes deux frères Confiance Sc. Confiant. Il eut pour
fon partage l’Efpagne , la Gaule- & la Grande-
Bretagne. Le grand Conjîantin avoit encore appelle
fes deux neveux, fils dê fes deux frères, à
la fiiccefiion. Leur mérite naiflant promettoit de
perpétuer les profpérités de l’empire, mais ils
furent maflacrés par les foldats , qui ne voulurent
reconnoître pour Auguftes. que les enfans de leur
ascien empereur. Tant de zèle pour fa mémoire
leur fut infpiré par l’ambition d’un des princes,
qui ne vouloir pas tant de concurrens à l’empire*
Ce meutre ne fut imputé ni à Conjîantin le
jeune, ni à Confiant; tout le foupçon tomba
fur Confiance. Les trois frères , après la mort des
deux Céfars, leurs coufins , firent un nouveau
partage où les intérêts de Conjîantin ne furent point
affez ménagés. Ce fut la fource des différens qui
affaiblirent leur puiffance. Leur mécontentement
fut fuivi d’une rupture éclatante qui leur devint
également funefte. Conjîantin , qui lèul avoir droit
de fe plaindre, employa d’abord la voie de la
négociation, dont le fuccès ne répondit point à fes
vues pacifiques. Il prit malgré lui le parti de fe
faire juftice par les armes. Le feu de la guerre
civile embrâfa tout l’empire, & les trois concurrens
fe mirent en campagne avec tout l’appareil
de leurs forces. Cette^rande querelle fut décidée
fous les murs d’Aquilée. Les troupes de Conjîantin *
féduites par un premier avantage & par l’exemple
de leur chef, s’abandonnent aux faillies de leur
courage imprudent, qui les précipite dans une em-
bufeade où elles font taillées en pièces. Conjîantin
renverfé de cheval, tomba percé de coups. Ses
frères dénaturés lui firent trancher la tête après
fa mort; & pour furcroît d’inhumanité, ils firent
jetter fon corps dans le fleuve d’Alfa, qui baigne
les murs d’Aquilée. Il paroît qu’il en fut enfuite
tiré, puifque long-temps après on montroit forï
tombeau de porphyre à Conftantînople , dans l’églife
de fainte Sophie. Il mourut à l’âge de 23
ans, dont il en avoit régné environ deux & demi.
Il avoit une reflemblance parfaite avec fon père,
foit par les traits, fait par la valeur & la bonté;
mais il lu iitoit bien inférieur dans le grand art de
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gôïtverner. Son courage impétueux égaroit fou-
vent fa prudence. On lui reprocha une ambition
démefurée, parce qu’ardent à concevoir des projets
, il ne s’aflùroit pas des moyens d’en préparer
le fuccès. (T— a\)
C o n s t a n t in III. ( Voye{ H é r a c l iu s II.)
C o n s t a n t in IV , fils aîné de Confiant,& fon
fuccefleur à l’empire; fut furnommé Pogonate,
c’eft-à di re le barbu, parce que n’ayant point en- I
core de barbe lorfqu’il partit de Conftantinople,
on fut furpris de l’y voir rentrer avec une barbe
fort épaiffe. Son premier foin , à fon avènement I
à l’empire , fut de venger la mort de fon, père,
dont les afiaffins s’étoient retirés en Sicile* Il fe
tranfporta dans cette île , où il fit périr dans les
tortures Mazefès & tous fes complices«. Cette piété
filiale lui mérita les applaudiffemens du public.
Les Sarrafins devenoient chaque jour plus redou- I
tables. Ils portèrent leurs armes viâorieufes jufqu’aux
portes de Conftantinople , dont ils ravagèrent
impunément le territoire. Sept fois ils en
formèrent Je fiège , & fept fois ils furent contraints
de l’abandonner. Leur flotte fut détruite
par l’induff rie de Callinique , célèbre méchanicien
qui inventa des feux qui ne s’éteignoient pas fous
l’eau. Des plongeurs mettoient le feu fous les vaif-
faux des Arabes, & les réduifoiènt en cendres. Conf-
tintin^ après avoir détruit leurs forces maritimes,
les vainquit encore fur terre. Ils perdirent dans
un feul combat, trente mille hommes. Tant de
défaites abattirent leur courage. Ces barbares accoutumés
à diéier des loix à leurs ennemis, en
reçurent de leur vainqueur , qui ne leur accorda
la paix qu’en les foumettant à lui payer un tribut
annuel. Le calme paffager dont jouit l’état
fut troublé par l’ardeur des difputes thcologiques.
Conjîantin, qui, à l’exemple de fon aïeul, avoit
beaucoup de zèle pour la foi de l’églife, s’érigea
en arbitre plutôt qu’en pacificateur. Il fit aflembler
le fixième concile général de Conftantinople, qui
anathématifa les erreurs de Monothélites. Tandis
qu’il préfidoit à cette aflemblée, les Bulgares,
devenus chrétiens fans cefler d’être barbares,
paflerent le Danube & mirent tout à feu & à
fan g. Conjîantin plus occupé des moyens de pacifier
les troubles de l’églife que ceux de l’empire,
eut la lâcheté de conclure une paix auflï déshonorante
que s’il eût perdu plufieurs batailles.
La Mille leur fut cédée, & on leur promit de leur
payer encore un tribut annuel. Son zèle contre la
feae des Monothélites lui a mérité les éloges des
orthodoxes-; mais ils n’ont jamais pu effacer la
tache qu’imprime à fa mémoire le meurtre de fes
deux frères, Héraclius & Tibère, qu’il fit mourir
après K ur avoir fait couper le nez. Ces deux princes
infortunés n’avoient rien fait qui pût mériter ce
fort rigoureux. Ils furent punis des paroles indif-
crettes de-quelques mécontens qui avoient dit publiquement
qu’il falloit trois têtes pour foutenir le
c o n an
poids de l’empire. Ceux qui les proférèrent furent
étranglés. Conjîantin devint par ce fratricide l’éxé-
cration dê fes fujets. Il mourut en 685. ( T— N.)
C o n s t a n t in V , fils de Léon l’Ifaurien , eut
tous les penchans de fon père , dont il furpaffa la
fcélératefle. On lui donna le furnom de Copro-
nime, parce que , prefle par des befoins naturels
pendant qu’on le baprifoit, il falit les fonts bap-
tifmawx. Il monta fur le trône, l’an 742 de Jéfus
Chrift. Dès qu’il fut armé du pouvoir , il '
.éxerça une perfécution cruelle contre les parti-
fans du culte des images. Les reliques des faints
furent la proie des flammes. Les évêques & les
prêtres qui refufèrent de les fouler aux pieds ef-
fuyè-rent les plus cruelles perfécutions. Les uns
eurent le nez coupé, d’autres les yeux crevés :
l’éxil & la prifon furent les peines les plus légères
qu’il décerna contre ceux qui refufèrent de
ployer fous fes volontés. Les perfonnes les plus
diftinguées par leur naiflance & leurs vertus, devinrent
l’objet & la viâime de fes cruautés. Deux
patriarches de Conflàntinople périrent par le glaive,
après avoir fouffert toutes les horreurs de la torture.
Les villes & les provinces furent arrofées
du fang des martyrs. Pendant qu’il .faifoit une
guerre impie à fes fujets , les Bulgares ravageoient
impunément les frontières. Il leur oppofa des flottes
& des armées de terre, dont il confia le commandement
à fes lieutenans, qui éprouvèrent une v i-
cifïitude de profpérités & de revers. Conjîantin retenti
dans fes états , étoit occupé à éteindre la
rébellion . d’Artabafde, nui s’étoit fait proclamer
empereur. Cette guerre fut bientôt terminée. Dès
qu’il eut en fa puiffance ce dangeureux rebelle,
il lui fit crever.les y eu x , & fes enfans fubirent
la même peine. Après avoir appaifé les troubles
intérieurs, il fit des préparatifs pour réprimer les
courfes dès Bulgares. Ce fut au milieu de ces occupations
qu’il fut attaqué de la lèpre. Les cruelles
douleurs dont il fut déchiré furent le premier
châtiment de fes crimes. Il mourut en 775 , après
un règne de trente cinq ans. Ses cruautés lui firent
donner les noms de Néron & de Caligula. Ce fut
fous fon règne que la rigueur du froid couvrit
de glaces le Pcnt-Euxin & le Eofphore de Thrace.
On prétend que cette glace avoit trente coudées
de profondeur , depuis la mer de Marmora jufqu’aux
embouchures du Danube. Le dégel, plus
funefje que le froid, porta la défolation dans
toutes les contrées voifines. ( T— N.)
C o n s t a n t in V I Succéda fon père Léon IV
en 783. Comme il n’avoit encore que neuf ans
lorfqu’il fut* placé fur le .trône, fa tutèle fut confiée
à fa mère Irène , qui defcer.doït de l’illufire
Pomponius Atticus: ce fut pendant la minorité
de ce prince que s’aflembla le fécond concile de
Nicée, où trois cents cinquante évêques rétablirent
le culte des images aboli par fon père. Dès qu’il
fut en âge de gouverner, il exclut fa mère deTad*