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jîont il en avoit régné quinze, tant feul que conjointement
avec Ion père. Valérien fon frère fut
xnanacré avec lui. Jamais empereur n’avoit pouffé
f)lus loin le rafinement des voluptés. Il ne pouvoir
coucher que fur des fleurs, environné de cour-
iifanes. Les eaux ou il prenoit le bain, étoient
parfumées d’effences. La vaiffelle d’argent lui
paroi/Toit ignoble, fi elle n’étoic ornée de rubis &
oe diamans. Il ne poudroit fes cheveux qu’avec
de la poudre d’or ; indifférent aux deftinées de
l ’empire, il ne mit en place que des favoris fans
.mérite. Sa cour n’étoit remplie que de mimes &
de bouffons. Il faifoit chercher les plus belles
femmes des provinces , & s’en faifoit accompagner
toutes les fois qu’il a'ioit au bain. Tandis
qu’il vivoit abruti dans la molleffe, on vint lui
annoncer la révolte de l'Egypte , il répondit
froidement qrfon pou voit vivre fans le lin
d’Egypte. Il eut la même indifférence pour la
rébellion des Gaules. Q u’importe , dit-il, ne peut-
on pas fe paffer des draps fabriqués à Arras? fon
infenfibilité ftupide ne fe démentoit que dans les
mouvemens de fa colère. Il ufa de la plus grande
modération envers les Chrétiens. Leur biens con-
nfqués fous les règnes précédens leur furent
reflitués , & leurs affemblées furent permifes. Il
fut tué l’an 2.68 de Jéfus-Chrift.
G ALLION, ( Ju n iu s ) {H iß. Rom. ) frère de
Sénèque ; proconful d’Achaie, recommandable par
la fage réponfe qu’il fît aux Juifs perfécuteurs qui
avoient amené Saint-Paul devant fon tribunal ,
en difant : celui ci veut perfuader aux hommes
» d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi.....
« Gallion dit aux Juifs : s’il s’agiffoit.....-de quel-
» que injuôice, ou de quelque mauvaife aâion ,
» je me croirois obligé de vous écouter avec patience;
mais s’il n’eft queflion que de doéirine , de
>1 certains noms & de votre lo i, videz vous-mêmes
» vos différens , car je ne veux point m’en rendre
» juge.» A&es des Apôtres, chap. 18 , verf. 13 ,
14 & 15. Gallion étant tombé, ainfi que fon frère ,
dans la difgrace de Néron, fut obligé, ainfi que
fon frère, de fe donner la mort.
G ALLOGLASSE, C f, ( Hiß. mod. ) nom d’une
milice d’Irlande. Cambden dans fes annales d’Ir-
lande, page 7572 | dit que la milice des Irlandois,
<ft compofée de cavaliers, qu’on appelle galfoglaf-
fe s , qui fe fervent de haches très aiguës , & d’infanterie
qu’on nomme kermès. Chambers. (Q.)
G A L LO IS , { Je an ) { Hiß. litt. mod. ) c’eft le
favant abbé Gallois, fecrétaire de l’académie des
fciences,dont M. de Fontenelle a fait l’éloge; après
avoir loué fa vafte érudition, il ajoute .* a & de
» plus,ce quin’eft pascommun chez ceux qui favent
» tou t, il fa voit le françois & écrivoit bien.»
Nommé en 1668 à l’académie des fciences , alors
encore naiffante, il fut reçu en 1673 à l’académie
Ssançoife, parce que, encore M. de Fontenelle,
G A L'
t( cette académie admet auffi l’érudition qui n’eff
» pas barbare ; » M. l’abbé Gallois fut principalement
^connu par le journal des favans , qui feul
faifoit tout connoître alors.; il fu t, dés la première
année, l’affocié de l’inventeur ( M. de Sallo); &
dès la fécondé année , il le fut feul. M. de Fontenelle
parle à ce fujet de la nombreufe pofférité
iffue du journal des favans , il la nomme & ne pré-
fente que des noms refpeétés. S’il falloit aujourd’hui
nommer cette pofférité, devenue fi ridiculement
nombreufe 8c fi monftrueufement indigne de fon
père, le tableau feroit.un peu différent. M. Colbert
avoit pris chez lui M. l’abbé Gallois pour jouir, dans
tous les momens libre?, des tréfors de fon érudition';
l’abbé Gallois étoit auprès de lui l’agent général de
la littérature ; il fit tout pour les lettres & ne fit
rien pour lui-même. M. de Seignelay lui donna
une chaire de profeffeur en grec au collège royal,
dont il futaufli infpedeur.M. l’abbé Galloise ut la
maladie des vieillards, celle d’être contraire aux
découvertes nouvelles ; il fe déclara contre la géométrie
de l’infini.-Il étoit né le 14 juin 1632. Il
mourut le 19 avril 1707. <■’
GALLONIUS, ( Hijl. rom.') fameux gourmand,
dont le nom étoit paffé en proverbe & qui a été
fort décrié par Lucilius ,jpar Horace, par Cicérorr»
Lucilius dans des vers de fa quatrième fatyre, rapportée
par Cicéron, s’écrie :
O publi ! 6 gurges Gallôni ! es homo mifer, inquit,
Canajli in vitâ numquam bene, càm omnia in ijlâ
Confumis J'quillâ atque acipenfere cum decumano. * ■ \
Horace dit aufli, fatyre fécondé du fécond livre:
Haud ita pridem
Galiéné prceçonis erat acipenfere menfa
Infamis.
Cicéron, liv. 2, de fini bus, 11 Sed qui ad volupta-
» tem omnia référé ns vïvit ut Gallonius, loquitur ut
» f rugi Me Pifo , non audio. Et dans ï’oraifon, Pro
» QuinElio. Ii qui reliftâ bonorum vivorum difciplinâ
» 6* quceflum &. fumptum Gallonii Jequi malue*
» runt, &c. »
G ALLOWAI. ( Voye{ Ru v ig n y . )
G ALLUS,;( Publius C ornélius) ( Hijl. rom.)
né à Fréjus dans la Gaule Narbonnoife, l’an de
Rome 686,de parens plébéiens,porta, jeune encore,
à Rome de grands talens & une grande ambition,
Il s’attacha debonne heure à Oâave, dont il pofféda
dans la fuite la faveur. Son mérite le fit connoître
& aimer des romains les plus diftingués par la
naiffance ou par les talens ; il fut l’ami de Pollion ,
de M . ffala, de Cicéron 7 fur-tout de Virgile. Il fe
diffingua également par fes fuccès & dans les armes
& dans les lettres. Son éloquence fut applaudie
dans la tribune. Ses vers furent admirés par Virgile
& par Ovide ; Augufte récompenfa fes fervices
militaires, en lui confiant le gouvernement de
G A L GG AA LL 6 n
l’Egypte qui venoit d’être conquife & réduite en
province romaine. On prétend que Gallus, parvenu
à ce haut degré de fortune, devint ingrat
envers fon bienfaiteur, infolent avec fes égaux ,
dur, violent & avare envers les peuples de fon
gouvernement. On l’accufa de concufiions, on
l ’accufa même d’avoir confpiré contre Auguffe. Sa
mauvaife adminiftration fut dénoncée au fénat qui
le condamna à l’exil & confifqua tous fes biens.
Auguffe confirma ce décret; & alors, dit-on , il
exigea la fupprefïion d’un éloge que Virgile avoit
fait de Gallus, & dont Gallus n’étoit plus digne.
Tàm canit errantem permejjj ad flumina Galluni
Aonas in montes ut duxerit una J'ororum ,
Utque viro Phabi chorus ajfurrexerit^oninis J
Ut Linus heee illi divino carminé pafior
Floribus atque apio crines ornatus amaro
Dixerit : ho s tïbi dont calamos , en accipe, Mufce ,
AfcrctOf quos ante , feni, quïbus ille folebat
Cantando rigidas deducere muntibus ornos ;
Ris tibi Grynoei nemoris dicatur erigo ,
Ne qui s fit lucus , quo fe plus jaclet Apollol
Cet éloge, au rapport de quelques auteurs, rem-
pliffoit originairement la moitié du dernier livre
des géorgiques, 8c ayant été fupprimé par l’ordre
d ’auguffe après la difgrace de Gallus , il fut remplacé
par l’épifode d’Ariftée. Donat le dit très-
formellement : Ufque adeo hune Gallam Virgdius
amârat, ut quartus geergicorum, à medio ufque ad
finem, ejus laudem contineret, quem_ pofleà , jubente
Augujlo , in -Arijlcei fabulam commutavit.
Mais ce fait a paru fufpeét à beaucoup de favans.
Leurs raifons fo n t „ i° . que la fable d’Ariffée paroît
fi naturellement liée avec le fujet des abeilles, qu’on
ne peut croire qu’elle ait été ajoutée après coup ;
2°. qu’il eft peu vraifemblable que Virgile eut con-
facré la moitié d’un livre toute entière à l’éloge
de Gallus, tandis qu’à peine avoit-il accordé quelques
vers aux louanges de Mecéne , auquel pourtant
il dédioit l’ouvrage; 3°- enfin, qu’Augufte
ayant appris que Gallus n’avoit pas pu fupporter
fa difgrace 8t s’étoit donné la mort , le pleura
au rapport de Suétone, 8c. dit, en fe plaignant de
fa fenfibiiité : Je fuis bien malheureux ; moi feul je
ne puis m'irriter contre mes amis autant qu'ils le méritent
& que je le voudrais. Or de telles difpofi-
tions s’accordent mal avec cet acharnement contre
la mémoire de Gallus , qu’on fuppofe avoir été
poufféë jufqu’à lui envier de vaines louanges.
Il nous feinbls qu’on auroit pu ajouter encore
une quatrième raifon , c’eft que la conduite d’Au-
glifte auroit été contradiéloire, fi , voulant priver
la mémoire de Gallus des hommages dont Virgile
l’avoit honoré, il eût laiffé fubfifter la dixième
jéglogue de ce poète . qui eft corifacrée toute entière
à Gallus, qui porte le nom même de Gallus,
qui contient les témoignages les plus marqués de
l’effime & de latendreffe de Virgile pour Gallus.
G allô , Clijus amor tantàm mihi crefcit in horas ,
Quantùm yere novo viridis fe fubjicit alnus.
Auguffe eût-il laiffé fubfifter les vers de cette
cglogue où Virgile dit :
Neget qui s sarmina Gallo ?
dans le temps où il faifoit fupprimer tant de
vers faits à la louange de cet infortuné ?
Auguffe enfin, eût - il laiffé fubfifter dans la
fixième églogue le pompeux élogé de Gallus , que
vVirgilemet dans la bouche de oilène 8c de Linus?
GALLUS ( C aïus - V ibius -T rëbonianus )
( Hijl. des emper.) étoit d’une famille des plus difti liguées
de Rome. Après la mort de Décius qui
l’avoit comblé de bienfaits , il fut proclamé empereur
par les légions l’an 252 de l’ére chrétienne.
Il ne monta fur le trône que pour déshonorer le
nom romain. Les Goths qui ravageoient les puis
belles provinces de l’empire lui firent acheter igno-
minieufement la paix. 11 fe fournit à leur payer
un tribut annuel qui ne fit qu’allumer leur avarice.
L’argent qu’il leur donna leur fournit les moyens
de lever des armées plus nombreufes , & plus ils
recevoient, plus ils devenoient redoutables. Ce
fut dans la Thrace, la Mcefie, la Theffalie & la
Macédoine, qu’ils commirent le plus de ravages.
Différens peuples , fortis des bords de la mer glaciale
infultèrent impunément à l’indolence de
Gallus qui aimoit mieux acheter la paix à prix
d’argent que d’en preferire les conditions après
des viéloires. L’intérêt de feS plaifirs lui faifoit
oublier ceux de l’empire. Les Parthes , encouragés
par fon indifférence ftupide, entrèrent dans la Mé-
fopotamie, d’où ils chaffèrent le roiTiridate. Sapor,
roi des Perfes , entra dans la Syrie où rien ne réfifta
à fes armes. Tandis qu’on dépouilloit l’empire de
fes plus riches provinces, Gallus , abruti dans les
voluptés, affocioitfon fils , encore au berceau, à
l’empire, comme fi l’ombre d’un collègue lui eût
donné la réalité du pouvoir. Il fit battre des mon-
aoies avec cette infeription : Virtus Auguflorum.
Le fléau des guerres ne fut pas le feul qui affligea
l’empire. La pefte caufa plus de ravages que les
armes des Barbares.La contagion éclofe dans l’Ethio-
piç fe répandit dans toutes les provinces ; la more
exerça tant de ravages, que le monde fut menacé
de refter fans habitans. Enfin le règne de Gallus
ne fut mémorable que par des défaftres. Les peuples
qui lui attribuoient toutes ces calamités, étoient
prêts de paffer du tumulte à la révolte. Gallus fortit
de fon fommeil. 8c pour ménager lesefprits irrités,
il adopta le fils de Décius, que quelque temps après
il fit empoifonner. Ses fureurs s’étendirent fur les
Chrétiens qui eurent à efiùyer les plus cruelles per- •
fécutions. Tandis qu’il fe livroit aux plus fa les
voluptés, &>fur-tout au plaifir de répandre le fang
innocent, il reçoit la nouvelle qu'Emilien avoit été
proclamé empereur par les légions de Mcefie ; il fe