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affaires, ou pour affoupir des conteftations aux- 1
quelles ils ne l'ont pas eux-mêmes en état de remé
dier.
Cette députation ou forme de régler les affaires,
fut inllituèe par les états à la diète d’Ausbourg en
i r e s . On y nomma alors pour commiffaires perpétuels
celui que l’empereur y enverrott, les députés
dé chaque éleéleur , excepté celui du rot de
Bohême, parce qu’il ne prenoit part aux affaires de
l ’empire, qu’en ce qui concernoit l’éleSion dun
empereur ou d’un roi des Romains; mais les choies
ont changé à cet égard depuis l’empereur Jofeph.
On y admet auflî ceux de divers princes, prélats
& villes impériales. Chaque député donne fon avis
à part, foit qu’il foit de la chambre des éleâeurs,
ou de celle des princes. Que fi les fuffrages de l’une
& de l’autre chambre s’accordent avec celui du
commiffaire de l’empereur, alors on conclut, &
l’on forme un réfultat qu’on nomme conflitution;
comme on fait dans les diètes ; mais une feule
chambre qui s’accorde avec le commiffaire de
l ’empereur, ne peut pas faire une conclufion, fi
l’autre eft d’un avis contraire. Heiff. Hiß. de l empire,
tome I I I (G ) ,
DÉPUTÉ , AMBASSADEUR , ENVOYÉ.
XIambaffardeur & \envoyé parlent au nom d’un fou-
vera'n, dont Vambaffadeur reprefente la perfonne,
& dont l'envoyé n’explique que les fentimens. Le
député n’eft que l’interprète & le repréfentant d un
corps particulier, ou d’une fociété fubalterne. Le
titre d'ambaffadeur fe prefente à notre efpnt avec
l’idée de magnificence.; celui • A’envoyé, avec li-
dée d’habilété ; & celui de député, avec l’idée d’é-
leïtion. On dit le député d’un chapitre, l’envoyé
d’une république, Yàmbaffadeur d un fouverain.
D {.PUTî’ , adj. pris fubll. ( Hiß. mod. ) , efi une
ou plufieurs perfonnes envoyées ou députées au
nom & en faveur d’une communauté. Voye^ D ép
u t é .
Plufieurs provinces (le France envoient tous les
ans des dépités au ro i, pour lui préfenter le cahier
des états. Ces députés font toujours au nombre de
trois ; un pour le clergé, l’autre peur la nobleffe,
& le dernier pour le peuple & le tiersrétat. Le
député du clergé porte toujours la parole,
Dans toutes les villes de Turquie il y à toujours
des députés pour traiter ainfi, avec les“ officiers du
grand feigneur, des impôts & de toutes leurs autres
affaires. C s députés font trois ou quatre des plus
riches & des plus confidérables d’entre les bour-
geois.
Nous avons de même en France des députés du
commerce, qui font des négocians extrêmement
verfés dans cette mat ère , réfidans à Paris, de la
part des principales villes maritimes & commerçantes
du royaume, telles que Nantes, Bordeaux,
Lyon , avec des appointeméns de la part de ces
D E R
villes., pour veiller aux intérêts & pourluivre les
affaires de ces négocians au confeil du commerce.
Député, chez les anglois, ne fuppofe fouvent
qu’une commiffion ou emploi, & non une dignité ,
on fe fert de ce mot pour défigner un lieutenant,
c’eft * à - dire, quelqu'un qui tient la place d’un
autre.
Chez les anciens, deputatus a premièrement été
appliqué aux armuriers ou ouvriers que l’on em-
ployoit dans les forges à fabriquer les armes, &c.
& fecondement à ces hommes aélifs qui fuivoient
l’armée, & qui étoient chargés de retirer de la mêlée
& de foîgner les blefles.
Deputatus , AEITOTTATOE, étoit auflî dansl’églife
de Conftantinople un officier fubalterne, dont les
fondions étoient d’aller chercher les perfonnes de
condition auxquelles le patriarche vouloit parler,
& d’empêcher la preffe fur le paffage de ce prélat.
Il paroît que cet officier étoit une efpèce d’huifi
I fier, qui étoit outre cela chargé du foin des orne-
mens f»|rés ; en quoi fon office reflembloit en quelques
parties à celui de facriftain. Chambers & Trév»
(G )
Députés du Clergé : ils font tirés tant du
premier que du fécond ordres; dans les affemblées
de ce corps ils repréfentent les provinces eccléfiafti-
ques, & en ftipulent les intérêts : ceux de l’univer-
fité ou des cours fouveraines, vont au lieu de la
députation préfenter le voeu de leur ordre ou compagnie;
ainfi, après la viéloire deFontenoy,le roi
fut complimenté par des députés de toutes les cours
fouveraines, qui fe rendirent pour cet effet au camp
devant Tournay ( G .)
Député du T iers-État ( Hiß, mod.'), nous
traduifons ainfi le mot anglois commoner; nom qu’on
donne aux membres de la chambre des communes,
par oppofition à celui de patron de feigneur, que
l’on donne aux membres de la chambre haute. Ces
députés peuvent être choifis parmi toutes fortes de
perfonnes au-deffous du rang de baron, c’eft-à-
dire , parmi les chevaliers, les écuyers, les gen-,
tilshommes, les fils de la nobleffe, &c. ( G )
DFRCYLLIDE5 ( Hift, anc. ) , général des
Lacédémoniens, connu dans les guerres des Grecs
contre les Perfes; il vivoit. environ, quatre fiècles
avant J. C,
DERHAM ( Guillaume) , de la fociété royale
de Londres, Anglois, célèbre par fes talens 6ç
fesconnoiffancesenPhyfique, auteur d’une Théolo*
gie phyfique & d’une Théologie agronomique. Mort
en *735 > à 78 ans»
DES-ACCORDS. Voye^ A ccords,
DES ADRETS. Voye^ Beaumont.
D E S
DESAGULIERS ( J e a n - T h é o p h il e ) , phyfi-
cien célèbre , né à la Rochelle, en 168,3 » d’un
miniftre proteftant, que la révocation de l’édit
de Nantes obligea de fe retirer en Angleterre;
on a de lut un Cours de phyfique expérimentale en
Anglois, qui a été traduit en François par le
P. Pezenas. C ’étoit un des membres les plus dif-
tingues de la fociété royale de Londres. Il mourut
en 1743.
DÉSARMEMENT, fub. m. eft l’aftion d’ôter
a quelqu’un biffage & la poffefflon des armes.
Lorfqu’on conclut une paix , il eft d’ufage de
défiirmer de tous côtés. II y a en Angleterre différentes
loix pour le désarmement des Papifles & de
tous les recufans. Sous le roi George I , il a été
fait une loi pour le défarmement des Irlandois : aucun
d’eux, excepté les pairs & les gentilshommes qui
paient 400 liv. de taille par an, ne peut porter
d armes dans la campagne, fur les routes , & au
marché. 1. G. 1 . , fiat. 2 , ch. liv.
g Gette même loi a défarmé tout le menu peuple
d’Angleterre qui paie au-deffous de 100 liv. par
an pour fes biens fonds, excepté les domeftiques
des feigneurs de domaines, quoique l’ancienne police
d’Angleterre oblige toute la nation de porter
les armes. ffhambers. ( G )
DESBARREAUX. Voyeq_ Ba r r e a u x .
DESCAR TES( René) ( îiijl. lut. mod.').
Defcartes , ce mortel dont on eût fait un dieu
Chez les payens , & qui tient le milieu ,
Entre l’homme & l’efprir, comme entre l’huître & l’homme
Le rient tel de nos gens, franche bête de fournie.
a dit la Fontaine. Diflinguons dans Defcartes,
l’homme privé & l’homme public, ou le philo-
fophe. René Defcartes naquit à la Haye en Touraine,
le 31 mars 1596, de Joachim Defcartes,
confeiller au parlement dé Bretagne, & de Jeanne
Brochard, fille du lieutenant généra! de Poitiers.
Sa maifon , une des plus anciennes de la Touraine
, avoit étendu fes branches dans le B erry, le
.Poitou , l’Anjou & la Bretagne ; illuftrée par de
grandes alliances, long-temps diftinguée par le
fervice militaire , elle venoit d’entrer dans la ma-
giftrature.; elle a produit depuis un grand nombre
de confeillers au parlement de Bretagne. Defcartes
vint àPafisen 16 13 , à dix-fept ans , n’ayant pour
gouverneur qu’un valet-de- chambre, pour furvêil-
lans que des domefliques. Il prit d’ahord le parti
des armes, il fervit comme ftmple volontaire en
Hollande , fous le prince Maurice de Naffatt; en
Allemagne, fous le duc de Bavière ,.contre l’élec*
teur Palatin ; en Hongrie, contre Betlem-Gabor,
ufurpateur de la Tranfylyan^e. Il quitta, en 1621,
D E S 3 3 ;
îaprofèfîi'on des armes , pour fe livrer plus librement
au plaifir unie de voyager en phiiofophe.
Un jour il paffoit par mer , d’Embden dans la
Weft-Frife, feul avec un domeftique parmi des
matelots, maîtres du vaiffeau , maîtres de fon fort,
& qui joignoient la fcélérateffe à une rufiieité barbare.
Defcartes obfervoit, méditoit, parloit peu,
ne parloit qu’à fon doineflique, & ne parloit que
françois. Les matelots le jugeant riche, projettoient
de le tue r , de le voler , & de le jetter dans la mer ;
ils tenoient confeil devant lu i, croyant qu’il 11’en-
tendoit pas leur langue, l’air calme & plein de fé-
curité de Defcartes, confirmoit leur erreur. Tout-à-
coup Defcartes fond fur eux l’épéê à la main , il
avoit compté fur l’effet de la furprife & fur la timidité
naturelle des coupables , ils oublièrent en effet
que Defcartes étoit en leur pouvoir, ils demandé*
rent grâce & l’obtinrent. Defcartes voyagea en Hollande,
en Flandre, en Angleterre, en Danemarck ,
en Suiffe, en Italie. Ces voyages furent interrompus
par divers féjours en France. Il vint à Paris,
où il avoit autrefois vécu dans la retraite & dans
l’étude; il rentra dans la retraite, il en fortit encore
, & pour aller à la cour ; il revit fon pays na-;
tal & fes parens ; il voulut fe fixer dans le Poitou
par 1 acquifition de la charge de lieutenant-général
de Chatellerault ; il ne fe fixa nulle part, & fe fixer
n’étoit pas une chafe facile dans fon caraflère, naturellement
changeant & irréfolu. C ’eff en Hollande
qu’il a le plus vécu, mais en y changeant
très-fouvent de féjour. Il y fut perfécuté par des
envieux, fur-tout par le fanatique Voëtius qui s’eft
fait un nom par fa* haine pour Defcartes, mais il
trouvoir dans ce pays la facilité de fe cacher, & la
liberté de la preffe; enfin le fage Chanut, fon
ami, ambaffadeur de France en Suède, le fit con-
noitre a la reine Chriffine qui l’attira auprès d’elle,
& lui demanda des leçons de philofophie d’où pou-
voit dépendre le bonheur d’un peuple, il ne put
réfifter à un tel attrait, il alla s’établir à Stockolm
dans la inaifon de 1 ambaffadeur ; il y mourut le
11 février i6yo. Il avoit pris pour devife : Bien
vivre c’eflJe bien cacher ; benè qui latuit , bene vixit :
& c’étoit du fein de la retraite & de l’obfcurité
qu’il éclàiroit le monde par fes écrits. Il e u t ,
dans un degré rare les vertus domefliques & p r i vées.
Quand on me fait une offenfe, difoit - i l , ,'ê
tâche d’élever mon .me f i haut, 'que Vofenfe ne parvienne
pas jufqu à elle. Tous fes domefliques furent
fes élèves & fes amis ; entrés chez lui domefliques
ils en fortiren: philofophes, & plufieurs même
profeffeurs de philofophie. Schulter, fon valet-de-
chambre , qui recueillit fes derniers foupirs , a
rendu fa douleur digne des regards d e l’hiftoire,
& en a fait un titre de gloire de plus pour ce grand
homme ; les pauvres , les malheureux difoient :
Defcartes ejl une divinité defeendue du ciel pour le-
bonheur du genre humain. Tel étoit l’homme privé
chez Defcartes. r
1 L’homme public eft dans fes écrits, dans fa Mé