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en 1513 à la retraite de Romagnano, d’un coup
d’arquebufe à croc; Bayard périt auffi d’un pareil
coup. Ces deux héros ne purent être feparés ni dans
la vie ni à la mort. (Voyet^ B a y a r d ).
CHABBAN oit mm CHAHBAN ou CHAVAN , anc. & mod.) c’étoit, chez les anciens arabes, I
le nom du troifième mois de leur année , celui qui
répondoit à notre mois de mai, le même terme eft
encore d’ufage parmi les Orientaux mahometans.
La lune de chabban eft une des trois pendant lef-
quelles les mofquées font ouvertes pour le temgid ou
la prière de minuit» ( A . R. )
CHABOT. {Hiß. de Fr.) Ancienne & illuftre maifon
françoife,ellea une filiation fuivie & connue depuis
les commencemens du onzième liècle, & elle
étoit dès-lors ancienne; car un auteur du temps, en
parlant d’Iélier de Chabot, fait évêque de Limoges
en 1052., dit qu’il étoit de la noble maifon des
Chabots. Un autre Chabot fut élu eveque de la meme
ville de Limoges en 11775 & l’auteur de la chronique
de Limoges obferve qu’on cacha cette éleâion
au roi d’Angleterre Henri II,à qui le Limoufin appar-
tenoit alors & qui n’aimoit pas les Chabots^ ce qui
fait penfer quecettemaifon jouoit un grand rôle dans
les guerres que la rivalité de la France & de l’Angleterre
& les deux mariages d’Eléonore d’Aquitaine
rendoient fi fréquentes & fi animées entre Louis le
Jeune & Henri IL Louis de Chabot mort en 1412 ,.
époufa Marie de Craon, dame de Montcontour,
Jarnac, & c , lieux célèbres depuis , par de triftes batailles
dans nos guerres civiles & religieufes du règne
de Charles IX. Renaudll fon petit-fils époufalfabelle
de Rochechouart, dame de Brion. Leur petit-fils
fut le fameux amiral Philippe de Chabot Brion, fous
le règne de François premier. Il étoit chevalier des
ordres de Saint-Michel & de la Jarretière, gouverneur.
de Bourgogne & de Normandie.
Brion, attaché dès l’enfance au jeune comte d’An-
goulême , qui fut dans la fuite François premier,
avoit été élevé avec lui. François diftingua des-lors
Montmorenci, Brion & Montchenu. Brantôme rapporte
que ces trois jeunes feigneurs s’entretenant
avec lui fur leurs deftinées futures , lui demandèrent
ce qu’il feroit pour eux lorfqu’il feroit monte
fur le trône : Defire^ feulement, leur dit François premier',
& foyeçfûrs de tout obtenir. Montmorenci defira
d’être connétable, Brion d’être amiral,^Montchenu
borna fon ambition à être premier maître d’hotel;
leurs voeux furent remplis dans la fuite,, & le conte
fut aifé à imaginer.
On a remarqué que les trois hommes que François
premier aima le mieux, furent les trois amiraux
de fon règne, Bonnivet, Brion & d’Anne-
baut.
Aux joutes qui fe firent dans la place devant le
château de Milan, en préfence des dames, félon
Fufage, après la défaite des Suifles a Marignan,
Brion blefla le comte de Saint-Pol d’un coup de
lance à l’oeil, préfage de ce qui devoit arriver à
Henri II.
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L’orfqu’en 1513 les ennemis pénétrèrent jufqu’à
l’O ife , & n’étoient déjà plus qu’à onze lieues de
Paris, la terreur fut univerfelle dans cette capitale ;
le roi qui étoit alors àL y o n , fit partir en pofte le
jeune Brion pour rafiurer les habitans de Parts, &
leur annoncer qu’il envoyoit à leur fecours un corps
confidérable de cavalerie fous les ordres du duc de
Vendôme. . 0
On ne fait pourquoi du Bellat infinue, & pour-
quoi Beaucaire & Varillas affurent que Brion', par
une vanité puérile, diflimula d’abord Une parue de
fa commiffion, qu’il dit feulement que le roi 1 avoir
envoyé pour rafiurer & défendre les habitans de
Paris, fans parler du fecours que le duc de Vendome
amenoit; fur quoi Bailler, fécond préfident du parlement,
lui répondit, au nom de fa compagnie, que
les habitans de Paris étoient bien fenfibles aux bontés
de fa majefté, mais que dans de pareilles conjonctures
ils avoient ofé en attendre un fecours plus
efficace 8t plus prompt ; qu’ils n’avoient point oublie
que quand le duc de Bourgogne, Charles, avoir
pénétré jufqu’à Beauvais en 1472, Louis XI ne
s’étoit pas contenté de leur envoyer faire descom-
plimens par un jeune gentilhomme , mais qu il avoir
fait marcher à leur fecours le maréchal de Rouault a
la tête de quatre cents hommes d armes.
On conclut de tout cela que Brion , fans troupes
& fans caraftère, avoit voulu s’ériger ridiculement
en fauveur de Paris, tandis qu’il n’êtoit que le pré-
curfeur du véritable fauveur, le duc de Vendôme.
On ne pouvoit décrier plus gratuitement un
homme qui a toujours bien fervi l’état, & auquel
les hiftoriens n’ont pas rendu afiTez de juftice. Le
premier mot que Brion dit au parlement annonça
l’arrivée du duc de Vendôme : la reponfe dupre-
fident Baillet ne contient que des témoignages de
reconnoiflance pour le roi & pour Brion; s’il cite
l’exem pie de Louis XI & du maréchal de Rouault,
c’eft pour obferver que la conduite de François premier
en envoyant le duc de Vendome, etoit con*
forme à cet exemple. ■ _ _
Brion, ainfi que Montmorenci & Monchenu, fut
fait prifonnier avec le roi à la bataille de Paviè.
La campagne de l’amiral de Brion en 1536, dans
les états du duc de Savoie , & le paffage de la
grande Doire, annonçèrent en lui les talens d’un
général. Des ordres • u roi interrompirent fes conquêtes
& le rappellèrent en France, parce qu’on fe
lai {Toit alors abufer par des négociations & des efpé-
rances de paix qui aboutirent a une guerre fanglante.
, . r
C ’eft une erreur de croire ce qu ont dit P r ie u r s
auteurs , que l’amiral de Chabot-Brion fut difgraciè
pour avoir interrompu fes conquêtes dans le Piémont
en 1536, par une déférence aveugle pour les
avis du Cardmal de Lorraine, qui craignoit gue ces
conquêtes ne miflent obftacle à la paix qu il elpe-
roit de cor.c’ure,
Les avis du cardinal de Lorraine n étoient point
; de fimples avis, c’étoientdes ordres du roi, ordres
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-réitérés & très - preffans, auxquels Brion n’obélt
de Piffeleùl. Le roi, qui avoit toujours beaucw^
aimé Chabot, commençoit à être plus choqué de
' fes fuccès & de fon orgueil, que touché de les qualités
aimables. Un jour, dans un mouvement de
fco lè re , il le menaça de lui faire fon procès. Chabot,
: orgueilleux & fenfible, ne fut pas céder a fon maure.
» Vous le pouvez, Sire, répondit - il fièrement s;;
I » maxpnduife a toujours été irréprochable St na •
» rienPà craindre du plus févète examen ». Le rot 1
fe crut bravé, & peut-être par un rival, il alla mettre 1
fon honneur à foutenir une menace qui lui etoit
échapêe. Le chancelier Poyet qui ne pouvoit fouffnr
l ’ Chabot, parce que les ambitieux ne peuvent Iouttnr
. les favoris, attifa le feu, irrita le roi, 8c lm persuada
qu’il feroit aifé de convaincre Chabot de plusieurs
fauter,même capitales.Cette affaire étoit devenue
une efpèce de gageure entre, le roi 8c Chabot-
•' le roi ne vouloit point perdre ce favori, mais il :
f vouloit i’humilier 8c lui faire voir que les fujets
les plus grands ne font rien quand il plaît aux rois
| de retirer leur main proteârice ; il parut donc le
livrer aux coups de fes ennemis, il le fit arrêter oc
i mettre au château de Melun ; le chancelier inffruifit
fon procès avec des commiffaires tirés de divers
; parlemens. Le roi ayant, au bout de quelque temps,
demandé des nouvelles de ce procès, je chancelier
crut bien faire fa cour , en difant que 1 amirai etoit
convaincu de vingt-cinq crimes capitaux. Le plus
grand de ces crimes étoit d’avoir impofé un tres-
foible droit d’amirauté fur les harengs. Chabotctoymt
ce droit légitime; mais eût-il été illicite, la refh-
tution 8c une légère amende étoient toute la peine
que méritoit une faute d’un ordre fi commun. Le
roifourit de ce vain entaffement de charges, 8c
s’indigna de cet acharnement à pourfuivre un malheureux.
Il reconnut la baffeffe du courtifan 8c l’in-
I dignité du juge ; l’idée qu’il prit alors du caractère
de Poy et, ne contribua pas peu à la difgracede
ce chancelier ; mais le roi voulut profiter de toutes
ces circonftances contre la fierté de l’amiral. Eh
bien, lui dit-il, homme irréprochable, foutiendreç-vous
encore votre innocence ? Ma prifon , répondit Chabot
avec modeftie 8c avec fineffe, m'a appris que nul
ne pouvoit fe dire innocent devant.fon Dieu ni devant
■ fon roi. François fut touché, mais il diflimula ; il ]
vouloit que la leçon fût entière, il laiffa rendre
l’arrêt; on n’eut pas honte de condamner Chabot
à quinze cçnts cinquante mille livres tournois d’amende
8c au banniflement perpétuel. Cétoit le ruiner
& le déshonorer, deux peines plus fortes que la
perte de la vie. Du moins, dit Chabot au roi, la
rage de mes ennemis rla pu me convaincre d'aucune
félonie envers votre majejle. Le roi vint à fon fecours,
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il n’écouta plus que fon coeur & la duchefle d’Eftam-
pes. Celle-ci n’avoit point abandonne fon ami. Ues
lettres-patentes du 1 2 mar* 1542- rendirent a Chabot •
fon honneur & fes biens, le rétablirent dans les
dignités & dans fa réputation, le déchargèrent 00
l’amende, le rappelèrent du banniflement, îrnpo-
fèrent un filence éternel au procureur général. Toute
la puiflance du roi ne pouvoit réparer le mal que
r *-aes avoient fait ; ces lettres - patentes ne
renvoient t>£S l’innocence de Chabot; elles pou-
P T v o ir é‘ é accordées à l’amitié, à la pitié,
W K S & I A 1 f - t i t bien M m ,
ploya-t.il ces lettres que commC P"e desp iè ce s ufe
fon procès, qu’il fit renvoyer au pariJJ>ent,P®“ _
V être revu. Chabot fut pleinement difculpe j.ar
un arrêt du 23 mars, 8c le 29, le roi lui fit expédier
dans fon confeil d’autres lettres, datées de Bar-
fur-Seine qui le déclaroient innocent. _
Mais le coup mortel étoit porté. Chabot avoit luc-
combé fous le poids de l’humiliation, il ne fit que
languir jufqu’au premier juin 1543 , qu’il mourut,
laiffantau roi.avecle regret de fa perte 8c le remord
de l’avoir caufée, l’importante leçon de ne point le
jouer d 1 l’honneur de fes fujets. Le roi le fit enterrer
aux Céleftins dansla chapelle de la maifon d Orléans,
à laquelle il tenoit par Françoife de Longivi , fa
femme, fille de Jeanne d’Angoulême ; le roipnt
foin de lui ériger un tombeau, tardive 8c întutti-
fante réparation d’un mal irréparable.
Guy de Ch a b o t , feigneur de Jarnac, cncYa"
lier de l’ordre du roi, 8c gouverneur delaRochelle ,
étoit un neveu de l’amiral, beau-frère de la duchefie
d’Eftampes, dont nous avons parlé. Ce fut lui qui,
au commencement du règne de HenriII,foutint contre
François de Vivonne, feigneur de la Çhatei-
gneraye, ce fameux combat en champ clos, a hiint-
Germain-en-Laye, en préfence du roi, dont la Ch a.
teigneraye étoit le favori.
La Châteigneraye étoit l homme le plus robultô
I de la cour & le plus redouté dans ces fortes de corn®
I bats ; il dédaignoit fort fon adverfaire & avoit invite
fes amis à fouper pour fe réjouir avec lui d une
viéloire qui lui coûteroit peu. Il fut vaincu au grand
étonnement du roi & de toute la cour. Jarnac,
d’un revers qui s’appelle encore le coup de Jarnac,
lui fendit le jarret & le fit tomber baigné dans ton
fang; il fit ce qu’il put pour fauver la vie à Ion
ennemi qui avoit été fon ami, & avec lequel il
s’étoit brouillé pour un mot indifcret que la Cha-
teigneraye avoit dit au roi, alors dauphin , comme
lui ayant été confié par Jarnac, & que le roi avoit
eu la coupable indifcrétion de divulguer.Jarnac vainqueur
pardonna tout, parla en homme, en ami,
en citoyen, conjura la Châteigneraye de vivre pour
continuer à fervir le roi & l’état, conjura le roi
de l’y obliger, le lui donna. Il attendrit le roi que
le fort du combat avoit étonné & affligé, & qui
charmé d’un tel procédé, lui dit : Vous com“
1 battu comme Céfar & parlé comme Cicéron. On prit
i foin de la Châteigneraye, mais il voulut mourir &
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