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foigneufement & traités à - peu-près de la même
manière que les cardinaux dans le conclave.
Le d o s e , après (on éleflion , prête ferment, jure
l’obfervation des ftatuts , & fe fait voir au peuple:
mais comme la république ne lui laiffe jamais goûter
de joie , fans la mêler de quelque amertume
qui lui faffe fentir le poids de la fervitude à laquelle
fa condition l ’engage, on le fait paner en
defcendant, par la falle où fon corps doit être ex-
pofé après fa mort. C’eft là qu’il reçoit par la bouche
du chancelier les complimens fur fon exaltation.
Il monte enfüite dans une machine qu’on appelle
le puits, & qui eft confervée dans l arfenal
pour cette cérémonie : effectivement elle a la figure
extérieure d’un puits , foutenu fur un brancard,
qui eft d’une longueur extraordinaire, & dont les
ceux bras fe joignent enfemble. Environ cent
hommes » & plu$, foutiennent cette machine fur
leurs épaules..
Le doge s’aflied dans cette efpèce de litière,
ayant un de fes enfans ou de fes plus proches pa-
rens qui fe tient debout derrière lui. Il a deux
baflins remplis de monnoie d’or & d’argent battue
tout exprès pour çette cérémonie, avec telle figure
& telle infcÿption qu’il lui plaît, & il la jette au
peuple , pendant qu’on le porte tout autour de la
place Û9 $• Marc, Ainfi finit fon inftallation.
Il rèfitlte de ce détail, que qu.lle que foit la
décoration apparente du « , fon pouvoir- a été
à-peu-près limité à ce qu’il etott dans fa première-
origine ; mais la puiffance eft toujours une dans la
main des nobles ; & quoiqu’il n’y ait plus de pompe
extérieure qui découvre un prince defpottque, le#
citoyens le fentent à chaque inflant dans laut.-rite
du h a s t . A r t i c l e d e M. I f c h e v a l i f r D E J 4U c o u R T .
DOISSIN (L o u is ) (H ijl. lut. mod.). Le Père
D o i f m , jéfuite , eft l’auteur de deux très-bons
poèmes latins, fur la fculpture & la gravure ,
fculpmra & Jcteipturtf. Mort en 1753, a trente-deux
gilSi:.
DOLABELLA (Hijl. mm.),lepluscélèbredeceux
qui ont porté ce nom ,
%Ua, gendre de Cicéron, & parufan zélé de Céfar,
q u i, fur le point de marcher contre les Partîtes,
le fit nommer conful à fa place avant 1 âge pref
prit par les loi x . D o l M l a , étoit avec Cefar aux batailles
de Pharfale, d’Afrique & de Munda. Il
vengea'ce diÔateur, fur Trébomus , 1 un de fes
affaflius, qu’il fit tuer en trahifon, Affiege dans
Laodicêe, par Caflius, la quarante-treifieme annee
avant J. C . , il fut réduit à fe donner lut-meme
la mort à yingt fix ou vingt-fept ans ; .1 etott (ort
petit, & c’eft de lui que Cicéron dtfpn W M
p ainfi a t t a c h é m o n g e n d r e à c e t t e lo n g u e e p e e ?
DOLC& (L udovicq) , célèbre poète Véni-
D O L ’
tien du feizième fiècle, eft fur-tout connu par les
ouvrages fuivans: Dialogo délia Pittnra , intitolato :
l ’A ret ino. Cet ouvrage a été traduit en François,
& il y en a une édition italienne & fran-
çoife, de Florence, 1735. Cincpic primi canti del
Jacripante. Brima Leone. L ’Achille & l Enea. La
prima imprefe del conte Orlando, & c . , né à Ve-
nife , en 1508 , mort, auifi à V en ife , en 1568.
DOLET (E tienne) (H ijl, de F r .) , naquit»
Orléans vers l’an 1509. Bayle,-dans fon diélion-
naire hiftorique , Maittairé, dans fes annales ty pographiques
, & le Duçhat ( Ducaçiana , tom. 1 ,
pag. 3 1 ) , ont combattu l’idée, que Dolet tut fils
naturel de François I , qui avoit à peine quatorze
ou quinze ans dans le temps de la naifiançe de D o let.
Celui-ci vint à Paris en 15 1 1 , & pana, en
152.6, en Italie, où il eut pour proteéieur lè cardinal
du Bellai-Langei, alors ambaffadeur a V e nife.
Il revint en France vers 1530, & alla d’abord
à Touloufe. Un caraélère ardent & paftionné, qui
devoit lui attirer de redoutables ennemis, fe de-
veloppoit en lui de jour en jour. Il fe fit une querelle
avec le parlement de Touloufe, dont il
fronda publiquement un arrêt qu’il jugeoit injufte
gc contraire au bien des lettres; il fut mis en
prifon le 15 mars 1533, pour ce prétendu délit,
qui fut fortement exagéré par des auteurs dont fi
avoit dénigré les ouvragés, Si l’on veut voir de
quel ton les fayans écrivoient alors les uns contre
-les autres, & le degré d’agrément & de legèrete
qu’ils favoient mettre dans leurs plaifanteries, eq
voici un exemple dans des vers faphiques de Dolet
contre un certain Drufaç.
Si tttum quiftfuam nçget eÿe prorsàs
Utilem lïbrum , temeri loquflter ;
Ncmpc tergendis natibus peraptus
Diçïtcr ejje*
Dolet fut bientôt mis en liberté, mais il lui fut
défendu de rentrer à Touloufe. On promena fur
un char , dans les rues de cette ville , un cochon
avec un écriteau portant le nom de Dolet. Ses ennemis,
non cqijfens de l’outrager, voulurent le
faire aflaflïner; il tua un des affaflins, & vint a
Paris folliciter fa grâce : il rapporte çe fait dan*
une pièce de vers.
Mifù non ajfueta cruentis
Cefdibus ejl dextra ; ijivitô tamen accidit, hofiem
JJt telo fodertm, & fans defenderer amis.
JJ a ventant , rfx magne : reos ût morte coerces ,
Infontes miferans placido fie refptce vultu ,
Jit fendre opta voluit quos perderç fatum.
Il continua de fe faire des ennemis par fes écrit»
& par fes jugemens fur les écrits des autres : .1 prit
parti contre Erafme . dans la querelle alors ftmcrfe
C O L
Iles Cicéroniens ; il fe brouilla pour toujours avec
-Scaliger, &c.
Il fe fit imprimeur à L y o n , fe maria, & eut
un fils, pour i’inftru&ion duquel il compofa en
vers latins , des efpèces de Sentences quirefpirent
la morale la plus pure & la piété la plus fmcère.
Il protefte en général, dans tous fes* ouvrages, '
de fon attachement à la foi de fes pères ; cependant
00 ne lui trouvoit pas fur ce point tout le zèle
qu’on exigeoit .alors , & qu’on croyoit devoir attendre
de fon cara&ére ardent ; il avoit évité de
prendre parti ouvertement dans les querelles qui
déchiroient alors le fein de l’églife ; enfin, en parlant
à fon livre, à l’exemple d’Horace, il s’étoit
peint lui-même comme affez indifférent fur les
divers fyftêmes de philofophie. Non floïcum magis
quàm epicurcutn. On voulut voir de l’allégorie dans
ces mots. Les zélateurs jugèrent cette indifférence
très - criminelle ; les catholiques foupçonnèrent
Dolet, de penchant pour les opinions nouvelles,
Calvin l’^ccufa d’athéifme & de blafphême, fes
ennemis fe réunirent contre lui ; il fut arrêté de
nouveau & mis à la conciergerie, il y refta quinze
mois, & n’en fortit que par le crédit de ce fameux
Pierre du Chatel, évêque de Tulles, l’ami des
favans & l’ennemi des intolérans ; ce fut à cette
oçcafion que du Chatel dit en fubftance à un cardinal
qui lui reprochoit fon indulgence à l’égard
de Dolet : vous parleç en bourreau, j'agis en évêque.
Les ennemis de Dolet firent jouer d’autres ref-
forts ; ils mirent fon nom fur deux ballots de livres,
Îîiin; rempli de ceux qu’il a voit.réellement imprimés
, l’autre ne contenant que des livres venus de
Genève , tous hérétiques ou fufpe&s. Dolet n’eut
pas de peine à perfuader qu’il n’ auroit pas eu l’imprudence
de mettre fon nom à ce dernier ballot.
Il vint, plein de confiance, à Lyon , pour imprimer
fa défenfe ; il fut encore arrêté , mais on prit
un autre prétexe pour confommer fa perte. A
force d’examiner fes ouvrages, avec l’intention de
lés trouver coupables, on apperçut dans la tra-
duâion d’un dialogue de Platon , cette phrafe : 1
après la mort tu ne feras plus rien du tout ; la Sorbonne
la cenfura, comme hérétique & conforme a
Vop ’nion des Saducéens & des Epicuriens y en confé-
quence, Dolet fut condamné comme athée relaps,
à être pendu & brûlé , ce qui fut exécuté à la place
Maubert, le 3 août 1546, Dolet étant alors âgé
de trente-fept ans. Il ne ce (Ta de faire des vers dans
fa prifon & jufqu’à fon dernier moment; en allant
au fuppHce, il fit encore ce mauvais v e r s ,
où il prétendoit exprimer à la fois & fon mépris
p-ur la mort, & l’iniquité de fon arrêt:
Non dolet ipfe Dolet , fed pi a turba dolet.
Le prêtre qui l’exhortoit à la mort, joignant à
l’atrocité générale de cette affaire l’attrocité parti-
Hijloire, Tome 11. Seconde Paru
D O L
cnliêre d’infulter à fon malheur, n’eut pas honte
de retourner .ainfi ce vers contre lui:
Non pia turba dolet, fed dolet ipfe Dolet.
Théodore de Bèze fit ces vers fur la mort de
Dolet :
Ardentcm medio rtrgo Dolctum
iCernens Aonidum chorus fororum ,
C a nt s ille diù chorus Voleto ,
Totus ingemuit y jicc ülla prorsùs
E foronbus efi reperta euoâis ,
Naïas nulla j Dryafve , Nereifvc
■ Quce non vel lacrymis fuis , vel haufii
Fc ntis Pegnfei Jluderet undâ,
Crudeles adeb domare flammas.
E t jam totus erat fepultus ignis ,
Jam largo madidus Doletus imbre,
Exemptus pot erat. nicï videri,
Cùm ratio intonuit feverus alto
Divoram pater, & velut peragrl
Hoc tantum Jludium ferens fororum s
A t cejfate, ait , & navum colonum
Ne diutiàs invidete eoelo ;
Ceelum fie meus hercules petivit.
Ces fi&ions de collège font bien déplacées dan®
un fujet fi réel & fi affreux.
On a publié à Paris en 1779 , une vie d’Etienne
Dolet.
D O L IM A N , f. m. (f/i/7. mod.') , efpèce de
longue foutané des Mahométans, qui leur pend
jufqu’aux pieds, & dont les manches étroites fe
boutonnent auprès de la main. Voici donc, au
rapport de MM. le Brun & Tournefort, la manière’
dont les Turcs s'habillent; & ce n’eft pas
fur cet article qMe nous fommes devenus plus
[ fenfés qu’eux, en quittant notre habit long pour
en prendre un autre aufli grotefque qu’incomr
mode.
Les Turcs, hommes & femmes, -mettent d’abord
un caleçon fur leur corps nud ; ce haut - de-
chauffes ou caleçon fe ferme par-devant au moyen
d’une ceinture large de trois ou quatre pouces,
qui entre dans une gaine de toile coufue contre
le drap; l’ouverture qui eft par-devant, n’eft pas
plus fendue que celle qui eft par-derrière, parce
que les Mahométans n’urinent qu’ens’acroupiffant ;
par-deffus le caleçon , ils ont une chemife qui eft
de toile de coton fort claire & fort douce, avec
des manches plus larges q.ue celles de nos femmes,
mais fans poignets; ils les trouffentdans leurs ablutions
au-deffus du Coude , & ils les arrêtent avec
beaucoup de facilité ; ils mettent par-deflùs la chemife
le doliman , qui eft une efoèce de foutane de
boucaftm , de bourre, de .toile, de moufTeline ,
de fatin , ou d’une étoffe d’or , laquelle defeend i jufqu’aux talons. En hiver, cette foutane eft pU
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