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Charles VIII ; mourut doyen des maîtres des
requêtes , il eut même les fceaux par commiflion
fous Charles VIII , en 1492 , & les garda jufqu’à
fa mort arrivée au mois de novembre 1494.
Louis XI l’avoit employé en diverfes négociations ;
mais en revanche il employoit d’autres médecins
que lui, témoins le médecin Coctier & Angelo
Cattho &c. Adam Fumée au refie a voit des talens
8c des connoiffances- dans plus d’un genre.
FUNÉRAILLES. (Hift. m o d Nous allons parcourir
les cérémonies funèbres, qfitées de nos jours
chez quelques peuples d’Afie, d’Afrique, & d’Amérique
; il femble que la nature a par-tout infpiré
aux hommes ce dernier devoir envers leurs fem-
blables qui leur font enlevés par la mort ; & la
religion, foit vraie, fait faufTe, a confacré cet
jufage»
FUNERAILLES des A raies. Dès que quelqu’un a
rendu les derniers loupirs chez les Arabes,-on lave
le corps avec décence , on le coud dans un morceau
de toile, s’il s?en trouve dans la maifon , bu dans
quelques guenilles s’il eff pauvre; on le met fur
un brancard compofé de deux morceaux de bois
avec quelques traverfes d’ofier, & quatre ou fix
hommes le portent où il doit être enterré. Coffimç
ces peuples changent fouvent de camp, ils n’ont
point de cimetières fixes. Ils ehoififlent toujours un
lieu élevé & écarté du camp 5 ils y font une fofle
profonde, où ils metten t le corps, fa tête du côté de
l’orient, le couvrent de terre, & mettent deflus
de groffes pierres, afin d’empêçher les bêtes fauvages
de venir le déterrer & le devorer. Ceux qui portent
le corps à la fépulture & ceux qui l’accompagnent,
chantent des prières pour le défunt & des louanges
U Dieu,
Dans ees ©ccafions leshommes ne pleurent point,
ce qu’on regarde comme une preuve de leur courage
fit de leur fermeté. Mais en récompenfe les femmes
s’acquittent très-bien de cette fonâion. Les parentes
du défunt crient, s’égratignent le vifage & les bras,
s’arrachent les cheveux, & ne font couvertes que
d’un vêtement déchiré, avec un voile bleu &
fale;toutes marques de douleur extraordinaires,
vraies ou apparentes.
Les cérémonies des fu n é r a ille s , qui nefont pas
longues, étant achevées, pjn revient au camp. Tous
ceux qui y ont aflifté trouvent un repas préparé ,
& mangent dans une tente, lés femmes dans une
uutre. Les hommes à leur ordinaire gardent la gravité,
les femmes effiiient leurs larmes ; les uns 8{.
fes autres fe confolent ; on fait à la famille des
complimens de condoléance qui font fort courts,
puifqu’ils ne confident qu’en ees deux mots ,
halhern a a a n d e k f é eft-à-dire, j e p r en d s p a rt à votre
p fjlift iç n i & en ees deux autres ; fe lam e t ' etask.,
qui fignifient D ie u conferye votre, tête. Après quoi
Jg§ pâreps dii défttflî font le partage de fes biens
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entre les enfans. Mém. du chevalier d’A rvieux;
tom. III,
Funérailles des Turcs. "En Turquie, lorsqu'une
perfonne eft. morte, on met fon corps au
milieu de la chambre, & l’on répète triftement
ces mots à lentour , fûbanna allah, c’eft-à-rdire,
0 Dieu miféricordieux , ayeç pitié de nous. On le
lave enfuite avec de l’eau chaude.& du favon ;
& après avoir brûlé allez d’encens pour chaffer •
le diable 8c les autres efptits malins qu’on bip-*
pofe roder autour de lu i, on l’enveloppe dans
un fuaice fans couture, afin, dit-on, que dans
l’autre monde il puifle fe mettre à genoux lorf-
qu’il fubira fon jugement ; tout cela eft accoin*
pagné de lamentations, où les femmes ont la
principale part.
Autrefois on expofoit le mort fur uiie table ,
comme dans un lit de parade r orné de fes plus
beaux habits , & de diverfes. fleurs de la faifon ,
après quoi on le portoit furllles brancards hors
de la v ille , dans un lieu deftiné à la fépulture
des morts. Aujourd’hui on fe contente de le
mettre dans une bière, couverte d’un poîl convenable
à fa profelfion , fur lequel on répand des
fleurs, pour marquer fon innocence. La loi défend
à qui que ce foit de garder un corps mort
au-delà d’un jou r , & de le porter plus loin d’une
lieue. Il n’y a que le corps du grand-feigneur
défunt qui- en foit excepté. .
Les Turcs font perfuadés qu’au moment que
l’ame qûitte le corps, les anges la conduifent au
lieu où il doit être inhumé , & l’y retiennent
pendant quarante jours dans l’attente de ce corps ;
ce qui les engage à le tranfporter au plus vite
au lieu de la fépulture , afin de ne pas faire
languir l’ame. Quelques-uns prétendent que les
femmes 8c filles n’afliftent point au convoi,
mais demeurent à la maifon pour préparer à
manger aux imans, qui, après avoir mis le'corps
dans le tombeau , reviennent pour faire bonne
chère, & recevoir dix afpres qui font leur ré>*
tribution ordinaire.
Aufli-tôt que le deuil eft fini autour du mort
& qii’on l’a ënfeveli, on le porte fur les épaules
au lieu deftiné à ia fépulture, foit dans les cimetières
fitués hors des vïllès , s’il eft pauvre , foit
au cimêtière des mofquées, à l’entrée defquelles
oa le porte , s’il eft riche , & à l’entrée defquelles
les imans' font des prières qui ne eonfiftent qu7en
quelques complaintes & dans le récit de certains
vers lugubres qui font répétés mot pour mot
par ceux qui accompagnent le convoi , & qui
Suivent couverts d’une pièce de drap gris op de
feutre pendante devant & derrière.
Arrivés au tombeau, les Turcs tirent le mort
du cercueil , le dëfcendent dans la fofle avec
quelques fémçnçes de l’alcoj-an. On ne jette point
la terre immédiatement fur le cprp^ , dç peur que
fa pe&îitewr #e l’inçoinpode ; pour fe .donner
un
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un'peu d’air, on pofe de longues pierres en ira- j dans tous les endroits vides , pour le maintenir
vers, qui formons- une efpèce de voûte fur le ] dans ia fituation ou il a été mis. .
cadavre, en forte: qu’il y eft fermé comme dans j II eft défendu aux Chinois d’enterrer leurs morts
un coffre. Les cris & les lamentations des femmes- 1 dans l’enceinte des. villes & dans les lieux qu’on
ceflent. aufli-tôt apVès: L’inhumation. Une mère |'habité ;■ mais il leur, eft permis de les conferver
peut pleuré r fon fils jufqu’à trois fois; au-delà j dans leurs maifons, enfermés, dans des cercueils ;
elle pèche contre la .loi. î ils les gardent plusieurs mois & même plufieurs
"Les funérailles du fultan font accompagnées I années comme en dépôt, faiis qu’aucun magiflrat
d’urie riiajefté lugubre. On mène en main tous I puifle les obliger de les inhumer. Un fils vivroit
fés chevaux avec lés felles renvèrfées , couverts j fans,'honneur, fur-tout dans fa famille-, s il ne
de houflës de’ velours noir traînantes jufqu’à j faifo.it- pas conduire le: corps de fon père au tom-
térre. Tous fes- officiers, tant ceux du ferra il que beau . de fes ancêtres on refuferbit de placer
ceux de la garde, folaks, janiflaires & autres, y
aîiarclient en leur rang. Les mutaféracas précèdent
immédiatement le corps, armés d’une lance, au
bout de laquelle eft le turban de l’empereur défunt,
8c portant une queue de cheval. Les armes du
prince & fes étendarts traînent par terre. La
forme'du cercueil eft celle d’un chariot d’armes ;
il- eft couvert d’un riche poil fur lequel eft pofé
un turban ; & lorfque fon corps eft urte fois dé-
pofé dans le tombeau, un iman, gagé pour y lire
fon nom dans la falle où- on les honore,, quand; ,
on les trailfporte d’une province à une autre: il
n’eft pas permis , fans un ordre de l’empereur ,
de les faire entrer dans les villes , ou de les faire
pafler au-travers, mais on les conduit autour des
murailles.
La cérémonie folemnelle que les- Chinois ob- .
fervent à l’égard des défunts , dure ordinairement
fept jours, à moins; que quelques ràifons eflen- .•
tielles n’obligent de fe contenter de trois jours.
l ’alcoran, a foin de le couvrir tous les jours, fur- Pendant que le cercueil eft ou vert, tous les parens
tout le vendredi, de tapis de drap fur lefquels il & les amis, qu’on a eu foin d’inviter viennent
place ce que le feu empereur avoit ^coutume de J rendre leurs devoirs au défunt; les plus proches
porter de fon vivant', comme .fon turban , &c. jparens reftent même dans la maifon. Le cercueil
Guer , moeurs & iifag. des Turcs , tom. I. ( G ) j |eft expofé çlans la principale falle, qu’on a parée '
; ; - I d’étoffes blanches qui font fouvent entremêlées de-
. , ' ' . . -, « _ j pièces de foie noire où violette, & d’autres ornemêns
U . : :i, a J de deuil. On met une table devant le cercueil.
L’oii placé fur cette table l’image du défunt, ou
bien un cartouche qui eft accompagné de chaque
côté dé fleurs, de parfums , & de bougies allumées*
leurs morts, mais ils revêtent ;le défunt de (es jj
pius beaux habits le couvrent (jes marques
de fa dignité; enfuite ils le mettent dans le cercueil
qu’on lui a acheté , ou q.u’il s’étoit fait conf-
truire pendant fa vie ; car ils ont grand foin de
s’en pourvoir long-temps ayant que. d en avoir-
befoin. C ’eft aufli une des plus férieufes affaires
dé leur v ie , que de trouver un endroit qui leur
foit commode après leur morr. Il y a des chercheurs
de fépulture de profeflion; ils courent les
montagnes. ; & lorfqu’ils ont découvert un lieu
où il règne un vent frais & fain , ils viennent
promptement en donner avis'aux gens riches qui
accordant quelquefois à leurs foins une recom-
penfe exceflivë,
Ceux qui viennent faire leurs complimens de
condoléance fàkient le défunt à la manière du
pays. Ceux qui étoient amis particuliers accompagnent
ces cérémonies de gémiffemens & de
pleurs, qui fe font entendre quelquefois de fort
loin.
Tandis qu’ils s’acquittent de ces devoirs, le fils
aîné, accompagné de fes frères , fort de derrière
le rideau qui eft à côté du cercueil, fe traînant
I à terre avec un vifage fur lequel eft peinte la
__ ___ j douleur, & fondant erflarmes, dans un morne
Les cercueils des perfonnes aifèés font faits de &. profond iUence , Us rendent le folut avec la
Etoffes planches épaiffes d’un demi-pied & davan- même cèrémon.e qu on a pratiquée devant le
ïaee- ils font fi bien enduits en-dedans de poix. cercueU: le meme rideau cache les femmes, qui
St de bitume, & fi. bien yerniffés en-dehors , pouffent, à diverfes repnfes, les cris .les plus
qu’ils n’exhalent aucune mauyaiïe odeur: on eu I lugubres. , , , .
voit qui font cifelés délicatement., & .couverts de j Quand on a achevé la cérémonie-,- on fe lève ;
dorure. Il y a des gens riches qui emploient j Un parent éloigné du défunt, ou un ami, étant,
jufqtt’à mille écus pour avoir un cercueil de bois,.! en deuil , fait les honneurs; & comme il a été
précieux, orné de quantité de figures. J vous recevoir, à la porte, il vous conduit dans.
Avant que déplacer le corps-dans la bière, on" un appartement, ou l’on vous préfente du thé,
répand au fond un peu de chaux; & quand .le. \ St quelquefois des ii-mts feçs, St femblables rafraîcorps
y eft placé, on y met ou un cçuffin ou:
beaucoup de coton , afin que la tête, foit folide-,
ment appuyée ,■ & ne remue pss aifément« O bi
met; aufli du-coton, ou autres cjiqfes, femblsblss »
WJloire. Tome lt . Seconde part*
chiüemens : après quoi il vous aççomp agne jufqu’à
votre chaife.
Lorfqu’on a fixé le jour des. obsèques , on en
donne avis à tous les parens & amis du dèfuuu
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