
68© G A R
comme contre le dernier des écrivains; mais airfîi
comme le dernier des écrivains; il l’appelle un
homme fans conjcience, fans cervelle, fans huma-
n u i, Jans religion, fot par nature, Jot par bée are,
f i t par bémol, fot à la plus haute game, fot à
double femelle , Jot à double teinture, fot en cra~
îiioïfy , fot en joute forte de fottifes ; & comme
Pafquier àyoit plaidé pour l’univerfité contre les
jéfuites , ce qui étoit déjà un crime irrémiflible
aux yeux du père Garaffs, il lui dit, adieu jujqu'au
parlement, ou ajoute-t-il, vous ne plßidere^-plus
pour Cuniverfitéf Tel eft le ftyle ordinaire de
Garajfe, 8c Ton nom réveille l’idée d’un- modèle
dans le genre baffement violent 8c burlefqnement
fatyrique. Il en voûloit fur-tout au poète Théophile
& à Etienne Pafquier. Ses principaux ouvrages
font : Lis recherches des. recherches cFEtienne
Pafquier ; la doElrine curieufe des beaux efprits de
ce temps p ou prétendus tels ; celui-ci eft contre
Théophile ; Rabelais réformé, celui-ci contre du
Moulin ; le banquet des Jept fig e s, drçjfé au logis
de M. Louis Servin ; c’eft encore une fatyre ; une
femme de théologie qui parut une bouffqnerie &
•qui fut cenfurée par la forbonne ; les confrères
du père Garpjfe le défavouoienr & fes fupérieurs
le reléguèrent à Poitiers ; on dit au relie qu’il
»’étoit furieux & ridicule que la plume à la main :
dans la fociété on lui trouvoit de la douceur &
de la raifon ; il ne faut pas oublier du moins
qu’il mourut (en 1631) en fecourant des citoyens
attaqués de la pelle,
G A R C E Z , ( Ju l ien ) ( Miß. mod. ) évêque
de Tlafcala au Mexique, nommé par Charles-
Q u in t , doit partager avec Barthelemi de las
Cafas ( voye^ C a sa s) la gloire d’avoir traité les
Américains aveç douceur & avec bonté, &
d’ayoir eu pour ennemis les oppreffeurs & les
tyrans. Il défendit les Américains dans un traité
en forme de lettre adreffée au Pape Paul III.
jPadilla l’a fait imprimer dans fon hiftoire du
Jylexiqqç, Garce£ mourut vers l’an 1547.
GARÇTAS LASSO ou GARCILASSQ DE
L A V EG A ( Hiß. litt. mod. ) c’ell le nom d’un
p ce te & d’uii hiftorien, tous deux très-connus.
JLe poète eß pn de ceux à qui la poëlje efpagnole
a le plus d’obligation j il a été commenté par
^Sanßius, le plus favant grammairien de l’Efpaghe.
Çqrdlaffi avoir été élevé auprès de Charles-
Q.uinf ; il le fuivit dans fes expéditions d'Allemagne
? d’Afrique & de Provence. Il mourut à
J\ice §n j 536, de blefiures qu’il avoit reçues
guprès dç Fréjus dans cette expédition de Provence,
L’hiftorien étoit d’origine • efpagnole ; mais il
étoit né à Cufco, capitale du Pérou. Il a donné
en cfpagnol j ’hiftojre dç I3 floride & celle du
Pérou,
G A R
d’Efp. ) Pour être aimé de fes fujets, H ne fuffît
pas à un roi de fe côuvrir de gloire par la plus
héroïque valeur ; ce n’eil pas même alfez pour
lui d’avoir reçu de la nature & de l’éducation
les plus rares talens ; eût-il encore les qualités
les plus brillantes, s’il n’eft pas doux & bieri-
faifant, s’il n’eft point accelîible, fi même par
un zèle outré pour la juftice, il affiche une trop
inflexible févérité, dès-lors il perd inévitablement
la confiance de fes peuples , & jamais, quoi
qu’il faffe, il ne parviendra à fe concilier rattachement
de fes fujets. Tel fut le roi don Garcfe
q u i, par fon affidue application , par fa valeur
& fes heureufes difpofitioas, mérita l’eftime publique
; mais qui, par fes rigueurs & fon caractère
fombre, ne put que fe faire craindre-, &
ne fut point aimé. D ’ailleurs, les moyens qu’il
fivoit employés pour avancer le jour de fon
avènement au trône, avoient fait contré lui
l’impreffion la plus défavorable. Fils d’AlphônfelII,
dit Le grand, & digne d’un tel père à bien des
égards, mais cependant moins modéré, beaucoup
moins vertueux , Garde impatient de gouverner,
forma , de concert avec Nunno Fernandez 9
dont il avojt époufé la fille , le complot-odieux
de détrôner fon père & de lui ravir la couronne.
Aiphonfe III, inftruit de cette criminelle trame ,
marcha contre fon fils ingrat, qui déjà s’étoit
armé, le combattit, remporta la viéloire, prit
fon fils & le fit renfermer au château de Gau-
zon , où il le retint prifonnier pendant deux ou
trois ans, quelque preffantes que fuffent les
follicitations de la reine, mère du captif, &
celle de Nunno Fernandez. Don Ordogno, frère
du prifonnier, fe joignit à fa mère 8c à Nunno:
ils ceflerent de travailler à fléchir la jufte colère
d’Alphonfe , mais ils foulevèrent le peuple en
faveur de Garde, & l’état étoit menacé d’une
' guerre civile, lorfque le roi Aiphonfe, facri-
fiant fes plus chers intérêts, fes droits & fon
! rang à la tranquillité publique , mit le prince
1 don Garde en liberté, aflembla les états, &
i abdiqua la couronne en faveur de ce même fils
dont les états indignés, euflent dû punir l’audace
j3ç la rébellion. Ce fut ainfi que Garde monta
fur le trône en 910. Il voulut effacer l’iniquité
du moyen dont il s’étoit fe rv i, & dans cette
vue, il commença par fonder un monaftère qu’il
enrichit enfuite, ce qui, dans ce temps de fuper-
fthion, réparoit les plus grands crimes. Après
cette aéfion qui lui acquit la réputation d’un
prinçç très-pieux, il affembla fon armée, & alla
porter la guerre chez les Maures. Le roi de
Cordoue lui .oppofa l’élite de fes troupes fous
le commandement d’A y o la , regardé comme le
plus habile général maure de fon fiècle; mais J
malgré fa valeur & fon habileté, il fut vaincu,
fes troupes mafia crées, & luirmême fait prifon»
nier & réfervé à une longue captivité, dont
ji s’aifraiichit cependant 9 ÇARCÏE, roi d’O vjedpSç f e L é o n } { H iß o ire en trouvant le moyen.
g a r
de s’évader, malgré la vigilance de (es gardes. |
Animé par ce fuccès, Garde de retour dans fes
états, concerta avec fon père le plan de la campagne
fuivante ; & Aiphonfe, quelque lujet de
mécontentement qu’il eût contre fon fils, voulut
bien fe charger du commandement d’une partie
des troupes, à la tête defquelles il alla ravager
les terres des Infidèles. Après mille a£1 ions glo-
rieufes & éclatantes , il revint charge de lauriers
& de butin à Zamora, où il mourut deux ans
après fon abdication. Les regrets que cette irréparable
perte caufa à Garde, ne l’empêchèrent
point de pourfuivre la guerre qu’il avoit déclarée
aux Maures ; mais avant que de continuer le
cours de fes opérations, il tenta d’enlever la
Galice à fon frère don Ordogno, auquel pourtant
il avoit les plus grandes obligations : ce projet ne
lui réuflit point. Don Ordogno , aimé de fes fujets
autant que le roi de Léon étoit craint & peu
chéri des fiens, fe difpofoit à la^ plus^ vigou-
reufe réfiftançe, lorfque la reine nvere réconcilia
fes deux fils qui fe lièrent de la plus étroite
amitié, & portèrent enfemble avec fucces la
guerre chez les Maures : rien ne leur réfifta , &
Je roi de Léon eût porté fes conquêtes tout suffi
loin qu’il le defiroit , fi la mort ne 1 eût arrêté ■
au milieu de fa courfe ; il tomba malade à Leon,
languit quelques jours, & mourut fort eltimé,
mais très-peu regretté de fes peuples, après un
règne de trois ans. ( L. C. )
G a r c ie I , F e r n a n d e z , comte de Caftille»
( Hiß. d'Efp.)| Il n’y avoit que peu d’années que
la Caftille s’étoit rendue indépendante & fqrmoit
lin état féparé auffi puiflant & aulfi redoutable
qu’aucune des fouverainetés qui divifoient lEf-
pagne , lorfque Ferdinand Gonçalez, qui avoit
opéré, par fa valeur 8c fon ambitieufe habileté,
cette grande révolution, tranfmit paifiblement fes
états a don -Garde Fernandez fon fils, & mourut
auffi -tranquille polTefieur de la fouverainete
de Caftille, que fi elle eût été dans fa maifon
aux titres les plus -légitimes, Garcie fucceda fans
©bfiacles aux états de fon père en 970 , & ne
tarda point à gagner la confiance de les fujets,
par les foins qu’il fe donna pour les rendre heureux
contenS. Il confacra les fept premières
années de -fon gouvernement à la félicité publique
, & les moyens qu’il prit pour la fixer dans
pour ramener ce fils ingrat ; mais le v o y an t deçi- I dément déterminé à la rébellion, il le prévint,
fes états, rsuffirent au gré de fes defirs & au-
delà de fon attente. Le comte de Vêla qui avoit
les droits les mieux fondés fur la fouverainete de
la fertile province d’Alava , dont il avoit ete
dépouillé par Ferdinand, intérefla à fa caufe le
roi de Cordoue, qui, jaloux d’ailleurs de lat>
croiflement fuceeflif que prenoit la puiffance des
comtes de Caftille, prit les armes en faveur du
comte de Y e la , fit contre les Caftillans les plus
formidables préparatifs , 8c chargea fon général
Qrduan de ravager leurs pofieffions. Garcie, in-
plißoire. Tome l f Seconde part.
G A R '62i
formé de l’orage qui fe préparoit contre lui, fe
ligua avec Sanche, roi de Navarre, & marcha
contre Orduan qui avoit pénétré déjà dans fes
états où il faifoit d’horribles dévaluations; Garcie
lui livra bataille , remporta fur lui une viétoire
éclatante, le mit en fuite & délivra fes fujets
des hoftilités des Maures. C eux -c i f ie n t , dès
l’année fuivante, les plus grands efforts pour
rétablir l’honneur & ,la gloire de leurs armes;
mais Garde déconcerta tous leurs projets, &
quoique fon armée fut de beaucoup inferieure à
celle de fes ennemis, il les contraignit encore
de fe retirer, apres avoir fouffert des pertes très-
çonfidérables. Almançor, qui s étoit déjà rendu
fi redoutable aux Chétiens , entreprit de venger
les Infidèles;, mais il n’eu; que peu de fuccès ,
| 8c Garde eut plus d’une fois la gloire de rendre
la viâoire incertaine entre lui & ce fameux general.
Cette guerre -dura plufieurs années toujours
savec la même incertitude; mais a la fin la fortune
fe déclara pour le comte de Caftille ; il
remporta divers avantages decifirs fur les Maures
qu’il -battit complètement dans les plaines
d’Ofma ; 11 mit le comble à fa gloire par la juftice
qu’il rendit à la famille de V ê la , qu’il rap-
pella en Caftille, & qu’il remit en pofleflion des
biens que Ferdinand lui avoit ravis. La guerre
terminée , &.fes états rendus auffi floriffans qu’iis
pouvoient le devenir . Garde eut le chagrin de
voir fon fils féduit par les confeils de quelques
lâches adulateurs, fe foulever contre lui & former
des .complots odieux : il fit tous fes efforts
prit les armes, lui livra bataille, le prit lui-
même, & eut la générofité de lui pardonner
; fon crime. Cette guerre-^civile étoit à peine
éteinte , que l’armée du roi de Cordoue fe jetta
fur les terres de Caftille & y commit d’affreux
ravages. Garde raflembla- toutes fes troupes ,
marcha contre les I;,fidèles, les rencontra entre
-- Alcoeer & Berlanga, leur livra bataille , fut
malheureux ; & , entraîné par fa valeur , s’engagea
; fi .avant dans les efeadrons ennemis , qu’il fut
: enveloppé de toutes parts, couvert de bleflùres
& fait prifonnie'r, tandis que fon armée, confter-
née de cet accident, s’abandonna à la terreur &
prit la fuite avec précipitation. Garcie ne fur-
véent que deux jours à fa défaite, & mourut
de fes bleftures entre les mains des Maures, q u i,
malgré la violence de leur haine pour les Chrétiens,
ne purent s’empêcher d’admirer la fermeté
du comte de Caftille, captif & mourant, comme
ils avoient fi fouvent redouté fa valeur au milieu
des combats. ( L. C. )
G arcie II, comte de Caftille, ( Hijl. d'Efp. )
Si ce jeune fouverain eût vécu plus long-temps,
difent les hiftoriens efpagrols , il P I été fans
, doute le modèle des rois ; car il nVnt ni défauts 3
R i- r r