
E a DM E R ou E dm e r ( Hiß. litt. moi. ) ,
abbé de S ain t-Albans, puis évêque de Saint-
André en Ecoffe, vivoit vers l’an u » , fous le
regne de Henri I, roi d’Angleterre. On a de lui
une hiftoire de fon temps; c’eft. par-lui qu’on
connoit le mieux la querelle de Guillaume le Roux
& de faint Anfelme, archevêque de CÏritdrberi •
' la vie ™ cet archevêque & de-, faint
wiIfricJ.Dom Gerberon a fait imprimer fes oeuvres
avec celles de faint Anfelme..
EARLDORMAN (Hiß. J-A n g l) , le premier
degre de nobleffe chez les Anglo-Saxons. Comme
. 1 origine de cette dignité , de fès fonflions, & de
fes prérogatives, répand un grand jour fur les premiers
temps de l’hiftoire delà Grande-Bretagne, il
n eft pas inutile d’en fixer la connoiflance, qui ne
fe trouve dans aucun dictionnaire françojs. '
Ce m o t, qui dans fon origine ne fignifie'qu’un
homme âgé ou ancien , vint peu à peu à défigner les
perfonnes les plus diftinguées, apparamihentiparce
quon choififloit pour exercer les plus mandes
charges, ceux qu’une longue expérience en pou-
voit rendre plus capables :: méthode que, nous ne
connoiffons guère. Ce n’eft pas feulement parmi
les Saxons que ces deux fignifications fe trouvent
confondues; on voit dans l’Ecriture Sainte que
les anciens d’ifraël, deMoah,de Madian, étoient
pris parmi les. principaux de ces nations. Les mots '
fenator fennor , Jîgnor, jagneur, en latiri, en
efpagno! , en italien , & en feançois , fignifient
la meme chofe. °
Les ealdormans ou earldormans étoient donc en
Angleterre les plus confidérables de la nobleffe
ceux qui exerçoient les plus grandes charges &
par une fuite très-naturelle,, qui poffédoient le
plus de biens. Comme on confioit ordinairement
a ceux de cet ordre les gouvernemens dés provinces,
au lieu de dire le gouverneur, on difoit
1 ancien earldorman d’une telle province • c’eft de là
que peu-à-peu ce mot vint à défigner un gouverneur
de province, Ou même d’une feule ville.
Pendant le temps de l’heptarchie , .ces charges ne
duroienrqnautant de temps., qu’il plaifoit au ro i,
qui deponedoit les earldormans quand il le iugeoit
a-propos, & en mettoit d’autres en leur place
Enfin ces emplois furent donnés k, v ie , du moins
ordinairement : mais cela n’empêcha pas que ceux
qui les poffedoient ne puffern être deftitués pour
diverfes caufes. Il y en a des exemples fous lès
régnés de Çanut & d’Edouard le confeifeur
Apres 1 etabhffement dés- Danois en Angleterre
le nom d earldorman fe changea peu à peu en
celui d W , mot danois delà même lignification;
enfui te les Normands voulurent introduire le titre
d e comte r qui, bien que différent dans fa premiete
origine g défignoit pourtant k même dignité : mais
le terme danois, early s’eft confervé' jufqi^à ce.
jour, pour fignifier celui qu’en d’autres pays on -
appelloit comte. -
Il y avoit plufîeurs fortes d’èarldormans : les
uns n etoient proprement que des gouverneurs
de provinces j d’autres 'poffédoient leur province
en propre , comme un fief dépendant de la couronne
, & qu’ils tenoient en foi & hommage*,
de forte que cette province étoit toujours regardée;
comme membre de l’Etat. L’hiftoire d’Alfred - le-
Grand fournit un exemple de cette derniere forte
d earldormans, qui étoient fort rares en Angleterre«,
. C?eft ainfi qu’erf France vers le commencement
de'la troifième race*de nos rois, les duchés
& les comtes qui n’étaient auparavant q.ue de
Amples-'gouvernemens , furent donnés, en propriété
fous la condition de l’hommage.
Les earldormans, ou les comte s de cette efpece 3„
etoient honores des titres dè reguli \ jubreguli, prïn*
clPe? ? il h’eft pas même fans exemple qu’ois
leur ait donné le titre de rois : quant aux autres 9.
qui n’étpient. que de fimples gouverneurs, ils-
prenoient feulement le titre dû earldormans d’une
telle province. Les premiers faifoient rendre la
juftice en leur propre nom r ils profitaient des-
confifeations,. & s’approprioiem les revenus de.
le^r province. Les derniers rendoient eux - mêmes*
la juftice au nom du roi, & ne retiroient que certains
emolumens qui leur étoient afîignés.. Le comte
Goodv/in , quelque grand feignèur qu’il fût
d’ailleurs , n’étoit que de ce fécond ordre.
A ces deux fortes de grands, earldormans , on.
peut en ajouter une autre; fa v o ir , de ceux qui
fans avoir de gouvernement-, portaient ce titre
à caufe de leur naiffanae, & parce qu’on tiroit
ordinairement les gouverneurs de leur ‘ordre r
ainfi le titre d'earldorman ne défignoit quelquefois
qu’un homme de qualité.
Il y avoit encore des eartdormans inférieurs dans*
les villes, & même dans les bourgs : mais ce
n’étoient que des. magiftrats fubalternes qui rendoient
la.juftice au nom du roi, & quidépendoient:
des grands earldormans*. Le nom dtalderman , qui,
fubfifte encore, eft demeuré à ces officiers intérieurs
, pendant que les preaûersont gris le. titre
da. cari ou de. comte,. .
La charge d’earldorman étoit civile, & ne don-
noit aucune infpe&ion fur les affaires qui regar-
doient la guerre. Il y avoit dans chaque province
un duc qui commandoit la milice.: ce nom àe duc r
pris du latin dux, eft moderne. Les Saxons appel*
îoient cet officier heartoghr celui-ci n’avoit aucun
droit de fe mêler des affaires civiles.. Son emploi
étoit entièrement différent & indépendant de celui
de comte; on trouve néanmoins quelquefois
dans l’hiftoire d’Angleterre, que tantôt le titre de
duc, tantôt celui de comte, font donnés à une
même perfonne: mais c’eft qu’alors les deux charges
fe tronvoient réunies dans un même fiijet,
comme elles le furent allez communément vers
la fin de l’iieptarchie. Article de M. le chevalier de
J a u c o u r t .
EBION ( Hiß. eccléf. ) , difciple de Cérinthe ,
auteur de la feéfc des Ebionites dans le premier
fiècle de l’églife..
EBOLI (R u y G omes de Sy l v a , prince d’ )
(Hiß. d’Efp. ) , duc de Paftrano, un des favoris
de Philippe II , foit qu’il dût les bonnes grâces de
ce monarque à fa femme D. Anna de Mendoza y
la Cerda, comme quelques-uns l’ont cru parce
qu’elle étoit auffi ambitieufe que belle, foit qu’il
ne les dût qu’à lui-même-
EBON ( Hiß., de Fr.y, archevêque de Reims,
fils d’un ferf de la G lèb e, élevé aux, plus hautes
dignités de l’églife, par Louis le Débonnaire r s’é-
toit. vendu à l’empereur Lothaire ,-filsJ& ennemi'
de Loub-y parce que Lothaire étoit le plus fort: -ce.
fut lui qui proposa dans l’affemblée de Compiègne
de dégrader Louis, & de le condamner à la pénitence
publique (83 3) ; lorfqu’il vit Louis le Débonnaire
réhabilité & le parti de Lothaire détruit
( e n 834) , il prit la fuite,.fans oublier d’emporter
les tréfors de fon églife; il fut pris & amené
à un parlement qui fe tenoit pour lors à Metz
(, 83 5 ) & où l’empereur ( Louis ) lui-même voulut
fe rendre fon accufateur. Ebon demanda de n’être
jugé que par les évêques ; à ce feui mot Louis fe
rendit: du moins les- évêques déposèrent Ebon,
& l’obligèrent de foufcVirc lui-même à fa dégradation.
Ebon fe retira en Italie auprès de Lothaire.
Les reproches que Thégan, corévêque de Trêves?,
adreffe dans fon hiftoire à ce perfide Ebon, ne
fçnt pas fans éloquence , & prouvent d’ailleurs
que les vrais principes fur là foutniffion due aux
puiffances, n’étoient pas même alors entièrement
inconnus au clergé.. Cependant Ebon, après la mort
de Louis le Débonnaire, fut rétabli dans le liège
de Reims par le jugement des évêques. Il en fut
encore chaffé en 853 , & fe retira en Allemagne,,
ou Louis,le Germanique lui donna l’évêché d’Hil-
desheim,fondé par Louis le Débonnaire. Ebon y
apourut en 8^5*,.
EBRBUHARITES ou EBIBUHARIS, f. m. pl.
( Flrfl. mod. ) , forte de religieux miihométans, ainfi
nommés d’Ebrbuhar ou Ebibuhar leur chef. Ils font
grands contemplatifs , & paffent prefque toute leur
vie dans leurs cellules à fe rendre dignes de la
gloire eélefte, par un grand détachement des biens
du monde, & par des moeurs fort auftères. La
pureté de leur ame leur rend, difent-ils , le faint
lieu de la Mecque auffi préfent dans leur cellulç ,
que s’ils en faifoient réellement le pèlerinage,
dont ils'fe difpenfent fous ce prétexte; ce qui les
fait regarder comme des hérétiques par les autres
Mufulmans, chez qui le voyage de la Mecque eft
un des principaux moyens de faluu Ricaut , de
f Empire Ottorn. (G)
EBROIN ( Hifi. de Fr. ) , maire dû palais fous les
fils de Clovis II & de SainteJBachilde ' .guerrier
violent, miniflre perfide, defpote cruel, en faveur
duquel, malgré les éloges qui lui ont été prodigués
par quelques écrivains de fcn parti ,.nous ne
trouvons qu’une chofe à dire , c’eft que faint Ouei*
fut fon ami. Mais il perfécuta d’autres Saints
ce n’eft pas fans quelque peine qu’on voit les-
Saints même entraînés par les intérêts du fiècle,
fe réunir trop peu pour ^intérêt public. Dans la'
moitié des vies des Saints, principaux monumens
hiftôriqûès de ces temps, on trouve Ebroin fcan-
daleufement exalté comme un héros y& dans l’autre
moitié , juftement décrié comme un méchant;
une nouvelle églife fondée, uue ancienne églife'
négligée , décidoient trop alors de là louange &
du blâme. On ne peut refuf’er à Ebroin ce qu’oir
appelloit alors du talent, c’e f t -à - dire-, quelque-
fcience dans- l’art de nuire , une aftivité redoutable,
une valeur toujours fun eft e , le fecret de faire
tomber fes ennemis dans des pièges greffiers qui,
félon l’ufage, finirent par fe tourner contre lui..
Voyeç à l’article BaTHILDE , fes cabales contre cette*
pieufe reine;..
Borique par la retraite de fainte Bathilde à-
Chelles,.Ebroin fe vit le maître des affaires, fon
mafque tomba, fes vices éclatèrent, fon gouvernement
fut un tiffù d’injuftices & de violences
rien ne pouvoir affouvir fon avarice; les biens,
la vie même des plus grands, feigneurs n’étoi^m?:
pas en fureté. L’affaffinat de Sigebrand ( vo\ e^ l’article
Bathilde ) l’avoit délivré d’un rival d’ambition
, vicieux comme lui; il retrouvadans S . Léger
un nouveau r i v a l d ’autant plus redoutable qu’i i
étoit vertueux.
Clotaire III étant mor-tiâns enfans en 6 6 8 Ebroin
voulut créer un roi qui n’eût obligation qu’à lui dsi
la couronne, & qui ne pût la conferver que p ar
lui: il fit proclamer Thier ry, frère de Clotaire, do;
fon autorisé particulière , & fans çonfulter les*
grands ;, l’évêque d’Autufi les raffemble&les fou—
lève contre Ebroin ijs vont chercher en Auftra—
fie Childéric., frère aîné de Xhierryi, ßcreuniffeiit: